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3825• Passons en revue certains aspects de notre situation générale de Grande Crise, et l’on comprend aussitôt que nous ne trouvons rien d’autre que des structures crisiques (plus que “des crises”) en pleine effervescence constante, sans désir, sans volonté, sans capacité de freiner ce processus. • Comme le dit Charles Hughes Smith pour définir la façon dont s’effondrent les systèmes, « la perte des amortisseurs de stabilisation passe inaperçue jusqu’à ce que la structure entière s'effondre sous son propre poids. » • Ce que nous désignons, nous, comme un burnout sans fin, jusqu’à la fin. • Partout l’on perd les “stabilisateurs”, en autant de structures crisiques incontrôlables, des conditions météorologiques extrêmes face auxquelles nous accumulons les erreurs, l’inusable Covid, la diffusion de l’“anarcho-tyrannie” dans des pays comme les USA et l’Afrique du Sud où la ‘Critical Race Theory’ est depuis longtemps appliquée, la sécession comme seule issue pour nombre de citoyens aux USA, une géopolitique devenue hagarde, une communication devenue folle. • Le Système en burnout sans possibilité de congé-maladie.
20 juillet 2021 – Les documents officiels du Conseil Supérieur de la Santé (CSS) définissent le burnout comme « un épuisement causé par un manque (prolongé) d’équilibre entre l’investissement de la personne et ce qu’elle reçoit en retour. » Ne peut-on dire que cet état vaudrait également pour une civilisation, et bien plus précisément puisque c’est là où l’on veut en venir, pour notre-civilisation ? Alors, il s’agirait d’un effondrement qui se manifesterait notamment par burnout constant et sans aucune possibilité de guérison ?
Sommes-nous dans une phase nouvelle à cet égard une aggravation de plus de notre burnout-civilisationnel ? Écoutez Charles Hugh Smith (CHS) qui n’en finit pas de nous décrire l’apocalypse vers laquelle nous ne cessons d’aller, écoutez-le dans son texte du son texte du 16 juillet 2021, avec son audacieuse comparaison entre le XVIIe siècle et le XXIe siècle, – comparaison purement selon une conception d’historisation anglo-saxonne scientifique selon l’américanisme, dont l’histoire, pour ce XVIIe siècle en Europe, tourne essentiellement autour de l’Allemagne, comme si la France n’existait guère... Une fois actée cette réserve qui émane d’un personnage « né cosmopolite sans racines » [selon sa propre caractérisation de lui-même], l’on peut poursuivre avec l’entame de son texte illustrée par un graphique significatif, dont les historiens économistes américanistes ont le secret :
« Comme l’illustre le graphique ci-dessous sur la façon dont les systèmes s'effondrent, la perte des amortisseurs de stabilisation passe inaperçue jusqu’à ce que la structure entière s’effondre sous son propre poids :
• perturbation des conditions météorologiques extrêmes : nous y sommes ;
• tensions géopolitiques croissantes sans résolution diplomatique : nous y sommes ;
• multiplication des pénuries de produits de base : nous y sommes ;
• le désordre intérieur s’accélère à mesure que les positions extrêmes se durcissent et deviennent des conflits irréconciliables : nous y sommes ;» Bienvenue dans un XXIe siècle qui est une réplique du catastrophique XVIIe, une longue période de crises se renforçant mutuellement qui ont renversé des régimes et des empires, de l'Angleterre à la Chine, et déclenché une misère sans fin dans une grande partie de la population humaine.
» Que pouvons-nous apprendre du catastrophique XVIIe ? En tête de liste : les humains réagissent mal aux pénuries. Ils deviennent aigris, contestataires et enclins à trouver des moyens de devenir désagréables plutôt qu’agréables. Leur dérangement s’accentue à mesure qu’ils se transforment en chambres d’échos et que d’autres entrent dans le même état d’esprit, et les comme les autres se renforçant mutuellement. Alors, la source de leur malheur passe du destin à une dynamique identifiée de groupes d’adversaires humains également obsédés dans le même sens de l’accusation réciproque. »
Sans aller chercher une référence historique, – surtout pas au XVIIe puisque nous sommes Français et que le XVIe fut bien pire, ainsi que le XVIIIe qui suivit, sur sa fin explosive, – nous pouvons suivre la méthode CHS et dresser notre propre inventaire ; une sorte d’“inventaire à-la-Prévert” dans le mode catastrophique.
