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265517 mars 2018 – Cette semaine, Donald Trump s’est rendu en Californie. Sa visite a été, – pesez le paradoxe de cette oxymore très “trumpien”, – discrète d’une manière ostentatoire. C’est-à-dire que personne ne l’a vu vraiment, personne ne savait où il irait précisément, personne ne savait par où il passerait exactement, – y compris la police de Los Angeles, la fameuse LAPD, avisée de sa présence ou de son arrivée sur tel ou parcours et sur tel ou tel lieu lorsque le convoi se trouvait pratiquement “en visuel”. Pour autant, tout le monde savait qu’il se trouvait en Californie et qu’il dînait à Los Angeles le mercredi soir (le 13 mars). Trump se trouvait dans une énorme 4x4 noire, accompagnée de dizaines d’autres, — un convois de plus d’une vingtaine de voitures, essentiellement ces énormes Sport Utility Vehicles (SUV), comme se nomment ces monstres, les quatre-cinquièmes occupées par des agents du Secret Service qui avait organisé le voyage d’une façon complètement autonome, sans la coopération d’aucune autorité extérieure. Dans les annales des déplacements officiels des présidents aux USA, ce convoi de SUV/4x4 et autres représente l’une des plus puissantes armadas, à la fois de défense et de protection, à la fois de deception, pour garder le secret sur l’automobile où se trouvait Trump durant les déplacements.
Une journaliste d’une radio locale, de la Californie du Sud, la KPCC, Mary Plummer, a tenté de suivre ou de reconstituer l’itinéraire de Trump et le site de la radio a publié ce texte :
« President Trump left Los Angeles for St. Louis Wednesday morning. He spent Tuesday night in downtown L.A. after attending a fundraising dinner at the home of businessman Edward Glazer. KPCC’s political reporter Mary Plummer was at the scene near Glazer's home. She told Take Two's A Martinez there were some protesters in the area, but the evening was relatively calm. Plummer said she watched the presidential motorcade's arrival and departure, and it was quite a sight.
» [The presidential motorcade has] just an incredible police presence. There were probably well more than 20 cars and vehicles in the motorcade – motorcycles, President Trump was traveling in a big, black SUV. On his way out, we were actually able to catch a glimpse of President Trump himself. He had the lights on in the SUV as he traveled out so everyone could see him as he left.
» The guest list for the fundraising dinner Trump attended is still mostly under wraps, Plummer said. Edward Glazer, whose home hosted the event, is a businessman and supporter of the president. Glazer has also contributed some money to Hilary Clinton, but he is a much larger Trump donor, Plummer said.
» The itinerary for the president's trip to Los Angeles was kept secret until the last minute. Plummer said the law enforcement officials she spoke to didn't receive details on the president's L.A. schedule until late, which is unusual. We've had many presidents come to California, of course, in the past. There's always tight security, but from folks I talked with, this was really a different situation. I think security was extra tight with the concern of bringing President Trump to California, a state [where] the political leaders here have really set themselves as 'the resistance' to President Trump... »
Trump a cantonné sa visite à des établissements fédéraux (une visite à une base militaire du Corps des Marines, une visite à un champ d’essai du service du contrôle des frontières de plusieurs modèles de “mur” anti-migrants, sur la frontière mexicaine). Dans une de ses déclarations, Trump a observé que le gouverneur Brown faisait “un travail épouvantable“ dans sa mission de direction et de gestion de la situation californienne. Trump parlait évidemment, principalement de la question des migrants illégaux qui est un très grand sujet d’affrontement entre le pouvoir fédéral et l’État de Californie., en même temps qu’il constitue une opérationnalisation particulièrement symbolique et pleine de tension de l’un des aspects les plus controversés de la politique de Trump, ou disons d'un point de vue différent l’une des lignes assez bien tenues dans l’état chaotique de ses divers projets et promesses. Brown et le ministre de la Justice Jeff Sessions se sont déjà affrontés sur ce sujet et une procédure légale est engagée, ou sur le point d’être engagée contre la Californie.
