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193304 juin 2016 – La civilisation semble paradoxalement figée dans une dynamique tourbillonnaire folle, procurant cette sorte d’immobilité que l’on découvre avec un ravissement trompeur lorsqu’on se trouve dans l’œil du cyclone. Par cet énoncé qui ne semble prospérer que dans le paradoxe, nous voulons suggérer l’idée que la pensée elle-même, le jugement, semblent paralysés, sans voix et sans mouvement, comme si rien ne bougeait devant eux, alors que la civilisation apparue en pleine lumière comme la contre-civilisation qu’elle est tourne follement dans un tourbillon qui à force de vitesse semble lui-même devenu comme immobile.
... Tout s’y met… Observez la France, qui a glissé presque subrepticement dans un désordre qui, lorsqu’il apparaît au grand jour, se révèle comme une illustration évidente de ce que nous nommons “chaos-nouveau”. Exclamons-nous car le spectacle est tout simplement prodigieux : au milieu de ce chaos, le président-poire couvre de la noblesse de sa haute fonction totalement usurpée, la pantalonnade de la commémoration de Verdun, dont la grotesquerie même coupe le souffle et semble ne plus donner prise à la critique, tant ce monde de la direction-Système paraît en-deça et en-dessous, complètement en-dessous, de toute critique possible. Cette direction-Système française, qui semble une sorte d’OVNI venue “réformer” la grande Nation, fait face à une “Grève de nouvelle génération” (sorte de G4G, comme on l’a vu), tandis que les éléments naturels eux-mêmes semblent prendre leur place dans cette parade de l’effondrement, avec une quasi-crue très spectaculaire de la Seine dans un Paris que l’on verrait bien disparaître sous les eaux d’une sorte de Déluge postmoderne, – Softly, as I leave you, comme dit la chanson. En fait d’habile manœuvre, cette même direction en rajoute encore en annonçant une grande conférence le 8 juin où il sera démontré que la “défense du progrès social” passe par la “Loi-Travail” (« A l’heure où un gigantesque mouvement de contestation s'étend dans le pays, Manuel Valls, Myriam El Khomri et d’autres poids lourds du PS viendront “défendre le progrès social” et la loi travail dans une conférence qui se tiendra le 8 juin à Paris. ») ; et encore en rajoute-t-elle encore et encore, en dévoilant comme une réforme essentielle la possibilité que l’arabe devienne pour les jeunes têtes blondes (ou brunes, plutôt) une option de “première langue vivante”, éventuellement diraient certains sans avoir à craindre d'être plaisantés, en remplaçant le français...
• Quoi qu’il en soit, le signe de l’importance de cette situation crisique française, complètement intérieure du point de vue habituel des commentateurs franco-français, mais absolument archétypique de la Grande Crise Générale d’effondrement, donc absolument exemplaire du bouleversement mondial et de l’insurrection contre la globalisation, – ce signe donc c’est peut-être que Pépé Escobar puisse choisir de consacrer une de ces chroniques pour la première fois depuis longtemps (depuis toujours, peut-être ?) entièrement à la France. C’est le signe de l’intérêt mondial qui est en train de s’éveiller pour la France, ainsi tirée du long engourdissement de l’inexprimable médiocrité de ses présidents récents et des directions-Système qui les habillent aussi bien, aussi serrés dirions-nous, que notre président-poire dans la splendeur de sa garde-robe. Pépé a certes un regard exotique et moins précis que d’autres commentateurs mais c’est la plume emblématique du monde hors-BAO, naturellement antiSystème ; et sa chronique (ici reprise en français par RT-français le 1er juin) est un signe formel que cette France enfin crisique type-antiSystème est en train de regagner une place de premier plan dans le concert des crises, ou le concert crisique du chaos qui est le caractère exclusif des relations internationales aujourd’hui... “Paris brûle” écrit Pépé, quelques jours ou quelques heures avant que l’on puisse dire qu’également “Paris coule”, ce qui est le signe qu’il se passe des choses sérieuses :
« Paris brûle pendant qu’Hollande se tourne les pouces. Comprenez qu’une manifestation à l’échelle nationale a lieu en France contre la “réforme” du travail alors que le Président prend la pose au G7 au Japon comme s’il était l’un des maîtres de l’univers.
» La France est à moitié paralysée – des travailleurs portuaires au Havre (une plaque tournante commerciale) aux employés des raffineries, des dépôts de pétrole, des centrales nucléaires (qui fournissent 75% de l’électricité du pays), des aéroports, et du métro de Paris. Les Français se sont rués vers les stations essence – et la majeure partie des transports français sont bloqués.
