Californie, élégant modèle de sécession

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Californie, élégant modèle de sécession

18 décembre 2016 – La Californie fait-elle encore partie des USA ? Poser la question, c’est y répondre a-t-on coutume justement de dire, – dans tous les cas c’est suggérer d’être prêt à répondre dans le sens qu’on devine, – négatif, naturellement. On sait que le sort de la Californie nous importe particulièrement, dans la mesure où ce puissant État de l’Union (38,8 millions d’habitants, PNB de $2.488 milliards) présente à notre sens tous les caractère d’un État potentiellement extrêmement proche de la sécession, ce qui constituerait un événement catastrophique pour la cohésion, l’unité, et très rapidement, pour l’existence même des États-Unis par l’effet symbolique, psychologique, géostratégique voire métahistorique ; on doit même conclure cette prospective par l’hypothèse de l’effet d’entraînement par la mise en miettes d’un tabou et du symbole impératif constituant depuis la violente victoire du Nord en 1865 le frein principal, sinon exclusif de la logique centrifuge qui hante cette fédération depuis ses origines de 1776-1788.

Une analyse très récente, plus précise et mieux documentée, montre comment le vote de la Californie est le seul vote responsable de la supériorité de Clinton sur Trump dans le vote populaire national. Par conséquent il annule complètement par l’évidence du fait cette affirmation d’un vote national supérieur de Clinton sur Trump puisque l’avantage entier lui est donné par un seul point local extrêmement spécifique, un seul État de l’Union dont tant de signes montrent qu’il est en rupture de ban avec l’ensemble national. (Alors que Clinton dépasse Trump de 1.322.095 votes au niveau national, la différence des votes populaires en Californie est de 5.589.936 votes pour Clinton contre 3.021.095 votes pour Trump, soit plus de 2,5 millions.)

Au contraire, le vote de la Californie exclusivement responsable de cette supériorité statistique de Clinton crée un déséquilibre politique extrêmement dommageable pour les USA, d’une part nourrissant la volonté d’indépendance de la Californie en accentuant la rupture entre la Californie anti-Trump et le reste des USA pro-Trump ; d’autre part en exacerbant tous les thèmes progressistes-sociétaux qui ont été opposés avec violence à Trump sans justifier politiquement en vérité cette exacerbation parce que l’aspect progressiste-sociétal de la position de la Californie est un trompe-l’œil pour une réalité complètement différente et peut-être opposée qui implique la marche vers une unité culturelle non-américaniste selon des thèmes qui sont à l’opposé du progressisme-sociétal. (Les Latinos, devenus première communauté spécifique de la Californie en 2014 avec 14,9% de la population contre 14,02% pour les Blancs [les habitants d'origine hispaniques pure et mêlées approchant 40% de la population], sont évidemment liés au Mexique et entretiennent des comportements traditionnels de leur culture originelle, plus ou moins dissimulés, qui sont le contraire de la conception multiculturelle, anti-traditionnelle du progressisme-sociétal : ils ont donc voté plus anti-Trump que pro-Hillary, dans la mesure où ils perçoivent Trump comme une menace américaniste contre leur culture et leur tradition, alors que les démocrates baignent dans l’illusion que ce vote est un renforcement des thèses multiculturalistes et anti-traditionnelles de leur progressisme-sociétal.)

Le site Investors.com du 16 décembre offre un calcul précis du vote de la Californie par rapport au vote national et observe que la Californie a encore plus voté démocrate qu’en 2012, qu’elle est le seul État de l’Union où la victoire de Clinton en vote populaire a été supérieure à celle d’Obama en 2012 également, et que si l’on ôte la Californie du vote national, Trump l’emporterait largement en votes populaires dans les USA moins la Californie. (Le vote populaire national, si l’on décompte les USA moins la Californie, donnerait 1.4 million de votes d’avance pour Trump, renversant complètement, et même d’un peu plus, l’avantage de Clinton sur lui, Californie comprise.)

