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2796Les nouvelles et les poussées de fièvre étant quotidiennes dans cet étrange interregnum, la question de l’équipe de sécurité nationale de Trump devient secondaire après avoir été hier dans nos préoccupations (nos excuses au Journal-dde.crisis), pour céder la place à l’affaire CIA-WaPo (la CIA et le Washington Post, comme frères-siamois, quasi au sens propre, – façon de parler, pour la “propreté”, – mais façon de parler sans retenue d’en affirmer une telle proximité). Il s’agit d’un “rapport” de la CIA qui enflamme le tout-Washington anti-Trump, globaliste, belliciste, etc., sur le thème désormais sempiternel de “Trump élu par le soutien et l'intervention de la Russie de Poutine”, mais cette fois ce thème lancé comme une arme décisive pour empêcher, dans une semaine exactement, le président-élu de le devenir effectivement.
La bataille est féroce, surtout l’offensive anti-Trump qui s’est déployée depuis vendredi et qui a comme premier but (en importance et chronologiquement) d’arriver à ce que le Collège Electoral qui se réunit le 19 décembre “destitue” le président-élu en ne votant pas pour lui comme les grands Electeurs devraient faire selon la tradition ; cela, pour le remplacer par... – par n’importe qui d’ailleurs, tout-sauf-Trump, et il en est même qui préféreraient, à une Hillary Clinton notablement usée un Jeb Bush, qui parle fluently espagnol et a une femme, ô vertu miraculeuse, de statut hispano-américain. (La thèse est défendue par Douglas Anthony Cooper, écrivain-auteur et photographe de grand talent, reconnu comme tels et par conséquent institué idéologue-Système du progressisme-sociétal, dans le Huffington Post du 10 décembre : « Russia Stole The Presidency. The Electoral College Can Take It Back. »)
Le “document secret“ merveilleusement “fuité“ vers le zélé WaPo apporte l’affirmation péremptoire et détaillée, et non étayée de la moindre preuve comme il se doit, que c’est bien la Russie, et Poutine personnellement, qui ont machiné l’élection de Donald Trump au nez et à la barbe du peuple américain (We, the people), ébahi par tant d’impudence. La violence de l’attaque est absolument remarquable (le temps presse) et passe tout ce qu’on a pu lire, lorsque, par exemple, le Cooper déjà cité (on le prend comme bon exemple mais il y en a tant d’autres dans cette trempe-Système) traite le pauvre chef de la majorité républicaine au Sénat, l’archi-Système Mitch McConnell qui s’est tant battu pour empêcher Trump d'être désigné comme cndidat républicain, de “traître“ parce qu’il a émis “quelques doutes” sur la validité du rapport CIA-WaPo ; pourtant, CIA-WaPo, cette association qui a déjà tant fait ses preuves sur la route ardue de la recherche de la vérité : « First, we know what traitors look like: they are elected Congressmen, for instance, who do the bidding of Russian intelligence. Senate Majority Leader Mitch McConnell, for instance, “raised doubts about the underlying intelligence and made clear to the administration that he would consider any effort by the White House to challenge the Russians publicly an act of partisan politics.” As the writer Mark Harris put it, succinctly, on Twitter: “Is there any reading of this story in which Mitch McConnell is not a traitor to the United States? No. There is not.” »
Il s’agit donc bien d’un “complot”, sans nul doute, mais sous une forme vraiment très originale puisque complètement à ciel ouvert, ce qui nous fait évoluer dans l’inversion et dans l’oxymore par rapport à la définition de la chose... L’époque est originale ; et la chose, elle, – le “complot”, – est résumée à son origine par Jason Ditz, de Antiwar.com, le 9 décembre. Depuis, Justin Raimondo, du même site, s’est saisi de l’affaire et en donne une version détaillée et révélatrice ce 12 décembre :
« The CIA is up to its old tricks: overthrowing a democratically elected government. Only this time it’s our government. As they are now legally allowed to do ever since the law against covert CIA propaganda in the United States was repealed, the Agency has leaked to the Washington Post reports – via anonymous third parties – of its alleged assessment of a Russian campaign to hand Donald Trump the White House... [...]