» Tout cela parce que le gouvernement de François Hollande, affreusement impopulaire et symboliquement “socialiste”, a présenté un projet de loi qui change en profondeur le code du travail français pour adopter, dans un pays où les droits et les protections des travailleurs sont sacrés, les standards anglo-saxons qui permettent d’embaucher et de licencier des employés rapidement et facilement. François Hollande et Manuel Valls, son Premier ministre incroyablement médiocre, décrivent cette réforme comme la meilleure façon de combattre le chômage chronique. »
• Il suffit de traverser l’Atlantique, si vous pouvez parvenir à Charles-de-Gaulle et trouver un avion pour la chose, pour rencontrer une situation crisique toute différente dans tous ses aspects, mais absolument similaire pour l’essentiel. Alors qu’on se dirige vers la fin des primaires (la semaine prochaine, avec le dernier Super Thursday où l’on trouve la puissante Californie), jamais dans l’histoire moderne des USA, et peut-être même dans l’histoire tout court sauf pour l’élection de 1860 (Lincoln, à l’arraché, avec la Guerre de sécession pour immédiatement enchaîner), une année présidentielle n’a été aussi ouverte, aussi instable, aussi insaisissable, aussi folle et aventureuse que celle de 2016. Rien n’est joué, avec la candidature incontestable et complètement déstructurante de The Donald, et la candidature toujours aussi incertaine (Hillary ? Bernie ? Un monsieur/madame X ?) à faire sortir d’un parti démocrate dont la crise interne vaut bien celle des républicains. La situation la plus conventionnelle à venir serait un duel Trump-Hillary, qui opposerait le candidat officiel d’un grand parti le plus anti-establishment jamais imaginé, à la candidate inaugurant le règne de la femme à la Maison-Blanche, la plus corrompue et la plus belliciste jusqu’à la démence qu’on puisse actuellement trouver “sur le marché”.
A côté de cela, il y a d’innombrables inconnues en marche dans la situation US, avec un climat où ont lieu des interventions peu imaginables jusqu’il y a peu. Celle du Général Flynn, passée inaperçue ou volontairement dissimulée à notre vue, est une de ces interventions la plus significatives et la plus remarquable, à cause de l’intégrité et de l’importance professionnelle du personnage, et de son choix catégorique contre Clinton, et tout de même assez marqué en faveur de Trump. Pour un homme qui dirigeait, il y a deux ans encore, la CIA du Pentagone (ditto, la DIA), c’est une prise de position audacieuse mais qui est passée comme une lettre à la poste, nous donnant ainsi la mesure du caractère sans précédent de la situation officielle du pouvoir du système de l’américanisme.
Un des grands paramètres en même temps qu’une des grandes inconnues pour ses effets de ces élections exceptionnelles est la dynamique formidable de détestation qui ne cesse de se développer contre Clinton. Pour qu’une libérale aussi affirmée que l’actrice Susan Sarandon, si sensible sur le sujet de toutes les “valeurs” que les libéraux estiment maltraitées par Trump, en vienne à affirmer que Clinton est “plus dangereuse que Trump”, il faut effectivement que ce facteur de la détestation de Clinton, ou de la dangerosité de Clinton, soit devenue une des deux inconnue et une des deux surprise majeures (avec Trump) de la dynamique intérieure de la politique US.
• Certainement Flynn avait-il cela à l’esprit en dénonçant la candidature de Clinton la fauteuse de guerre, mais en même temps que tout cela il se trouve que nous n’avons jamais été aussi proche d’une guerre nucléaire sans que quasiment personne dans les réseaux et les directions-Système du bloc-BAO ne prête la moindre attention à cette possibilité. A notre sens et sans gloire particulière pour ce jugement, c’est un signe indubitable de la gravité de la situation que quelques “Russes des USA”, en général éditeurs de sites à succès engagés dans le sens de l’antiSystème, publient une tribune commune pour tenter d’attirer l’attention des élites (élites-Système, certes), non pas sur la démence ou l’aveuglement autiste de la politique du bloc-BAO/des USA vis-à-vis de la Russie, qui est un fait avéré qui ne souffre aucune discussion, mais contre le danger objectif qui nous menace tous d’un processus qui, partant d’un incident ou d’un accrochage entre forces OTAN/US et forces russes, pourrait nous conduire très vite à l’affrontement nucléaire dont personne ne sortirait sans avoir perdu toute sa puissance, toute son âme, et peut-être toute existence terrestre et collective. Le Sakerfrancophone publie le 2 juin une version française de cet appel notamment signé par Dmitri Orlov et le Saker US (A. Raevsky), – dont voici l’entrée :
« Nous, soussignés, sommes Russes, vivant et travaillant aux États-Unis. Nous avons suivi avec une inquiétude croissante les politiques actuelles des États-Unis et de l’OTAN, qui ont mis les États-Unis sur une trajectoire de collision extrêmement dangereuse avec la Fédération de Russie, ainsi qu’avec la Chine. Beaucoup de patriotes américains respectés, tels que Paul Craig Roberts, Stephen Cohen, Philip Giraldi, Ray McGovern et beaucoup d’autres, ont émis des avertissements de menace d’une troisième guerre mondiale.