« California is the only state, in fact, where Clinton's margin of victory was bigger than President Obama's in 2012 — 61.5% vs. Obama's 60%. [...] If you take California out of the popular vote equation, then Trump wins the rest of the country by 1.4 million votes. And if California voted like every other Democratic state — where Clinton averaged 53.5% wins — Clinton and Trump end up in a virtual popular vote tie. (This was not the case in 2012. Obama beat Romney by 2 million votes that year, not counting California.) »

Ces résultats sont très significatifs, sinon décisifs du point de vue statistique, d’autant qu’ils s’accompagnent d’une abstention de près de 5 millions de personnes, beaucoup plus qu’avec le vote Obama de 2012, beaucoup plus que la moyenne nationale et montrant en cela un désintérêt pour la crise nationale spécifiquement américaniste. Ils s’accompagnent d’une situation politique qui voit une quasi-complète élimination des républicains conservateurs comme force politique, ce qui laisse la Californie quasiment dans les seules mains des démocrates, et cela dans la dynamique d’une progression depuis 2008, en synchronisation avec le renforcement de la communauté latinos jusqu’à ce point symbolique de basculement de 2014 où cette communauté a dépassé les Blancs, ou Caucasiens-Américains, devenant la première communauté spécifique de Californie. (Encore ne décompte-t-on pas les illégaux non-recensés, dans un États où le nombre absolu d’illégaux latinos est de très loin le premier de tous les États de l’Union ; les illégaux devraient approcher les trois millions en Californie, chiffre évidemment sans équivalent dans aucun autre État, et selon un pourcentage qui tendrait à s’approcher du premier pourcentage d’illégaux par État du Nevada de 7,2% de la population [autour de 7% pour la Californie].)

« In recent years, California has been turning into what amounts to a one-party state. Between 2008 and 2016, the number of Californian's who registered as Democrats climbed by 1.1 million, while the number of registered Republicans dropped by almost 400,000. What's more, many Republicans in the state had nobody to vote for in November.

» There were two Democrats — and zero Republicans — running to replace Sen. Barbara Boxer. There were no Republicans on the ballot for House seats in nine of California's congressional districts. At the state level, six districts had no Republicans running for the state senate, and 16 districts had no Republicans running for state assembly seats.

» Plus, since Republicans knew Clinton was going to win the state — and its entire 55 electoral votes — casting a ballot for Trump was virtually meaningless, since no matter what her margin of victory, Clinton was getting all 55 votes. Is it any wonder then, that Trump got 11% fewer California votes than John McCain did in 2008? (Clinton got 6% more votes than Obama did eight years ago, but the number of registered Democrats in the state climbed by 13% over those years.)»

Ces diverses conditions, et selon nous la pression implicite de la “majorité” latinos qui se fait sentir indirectement et qui est interprétée de façon souvent invertie mais qui existe dans son intensité, font que la direction démocrate de la Californie est , à la fois par opportunisme et par sectarisme mal compris, d’un extrémisme remarquable et d’une extrême arrogance par rapport au “centre” fédéral dès lors que celui-ci est devenu “trumpiste”. Ce fait est totalement ignoré, par exemple, des autorités européennes, qui continuent à voir les USA comme un bloc et en sont encore à se demander s’il faut prendre un contact officiel avec l’équipe Trump, – en retard non pas d’un métro, mais d’un train sans fin de métros qui se succèdent... Nous devons ici rappeler les manifestations de cet extrémisme et de cette arrogance qui portent en vérité, lorsqu’on les analyse en profondeur, beaucoup plus la marque d’un parti démocrate complètement pris dans un rôle d’“idiot utile” dans la mesure où il tient aucun compte de la pression souterraine et promise à devenir rapidement et naturellement sécessionniste des Latinos. (On ajoutera, cerise sur le gâteau de stupidité des progressistes-sociétaux que deux des grands centres de pouvoir et d’influence californien, – les “babieslliardaires” de Silicon Valley et les stars ultra-“politically correct” d’Hollywood, – sont des ultras du progressisme-sociétal de l’hypergauche.)

