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25411er juin 2017 – Dans ces colonnes, on a pris coutume de les désigner, sans originalité excessive je le reconnais, comme des “marionnettes”. Il y en a eu un certain nombre qui ne se dissimulent plus, depuis 9/11, à commencer par l’Afghan Karzaï, qui réserva bien des surprises. Depuis deux ans, on l’a vu, on est passé au régime supérieur, avec les marionnettes entrées dans la plus haute catégorie des membres importants du bloc-BAO qui, comme on le sait, dirige le monde dans une discipline et selon une vertu impressionnantes.
Les deux marionnettes les plus fameuses de ces deux années, on les connaît puisqu’il s’agir de Trump et de Macron, comme il est précisé selon divers arrangements et raisons de notre jugement dans le texte référencé. Le moins que l’on doive reconnaitre, et je le fais pour nous tous à cet égard, c’est qu’elles ne déçoivent pas, mais alors pas du tout. C’est à croire, – et ceci n’est pas une idée en l’air, – que ces temps du Dernier Temps ont, pour donner leur pleine mesure, besoin de marionnettes plus que de ces gens sérieux, lourds de vertus et de connaissances, au faîte du pouvoir pour que le pouvoir serve encore et enfin à quelque chose.
Trump, c’est déjà connu : après quatre mois de pouvoir, plus personne n’est capable de dire s’il tient ou s’il trahit ses promesses de campagnes, s’il est prisonnier ou manipulé par le Deep State, ou s’il emprisonne ou manipule le Deep State, s’il va être destitué, assassiné, “zombitisé”, ou s’il rigole de tout ça en faisant ses petites affaires et en bouleversant l’état des USA. Il est haï, maudit, roulé dans la boue, méprisé au-delà de tout par l’establishment globaliste, et en même temps il parvient à ce point que le Financial Times [FT] lui-même, cette citadelle du mépris de l’establishment globalisé, respecté comme une véritable institution et sur abonnement pas-donné, prenne sa défense (et celle de UK-Brexit) contre Angela Merkel, pourtant favorite de ces messieurs-dames de la globalisation.
(Pour rappel, ceci de Mr. Rachman, du FT, dans un texte d’hier sur ce site : « It is easy and appropriate to blame President Trump for this state of affairs. Mrs. Merkel has also behaved irresponsibly – making a statement that threatens to widen a dangerous rift in the Atlantic alliance into a permanent breach.... [...] If Ms. Merkel’s government pursues the Brexit negotiations in the current confrontational spirit –demanding that the UK commit to vast upfront payments, before even discussing a trade deal – she risks creating a self-fulfilling prophecy and a lasting antagonism between Britain and the EU... »)
Le désordre que Trump a introduit à Washington D.C., sur les lignes transatlantiques, à Bruxelles-UE, au G7 de Sicile, etc., est indescriptible et incommensurable. Nul ne sait où ce désordre commence et si jamais il finira, mais le fait est que Trump a réussi l’impensable, à susciter chez un dirigeant allemand avec tout l’establishment (également allemand) derrière elle une condamnation sans appel des Etats-Unis d’Amérique ; tout cela, tout une entretenant un sympathique “guerre civile très-interne” au sein de l’establishment dans Washington D.C., ainsi paralysé par lui-même (l’establishment paralysé par l’establishment)... Pour une marionnette, ce n’est pas si mal.
Voyons l’autre marionnette, l’Emmanuel Macron. Je sais bien ce que j’en éprouvais et ce qu’il m’arriva d’en écrire. Que vouliez-vous, que pouviez-vous écrire d’autre de cette créature fabriquée, arrangée par une phalange de génies allant d’Attali à Bergé en passant par Minc, soutenue par la presseSystème fonctionnant à 160%, créature toute-entière accouchée d’un “putsch du CAC40” ? Et voilà qu’elle nous fait le coup du Poutine-Le-Grand visitant Versailles trois siècles après le grand tsar Pierre. Chapeau bas, je m'incline...
Important, très important, le symbole, et j’ignore si quelqu’un, chez Macron, y compris Macron lui-même, a mesuré toute la portée et la puissance de la chose... Le symbole se suffit à lui-même, comme on l’a dit et redit, pour fixer l’importance de la rencontre ; mais il se suffit à lui-même aussi, dans cette étrange époque, pour interférer avec une vigueur incroyable dans la situation présente, pour la tordre littéralement, pour forcer à considérer des conséquences inattendues ; et tout cela, qu’on le veuille ou non, qu’on y ait songé ou pas...
