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2450Le 25 juin 2017 en fin de journée, 26 juin pour nous et à peu près 24 heures (en tenant compte du décalage horaire) après la publication du texte de Seymour Hersh sur l’attaque du 6 avril contre la Syrie, mais aussi sur l’“attaque chimique” du 4 avril qui en était la cause selon le président Trump, l’ancien analyste de la CIA Ray McGovern publiait sur ConsortiumNews un texte sur cette question. (Le texte de Hersh a été repris sur notre site le 26 juin 2017.) McGovern, sans aucun doute alerté par Hersh et disposant de nombreux éléments à l’avance (la connexion est évidente), fait une critique acerbe et comme “par avance” (il n’a été démenti en rien) sur la façon dont Hersh a été boycotté dans la presse anglo-saxonne. (Nous ne parlerons pas du reste de la presseSystème du bloc-BAO, qui est toujours en position de suiveuse de la presseSystème anglo-saxonne dans cette sorte d’occasion.)
McGovern détaille longuement les divers aspects soulignés ou révélés par Hersh, notamment le montage autour de l’“attaque chimique” et l’attitude de la presseSystème en général. Nous publions la partie de son article où il précise les positions de la presseSystème vis-à-vis de l’article de Hersh, notamment la réponse du London Review of Books [LRB] qui avait acheté et payé l’article et qui finalement préféra ne pas le publier. (Pour la séquence depuis 9/11, Hersh a publié essentiellement dans le New Yorker jusqu’à ce que ce journal “libéral” [progressiste] préfère abandonner la publication de ces articles trop peu conformes aux canons de la presse-Système, et cela alors que ou parce que, un président démocrate [Obama] venait de remplacer un président républicain [GW Bush]. Hersh trouva alors refuge à la LRB, depuis 2009-2010. Il semble que cette coopération soit désormais compromise.) Comme raison de son refus de publier, la LRB a expliqué à Hersh, arguant ainsi de la vertu professionnelle du journalisme-Système : « Nous ne voulons pas nous mettre en position de vulnérabilité aux critiques parce que nous pourrions sembler accepter les points de vue des gouvernements syrien et russe pour ce qui concerne le bombardement [chimique] du 4 avril à Khan Sheikhoun. » Il est difficile d’être plus candidement franc pour définir une position de complète censure vertueuse, de façon à se trouver parfaitement en accord avec le simulacre général ; à propos, la LRB, vertueuse jusqu’au bout, n’a pas demandé la restitution de son argent...
Une autre remarque faite par McGovern à propos de l’épisode tel que le décrit Hersh, c’est que , dans le concours continuellement en cours au sein de la presseSystème, la haine contre Assad et Poutine s’avère plus forte que la haine contre Trump...
« As of this writing, there is no sign in “mainstream media” of any reporting on Hersh’s groundbreaking piece. It is a commentary on the conformist nature of today’s Western media that an alternative analysis challenging the conventional wisdom – even when produced by a prominent journalist like Sy Hersh – faces such trouble finding a place to publish. The mainstream hatred of Assad and Putin has reached such extraordinary levels that pretty much anything can be said or written about them with few if any politicians or journalists daring to express doubts regardless of how shaky the evidence is.
» Even the London Review of Books, which published Hersh’s earlier debunking of the Aug. 21, 2013 sarin-gas incident, wouldn’t go off onto the limb this time despite having paid for his investigation. According to Hersh, the LRB did not want to be “vulnerable to criticism for seeming to take the view of the Syrian and Russia governments when it came to the April 4 bombing in Khan Sheikhoun.” So much for diversity of thought in today’s West.
» Yet, what was interesting about the Khan Sheikhoun case is that was a test of whom the mainstream media detested more. The MSM has taken the position that pretty much whatever Trump says is untrue or at least deserving of intense fact-checking. But the MSM also believes whatever attacks on Assad that the Syrian “activists” post on social media are true and disbelieves whatever Putin says. So, this was a tug-of-war on which prejudices were stronger – and it turned out that the antipathy toward Syria and Russia is more powerful than the distrust of Trump.
» The MSM bought into Trump’s narrative to such a degree that any criticism, no matter how credentialed the critic, gets either ignored or ridiculed. For instance, the Veteran Intelligence Professionals for Sanity produced a memo on April 11 questioning Trump’s rush to judgment. Former MIT professor Ted Postol, a specialist in applying science to national security incidents, also poked major holes in the narrative of a government sarin attack. But the MSM silence was deafening.