• On prendra d’abord pour le développer plus que les autres un sujet “du-jour”, justement alors que CHS commence son inventaire par “des conditions météorologiques extrêmes”. Les conditions qui ont facilité cette extrémité, on le notera bien entendu, ont pour beaucoup à voir avec les travers grandissants du Système entré dans sa Grande Crise...
Nous parlons bien entendu des inondations suivant des pluies de dimension biblique qui ont dévasté le cœur de l’Europe (Hollande, Belgique et Allemagne surtout, Autriche), selon un axe défini par les puissants fleuve de la Meuse et du Rhin. Nous n’allons pas parler du réchauffement climatique pour ne pas rompre les digues épuisantes de la polémique complotiste/anti-complotiste, nous tenant au constat des “conditions extrêmes”, mais aussi à des remarques qui concernent les structures transnationales mises en place contre cette sorte d’événements.
Ce qui est particulièrement remarquable (inquiétant), autour de ces colossales inondations :
c’est d’une part la mauvaise communication des capacités ultra-sophistiquées d’alerte, lesquelles ne sont pas arrivées à temps à leurs destinataires, mettant une fois de plus en accusation les capacités européennes puisqu’il y a organisation européenne à cet égard (EFAS, ou European Flood Alert System) :
« “Plusieurs jours à l’avance, il était possible de voir ce qui allait arriver. Tous les avertissements nécessaires ont été émis par les services météorologiques”, commente l’Allemande Hannah Cloke, professeure d’Hydrologie à l’Université de Reading (UK), qui a participé à la construction du système européen d'alerte aux inondations EFAS. “Mais la chaîne de communication véhiculant ces avertissements s’est brisée quelque part, de sorte que ces avertissements n’ont jamais atteint les populations concernées”. » ;
c’est d’autre part, la faiblesse des moyens de réactions des services de sécurité civile, essentiellement due à des manques de moyens résultant des politiques ultra-libérales d’austérité (imposées par l’Europe, selon son idéologie et l’argument que l’EFAS permettait de se passer d’équipements importants.).
Il en résulte des pertes humaines très importantes, des dégâts matériels d’une ampleur absolument considérables, la défiguration géo-culturelle de régions entières, une grave désorganisation économique et de l’infrastructure de transport (notamment avec le cas extraordinaire du tunnel de Cointe, à Liège, complètement sous eau, dont la remise en service est incertaine peut-être avant quelques semaines, – un nœud routier stratégique essentiel entre les autoroutes du Nord, vers l’Allemagne et la Hollande, et ceux du Sud, vers le Luxembourg et la France, au Sud).
Un texte venimeux à souhait sur les ravages du capitalisme dans l’aménagement des territoires, et très documenté sur les inondations, est publié sur le site WSWS.org.
Il y a quelques autres domaines qui méritent d’être mentionnés, avec quelques commentaires. Ils constituent, non pas des crises mais des structures crisiques à l’intérieur de la Grande Crise, dont le rythme est très puissant. On en donne ici quelques éléments, sans prétendre les embrasser tous. Il n’empêche, l’ensemble rassemblé ici donne une bonne mesure de l’impasse chaotique qui touche désormais toute la planète, mesurant l’ampleur de la crise de civilisation par effondrement que nous vivons.
• La désormais inamovible structure crisique Covid s’installant comme un tourbillon crisique sans fin. On la définit au travers des innombrables querelles et contestations sur les vagues déferlantes dont la quatrième s’annonce, les mesures de prévention, la comptabilité des infectés et les décès avec l’énigme du nombre de décès attribués au Covid, jusqu’au feu d’artifice de désordre que constitue la phase vaccinale dont on ignore l’efficacité, jusqu’où elle ira, à quoi elle servira (refrain : sauf pour les bénéfices de Big Pharma). Une seule certitude se trouve dans la complète politisation de cette question sanitaire, avec des fractions non négligeables des populations en dissidence ouverte, jusqu’à des radicalisations de réactions violentes qui vont évidemment s’accentuer. (Les spécialistes du sexe des anges discutent : faut-il nommer cela “terrorisme” ? Pourquoi pas loisirs de détente destructrice ou vacances de guérilla ?)