Dans ce cas, certes, le symbole permet de considérer les relations entre les deux grandes nations, Russie et France, sur la perspective des trois derniers siècles et non pas sur celle des trois dernières années ; et cela (la perspective des trois derniers siècles) étant instantanément perçue, parce que la “Grande Histoire” qui “nous dépasse tous” (dixit Macron) le veut ainsi, comme organisant tout aussi instantanément la rupture avec ceci (la perspective des trois dernières années). Il y a là une mécanique se référant à la “Grande Histoire” qui a été mise en marche, selon le slogan favori de la marionnette qui ne croyait pas si bien dire. La perspective des trois derniers siècles a pulvérisé la perspective des trois dernières années en mettant en évidence son ridicule, sa fausseté, son caractère de complet simulacre bidouillé par quelques amateurs allumés d’une façon très médiocre, par des substances de très mauvaise qualité, tout cela furieusement postmoderne...
Et la suite ? dira-t-on, avec une certaine ironie. Pour la suite, on verra si Macron suivra cette mécanique si séduisante par sa hauteur jusqu’à des voies constructivistes pour hausser les relations avec la Russie au niveau qui leur est dû. Il reste que cela n’a en vérité aucune importance pour l’instant, pour juger et apprécier que la marionnette a fait ce qu’elle n’était pas censée faire, et même le contraire... Imaginez un peu : si nous étions aux USA, juste après l’installation de Trump, je suis à peu près sûr qu’il s’agirait d’un argument d’un poids formidable sinon décisif pour étayer les soupçons de collusion entre le candidat Macron et Poutine durant la campagne comme l’on fait aujourd’hui concernant le comportement de Trump durant sa campagne. Si cela avait été Fillon, Mélenchon ou Le Pen et non Macron qui avait été élu et qu’une telle rencontre eût été organisée avec des résultats similaires, quel tonnerre d’exclamations indignées eussions-nous entendu, jusqu’à nous briser les tympans, tonnerre de Brest !
Et justement, tout au contraire... Les éloges fusent, bien entendu de la part de la presseSystème qui fonctionne toujours à l’huile-pavlovienne d’une sorte d’adoration cireuse et macroniste de type-zombie, mais aussi de la part d’un Philippot, d’un Jean-Pierre Chevènement (voir cette vidéo, peu après la 19ème minute) ou d’un Xavier Moreau, qui sont tous des gens plutôt amicaux à des titres divers pour la Russie et qui ne furent guère, sinon en aucune façon des soutiens de Macron. Cette quasi-unité nationale dans un pays dont la fonction-Système est telle qu’il vit en état nécessaire de division du type-“guerre civile”, cela nous signale que la marionnette-Macron a agi comme on n’attendait pas qu’elle fît. Elle dérègle encore plus la chorégraphie du Système à la remise au rythme de laquelle elle était censée participer... Les marionnettes ne sont plus du tout ce qu’elles étaient.
Contrairement aux dires de ses porte-paroles, elle (la marionnette-Macron) n’ouvre pas un nouvel âge d’or de la diplomatie, non, pas du tout ; elle introduit une part nouvelle de désordre qui lui est propre, dans un Système déjà saturé de désordre, alors qu’on lui avait confié implicitement la mission-Système de faire tout son possible pour contenir ce désordre. J’ignore bien où tout cela va nous mener mais je suis évidemment conduit à noter qu’après tout la marionnette-Macron suit effectivement le chemin de ses prédécesseurs, les autres marionnettes, et encore plus vite qu’elles. Ce qui importe, c’est la participation effective au désordre de la marionnette qui fut fabriquée, affutée, “coachée” pour participer à la grande entreprise, non seulement du maintien de l’ordre, mais du rétablissement de l’ordre...
Mais, comme je vous le disais en commençant, nous sommes dans une époque où les marionnettes manient le bras d’honneur provocateur comme d’autres la révérence complaisante, une époque où les marionnettes valent dix fois, dix mille fois leurs créateurs. Quand tout se met à aller de travers, même la subversion de base en perd son alignement et se subvertit elle-même.