» In remarks to Die Welt, Seymour Hersh, who first became famous for exposing the My Lai massacre story during the Vietnam War and disclosed the Abu Ghraib abuse story during the Iraq War, explained that he still gets upset at government lying and at the reluctance of the media to hold governments accountable: “We have a President in America today who lies repeatedly … but he must learn that he cannot lie about intelligence relied upon before authorizing an act of war. There are those in the Trump administration who understand this, which is why I learned the information I did. If this story creates even a few moments of regret in the White House, it will have served a very high purpose.” »
Hier matin, 27 juin 2017, Alexander Mercouris met en ligne sur son site TheDuran.com un texte qui reprend les principaux points de l’enquête magistrale de Seymour Hersh sur ces événements des 4 avril-6 avril. Mercouris abonde dans le sens de Hersh et défend le travail fait par ce journaliste, en même temps qu’il relève la justesse de la description de l’épisode, de la validité du lien entre l’incident chimique et le tir de missiles de croisière.
Dans son texte, Mercouris consacre quelques lignes à l’écho fait dans la presseSystème anglophone (UK et USA) à l’article de Hersh publié sur le site de Die Welt. C’est singulièrement significatif et cela confirme ce que McGovern prévoyait. Cette situation confirme qu’un journaliste du calibre de Hersh, sans aucun doute le meilleur enquêteur de la presse US et consacré par diverses récompenses, est tout simplement l’objet d’une censure extrêmement vigilante toute entière nourrie par la haine extraordinaire de la presseSystème et de l’establishment contre Assad, Poutine et la Russie décidément victorieuse de toutes les haines nombreuses que notre Système cultive avec délicatesse et entêtement :
« The veteran US investigative journalist Seymour Hersh has produced an excoriating exposure of the alleged Khan Sheikhoun chemical in April, which led to the US cruise missile attack on Syria’s Al-Shayrat air base. The exposure has been published by the German publication Welt. So far it has not been published in any US or British publication. The London Review of Books paid for a copy but in the event declined to publish it. So far I have seen no allusions to it in any British newspaper. »
Dans le même temps que Hersh publiait son texte, et avec une rapidité qui laisse à penser, un bloger selon le terme convenu, fameux dans les milieu anti Assad, et présenté selon les vertus habituelles des références qui fleurissent dans les “réseaux sociaux”, souvent arrosés par tel ou tel service officiel, a publié un article furieux et disposant d’une abondante documentation allant dans le sens qu’il faut, contre Hersh. Il s’agit d’un nommé Eliot Higgins, du site Bellingcat, dont l’intervention que nous signalons est déjà en bonne place dans l’article Wikipédia consacré à Hersh, ce qui montre une vélocité et un sens de l ‘opportunité hors de pair. Avec cette citation, on trouvera l’essentiel de l’argumentation anti-Hersh de Higgins, avec notamment l’étrange accusation lancéecontre Hersh de ne pas citer ses sources, – alors que l’anonymat des sources est la base de ce métier comme le savent parfaitement les journalistes du Washington Post et du New York Times.
Nous avons constaté hier 27 juin beaucoup de manipulations dans les divers articles Wikipédia (Hersh, Higgins, “Khan Shaykhun chemical attack”, etc.) liés à l’article. Mais la chose la plus intéressante selon notre point de vue a été une riposte venue de notre ami Publius Tacitus, qui publie chez SST (Sic Semper Tyrannis, le site du colonel Pat Lang dont le nom pourrait changer prochainement). Publius Tacitus, nom de plume d’un autre ancien officier US des services de renseignement, prend Higgins violemment à partie, impliquant à demi-mot qu’il s’agit d’une marionnette type-réseaux-sociaux/humanitaristes, type qui a l’air d’être une fabrication spécialisée des SR britanniques un peu à l’image de ce fameux “Observatoire des droits de l’homme en Syrie” qui, en 2012, après plusieurs mois de fonctionnement, s’était révélé être constitué d’une seule personne installée dans son magasin de vêtement, dans un faubourg de Londres. (Il continue d’ailleurs à fonctionner dans cet état qui suggère clairement ses origines, mais seulement aux yeux et aux oreilles intéressées à voir et à entendre ; pour la presse antiSystème, il reste la “source indépendante” de référence.)
Voici donc Higgins et son Bellingcat, croqués par Publius Tacitus sur SST le 26 juin 2017. Il est effectivement bon, de temps en temps, de laisser un spécialiste de telles questions ramener à leur rang, au travers du traitement du cas en suspens, la nuée d’imposteurs sans la moindre qualification “plantés” en forme de pullulement de “réseaux sociaux” par les maîtres de la manipulation du MI6 accomplissant ainsi un travail du plus complet nihilisme sans s’inquiéter de sa finalité.