» Mais leurs voix se sont perdues dans le vacarme des média de masse, pleins d’histoires trompeuses et inexactes, qui caractérisent l’économie russe comme étant en ruine et l’armée russe comme faible, le tout sans apporter aucune preuve. Mais nous, ayant le savoir à la fois de l’histoire russe et de l’état actuel de la société russe et de son armée, ne pouvons pas [accepter] ces mensonges. Nous pensons maintenant qu’il est de notre devoir, en tant que Russes vivant aux États-Unis, d’avertir le peuple américain qu’ont leur a menti, et nous leur devons la vérité. Et la vérité est simple: S’il [devait] y avoir une guerre avec la Russie, les États-Unis seraient très certainement détruits, et la plupart d’entre nous mourraient... »
• Cette extraordinaire perspective, – extraordinaire doublement, et surtout qu’elle puisse exister avec tant d’intensité sans attirer une réelle attention collective, – est bien réelle malgré toutes les arguties rationnelles qu’on sera tentées de déployer ; elle fait partie de la Crise Générale dont nous parlons, notamment par ce qu’il y a de plus extraordinaire en elle (l’ignorance autiste de son existence), mais aussi parce qu’elle est un enjeu à peine caché de la course présidentielle aux USA. Plus encore, ou pire encore, elle entraîne d’abord toute l’Europe, déjà engagée dans une confrontation avec la Russie dont nul n’est capable d’expliquer rationnellement la cause, – puisqu’il n’y en a pas de rationnelle, puisque nous évoluons dans l’irrationalité totalitaire du montage, du simulacre et du déterminisme-narrativiste... Mais tout cela, tous ces caractères faussaires et de complète tromperie, de représentation globale, constituant une sorte de “caverne de Platon qui n’est plus dans la caverne”, c’est-à-dire l’univers transformé en “caverne de Platon” dont les spectateurs entêtés comme peut l’être le croyant d’une foi définie selon des critères sont essentiellement les zombies-Système qui nous dirigent...
(Voir notre Glossaire.dde sur “vérité-de-situation et Vérité” : « ...Ce qui se passe pourrait être résumé comme suit selon une analogie-allégorie : la caverne de Platon n’est plus dans la caverne, elle est l’univers tout entier, le monde où nous vivons, dans la mesure où l’univers/le monde est sous l’empire du Système/de la Matière selon cette appréciation spécifique de cette sorte de matière devenue Matière majusculée dont nous faisons une création du Mal. »)
• Ajoutez à cela la longue filière, à la fois chaîne crisique et tourbillon crisique, du trou noir qui s’est formé en Syrie, autour de la Syrie et à partir de la Syrie. Rien n’est réglé là-bas, bien entendu, les combats se poursuivent et les Russes réalisent peut-être qu’ils ont trop vite conclu qu’ils pouvaient se désengager. Là-dessus, ou plutôt autour, se poursuit et s’alimente lui-même le chaos général, avec les États-pétroliers sunnites comme banquiers-imprécateurs, avec la Turquie d’Erdogan comme incendiaire et maître-chanteur, alimentant la crise des réfugié-migrants, aggravant ainsi la déstabilisation culturelle en Europe et la tension des oppositions, promouvant de facto la thèse du chocs des civilisations qui n’a pas perdu son attrait de narrative tragique pour permettre aux uns et aux autres de se faire croire à eux-mêmes qu’ils y comprennent quelque chose et qu’il y a là une bonne recette de rangement des évènements. Quoi qu’il en soit et quel que soit le jugement qu’on porte ici et là, le constat est encore celui de la poursuite, de la prolifération, de l’intégration absolument incontrôlées des crises.
