CENTCOM en lambeaux...

Brèves de crise

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CENTCOM en lambeaux...

Deux nouvelles venues le même jour apparaissent comme une confirmation de l’état de désagrégation extrême de la politique US au Moyen-Orient, autour des crises syrienne et de l’évolution de la nébuleuse Daesh, et bien sûr parallèlement à la dramatisation de la situation que constitue la place grandissante à vue d’œil des Russes. Il y a aussi, dans ce tableau, la très forte implication du grand commandement US Central Command (CENTCOM).

• Il y a d’abord l’annonce publique d’une capitulation de convenance d’une unité de Syriens de la soi-disant “opposition modérée” formée par le Pentagone, c’est-à-dire par CENTCOM. Il s’agit de la “division 30”, et son sort est ainsi présenté par Sputnik-français, reprenant des informations du Telegraph de Londres :

« Les combattants de la Division 30, une formation composée de “rebelles modérés” soutenue par les Etats-Unis, se sont rendus à Jabhat al-Nosra, affiliée à Al-Qaïda, au nord d'Alep, ont annoncé des sources concordantes lundi soir. Formée par des instructeurs américains en Turquie, la Division 30 était la première faction d’un programme visant à créer une force au sol chargée de lutter contre l’Etat islamique. Un certain Abu Fahd al-Tunisi, membre d’Al-Nosra, a écrit sur Twitter: “Un puissant camouflet pour les USA… Le nouveau groupe de la division 30 entré hier [en Syrie] a remis toutes ses armes à Jabhat al-Nosra après s’être vu garantir un passage en toute sécurité”. “Ils ont remis un grand nombre de munitions et d’armes de moyen calibre ainsi que plusieurs véhicules tout-terrain”. »

• Il y a ensuite l’annonce du départ prochain du général John Allen de son poste de coordinateur du président US pour la lutte contre Daesh. Allen, qui vient d’un groupe dont beaucoup de membres (dont le général Petraeus) sont passés par CENTCOM, a été soupçonné par diverses sources de jouer un jeu personnel, notamment avec le président turc Erdogan, pour contrecarrer tout effort d’arrangement avec Assad (voir notamment Thierry Meyssan, le 3 août 2015). L’annonce du départ d’Allen, faite par un “officiel” de l’administration Obama utilise la formule d’usage permettant de comprendre que la cause est bien celle qui est écartée (“bien qu’il y ait des désaccords politiques... le départ est du à des facteurs personnels et non professionnels”), c’est-à-dire un problème de fond concernant la politique conduite par Allen :

« Allen, a retired U.S. Marine four star general and a former commander of NATO and U.S. Forces in Afghanistan, had originally agreed to serve in the job for six months and has done it for a year, said the official who spoke on condition of anonymity. While acknowledging disagreements within Washington over U.S. policy toward the militant group, which has seized control of parts of Iraq and Syria, the U.S. official said Allen's plan to step down reflected personal, not professional, factors. »

Après les divers remous ayant accompagné et suivi l’audition du général Austin, commandant CENTCOM, on a ainsi des indications supplémentaires sur la grave crise où se trouve plongée la politique US au Moyen-Orient, et une politique qui est directement et indirectement menée par ce grand commandement (CENTCOM) qui prend des allures de proconsulat quasiment indépendant du pouvoir central de Washington. Pour être un proconsulat efficace et autonome, il faut mettre en œuvre une politique efficace bien qu'autonome.

 

Mis en ligne le 23 septembre 2015 à 13H59