« The pushback against Sy Hersh's latest piece of genuine investigative journalism in which he exposes the lie that the Government of Syria hit Khan Sheikyoun with a sarin gas attack on 4 April 2017 is based on ignorance and misinformation. The leader of this effort is Eliot Higgins, who blogs under the handle, Bellingcat. Who is Eliot Higgins? According to Wikipedia: “In 2012, when Higgins began blogging the Syrian civil war, he was an unemployed finance and admin worker who spent his days taking care of his child at home; he is married to a Turkish woman.”
» Higgins has no background or training in weapons and is entirely self-taught, saying that "Before the Arab spring I knew no more about weapons than the average Xbox owner. I had no knowledge beyond what I'd learned from Arnold Schwarzenegger and Rambo." Higgins does not speak or read Arabic. Higgins is credited with being among the first to report on the widespread use of improvised barrel bombs by the Syrian government, a phenomenon which has spread to other troubled nations such as Iraq to combat insurgencies and opposition forces. Ah yes, an uneducated, inexperienced guy with an opinion who happens to be married to someone of Turkish descent. Nothing unusual there, right? Of course he's an expert on sarin (sarcasm fully intended).
» The fact that this gentlemen is treated as a credible source is further proof of the insanity that has taken over the public debate. He knows nothing other than what he has read. He has not been through live agent training at Fort McClellan (I have). He has no scientific background in the subject matter and no experience (other than playing video games) with actual chemical weapons (Ted Postol, who has written extensively on the subject, does have actual scientific and military expertise on the topic). Higgins knows nothing of the military doctrine for employing such weapons. He knows nothing of the process and procedures required for a military unit to safely handle, load, activate and deploy such weapons.
» Actual people with such expertise look at the public accounts about what supposedly happened at Khan Sheikyoun and scratch their heads. Why?
» There is no evidence, not one shred of intelligence, to show that the Syrian Air Force or Army activated their chemical weapons unit anytime prior to the alleged sarin attack at Khan Sheikyoun. If the Syrians were going to launch a chemical weapons attack they would have to go through the process of alerting that unit and issuing it orders to prepare such weapons. That also means that the chemicals (the Syrian sarin was a binary system, which means that two separate chemicals had to be mixed together in order to create an active, viable chemical capable of killing) had to be taken from storage, transported in a secure fashion with men wearing MOPP gear (an acronym for "Mission Oriented Protective Posture"). Think of a space suit. The people handling live agents, such as sarin, do so in order to ensure they do not contaminate themselves and end up dead.
» It is common knowledge within the intelligence and military community that both the United States and Israel put a priority on monitoring and collecting intel on the movements of Syrians Chemical Weapons units. Why? To ensure that Israel would be forewarned and protected against a surprise attack. The nature of military grade sarin is that it requires advance preparation, planning and logistics. One does not simply pick up a hand grenade, pull the pin and launch a chemical attack. That's only in Hollywood and the X-Box of Eliot Higgins.
» Then we have the so-called evidence from Khan Shiekyoun of the sarin. Ted Postol has provided an extensive and comprehensive analysis of why the conventional wisdom that this was a sarin attack is wrong (one of his articles is at this link). Those who insist that there was sarin are relying entirely on second hand evidence collected by individuals with direct ties to radical Islamic groups. Not one single independent outside observer was allowed to the scene to collect forensic evidence or examine victims. The only "victims" examined took place a couple of days later in Turkey.
» But we now have video evidence that it was not sarin. Watch as the White Helmets collects samples that they boldly declare as SARIN without having performed a single scientific field test. They collect samples declaring the water, etc as SARIN!! Talk about magic.
» This is all about propaganda and media manipulation. You will spot two individuals dressed up in some form of bizarre MOPP gear (they are fully covered). But that is not the case for everyone else running around, especially the knuckle heads carrying the supposed samples of deadly sarin. A simple surgical mask provides absolutely no protection whatsoever against SARIN. This is absurdity worthy of Monty Python.