La France est en bonne place dans cette radicalisation, où le président décide comme le ferait un Napoléon-III sans moustache-barbichette ni jugeote, pour aussitôt envisager de reculer, – car l’on est “à l’écoute” du bon peuple, ma chères, – et par conséquent donnant crédit à l’opposition violente de sa légitimité... Alors, pourquoi s’en priver ?
L’exemple français est justement un exemple. Il est donné à penser qu’on le suivra, chaque pays à sa façon, essentiellement en Europe. Il n’y a rien de plus séduisant et de plus contraint par une sorte d’attraction comme la nature qui vous prend parce qu’elle a horreur du vide, que le désordre face à ces pouvoirs déliquescents, en pleine dissolution, réduits à des agglomérats de poussières.
• Le désordre ordinaire règne en de nombreuses zones, mélangeant les folies racistes inverties (type CRT [Critical Race Theory]/wokenisme), les pillages, la corruption, l’illégalité ou légalité inversée. L’autorité dans certains pays est assurée par les groupes de milices radicales (voir des New Black Panthers patrouillant, fusils d’assaut en mains, dans les rues d’Indianapolis) et par l’anarchie et le chaos complets (voir l’Afrique du Sud, pays où, selon ce commentaire, la CRT a été intégralement appliquée depuis des années : « L’Afrique du Sud, le premier pays construit sur la ‘Critical Race Theory’, – se désintègre officiellement »).
• Ces quelques domaines vus ci-dessus sont caractérisés par l’“anarcho-tyrannie”, ou “anarcho-tyrannisme” si la chose évolue sous forme d’idéologie, ce qui serait bien dans l’esprit du temps : faire d’une matraque invertie une idéologie... Ce qui se définit ainsi :
« [L’expression] “anarcho-tyrannie” est d’un essayiste américain de talent, Samuel T. Francis (1947-2005), auteur d’un livre décapant sur l’État moderne, ‘Leviathan and its Enemies’. L’expression date de 1992 mais connaît une véritable résurrection, trente ans après, grâce à la jeune génération de l’‘alt right’ américaine [et les Antifas et BLM du côté du manche de la matraque]. Selon la définition de Francis : “Dans un État d’anarcho-tyrannie le gouvernement n’applique pas des lois qu’il devrait légitimement appliquer et, en même temps, il invente des lois qui n’ont pas de raison légitime d’exister”. Pourquoi ? Réponse de ce théoricien de la droite nationaliste américaine : “Une caractéristique de l’anarcho-tyrannie est cette tendance de l’État à criminaliser et à punir des citoyens innocents qui obéissent à la loi, et en même temps de se refuser à punir les délinquants” ».
• Complétant cette “anarcho-tyrannie” et l’appliquant au niveau des conceptions les plus hautes (moraline, bienpensance, etc.), on trouve des tendances tyranniques de plus en plus à visage découvert dans diverses institutions (par exemple, l’UE dans ses relations de contraintes oppressives à l’encontre de la Hongrie) et diverses grands conglomérats (les Big Tech dont le travail de censure au service du gouvernement, dans la langage sidérant d’ingénuité gâteuse de Biden, est devenue une évidence sidérante-bouffe et presque d’un comique par l’absurde, — d’ailleurs assez peu appréciée par les Big Tech qui, très moralinesques, n’aiment pas être traités si cavalièrement, et ont fait revenir Biden sur son affirmation que les Big Tech « are killing people » en ne censurant pas assez, mais Biden outre son mea-culpa insistant pour que Big Tech censurent plus tout de même, sous les consignes du gouvernement).