Le phénomène en cours, dont on peut effectivement avancer qu’il constitue la matière même d’un Moment paroxystique de la situation générale, est un phénomène d’intégration générale et de rassemblement général de toutes les situations crisiques et de toutes les formes crisiques. Il ne s’agit pas du premier “Moment” de cette sorte, comme l’observait notre vieux loup de mer dans son Journal dde.crisis : nous sommes à près d’un an après un autre Moment crisique paroxystique (nous avions inauguré à cette occasion le concept de “tourbillon crisique”). On peut lire ceci dans Humeur de crise-14 : « A nouveau mais en beaucoup plus tournoyant cette impression de vertige, – “Vertigo”, comme il y a un an d’ici à quelques semaines près, lorsqu’il était question de décrire ce phénomène du “tourbillon crisique” que donnait la crise grecque, avec sa précipitation, ses menaces, son spasme épouvantable que nous guettions tous. Même impression aujourd’hui, mais cette fois le tourbillon a pris une telle force, qu’il emporte avec lui plusieurs spasmes diluviens... ».
Mais aujourd’hui où l’Europe est toujours en crise et continue à tenir une place centrale dans la Grande Crise Générale, c’est la France et non la Grèce qui tient la vedette et alimente la dynamique paroxystique. C’est une circonstance de nette aggravation du Moment paroxystique par rapport au précédent, et également une surprise puisque l’on attendait pour ce mois de juin le Royaume-Uni avec le vote sur le Brexit... On l’attend d’ailleurs toujours, puisqu’il est bien prévu le 23, et il viendrait éventuellement en cas de victoire du “Oui” comme une cerise sur le gâteau en même temps que l’on aurait la gâterie d’une visite de Donald Trump (prévue le 24 en Ecosse, où il doit inaugure un golf). Quoi qu’il en soit, et dans le meilleur des cas pour notre compte, imaginez tout de même, aujourd’hui, si le Brexit est voté, quelle fureur supplémentaire cela donnerait à la colère qui parcourt la France comme un spasme existentiel.
Le “printemps français”-2016 n’est pas Mai-68 comme on le répète à l’envi, sauf pour une chose que nous nommerions après tout l’“opportunité de l’offre”. Comme dans le déroulement de Mai-68, et sans mettre en correspondance les acteurs ni les buts poursuivis mais en nous en tenant à la dynamique, au printemps-2016 comme en Mai-68, tout se passe comme si le fait de “la révolte” devenait peu à peu une option pour tous ceux des Français, c’est-à-dire aujourd’hui quasiment tous les Français, qui ont en eux un désir de révolte. Le soutien des mouvements de grève dans les sondages constitue une indication de cette sorte... Mais là s’arrête l’analogie, qui est de pure technique finalement, et éventuellement de psychologie.
Ce qui marque remarquablement le mouvement du “printemps-français”, mais aussi la situation aux USA, et même les autres crises, et même par rapport au “Moment paroxystique” de 2015 auquel on s’est référé, c’est l’absence complète de direction humaine, de leadership. C’est le cas en France, où aucun homme/femme politique non seulement ne parvient à prendre la tête du mouvement ou à s’y identifier, mais même ne semble y songer. Même les Mélenchon et Le Pen, bien sûr selon des orientations radicalement opposées mais conformément à une dynamique antiSystème qu’ils affichent, ne semblent s’activer pour prendre une telle position ; s’ils soutiennent plutôt ou même nettement le mouvement, ils ne s’affirment guère au-delà. Au niveau européen, on est également très discret, ainsi que dans les pays périphériques, et notamment en Allemagne. Comparez cette situation avec celle du pseudo-“printemps grec” de 2015, où les personnalités en action ne manquaient pas, jusqu’à nous offrir un casting exceptionnel (Tsipras, Varoufakis, Merkel et son ministre Schäuble, divers dirigeants européens dont l’inimitable et inoxydable Junker, y compris le Néerlandais présidant l’Eurogroupe dont le nom s’est perdu dans la tempête, etc.)
Aux USA, la situation est semblable : il n’y a plus de direction (Obama joue au golf et pontifie), il n’y a plus que des interrogations pressantes, angoissées, furieuses, etc., tandis que le seul argumentaire qui porte s’adresse à la colère populaire considérée comme une sorte d’incarnation du leadership des évènements. Aucun des candidats ne porte la moindre assurance, ils sont tous autant d’interrogations, – soit angoissées, soit méprisantes, soit marquées d’une espérance encore imprécise. Là aussi, différence essentielle avec 2015, où les USA, vite contents d’eux-mêmes et encore insensibles aux premiers signes de l’arrivée de l’“ouragan-Trump”, contemplaient avec un mépris satisfait les convulsions européennes où ils avaient pourtant, comme ils ont toujours, une part considérable des responsabilités.