» So, here is the situation. Sy Hersh, a proven investigative journalist with a solid track record spanning 6 decades, has actual sources with first hand knowledge about what the U.S. military and intelligence community actually know. Hersh's reporting is attacked by Eliot Higgins, a chubby house husband who has no education nor experience in the field of chemical weapons and has no first hand sources. And who are we supposed to believe when it comes to an alleged Sarin attack? Why, Higgins of course. »
Au moment où s’effectuent ces manœuvres tendant à dénoncer Hersh tout en réduisant au maximum la diffusion de son article, retentit une alerte, non pas d’une attaque chimique qui a eu lieu, mais d’une attaque chimique qui serait en préparation. Elle vient de la Maison-Blanche, plus ou moins relayée par le Pentagone qui se voit dans l'obligation de suivre, tandis que les autres (notamment le département d’État) sont très étonnés de cette nouvelle. Les Russes et les Syriens crient à la provocation. Il semblerait qu’on pourrait envisager désormais, pour riposter à une attaque chimique évidemment syrienne et qui ne saurait tarder, une sorte d’univers totalement perçu sous forme de simulacre ; soit tirer quelques salves de missiles de croisière, soit prendre de nouvelles sanctions antirusses, avant même que cette attaque n’ait eu lieu...
Finalement, c’est une occurrence remarquable, et peut-être un peu trop remarquable pour être une coïncidence, que tout cela ait lieu en même temps : l’article de Hersh décrivant le montage du 4 avril, les articles diffamatoires anti-Hersh, les ripostes des partisans de Hersh et là-dessus cette annonce surréaliste d’une attaque à venir. Dans Russia Insider du 27 juin 2017, Tom Luongo lie directement cette intervention de la Maison-Blanche d’un Trump comme d’habitude out of control à l’article de Hersh : il s’agit de tenter de démentir par une nouvelle “alerte” à venir la démonstration que l’alerte précédente était une “fausse alerte”, ou mieux dit, une “FakeAlert” comme on dit bien entendu FakeNews...
« And Trump is incapable of ‘going home.’
» These statements come less than 24 hours after Seymour Hersh publishes a damning article explaining Trump’s moronic decisions in the wake of the last chemical weapons attack. So, damage control cannot be ruled out. Trump could be deflecting blame for his rash and, frankly, illegal action on April 6th. And this is the kind of cognitive-dissonance-inducing action that fits his supposed deal-making style. And the irony here is that he needs the same U.S. media that he despises to build this argument.
» On the other hand, he may be so distracted by getting minor wins in the Supreme Court, CNN’s admission that the entire RussiaGate scenario is nonsense (that’s putting it mildly) and the imminent collapse of Illinois’ government to care too much about clear provocations by people within his White House and State Department.
» I refuse to ascribe any kind of 4-D chess thinking to a man who very obviously acts without much forethought, which Sy Hersh confirmed for us, if nothing else.
Le cas Hersh nous donne une mesure exceptionnelle de l’évolution de l’esprit de censure totalitaire qui s’est mis en place au travers de la presseSystème, du règne des élites postmodernes, des prêtres de l’humanitarisme et des passions sociétales ; une mesure de l’effondrement complet du cadre de “liberté de parole” et de la communication structurée sur la référence du professionnalisme exceptionnel. Depuis Mi-Laï (1969) jusqu’aux prisons US de torture en Irak, jusqu’à ses enquêtes d’“alerte” sur les manigances iraniennes des neocons de Bush ou sur les Forces Spéciales US considérées comme une Garde Prétorienne, Hersh est resté respecté jusqu’il y a quelques années, en reconnaissance de son formidable travail d’enquêteur... Puis l’avancement de la suppression de la réalité par le Système dans un simulacre de cloaque a conduit à ce qu’il soit brutalement banni, chassé, des journaux qui avaient l’honneur de le publier, – du New Yorker à la LRB, – pour trouver des accueils d’occasion ; aujourd’hui, Hersh est un suspect par définition et tout ce qu’il révèle est considéré comme de la propagande.
Il y a dix-quinze ans encore, malgré qu’on fût déjà dans l’ère post-9/11 et malgré le climat de terreur des neocons & Cie, chaque article de Hersh était un coup de tonnerre qui se répercutait partout et que les personnes mises en cause ne pouvaient récuser. Aujourd’hui, tout est étouffé dans ce cloaque infâme d’un simulacre affolant de médiocrité, de distorsion de quelque réalité que ce soit d’absence complète de référence à quelque vérité-de-situation que ce soit.
En même temps, il semble qu’un espoir se fait de plus en plus insistant : en dissolvant ainsi le cadre même du monde de la communication et de l’information (surpuissance), le Système se dissout lui-même (autodestruction) dans le désordre de ses propres manigances. La crise qui frappe de plein fouet CNN à propos de l’attitude de se réseau dans l’affaire Russiagate en est un bon exemple et un exemple complètement d’actualité, et elle est à mettre en regard du traitement qui est fait à Seymour Hersh.
Mis en ligne le 28 juin 2017 à 09H36
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