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2554Est-il encore utile de lire Brzezinski ? Oui, pour mesurer l’avancement de la néantisation d’une pensée qui veut malgré tout encore répondre aux exigences de ses propres théories hégémoniques dont la politique-Système semblerait l’application. Au contraire, cette pensée est le produit d’un Système, et donc de sa politique-Système, qui n’a d’autre but qu’une pseudo-hégémonie par défaut et par obligation puisqu’il a pour véritable but celui de l’entropisation du monde impliquant la néantisation de la pensée de ceux qui lui sont soumis. (Ainsi boucle-t-on un cercle vicieux en une parfaite démonstration du mouvement perpétuel vers le néant : l’hégémonie du monde par néantisation du monde.)
Ces dernières années, depuis la crise de l’Ukraine commencée avec le “coup de Kiev” de février 2014, il y avait eu des hauts et des bas dans la pensée de Brzezinski, alors qu’auparavant elle avait semblé pouvoir se fixer heureusement dans une vision révisionniste qu’on pouvait juger d’une qualité notable (voir en novembre 2012). Désormais, c’en est fait et c’en est fini ; l’âge dira-t-on par convenance, mais non, car Brzezinski pourrait sembler garder l’esprit vif ; bien plus encore certes et à notre estime, il s’agit de l’achèvement d’un périple intellectuel catastrophique qui n’a jamais abandonné ses racines fondées sur les illusions de l’école de pensée américaniste-moderniste pour aboutir finalement à l’accouchement de la néantisation-Système de l’achèvement postmoderniste. Le temps, d’ailleurs très rapide, a fait son œuvre, moins pour “vieillir” cette pensée (ce qui n’est pas nécessairement mauvais, comme le montre le bon vin) mais pour montrer ce qu’elle recèle en vérité, tout au fond d’elle-même.
(Pour le cas particulier de Brzezinski, l’affaire ukrainienne a joué un rôle spécifique, en ressuscitant ses vieilles racines polonaises et la haine du Russe qui va avec. Dans le cadre de cette pensée devenue pensée-Système, cela a permis la renaissance de l’“antirussisme” à visage découvert, sous forme d’une obsession créatrice des choses les plus extraordinaires de l’inversion de l’esprit, dont l’archétype est certainement le phénomène du déterminisme-narrativiste qui joue un rôle fondamental, à la fois d’emprisonnement et d’entraînement de la pensée.)
... Par conséquence de tout ce qui précède, il ne nous paraît pas très utile de reproduire, ni de lire précisément le dernier texte-doctrine de Brzezinski du 17 avril 2016 dans The National Interest, sous le titre « The Global Realignement ». Reportons-nous au texte de Katehon.com du 21 avril (repris par Russia Insider [RI] le 23 avril). Il nous en donne une analyse critique suffisante pour comprendre ce qu’il y a dans l’esprit de Brzezinski et ce qu’il y a de faussaire dans la pensée de Brzezinski. On se contentera de mentionner le sous-titre du texte de Brzezinski qui, à lui, seul, offre un exemple stupéfiant de schizophrénie dans sa contradiction interne, dont l’interprétation en termes simples est à peu près ceci : “puisque nous sommes de moins en moins fort, c’est à nous de prendre la direction des choses...” (« As its era of global dominance ends, the United States needs to take the lead in realigning the global power architecture »), – “plus nous sommes faibles, plus nous sommes forts”, ou mieux et doctement dit, en “déplaçant à peine le curseur” des vertus nominées : “plus nous sommes zombies, plus nous sommes génies”, tout cela terminé par l’immortelle citation de notre Sénèque-cinématographique très souvent rappelée utilisée ces derniers temps (« Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît »)... Mais quoi, ne s’agit-il pas là d’une conception absolument correspondante aux temps que nous vivons où l’inversion constitue le fondement de la logique ?
Rien que cette introduction nous donne la nausée devant la tâche, pourtant réduite au minimum syndical, de donner un rapide aperçu de la pensée de Zbigniew Brzezinski... Et répétons-le tant nous en sommes convaincus, d’instinct et d’intuition dirions-nous, assurés que nous sommes que Brzezinski n’est nullement gâteux. Ce qu’il dit correspond tellement bien à ce que pense le Système : zombie d’accord, mais gâteux certes non. Ainsi, nous dit-il comme s’il nous présentait une terrible Vérité inspirée des dieux : l’hégémonie des USA est en grande déconfiture, et sa puissance, notamment d’influence, à mesure. (C’est nous qui complétons par la deuxième proposition qui est évidemment inéluctablement conséquence directe de la première.) Ce qui le conduit aussitôt à proposer un certain nombre de mesures que l’on confiera aux seuls USA pour empêcher le monde de sombrer dans le chaos, – puisque sans hégémonie US, qui est la cause du chaos où nous nous trouvons, le monde sombrerait dans le chaos.