• Ces idéologies tyranniques en totale inversion (“anarcho-tyrannie, Big Tech) ne donnent rien d’autre qu’une constante radicalisation d’elles-mêmes jusqu’au néant du désordre (l’Afrique du Sud en est proche). Elles sont dues à l’arrivée dans les bureaucraties de pouvoir, dans les personnels de direction, dans les entreprises d’influence (des lobbies aux ONG-typeSoros) des générations formées à partir des années 1970 digérant les événements des années 1960 grâce à des archi-thèses comme la French Theory et tous les courants de la déconstruction qu’elle a inspirés : “Vraiment, vraiment aucun besoin de complot, les gars !” Le résultat indirect est une dynamique d’atomisation de diverses formes des structures en place complètement délégitimées, – le meilleur exemple étant la dynamique de sécession aux USA.
• La géopolitique dans ce chaos mondial, globalisé, sans le moindre sens cohérent ? C’est une géopolitique hagarde, zombiesque, fantomatique, ne trouvant d’autres instruments que la menace-bouffe par l’armement, avec les menaces et pressions sur les Russes et les Chinois de forces US et autres complètement infectées par le wokenisme et des matériels intégrant un technologisme en pleine crise après avoir brillamment atteint le Principe de Peter... Sans vous rappeler le JSF, voyez le porte-avions USS Gerald R. Ford, qui a tout de même l’avantage paradoxal d’être incapable d’opérationnaliser le catastrophique et tout nouveau JSF devenu F-35...
La plus agréable et significative appréciation de la géopolitique hagarde actuelle vient de la toujours-remarquable porte-parole du ministère des affaires étrangères russe, Maria Zakharova, le 18 juillet, exprimant droitement son avis sur le retrait américaniste d’Afghanistan où les USA intervinrent en octobre (air) et décembre (terre) 2001 :
« Aujourd’hui, nous entendons des déclarations selon lesquelles il [le retrait US] s’agit d’un achèvement logique de l’opération des États-Unis en Afghanistan. CELA n’est pas vrai. Ce n'est pas un achèvement logique, c’est un échec. Sergei Lavrov [ministre russe des affaires étrangères] l’a dit après une série de conférences à Douchanbé et à Tachkent. CELA est un échec. Parce que seule une campagne qui a une certaine logique peut avoir un achèvement logique. Mais il est impossible de comprendre la logique de ce que les États-Unis faisaient là-bas. »
• D’une façon générale, la communication telle que l’utilise le Système est folle. Les grandes batailles de l’incompréhension hagarde des pouvoirs portent, par exemple, sur le soupçon de complotisme, l’accusation hystérique de complotisme, avec pour effet l’exacerbation du complotisme jusqu’à faire penser, par lassitude devant tant d’hystérie, que, oui, il y a peut-être bien des complots de ces imbéciles, pour montrer tant de bêtise... Il y a dans cette communication-folle, parmi la myriade d’ignorance des événements catastrophiques en cours, l’ignorance complète des événements les plus grands et les plus essentiels, d’un centre de puissance (?) à l’autre. A la façon dont nous l’observons aujourd’hui, comme les yeux fermés et le sourire béat au bec, mous mettrons sans doute bien plus de temps à apprendre que l’Amérique s’est réellement et décisivement effondrée, cette fois c’est fait, qu’Augustin ne mit à apprendre la chute de Rome.
Onfray : « Notre époque ressemble à celle de saint Augustin qui voit s’effondrer la civilisation gréco-romaine et ignore que se prépare, avec lui notamment, celle qui va la remplacer : la civilisation judéo-chrétienne. »
Mais lui au moins, Augustin, se fichait bien du sort de Rome, tandis que nous sommes tout entier attachés au sort des USA, croyant tant en connaître là-dessus et que notre sort dépend de cette grandeur fascinatrice qui nous autorise à toutes les bassesses, à toutes les servitudes.
• Disons enfin un mot de l’esprit du public, aux USA évidemment où, nous le confirmons, rien de spécial ne se passe lorsqu’on suit la presseSystème européenne, “sourcée” au NYT, au WaPo et à CNN, ces Trois “Singes de la Sagesse” devenus les trois “singes de la bêtise-folle”.
On va donc voir ce que pense, par le biais d’un sondage d’un organisme artisanal de consultation instantanée des républicains sur internet ; aucune valeur scientifique, donc toutes les raisons de prendre la chose au sérieux...
« Un sondage non scientifique réalisé auprès des républicains révèle que 94,8 % des personnes interrogées affirment qu’elles peuvent voir venir une “apocalypse économique ou politique majeure” à cause de la politique de Joe Biden.
