Bandar out, sans doute

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Bandar out, sans doute

L’affirmation de l’éviction de Prince Bandar de son poste de direction des affaires de sécurité de renseignement et de subversion de l’Arabie Saoudite semble être sérieuse et fondée. L’information est publiée notamment par deux sources représentatives, le site DEBKAFiles et le Wall Street Journal.

DEBKAFiles, le 19 février 2014  : «The live wire of the Saudi royal house’s drive against President Barack Obama’s détente with Tehran has been dropped. Prince Bandar bin Sultan, Saudi Arabia’s National Security Adviser and Intelligence Director, has not been seen for more than a month. He was reported by DEBKAfile’s US and Saudi sources Wednesday, Feb. 19, to have been removed from the tight policy-making circle in Riyadh. [...]

»There has been no official word from Riyadh disclosing any change in Bandar’s status. Our sources report that the prince, a long-serving ambassador to the United States, vanished off Saudi and Middle East radar screens in mid-January, shortly before he was scheduled to visit Washington to arrange President Obama’s forthcoming trip to Riyadh in the last week of March. Bandar never arrived in Washington and no one in Riyadh was ready to answer questions about his whereabouts. US sources were more forthcoming – although less complimentary. In some reports he was dismissed as “hotheaded” or “erratic.”»

• Le Wall Street Journal du 19 février 2014 (accès payant), cité par War In Context le même 19 février 2014  : «Saudi Arabia has sidelined its veteran intelligence chief, Prince Bandar Bin Sultan, as leader of the kingdom’s efforts to arm and fund Syrian rebels, replacing him with another prince well-regarded by U.S. officials for his successes fighting al Qaeda, Saudi royal advisers said this week. [...]

»Prince Bandar, an experienced but at times mercurial ex-diplomat and intelligence chief, presided over Saudi Arabia’s Syria operations for the past two years with little success, as a rift opened up with the U.S. over how much to back rebels fighting Syrian President Bashar al-Assad. Interior Minister Prince Mohammed bin Nayef, who has won praise in Washington for his counterterror work against al Qaeda in Yemen and elsewhere, is now a main figure in carrying out Syria policy, a royal adviser and a security analyst briefed by Saudi officials said Tuesday.»

Les deux sources insistent sur le fait que l’éviction de Prince Bandar constitue une victoire pour les USA, qui le considéraient depuis plusieurs mois comme une nuisance pour leur politique dans deux dossiers, la Syrie et l’Iran. A l’inverse, DEBKAFiles décrit cette éviction comme une défaite significative de Netanyahou dans ses efforts pour faire un front uni avec l’Arabie contre l’Iran.

D’une façon plus générale, on observera que cette éviction probable correspondrait à une logique de la situation. Bandar avait été mis à ce poste d’importance pour l’action extérieure de l’Arabie, essentiellement pour activer la guerre civile en Syrie à l’avantage de l’Arabie, et pour y impliquer les USA. Le tournant à cet égard est l’échec, en août-septembre 2013, du projet d’attaque en Syrie du président Obama. Il y a de fortes présomptions pour penser que cette opération devait être l’aboutissement du montage autour de l’attaque chimique du 21 août en Syrie, considéré en général comme une opération de provocation de Bandar lui-même. L’échec du projet d’attaque US a donc été ressenti comme un échec également pour Bandar lui-même. A partir de là, l’évolution de la situation tant en Syrie qu’en Iran a tourné dans un sens complètement différent de celui qu’avait prévu Bandar. Sa position et son action sont devenues inutiles, voire dommageables pour la position de l’Arabie. C’est selon ce point de vue qu’on peut accepter la nouvelle officieuse de son éviction comme très logique, et donc considérer qu’il y a de fortes chances qu’elle soit vraie. Le départ de Bandar, selon sa confirmation, figurerait comme le symbole d’un tournant de la situation au Moyen-Orient qui prive cet homme de tout intérêt pour la politique saoudienne, laquelle devrait désormais suivre une ligne plus modérée, ou à tout le moins, moins exaltée et aventureuse.

 

Mis en ligne le 21 février 2014 à 15H48