... Par conséquent, les USA en déclin, en repli, en plein processus de réduction de leur puissance et de leur influence doivent entreprendre diverses manœuvres stratégiques pour empêcher que le monde, qui est dans le chaos avec eux et grâce à eux, sombre dans le chaos. Seul celui qui a institué le chaos est capable de contenir le chaos qu’entraînerait son retrait, ou plutôt dirait-on de maintenir un chaos made in USA, une sorte de chaos exceptionnaliste si vous voulez, pour prévenir n’importe quelle autre sorte de chaos... Ces mesures impliquent une présence et une influence maintenues sinon augmentées au Moyen-Orient, une implication de la Russie et de la Chine dans une guerre contre le terrorisme (au Moyen-Orient), sous impulsion et machination US, tandis que les USA alimenteraient également les terroristes de façon à embourber la Chine et la Russie dans cette guerre antiterroriste. Entretemps ou parallèlement, la politique de regime change serait évidemment poursuivie sous l’expression gracieuse de “global democratic awakening”, Poutine liquidé, la Russie intégrée à l’Europe qui serait bien entendu sous contrôle US. Pour la Chine, on verra plus tard, mais il est entendu que son destin est scellé. Mais nous arrêtons là, – le texte ci-dessous, vous éclairera peut-être plus, pour notre part nous ne voyons aucun intérêt à éclairer pour l’explorer le trou noir de la néantisation de la pensée : éclairer un “trou noir” représente un exercice dont l’absurdité rend compte d’elle-même de son inutilité proche de la perfection.
Brzezinski n’est pas un original, ou bien un malade mental qu’il faut rapidement extraire des salons washingtoniens, encore moins un gâteux répétons-le avec force, à moins que l’on conclurait que le Système lui-même est gâteux ; bien au contraire il exprime assez joliment et avec une assurance sans pareille, une sorte d’exceptionnalisme de l’arrogance, des sentiments généraux qu’on trouve dans tous les milieux de sécurité nationale qui comptent à Washington. Véritablement, la direction-Système actuellement en place, avec ses sénateurs fous (McCain, Graham), avec sa multitude d’experts, de think tanks, de lobbies, avec sa gestion exotique d’une campagne présidentielle qui explose comme un feu d’artifice de désordre, de fraudes, de démagogie et d’exclamations où l’on distingue comme par inadvertance quelques bonnes vérités-de-situation, la direction-Système pense exactement dans le sens que nous décrit Brzezinski, à la même hauteur et selon la même méthodologie, secouée des mêmes spasmes de zombie. En fait, l’énoncé et l’évolution de la “pensée stratégique” US se limitent à une question de titre et de sous-titre : vous gardez constamment la même non-politique de chaos et de néantisation, et cela constitue le titre inamovible, que vous saluez régulièrement comme une ruse pleine de trouvailles, et que vous rebaptisez régulièrement “au goût du jour” (sous-titre) : hyperpuissance, Empire, hégémonie, déclin, exceptionnalisme, décadence, nation indispensable, effondrement de la puissance, etc., – qu’importe l’étiquette pourvu qu’on ait l’ivresse.
Tout cela n’a plus rien à voir avec la vérité-de-situation, ou quoi que ce soit ayant le moindre rapport avec la vérité (la réalité, elle, n’existant plus comme on le sait). Il s’agit d’un pur raisonnement de type déterminisme-narrativiste où la donnée déterminante, la conception impérative, est que les USA doivent rester la chose dominante de tout, et de toutes les façons. Même en déclin, même en cours d’effondrement, même en perte vertigineuse d’influence, même non-existante et disparue, elle reste cette puissance exceptionnaliste et unique qui est absolument nécessaire au bon ordre du monde ou au désordre total du monde, ou aux deux à la fois puisque bon ordre et désordre total ne font qu’une seule et même chose au début et au bout du compte.