(Cette incertitude, – “est engagée ou est sur le point d’être engagée”, – reflète un climat extrêmement défavorable autour de Jeff Sessions, ainsi que des rumeurs selon lesquelles Trump serait sur le point de le démettre de ses fonctions au profit d’une personnalité plus forte. On reproche à Sessions, du côté de Trump et de ses partisans durs, de s’être montré trop accommodant, trop hésitant sinon pusillanime avec la Californie et ses diverses autorités, notamment et essentiellement dans l’application de la loi fédérale sur l’immigration.)
Élargissons le tableau, pour constater qu’il est incontestable que la question des rapports de la Californie et de Washington D.C. atteint aujourd’hui un point de crise extrêmement intense. On le mesure au niveau de la communication, où il y a une rencontre inhabituelle entre la presseSystème et la presse-antiSystème de type clairement “complotiste” pour peindre l'aspect extrêmement sombre de cette situation crisique des rapports entre Washington D.C. et Sacramento (capitale de la Californie). On peut citer quelques articles, analyses, théories, etc., qui vont tous dans le même sens. La potentialité est que l’enjeu est, – au mieux (ou plutôt, au départ ?) un conflit entre les deux acteurs, avec possibilité de violences s’apparentant à des conditions proches des prémisses d’une guerre civile, – au pire (ou plutôt, dans le développement ?) un mouvement de sécession de la Californie dans des conditions qui peuvent s’avérer très vite extrêmement suspectes et catastrophiques dans le sens du désordre et de la stabilité des USA et d'autres pays alentour.
• Ainsi peut-on lire dans la presseSystème des articles d’auteurs qui sont des collaborateurs réguliers des journaux cités, aborder cette hypothèse de la sécession avec son corollaire du risque d’une “seconde Guerre Civile” à propos de la Californie, dont nous avons signalé à de nombreuses reprises combien elle avait constitué un tabou formidable de la réflexion publique aux USA, depuis 1865. Par exemple, Wesley Pruden, l’éditorialiste et editor in chief emeritus du Wahington Times publie le 12 mars 2018 un texte dont le titre dit tout : « La Californie peut-elle réussir à faire ce que la Confédération [sudiste] n’a pu réussir à faire ? » Sa réponse est prudente, comme son nom le suggère, insaisissable, ambiguë, – comme l’indique sa conclusion dont la derrière phrase est un peu trop abrupte pour ne pas paraître d'une orientation trop sollicitée... « Au cas où les sécessionnistes de Californie réussiraient, et qu’il n’y ait pas d’Abraham Lincoln pour agir et “sauver l’Union”, on devra une apologie à Robert E. Lee (et la restauration de ses statues abattues). Si rien ne s’estompe plus vite qu’un succès, on peut constater en observant le passé que rien ne s’estompe plus vite également qu’une tentative de faire sécession. Il est trop tôt pour ressusciter une monnaie confédérale. »
• Il y a des interventions encore plus intéressantes, de Glenn Harlan Reynolds, professeur à la Tennessee Law School et spécialiste de droit constitutionnel aussi bien que des questions de droit liées au problème de la sécession. Il est d’abord interviewé par Laura Ingraham de Fox.News mais surtout il fait paraître un article dans le journal national US au plus gros tirage, USA Today dont il est un des contributeurs réguliers et institutionnels. Reynolds aborde en détails les composants de la situation et examine les cas d’aggravation, notamment avec l’envoi de troupes fédérales pour faire appliquer par la force la loi fédérale sur l’immigration (avec le rappel de la décision d’Eisenhower en 1956, à propos de l’intégration raciale dans une école de Little Rock, dans l'Arkansas). Reynolds envisage également les cas divers, notamment celui de “la sécession dans la sécession”, avec la formation du mouvement New California, très conservateur, qui entend séparer une quarantaine de comtés en une entité indépendante, en estimant que ce mouvement ressemble à celui de la Virginie Occidentale, qui se sépara de la Virginie en 1861 et devint un Etat autonome, alors que la Virginie elle-même faisait sécession.