» What is missing from the Post’s story is any evidence: it is simply a series of assertions, offered without proof of any kind. That the Democrats, the warmonger wing of the GOP, and the media (or do I repeat myself?), are seizing on this was all too predictable. What separates this out from the usual rhetorical overkill that has characterized this election season is that it is being invoked as a reason for the Electoral College to vote for someone other than President-elect Trump.
» “Ex”-CIA analyst Bob Baer – the unofficial media spokesman for the Deep State – is calling for “a new election,” although he wants to “see the forensics first.” (Guess what, Bob, there are no reliable “forensics”!). John Dean, White House counsel under former president Richard Nixon, “called for the intelligence report on Russia’s role to be made available to the 538 members of the electoral college before 19 December, when they formally vote to elect the next president.” Retiring Senate minority leader Harry Reid accused the FBI of covering up the intelligence assessment, and called on director Comey to resign. The “progressive” Twitterverse lit up with hysterical accusations of “treason,” and not so subtle hints that the Electoral College must repudiate Trump.
» Meanwhile, former British diplomat Craig Murray threw a monkey wrench into the coup plotters’ campaign by asserting what I’ve been saying in this space all along: that publication of the DNC and John Podesta emails weren’t hacks, but rather were leaks. Murray, a close associate of Julian Assange, had this to say to the Guardian: “Craig Murray, the former UK ambassador to Uzbekistan, who is a close associate of Assange, called the CIA claims ‘bullshit,” adding: ‘They are absolutely making it up.’ ‘I know who leaked them,’ Murray said. ‘I’ve met the person who leaked them, and they are certainly not Russian and it’s an insider. It’s a leak, not a hack; the two are different things.
» “‘If what the CIA are saying is true, and the CIA’s statement refers to people who are known to be linked to the Russian state, they would have arrested someone if it was someone inside the United States. America has not been shy about arresting whistleblowers and it’s not been shy about extraditing hackers. They plainly have no knowledge whatsoever.’” »
On peut trouver également une documentation abondante sur cette affaire, notamment dans l’article extrêmement documenté de Glenn Greenwald dans The Intercept du 10 décembre ; dans l’article de Larry Johnson de NoQuarterUSA.net du 11 décembre, qui donne des informations extrêmement intéressantes du point de vue de la technique du renseignement, des capacités et des possibilités des agences respectives (CIA, FBI, NSA), pour conclure à la complète fausseté du soi-disant “rapport” (Larry Johnson est un ancien analyste de la CIA puis du département d’État, qui dirige actuellement sa propre firme de conseil en gestion de crise). On pourrait même recommander un coup d’œil sur l’article du 11 décembre de “notre” site exotique WhatDoesItMeans, selon les observations que nous en faisions le 26 octobre dans le Journal.dde-crisis, et alors que WhatDoesItMeans a acquis un certain crédit en étant inclus dans la fameuse liste-noire des sites mis à l’index maccarthyste-postmoderniste de Propornot.com, cette entreprise agréée en coopérative CIA-WaPo.
En arrière-plan de cette extraordinaire tentative de renverser le résultat des élections présidentielles, – exactement comme l’on renverse un gouvernement ou comme l’on pratique le regime change, – on trouve un affrontement titanesque entre deux énormes centres de puissance US, le FBI et la CIA, avec toutes les interférences qui s’y rattachent. C’est ce que le même Cooper vu plus haut, décidément fort bien informé dans le sens du vent, nous laisse entendre à peu près comme témoignaient sous serment les délateurs progressistes type-Elia Kazan du temps de McCarthy, devant la Un-American Activities Commission de la Chambre des Représentants, – lorsqu’il débute son texte par « Nous savons maintenant que l’élection américaine a été kidnappée par une association de fortune de Russes infiltrés, d’Américains suprémacistes blancs et de magouilleurs du FBI, – avec un coup de main de parlementaires-Quisling comme Mitch McConnell... » (« We now know that the American election was stolen by a loose affiliation of Russian infiltrators, American white supremacists, and FBI enablers — with an assist from elected quislings like Mitch McConnell. »)
De ce point de vue, on peut faire l’hypothèse que si la CIA s’est embarquée dans cette affaire comme elle le fait, en mouillant son porte-voix WaPo jusqu’à la dernière colonne, c’est parce qu’elle veut absolument la peau du FBI. (Glenn Greenwald insiste beaucoup sur cet aspect des choses dans l’article référencé : « Recall that the top echelon of the CIA was firmly behind Clinton and vehemently against Trump, while at least some powerful factions within the FBI had the opposite position. ») Cette bataille entre la CIA et le FBI dure, pour cette séquence, depuis les années 1990, lorsque le FBI reçut la mission de purger la CIA après avoir débusqué et arrêté en son sein, en 1994, la super-taupe Aldrich Ames (officier de la CIA depuis 1962 recruté par le KGB en 1985) ; le FBI, qui avait des comptes à régler, reçut à la suite de cette arrestation tous les pouvoirs pour enquêter au sein de la CIA et humilia l’Agence d’une façon radicale.