Ce qui est remarquable dans ce cas, c’est que des esprits comme celui de Brzezinski, qui a connu le Guerre froide, et qui tenait compte de la réalité du monde (qui existait encore), que l’on aimât ou non ses orientations stratégiques, ait succombé à son tour aux extraordinaires conditions de communication existantes à Washington, et notamment au déterminisme-narrativiste qui contrôle tous les esprits du domaine... Cela conduit à renforcer notre hypothèse courante selon laquelle l’influence du Système, dans sa surpuissance autodestructrice, n’a jamais été plus haute et plus grande, qu’elle a littéralement transmuté les esprits en résidus de zombie (et cela à Washington bien plus qu’ailleurs car à Washington, chez un McCain, un Graham ou un Brzezinski, on croit à ce qu’on dit, alors que dans les pauvres colonies européennes, on préfère ne pas penser du tout de crainte de penser mal un instant, par pur réflexe d’incontinence).
Toujours “plus que jamais” puisque le mouvement ne faiblit pas et accélère au contraire dans le même sens, nous nous trouvons dans une situation pseudo-politique qui est totalement exempte du fait politique en tant qu’acte raisonné et conçu d’une manière délibérée. Le “politique” des USA (avec celle du bloc BAO, qui suit aveuglément et sans plus essayer à y rien comprendre celle des USA) est un phénomène totalement étranger au moindre contrôle humain et au moindre dessein humain. Elle ne répond à aucune logique familière à l'esprit, fît-ce celle de la conquête, celle de la destruction, etc. Elle est emportée par un flux dont l’“inspiration” est évidemment extérieure à elle-même et n’a plus rien de spécifiquement humain, pour suivre une mécanique de destruction jusqu’à l’anéantissement à laquelle elle ne comprend rien. Les plus grandes intelligences, – Brzezinski n’en est certainement pas dépourvu, – se sont placées au service de ces forces par faiblesse de caractère et vulnérabilité de la psychologie. Ils suivent un courant dont ils ne comprennent ni la signification ni le sens. Ils pondent des doctrines comme les poules des œufs, toujours de la même forme, avec toujours le même contenu, chaque fois jurant faire du nouveau en dessinant un nouvel ornement de la coquille selon la tradition qui accompagne le vol des cloches de Pâques.
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Famous American political scientist Zbigniew Brzezinski once again frightened mankind by saying that “the end of America's global role ... would most probably be global chaos”. To avoid this, the supporter of the American hegemony of the United States suggested Global Realignment. That's the name of his article in the JournalThe American Interest. So, what is the American Interest according to Brzezinski?
To briefly summarize the content of Brzezinski’s article it boils down to two theses:
1) The United States is no longer a global imperial power.
2) As was already mentioned above - the probable chaos as a result of the collapse of the US imperial hegemony. In order for the United States to maintain its power, Brzezinski offers several recipes:
a) Make the main geopolitical rivals of America - Russia and China - work towards US interests. This is supposed to use the crisis in the Middle East as a source of supposed common threats to all three powers.
“America can only be effective in dealing with the current Middle Eastern violence if it forges a coalition that involves, in varying degrees, also Russia and China”.
"The political prospect for China in the near future is to become America's principal partner in containing global chaos, of the sort that is spreading outward (including to the northeast) from the Middle East. If it is not contained, it will contaminate Russia's southern and eastern territories as well as the western portions of China".
b) Making the Islamic world work towards US interests. To do this, Brzezinski once again recalls his doctrine of "global democratic awakening", which justifies US involvement in Arab Springs. The gist of it is simple: use the anti-American forces to strengthen US domination through the various mechanisms of influence and direct infiltration. Brzezinski states that special attention should be focused on the non-Western world's newly politically aroused masses, and this can be understood only in the context of his theory of global democratic awakening. The emergence of ISIS, and before that the color revolutions of the Muslim Brotherhood, in the Islamic world can be regarded as the practical application of this particular strategy. These forces “surprisingly” create problems for anyone except the United States.
c) To maintain the US military presence in the Middle East by any means. The text states that this is crucial for the United States, as withdrawal will immediately trigger the collapse of American hegemony:
“A comprehensive US pullout from the Muslim world favored by domestic isolationists, could give rise to new wars (for example, Israel vs. Iran, Saudi Arabia vs. Iran, a major Egyptian intervention in Libya) and would generate an even deeper crisis of confidence in America's globally stabilizing role. In different but dramatically unpredictable ways, Russia and China could be the geopolitical beneficiaries of such a development even as global order itself becomes the more immediate geopolitical casualty. Last but not least, in such circumstances a divided and fearful Europe would see its current member states searching for patrons and competing with one another in alternative but separate arrangements among the more powerful trio”.
In other words, Brzezinski offers the following strategy, where the Middle East is playing a key role:
1. To foment chaos and war in the region, relying on the strength of "global democratic awakening."
2. Declare war on terrorism and to shift the burden onto Russia and China, drawing them into a hopeless conflict in the region.