Le résultat est tiré de National Republican Polling, et intervient alors que l’Amérique est confrontée à une crise massive à sa frontière sud, à une inflation imminente, – et importante, – à une instabilité à venir en raison du retrait des troupes d'Afghanistan par Joe Biden, et aux campagnes menées par les démocrates pour débudgétiser la police, prendre le contrôle des élections dans tout le pays, et qualifier de racistes les Américains fidèles et patriotes, etc.
La seule question du sondage : “Pensez-vous que nous sommes sur le point de vivre une apocalypse économique ou politique majeure ?”
Près de 95% ont répondu “C’est pour bientôt”. Seulement 1,3% ont dit “tout va bien”, et 3,9% n’étaient pas sûrs.. »
Ce dernier sondage de rigolos non-scientifiques, ces “non-sachants” de l’internet, a au moins l’avantage de nous fournir une transition pour notre commentaire. Nous en revenons donc aux questions que nous posions en début de ce texte, comme si cette citation que nous faisons venait d’une autre source ; cela pourrait évidemment être le cas tant dans ces territoires de connaissance que nous affectionnons parce qu’il y règne la presse-dissidente, on rencontre quelques esprits de bonne compagnie, écartant l’hystérie du Système du soupçon et l’hystérie du complotisme soupçonneux...
« Ne peut-on dire que cet état vaudrait également pour une civilisation, pour notre-civilisation ? Un effondrement qui se manifesterait notamment par burnout constant et sans aucune possibilité de guérison ?
» Sommes-nous dans une phase nouvelle à cet égard une aggravation de plus de notre burnout-civilisationnel ? »
Ce besoin constant que nous avons de tenter de toujours mieux identifier cet état sans cesse aggravé de notre civilisation s’explique par le fait lui-même : puisqu’il y a “sans cesse aggravation” il y a “besoin constant” de tenter de savoir. Pour satisfaire ce “besoin constant” d’“identification”, il faut une constante observation des phases successives, identifier ces phases, mesurer leurs nouveautés, etc...
Tout ce que nous disent ces événements constitue une formidable démonstration de la délégitimation des pouvoirs en place. Il ne s’agit pas précisément de la conséquence d’une résistance plus ou moins populaire, même si celle-ci existe ici et là, qu’elle est soit sourdement soit clairement manifestée. On parle ici d’une “résistance” dans le sens classique de l’événement, avec des actes dans les rues, des attitudes de combat de personnes, etc.
(On met à part ce que nous jugeons être la résistance primordiale, qui est l’observation, la documentation et le commentaire de l’effondrement du Système par notre presse-dissidente, parce que cette information et cette communication contribuent à impressionner les psychologies, à renforcer les jugements sur cet effondrement, donc à fragiliser encore plus le Système qui a besoin pour exister et pour tenir de l’agrément voire du soutien des populations qu’il soumet. A sa manière, le Système est démocratique, ce qui permet de comprendre pourquoi et comment tant de grands esprits n’ont vraiment aucune affection pour la démocratie. Par ailleurs, l’on sait que lui seul, le Système, est capable de se détruire [autodestruction], par conséquent c’est à sa psychologie d’effondrement qu’il faut contribuer.)
Cette “résistance” plus ou moins populaire, même si nous ne lui donnons pas la première place, est un élément parmi d’autres dans la dynamique de l’aggravation de l’état de notre civilisation, – laquelle dynamique est, en d’autres termes, son effondrement. D’un autre côté, il y a les gens qui ne songent pas à la résistance, par crainte ou par ignorance, parce qu’il croit qu’une direction est nécessaire est que celle-ci qui est en place, si elle est ce qu’elle est, a au moins le mérite d’être là. On ne distingue chez eux pas plus d’élan et d’ardeur pour défendre ces directions, que d’ardeur et d’élan chez ceux qui songent à résister “plus ou moins”, et qui le font “plus ou moins”.