(Selon l’ancien officier de la CIA Robert Baer, qui démissionna après cette purge mais garde, comme on le lit chez Raimondo, une fonction “covert” de porte-voix de l’Agence, l’intervention du FBI brisa les structures classiques de l’Agence ; quoi qu’il en soit de Baer, cette description rencontre une vérité-de-situation de décadence, ouvrant la CIA à cette nouvelle époque où les interventions secrètes, les dirty tricks, les expéditions de torture, les tirs de drones, etc., ont complètement supplanté les services d’analyse et d’évaluation qui occupaient jusqu’alors une place prééminente. L’affrontement CIA-FBI se documente aisément aux origines : à la fin de la guerre et avec la dissolution de l’OSS, J. Edgar Hoover voulut récupérer pour le FBI les missions de renseignement et d’action hors-USA, mais l’administration Truman, qui craignait la toute-puissance de Hoover, préféra créer un service autonome, la CIA, en 1947 dans le cadre du National Security Act. Par conséquent, selon Baer dans ses interventions dans divers documentaires consacrés à la CIA, le véritable ennemi de la CIA n’a jamais été le KGB mais le FBI.)
Quoiqu’il en soit, on comprend qu’il s’agit d’une lutte à mort qui comporte plusieurs volets, – l’attaque contre le président-élu, le jeu de la CIA par rapport au FBI, etc. La CIA s’est désormais trop avancée pour pouvoir changer de cap ou se désengager, et son jeu est extraordinairement risqué. On peut alors imaginer ce qu’il adviendra des rapports entre la Maison-Blanche et la CIA quand Trump va devenir président en exercice, – ou disons aussi “s’il le devient” puisque “si” il y a dans l’enjeu même de l’opération. Il ne s’agit certainement pas d’un Silent Coup, tant le tintamarre est étourdissant : le complot est dans la rue, dans les colonnes des journaux, dans toutes les conversations de salon. De ce point de vue aussi, la décadence, la chute et la chute finale sont révélatrices et font leur office : le Silent Coup originel (le Watergate contre Nixon) sut rester, lui, bien silencieux au point qu’on continue à croire à la narrative fleurie du Washington Post-Woodward en chevaliers blancs de la vertu américaniste. Aujourd’hui, on se trouve à infamie découverte : c’est bien le désordre, encore le désordre, toujours le désordre...
Dans ce cadre et dans la perspective extraordinaire des événements d’ici lundi prochain (le Collège Electoral se réunit le 19 décembre), puis des événements qui vont suivre selon l’issue de cette réunion, et qui seront nécessairement extraordinaires quelle que soit l’issue de la réunion car nul ne voudra céder, on comprend les chocs fantastiques que subissent les institutions et les processus du pouvoir du système de l’américanisme : une mise en cause aussi radicale de cette élection du 8 novembre implique la mise en cause de tout le processus de fonctionnement du pouvoir à Washington D.C., de tout le processus “démocratique” du système de l’américanisme. Après de tels événements, comment envisager que le processus électoral normal puisse se réinstaller dans l’avenir, qu’une élection puisse se réaliser sans aussitôt susciter de multiples mises en cause, sans parler bien entendu du climat politique entre les divers centres de pouvoir ? Dans la fragile cohésion de sa géographie colossale et dans sa surpuissance si vulnérable, la Grande République en tant que telle aura bien du mal à résister à cette phénoménale cure de désordre, – « United we stand, divided we fall », disent-ils...
Mis en ligne le 12 décembre 2016 à 12H27
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