« Voici l’extrait de notre texte du 9 décembre qu’il faut garder à l’esprit : « Nombre de ces résultats et de ces comportements tendent ainsi à montrer combien la Californie a été une exception dans ce vote des présidentielles, et une exception qui implique un état d’esprit différent du reste des USA, un état d’esprit de sécession même s’il ne s’agit encore pour beaucoup que d’un état inconscient de la psychologie. C’est à notre sens pour cette raison que les autorités officielles de l’État réagissent avec une telle violence contre Trump, qui est dans ce cas beaucoup plus “le centre” (le représentant du “centre”) que le président Trump en tant que tel. En effet, on n’a pas assez relevé cette violence que nous avons mentionnée dans ce texte référencé du 7 décembre, et nous répétons ici ce passage tant il nous paraît significatif pour l’état d’esprit que reflète la direction californienne, – effectivement démocrate californienne, mais dont la vigueur extraordinaire, à la limite de la légalité et des us et coutumes des relations constitutionnelles entre les États et le “centre”, n’a pas fait un instant l’objet de la moindre remarque de la direction centrale du parti. Sans doute cette direction considère-t-elle cette réaction comme étant en ligne avec la tendance progressiste-sociétale qui caractérise l’actuelle ligne démocrate officielle (mais qui est contestée désormais par une minorité du parti qui en voit clairement le danger pour la cohésion des USA), – alors qu’elle nourrit avec une force insoupçonnée la tendance sécessionniste dont nous voyons partout des traces dans ce survol du cas de la Californie dans ces élections présidentielles...

« “On peut également citer le discours au cours de ces mêmes cérémonies du Speaker de l’Assemblée de l’État de Californie, le démocrate Antony Rendon, appelant les Californiens à un refus de l’unité nationale s’apparentant à un état de sécession ; il compare la situation à celle de la Seconde Guerre mondiale, et la Californie étant dans cette analogie le Royaume-Uni de Churchill aux heures sombres de 1940-41, cela impliquant que l’administration Trump et le centre washingtonien sont une réplique postmoderne de l’Allemagne nazie : ‘Californians do not need healing. We need to fight,’ he declared. Rendon called the Trump administration a ‘major existential threat’ on a par with the Second World War... [...] Citing a wartime speech by Winsto,n Churchill, Rendon declared that Californians would defy the federal government’s efforts to enforce immigration law, and would protect the state’s ‘interests’.” »

Latinos et démocrates se tiennent par la barbichette

Dans sa situation et ses composants actuels, la Californie est le seul État (peut-être avec le Texas, où la situation est évidemment différente) où l’idée de sécession n’est pas une gageure, respectable certes, mais défendue seulement par des associations sans grande influence et fort peu imprimée dans les psychologies courantes. La cause en est bien entendu la pression des Latinos de diverses origines, qui tiennent une place si importante dans l’État ; tout intégrés qu’ils paraissent être, ils n’en restent pas moins extrêmement proches de leurs pays d’origine, avec des liens constants avec le Mexique frontalier particulièrement, la double nationalité pour ceux qui le veulent ; tout en étant partisans des démocrates actuellement multiculturalistes, athéistes et progressistes-sociétaux, ils n’en restent pas moins en majorité assez conservateurs, très attachés à leur seule culture latinos, catholiques pratiquants et catholiques exotiques mais plutôt dans le sens d’une tradition exacerbée que de la postmodernité de la hiérarchie catholique européenne adepte de l’Art Contemporain ; bref, citoyens américains mais un peu à la manière des Sudistes en 1861 lorsqu’un Robert E. Lee à qui l’on proposait le commandement des armées de l’Union (du Nord) le 19 avril 1861 refusa pour prendre, le lendemain, le commandement de l’Armée de Virginie du Nord (sudiste), simplement parce que, expliqua-t-il, “la Virginie est ma patrie”...

Le plus intéressant dans la situation de la Californie, ce sont les rapports entre démocrates et Latinos, et le quiproquo complet qui s’établit entre eux. En effet, on ne parlera ni des républicains, ni des “trumpistes”, qui ne sont pas partie prenante en rien dans cet État. Les démocrates estiment que la Californie leur appartient aujourd’hui, donc qu’elle est toute entière acquise à la doctrine progressiste-sociétale, et que c’est même cette doctrine qui a permis cet investissement de l’État, notamment parce qu’il favorise les minorités (les Latinos), l’immigration (les Latinos), etc. Pour eux, démocrates il s’agit d’un véritable laboratoire pour leur doctrine autant que de la démonstration de la justesse de leur doctrine, et ils sont d’autant plus inclinés à l’extrémisme (contre un “centre” “trumpiste”), ne cherchant pas un instant la sécession certes mais plutôt à mettre en place un modèle alternatif aux USA dirigés par Washington tels que sont les USA et tel qu’est Washington.

