Base russe au Venezuela : on en bavarde ferme

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Base russe au Venezuela : on en bavarde ferme

A la suite ou “en même temps” que la visite des deux Tu-160 russes à Caracas, les médias russes sont très diserts sur la possibilité d’une base stratégique russe au Venezuela, – ou plutôt sur une île au large du Venezuela et appartenant à ce pays : l’île d’Orchila, dans la Mer des caraïbes, à 160 kilomètres de la capitale, Caracas. Il y a dix ans, Chavez l’avait proposée comme base aérienne et navale à la Russie, qui avait décliné l’offre, selon le quotidien Nezavisimaya Gazeta (NG), qui publie un article sur ce sujet à partir de sources militaires et diplomatiques. Ainsi l’interprétationd’un exercice exploratoire de “projection de force” permanente semble justifiée.

D’une façon générale, les officiels russes ne disent mot mais ne démentent pas, plutôt dans le mode “laisser dire et écrire sur le sujet”... Les Vénézuéliens démentent selon le mode “pour le moment” : « J’aimerais que ce soit vrai, mais ce n'est pas le cas », selon le président de l'Assemblée Nationale Diosdado Cabello, tandis que des officiels vénézuéliens disent qu’ils sont « plus que disposés à envisager une telle option », qu’ils jugent tout indiqué « d’étendre la coopération militaire avec la Russie et de la rendre plus efficace ». Le ministre de la défense Lopez avait déjà dit au Russe Shoigu, en avril dernier : « Nous voulons aller au-delà de la coopération technique militaire habituelle [...] [et] développer notre coopération au niveau opérationnel. »

Un obstacle à l’installation d’une base sur Orchila est que la loi vénézuélienne n’autorise pas un déploiement étranger permanent sur le sol du pays. Cette loi pourrait être tournée en organisant une présence par rotation d’unités, ce qui supprime formellement la notion de “permanence”.

Ces indications de source diplomatique russe via NG montrent que la Russie est passée à l’étude concrète du projet, tandis que le Venezuela ne semble demander que cela, parce qu’une présence russe renforcerait sa sécurité et écarterait l’isolement où se trouve le Venezuela. A notre estime, on trouve suffisamment d’indications pour conclure que le projet galope et que le risque est bien envisagé d’une crise majeure avec les USA à ce propos : mais les Russes, désormais, ne reculent plus devant cette sorte de risque.

Quelques autres indications dans un texte de RT-USA sur le sujet, en plus d’un autre texte précisant le type d’activité et les exercices des deux Tu-160 en visite au Venezuela.

« Selon les experts, une base aérienne au Venezuela capable d'accueillir les bombardiers à longue portée à la capacité nucléaire stratégiques de la Russie pourrait bien être l’une des mesures de rétorsion [si les USA sortent du traité FNI]. “Si les mesures [liées au traité FNI] sont réduites à néant, nous devrons prendre des mesures à la fois symétriques et asymétriques pour assurer la stabilité”, a déclaré à RT Andrey Koshkin, président de la chaire de sociologie et de sciences politiques de l’université d'économie de Plekhanov, ajoutant qu'une telle base serait une bonne option à cet égard.

» Quitter le traité INF permettrait potentiellement aux États-Unis de déployer des missiles nucléaires en Europe, posant une menace pour la Russie, ont averti les experts, suggérant que pénétrer dans l’“arrière-cour” des États-Unis pourrait être la seule réponse viable pour la Russie. Mais au fur et à mesure que l’enjeu augmente, le spectre d’une confrontation militaire se fait plus pressant. “Cela pourrait devenir un prélude à quelque chose de similaire à une crise dans les Caraïbes”, a déclaré à RT Konstantin Sivkov, officier de la marine à la retraite et analyste militaire.

» [Sur cette base] située loin du territoire russe, Moscou aurait probablement besoin d'installations militaires à grande échelle, a déclaré M. Sivkov, ajoutant qu'une petite installation ne suffirait pas à soutenir les opérations russes dans la région. “Cela pourrait être réduit initialement à une présence limitée au niveau d'un escadron aérien ou d'un régiment aérien”, a-t-il déclaré, ajoutant que la Russie augmenterait alors sa présence en construisant des dépôts de carburant et de munitions, ainsi qu'en déployant des systèmes de défense aérienne et rendrait l’installation vénézuélienne potentiellement similaire à la base russe de Khmeimim en Syrie. »

 

Mis en ligne le 20 décembre 2018 à 12H34