Dans son article du 13 mars 2018, Reynolds envisage clairement une intervention fédérale armée en Californie, il en détaille les conditions extrêmement complexes, il constate enfin que l’administration est à cet égard beaucoup plus pessimiste qu’on ne pourrait croire, notamment sur le passage d’un état de “résistance passive” de la Californie (autorisée par la Constitution) à un état de “résistance active” qui ouvre alors la voie à ce qu’on nomme “guerre civile”...
« One famous example was President Eisenhower’s use of federal troops from the 101st Airborne to enforce the desegregation of Little Rock schools over the active opposition of Arkansas Gov. Orval Faubus. Faubus called out the Arkansas National Guard; Eisenhower issued an order placing the Guard under federal control, and then sent in approximately 1,000 federal troops. Eisenhower’s authority for this was the Insurrection Act, a federal statute that authorizes the president to use federal forces to execute the law. Normally, this is done at the request of a state’s governor. However, if the governor fails to make such a request, the president can still invoke the Insurrection Act. [...]
» So at what point does California’s response move from passive resistance (which is permitted) to “unlawful obstructions, combinations ... or rebellion against the authority of the United States?” I’m not sure, and I don’t think we’re there yet. But Sessions’ strong language suggests that he thinks we’re closer than we should be. Stay tuned. »
• Il y a bien sûr des auteurs qui avancent beaucoup plus loin dans l’hypothèse. Les nommera-t-on complotistes ? Certes, on n’y manquera pas, dans l’habituel mouvement de suspicion autour de cette sorte de commentaires. Pour autant, on remarquera qu’en fait de “complot“, c’est-à-dire de préparation occulte pour un conflit, une volonté de sécession, ou au contraire une réduction éventuellement brutale du pouvoir californien par l’administration Trump, on se trouve dans une dynamique que les autorités officielles reconnaissent elles-mêmes implicitement. Les “complotistes“ sont donc à considérer comme travaillant sur un terrain solide, – image paradoxale puisqu’ici le “terrain solide“ de la communication décrit une vérité-de-situation d’un terrain glissant et sujet aux tremblements de terre d’évènements éventuellement brutaux.
L’un des spécialistes, qui a évidemment très-mauvaise presseSystème et une réputation-FakeNews, ce qui n’est pas une si mauvaise étiquette après tout, est Dave Hodge, qui tient un site en plus de son Common Sense Show radiodiffusé. Hodge s’occupe de nombreux cas controversés et propice au complotisme, mais son point d’intérêt central est certainement la Californie. Il consacre actuellement une série d’articles au cas, sous le titre « On a Collision Course for Civil War and It Will Begin In California » (disons : “En route pour la Guerre Civile et elle commencera en Californie“).
L’extrait ci-dessous, d’un article du 12 mars 2018, s’il n’aborde pas le cœur de nombreuses hypothèses que fait Hodge, a surtout l’avantage de nous exposer la complexité et la gravité du problème à la fois, compte tenu du nombre d’acteurs, notamment du côté californien, disons des “sécessionnistes”. De ce fait, l’ampleur de la question californienne doit acquérir une nouvelle mesure, beaucoup plus considérable que la seule mesure de la sécession, touchant les domaines de la politique extérieure et de la tendance à la création du chaos qu’on constate dans d’autres régions (Moyen-Orient autour de la Syrie, par exemple).
« I want to be clear that I am asserting that a civil war could very well break out in California against what they call federal overreach. The participants, initially, will be California Democratic politicians, including Governor Jerry Brown, ISIS, MS-13, the Mexican overnment, China, former Obama administration officials are deeply involved along with George Soros. This series will appear to present some very outrageous claims. Therefore, I have decided to start with information that is mostly background to build the case that what I am being told is factual and America is about to enter a new and dangerous era.
» Last night, during my show, former CIA clandestine operative, Robert David Steele, was asked if Trump would have to resort to martial law in order to effect arrests and prosecution of the Deep State. Mr. Steele answered in the affirmative.