Pour les Latinos, qui ont d’abord suivi les démocrates par simple intérêt d’une classe minoritaire et ethnique, la situation nouvelle doit transformer radicalement leur perspective. Le radicalisme des démocrates n’intéresse pas les Latinos en tant que doctrine, – et même au contraire si on considère leurs tendances, – mais bien dans le sens évident que l’évolution actuelle les met au premier plan et leur offre disons la possibilité assez forte d’une “latinisation” de la Californie et, bientôt, parce que le sentiment de la Reconquista (retour des territoires mexicains annexés par les USA en 1847-1848) reste latent et subit ainsi un renouveau sans les compromettre directement, la possibilité d’une “mexicanisation” aux moindres frais. Le quiproquo est donc bien dans ce sens que les démocrates croient tenir la Californie en tenant les Latinos alors que la situation tend à se retourner et que ce serait les Latinos qui tiennent les démocrates et qui vont ainsi tenir la Californie.

Il s’agit ici d’une analyse théorique. La situation actuelle offre une possibilité très réelle que l’on passe très rapidement de la théorie à la pratique, sinon à l’opérationnel, à cause d’une part des tensions énormes suscitées par l’arrivée de l’administration Trump (notamment sur la question de nouvelles lois réglementant l’immigration, que la Californie pourrait refuser), à cause d’autre part des initiatives parcellaires qui mettent sur la table la question de la sécession (notamment une proposition de référendum prévue pour être présentée légalement en 2018 pour un vote en 2019/2020). Le premier point (tension avec l’administration Trump) pourrait bien entendu accélérer le second (sécession), dans une logique qui balaierait complètement le projet démocrate au profit d’une logique de “mexicanisation” ; en effet, une tendance à la sécession et à la “mexicanisation” conduirait à une situation inverse à celle que prônent les globalistes/progressistes-sociétaux, avec un renforcement de l’unité culturelle contre le multiculturalisme, et un renforcement d’un bloc “latinisé” avec le Mexique dont l’unité culturelle et identitaire serait contraire au but recherché par les globalistes.

On observera qu’il s’agit d’un renversement historique inouï pour la Californie sur les quatre-vingt dernières années, par rapport à la puissance du système de l’américanisme. En effet, dans les années 1930, dans le contexte de la grande Dépression, la Californie devint une terre d’élection de la sauvegarde du Système, lorsqu’on y installa les premières structures du complexe militaro-industriel (CMI) pour faire de cet État un bastion du technologisme et du suprémacisme anglo-saxon ; à cette époque, la Californie était fameuse pour avoir été fort peu touchée par les vagues migratoires et devenant ainsi un bastion des Américains les plus purs selon les critères de l’américanisme, c’est-à-dire les anglo-américains ou WASP, au contraire des régions de l’Est considérées comme contaminées par l’immigration européenne de “mauvaise qualité” (Italiens et Méditerranéens, pays de l’Est européen, etc.). Nous écrivions sur ce sujet général le 26 janvier 2003 à propos des fondations du CMI sous la direction du professeur Millikan de Chicago, essentiellement autour de la ville de Los Angeles (“The City of Quartz”) et de centres technologiques tel que l’Institute of California Technology (CalTech) :

« Ce que nous montre ce chapitre de ‘City of Quartz’ [de Mike Davis, 1992], c’est combien le CMI fut marqué, outre ses aspects matériels, industriels, financiers et politiques, par des dimensions nettement idéologiques, mystiques, voire ésotériques. Les promoteurs de cette entreprise professaient une croyance en la puissance de la science et de la science appliquée (industrie et surtout technologie), qui était également caractérisée par une dimension suprémaciste [blanc], plus que raciste : la notion de supériorité des ‘races nordiques’... [...]

