Bolton, la première crise interne de Trump ?

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Bolton, la première crise interne de Trump ?

La variété des soutiens qu’a réunis Trump tout en restant un homme seul, – ce qui est la marque même de l’antiSystème qui rejette l’étiquette-Système pour le soutien en dépit des différences, – a fait craindre à mesure qu’il s’approchait de la victoire des difficultés non négligeables pour son gouvernement, à commencer par les nominations de son cabinet et de son administration. La nomination de Steve Bannon comme “conseiller stratégique” n’est pas une de ces difficultés parce qu’elle ne déchire pas le soutien à Trump, elle ne fait que relancer le spasme hystérique des anti-Trump. Par contre, une polémique plus sérieuse se développe autour de la nomination d’un secrétaire d’État.

Après les premiers noms de favori(s) (tel Newt Gingrich), qui ne sont pas hors-course pour autant, est apparu celui de John Bolton. Ce personnage assez compulsif et avec un passé à mesure fait partie de la fraction neocon-nationaliste qui a soutenu Trump, opposée à la fraction neocon-globaliste majoritaire, pro-Clinton. L’évocation de la nomination de Bolton au département d’État amène à une levée de boucliers, jusqu’à une prise de position tonitruante du sénateur Rand Paul, fils du vénérable et très-respecté Ron Paul, lui-même adversaire de cette sorte de fréquentation.

Un autre favori pour le même poste rencontre des problèmes. Rudy Giuliani a plutôt comme obstacle ses nombreux liens d’affaires avec divers pays non-US, qui font craindre que le Sénat pourrait ne pas le confirmer à cause de “conflits d’intérêt”. (La nomination du secrétaire d’État dépend en effet d’une confirmation du Sénat, tout comme celle des principaux hauts-fonctionnaires de toute administration... Pourtant, Clinton fut confirmée en 2009 sans le moindre problème : mystère des changements d’humeur et de la définition changeante de “conflit d’intérêt”.)

La guerre interne de l’administration-en-formation est donc clairement déclenchée. Dans l’extraordinaire climat de tension, de confusion politique, y compris dans le chef des soutiens de Trump, il apparaît difficile de mettre en place une équipe complète, soudée et efficace. Une issue pour Trump serait de constituer certains groupes concentrés de direction pour les domaines principaux. Pour celui des questions de sécurité nationale, il peut revenir à la formule Nixon-I (1969-1973) qui conduisit à de grands succès diplomatiques : un secrétaire d’État marginalisée et une direction resserrée sur le président avec son conseiller de sécurité nationale (directeur du NSC, Kissinger pour Nixon) contrôlant indirectement la CIA, et dans le cas de Trump, éventuellement avec son “conseiller en stratégie” Bannon.

... Ce que nous voulons signifier par ce rappel d’une formule et d’une époque qui figurent comme parmi les plus atypiques et les plus détestées de l’histoire du gouvernement US, avec des personnages eux-mêmes détestées et des politiques souvent mises en procès, mais aussi des succès sans précédent et très inattendus, c’est que Trump doit effectivement chercher des voies originales correspondantes à son statut d’homme seul. Un “homme seul” doté des pouvoirs présidentiels doit s’isoler et agir en solitaire. Ainsi peut-on espérer devenir un “Gorbatchev américain”.

 

Mis en ligne le 16 novembre 2016 à 12H25