La même situation, encore plus effrayante d’une certaine façon, règne dans les relations avec la Russie, et surtout dans cette terrible possibilité d’une “crise nucléaire” accidentelle. Même les Russes, pourtant si maîtres d’eux-mêmes depuis quatre ans, apparaissent impuissants devant une telle possibilité. D’une certaine façon et malgré le peu d’importance qu’on accorde officiellement à une telle intervention à la fois hors-Système et antiSystème, la “lettre ouverte” des Russes US qu’on a signalée plus haut, est bien une marque de l’angoisse de la reconnaissance de cette absence de leadership. On note cela, par exemple, dans ce texte, dans le passage où il est fait appel au “bon sens” des chefs militaires US, c’est-à-dire à leur comportement éventuel d’insubordination, notamment en rappelant le cas de l’amiral Fallon et le comportement des chefs militaires US durant la crise avec l’Iran. On voit bien qu’une telle intervention implique a contrario des doutes considérables à propos du leadership civil, et, évidemment en fonction de ce que l’on sait et de ce que l’on voit, des doutes considérables sur l’existence réelle de quelque leadership humain que ce soit dans la période présente, les chefs militaires étant alors encouragés à ne pas répondre aux consignes folles des mécanismes en cours, accélérées par l’affectivisme et le déterminisme-narrativiste des divers comploteurs infiltrés ...
« D’abord et avant tout, nous faisons appel aux commandants des forces armées américaines pour suivre l’exemple de l’amiral William Fallon, qui, lorsqu’on l’interrogeait sur une guerre avec l’Iran, aurait répondu “pas avec moi aux commandes”. Nous savons que vous n’êtes pas suicidaires, et que vous ne voulez pas mourir à cause d’un hybris impérial hors de contrôle. Si possible, s’il vous plaît, dites à vos soldats et confrères et, surtout, à vos supérieurs civils, que la guerre avec la Russie ne se fera pas tant que vous serez aux commandes. À tout le moins, faites-en le serment à vous-même, et le jour viendra, quand l’ordre suicidaire sera délivré, de refuser d’exécuter sur le terrain un tel acte criminel. Rappelez-vous que, selon le Tribunal de Nuremberg, “Lancer une guerre d’agression […] est non seulement un crime international; mais c’est le crime international suprême, ne différant des autres crimes de guerre que parce qu’il contient en lui-même le mal dans toute sa dimension”. Depuis Nuremberg, l’excuse “je ne faisais que suivre les ordres” n’est plus un moyen de défense valable. S’il vous plaît, ne soyez pas des criminels de guerre. »
On peut poursuivre cette quête sans fin d’une direction civile, fût-elle pure direction-Système : il n’y en a guère, au point qu’on peut dire qu’il n’y en a pas. Cela n’est pas pour nous étonner dans le principe de la chose, ni même pour nous effrayer particulièrement par rapport à ce qu’est leur direction en temps normal ; par contre, la rapidité de la dissolution de l’autorité et de la légitimité de ces directions (pseudo-autorité et pseudo-légitimité mais le simulacre avait lieu tout de même) est un motif d’étonnement. Il s’agit d’une indication très précise et fort précieuse concernant l’absence complète de solidité du socle sur lequel ces directions-Système s’appuyaient jusqu’ici. Bien entendu, ces directions-Système sont que ce que le Système fait d’elles, et leur capacité, leur pseudo-autorité et leur pseudo-légitimité dépendent du Système. Chacun peut donc comprendre l’enseignement principal qu’on peut tirer de la situation actuelle, qui concerne l’état déplorable, type-usine à gaz, du Système.
Le reste s’enchaîne et se justifie, sans trop nous en conter ni rien nous promettre qui puisse nous faire deviner quelle forme auront nos lendemains qui chantent. Les évènements se poursuivent dans le mode du déchaînement, et la tendance dominante est évidemment du type antiSystème puisque c’est la pression épouvantable de la surpuissance du Système qui a suscité l’action contraire de forces nouvelles dont on sent chaque jour les effets. Il reste certes à débattre sur la forme et l’essence même de ces forces, ce que nous ne manquons pas de faire avec régularité ; pour l’instant, le constat essentiel reste que le sapiens de base, le zombie-Système, manque à l’appel pour faire son travail au nom du Système. Par conséquent il s’agit d’un Moment paroxystique et métahistorique, qui montre sans aucun doute un “progrès” considérable par rapport aux évènements d’il y a un an.
Par conséquent encore, le mot “progrès” est peut être bien trompeur et peut désigner un destin inattendu par rapport à l’esprit qu’on lui prête...
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