» “In his role as Cal Tech’s chief booster, Millikan increasingly became an ideologue for a specific vision of science in Southern California. Speaking typically to luncheon meetings at the elite California Club in Downtown Los Angeles, or to banquets for the Associates at the Huntington mansion, Millikan adumbrated two fundamental points. First, Southern California was a unique scientific frontier where industry and academic research were joining hands to solve such fundamental challenges as the long-distance transmission of power and the generation of energy from sunlight. Secondly, and even more importantly, Southern California ‘is today, as was England two hundred years ago, the westernmost outpost of Nordic civilization’, with the ‘exceptional opportunity’ of having ‘a population which is twice as Anglo-Saxon as that existing in New York, Chicago or any of the great cities of this country.’ Millikan's image of science and business reproducing Aryan supremacy on the shores of the Pacific undoubtedly warmed the hearts of his listeners, who like himself were conservative Taft-Hoover Republicans. »

Cette évolution depuis les années 1930 est vertigineuse et mesure l’extraordinaire décadence du suprémacisme anglo-saxon, de la puissance américaniste, et donc de tous les projets de conquête du monde de l’“anglosphère”. La qualification “anglo-saxonne” du constat de suprémacisme est nécessaire, plutôt que le stupide slogan actuel de “suprémacisme blanc” des progressistes-sociétaux courant derrière le classique épouvantail d’extrême-droite. C’est le philosophe de l’histoire Arnold Toynbee qui écrivait en 1948, alors que l’extension de l’anglosaxonisme était partout au faite de sa surpuissance, ce texte qui chagrinera plus d’un gémisseur spécialisé dans l’incantation mémorielle à propos du rôle passée et infiniment raciste de la France :

« [L]e triomphe des peuples de langue anglaise peut rétrospectivement apparaître comme une bénédiction pour l'humanité; mais, en ce qui concerne ce dangereux préjugé de race, on ne peut guère contester que ce triomphe ait été néfaste. Les nations de langue anglaise qui se sont établies outremer dans le Nouveau Monde n’ont pas, en général, fait office de “bons mélangeurs”. La plupart du temps, elles ont balayé, chassé les primitifs qui les précédaient; et là où elles ont permis à une population primitive de survivre, comme en Afrique du Sud, ou bien importé du “matériel humain” primitif, comme en Amérique du Nord... [...] En outre, là où on ne pratiquait pas l'extermination ou la ségrégation, on pratiquait l'exclusion ... [...] A cet égard, le triomphe des peuples de langue anglaise a donc soulevé pour l'humanité une “question raciale”, ce qui n’aurait guère été le cas, tout au moins sous une forme aussi aiguë, et dans une aire aussi vaste, si les Français, par exemple, au lieu des Anglais, étaient sortis victorieux de la lutte pour la possession de l'Inde et de l'Amérique du Nord au XVIIIe siècle. Au point où en sont les choses, les champions de l'intolérance raciale sont dans leur phase ascendante, et si leur attitude à l’égard de la question raciale devait prévaloir, cela pourrait finalement provoquer une catastrophe générale. »

La Californie reste toujours un bastion du technologisme (et aussi de la communication avec Hollywood, comme dans les années 1930), mais le paradoxe d’une inversion complète par rapport aux projets du Système est que les forces qui en font la promotion ont effectué un renversement complet, remplaçant le pseudo “suprémacisme blanc” et le bien réel “suprémacisme anglo-saxon” par un “suprémacisme globaliste” qui contient en lui-même toutes les contradictions nécessaires pour nous accoucher de la désormais fameuse équation surpuissance-autodestruction. Les “babiesllionnaires” de Silicon Valley et les stars de Hollywood ne font plus la promotion de l’américanisme mais du globalisme en tant que soi-disant stade ultime de l’américanisme (comme le communisme l’était du socialisme) alors qu’il se pourrait bien qu’ils fassent en vérité le lit d’un mouvement de renforcement d’une culture et d’une identité qui peuvent s’avérer des ennemis féroces de l’américanisme-devenant-globalisme, et du globalisme lui-même. Pire encore mais selon une logique que bien des observations poussent à considérer, la dérive actuelle peut susciter un mouvement général de dislocation des USA qui se ferait par le renforcement d’autres blocs du continent nord-américain (le Mexique au Sud, le Canada au Nord) et briserait le principal moteur du globalisme et du Système. Nous ne nous en porterons pas plus mal et pourrons enfin avoir une occasion de féliciter les progressistes-sociétaux pour l’utilité de leur sottise.