3. Maintain or even increase its military presence under the pretext of preserving stability in the Middle East.
Of course, all of this is masked by the theses of the struggle against terrorism and paying attention to the suffering of Muslims and the inhabitants of the Third World in general, and because the main actors in the crisis in the Middle East chessboard of Eurasia - Russia, China, Iran, Turkey, Israel, Egypt, Europe, and Saudi Arabia - are invited to participate in it. The pretext is that they are all interested in resolving the conflict, but in fact it will only lead to a conflict of interest and increase the chaos.
"The overall threat of Islamic terrorism" is not a “threat” per se. The US were seriously hit by Islamism only once in its history, on September 11th, 2001. In the US, Muslims consist of around 1% of all citizens, as opposed to the multi-million Muslim populations of Russia and China. And unlike these two countries, there is no region in the US where the threat of Islamist separatism may emerge.
The US is separated from the conflict region by the Atlantic Ocean. Thus, the US can afford to play at two tables at once - to covertly support extremists and combat terrorism, drawing Russia and China into the conflict and subsequently weakening the Islamic world as well.
America hopes to use the US-grown Islamic extremists to re-engage Russia into their orbit, as has been noted - probably post-Putin. It will be the threat of Islamism that will be used in order to engage Russia in an America-centric system. Brzezinski openly declared that this pro-Western strategy relies on Russian nationalism, or on Russia’s transition from the Byzantine imperial expansionist ideology to the concept of Russian national bourgeois European states as part of the Western world:
“Russia's own future depends on its ability to become a major and influential nation-state that is part of a unifying Europe”.
It is significant that Brzezinski, in accordance with the classical geopolitical tradition, considers the main US enemy to be Russia, not China:
“And that is why it behooves the United States to fashion a policy in which at least one of the two potentially threatening states becomes a partner in the quest for regional and then wider global stability, and thus in containing the least predictable but potentially the most likely rival to overreach. Currently, the more likely to overreach is Russia, but in the longer run it could be China”.
Brzezinski’s analysis is based on a manipulation of facts and outright lies, designed to hide the rough edges of his vision.
Firstly, he is absolutely wrong when he assesses Russia's position. From the point of view of Brzezinski, this country is in the latest convulsive phase of its imperial devolution. Meanwhile, Russia reunified with Crimea in 2014, and before that in 2008, conducted a successful military campaign in Georgia. In 2015-2016, for the first time since the collapse of the USSR, Russia launched a military campaign overseas - in Syria. Russia demonstrates not imperial devolution, but imperial renaissance. Even if Russia tries to become a nation-state, is will only push it to expand, as millions of Russians live in the territories of Ukraine, Belarus, the Baltic countries, and Kazakhstan. Both imperial and truly national versions of Russia do not fit into the Brzezinski’s vision of Russia - as one of the states of the European Union.
Secondly, Brzezinski did not take into account the new rising superpowers: India, Brazil, and South Africa. Indirectly, this may mean that the United States dropped them off, hoping to overthrow their independent elite by color revolutions and coups, like what is currently happening in Brazil. However, their demographic, economic, and, as in the case of India, ideologically anti-Western potential is extremely high.
Thirdly, he overlooks the potential for disintegration within the " European Union". The migration crisis, the collapse of the Schengen, diametrically opposite positions between leaders of states on key issues, and the growth of Euroscepticism, are all problems in the euro zone. This is not a Union that Russia would like to enter. This is not a Union where Brzezinski's ideas may promote the globalist agenda: “play a constructive role in taking the lead in regard to transnational threats to global wellbeing and even human survival”.
Fourthly, Brzezinski demonstrates thinking within the neorealist paradigm of "hegemonic stability". The collapse of US hegemony in his opinion would mean the collapse of the world order as such. But, first of all, the US does in no way contribute to the preservation of world order, turning the whole world into a zone of controlled chaos using the theory by another American analyst - Steven Mann. Why would it be a factor of stability in the future? Secondly, a number of neo-realists believe that the bipolar world will have a greater equilibrium than a unipolar one. Thirdly, there is a model of a multipolar world as a world divided by the imperial "big spaces", which takes into account the diversity of the world’s civilizations. It is also not chaos, but the most adequate alternative to American unilateralism.
It may be concluded that Brzezinski’s article demonstrates the desperate attempts of the American elite to maintain its hegemony in the world. At the same time it is full of propaganda clichés, and in many cases its assessment of the situation does not correspond to reality.
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