C’est qu’en fait, on sent bien que la bataille n’est pas à ce niveau. Mettez 115 000 personnes ou un million de personnes dans la rue (pour les anti-vaccins dans ce cas), cela ne changera pas grand’chose. De toutes les façons, Macron reculera un petit peu, ou un peu plus, songeant déjà à revenir sur ce recul, mais ignorant comment, et d’ailleurs, et surtout, gâchant du temps pendant lequel les structures du Système continuent à se défaire, à se se détricoter. (Voyez ce que Macron a fait de son programme qui devait transformer la France depuis 2017 : un peu de sable qu’effacera une élection, cet événement bien anodin dans un pays qui est décrit comme s’il était à feu et à sang.)
C’est là que résident la magie et la beauté de la dynamique en marche : la dégradation, la déstructuration, la dissolution du Système, inexorablement, de son propre chef, de sa propre dynamique, notre mission n’étant que d’accompagner cette dynamique, la renforcer par la seule pression des psychologies que renforcent les écrits. A mesure, effectivement, le Système est dans l’état d’un burnout qui ne cesse et qu’il ne cesse de renforcer. Comme il n’est pas question pour lui qui ne vit qu’en état de surpuissance de se mettre en “congé-maladie”, la définition de son burnout devient « un épuisement causé par un manque [en constante accélération] d’équilibre entre l’investissement [du Système – sa surpuissance] et ce qu’[il] reçoit en retour » ; et dans son cas le terme de l’épuisement alors qu’il arrive à la nullité de de ce qu’il “reçoit en retour” opérationnalisant son autodestruction.
Il ne nous reste donc qu’à suivre l’évolution en cours, sans nous cacher qu’elle recèle pour nous tant de souffrances, d’angoisse, d’incertitudes affreuses, tout en poursuivant sans relâche la tâche dévolue au sapiens, décrite plus haut. Comme on le comprend, il nous paraît complètement inutile d’attendre de cette tâche des résultats immédiatement concrets, mesurables, qui lui soient directement redevables, qui soient directement identifiables comme cause de l’effondrement du Système ; mais elle y aide, sans relâche, sans mesurer sa peine, parce qu’elle n’y a au fond rien d’autre à faire et que le faire c’est quelque chose qui ressemble à la dignité.
Ce qui nous attend au terme (qui n’en sera pas un à proprement parler) fait partie d’un autre monde dont nous ne savons rien et dont nous ne pouvons rien savoir. Peut-être un moment de vérité (une vérité-de-situation) nous montrera que le temps est venu, ou qu’il serait peut-être bien en train de venir, et la situation actuelle telle que nous l’avons décrite dans toute sa dynamique est bien loin de nous démentir...
En attendant, “notre” “vérité” sur les avatars de ce temps de l’effondrement, que nous nous plaisons souvent à exprimer à haute voix ou sur des articles pleins de sûreté de soi, est exactement exprimée dans les erreurs de l’homme emporté dans l’ivresse de sa croyance que la chose arrive essentiellement et triomphalement selon sa maîtrise et son action. (Nietzsche, très en vogue en ce moment chez PhG : « Que sont donc en fin de compte les vérités de l’homme ? Ce sont les erreurs irréfutables de l’homme. »)
La seule vérité pour l’heure est celle du constat sur l’état extraordinaire de délabrement du monde dans le chef de la civilisation qui prétend le maîtriser, l’influencer et le diriger. Sur ce point, nous sommes mieux placés que saint-Augustin. Nous suivons “en temps réel” la désintégration par pourrissement car nous disposons de cet incomparable instrument qu’est la communication, cet instrument à nul autre pareil dans les temps des autres civilisations, et que si peu d’entre les observateurs songent à utiliser pour cette question spécifique de l’effondrement.
Moralité (‘Chroniques de l’ébranlement’, de PhG, en 2003, remis au goût du jour de 2021) : « D’abord, il y a ceci : en même temps que nous [subissons] cet événement d’une force et d’une ampleur extrêmes, nous [observons] cet événement en train de s’accomplir et, plus encore, nous nous [observons] les uns les autres en train d’observer cet événement. L’histoire se fait, [...] dans un déroulement explosif et brutal, nous la regardons se faire et nous nous regardons en train de la regarder se faire. »
C’est à peu près tout ce que nous pouvons faire, tout ce que nous pouvons “chroniquer”... Mais quoi, cela vaut mieux qu’un simulacre.