» After The Common Sense Show aired on March 11, 2018, a trusted source, Paul Preston, called me as I was finishing dinner. He informed me tht he thought it was likely that Civil War II was going to begin in California and we would not have to wait long for this event to occur. Paul Preston is one on the primary leaders of the New California movement that is in process of creating a 51st state which is breaking away from “Commiefornia”.
» New California has 40 counties in full support of this movement. They are breaking away from radical California government that believes they do not have to follow federal law and intend on breaking away from the US as an independent country. This has traditionally been known as the CALEXIT movement is fully endorsed by Governor Brown and most of the Democrats in the California Legislative Assembly. Also in support of the movement is China, the Mexican Consulate, the Mexican government, George Soros, various crime families in Asia as well as former key members of the Obama administration including Eric Holder (spokesperson), Loretta Lynch and closet support from the Clinton Foundation and the United Nations. »
A noter que, parmi les acteurs que cite Hodge, on trouve le monstrueux gang d’origine salvadorienne MS-13 (Mara-Savaltrucha-13), qui compte plusieurs dizaines milliers de membres et qui a essaimé quasiment dans le monde entier : au Mexique bien sûr, largement aux Etats-Unis (et bien entendu en Californie), en Europe, etc. La chose est pour les USA, reconnue officiellement, comme on le voit avec l’intervention du ministre de la justice Jeff Sessions le 12 décembre 2017 concernant la présence de MS-13 à Baltimore, et l’aide que lui apportent indirectement les autorités locales en subventionnant les immigrants illégaux contrôlés par le même gang MS-13.
On notera également dans l’énoncé que fait Hodge la présence comme acteur de Daesh, ce que nous aurions tendance à prendre sérieusement en considération. Cela renforce notre conviction que Daesh est beaucoup plus un groupe du crime organisé transnational, ayant comme couverture l’islamisme, et travaillant en coopération avec d’autres gangs du même style. (Autant pour le “choc des civilisations”, cette dérisoire explication qui doit tout à l’intellectualisme occidental de la situation apocalyptique que nous connaissons.)
On ne peut en aucun cas sous-estimer l’aspect explosif de cette situation californienne, qui dépasse, tout en la conservant bien entendu, la seule dimension de la problématique de la sécession. Plusieurs éléments d’ores et déjà présents manifestent cette gravité.
• L’enjeu même de la querelle entre Washington D.C. et Sacramento : le refus péremptoire de la Californie d’appliquer les lois fédérales sur l’immigration, celles qui existent déjà et celles qui sont à venir, pour une politique de “sanctuarisation” (aucune entrave faite à l’immigration, ce qui est une sorte de dissolution du concept d'“immigation illégale”). La Californie intègre d’ores et déjà dans ses instances les plus officielles cette immigration illégale visée par les lois fédérales, avec cet acte inédit et aussi bien symbolique qu’extraordinaire de la désignation par le Sénat de la Californie de Lizbeth Matteo, comme directrice d’une commission officielle d’aide aux étudiants (California Student Opportunity and Access Program Project Grant Advisory Committee). Matteo a été installée illégalement en Californie à l’âge de 14 ans, par ses parents, eux-mêmes immigrants illégaux venus du Mexique. Cette nomination, qui a eu lieu le 13 mars, est vue comme une réponse de la législature californienne à l’inspection des “murs” par Trump, décrite plus haut.
• On a vu que Trump ne cesse d’affirmer son pouvoir, malgré les entraves qui lui sont faites. Les conditions de sa visite en Californie autant que ses déclarations montrent son durcissement. (« Le gouverneur fait un travail épouvantable à la tête de la Californie. Ils ont les impôts les plus élevés des USA. L’État est totalement hors de contrôle. Vous avez les “villes-sanctuaires” où vivent des bandes de criminels. La politique de sanctuarisation de la Californie met toute la nation en danger. Elle va comme un gant aux criminels. ») Si son ministre Sessions ne durcit pas effectivement sa politique comme il a promis de le faire, il sera remplacé par un dur, – selon Paul Pearson, de New California, le parlementaire Trey Gowdy est déjà cité. Il paraît assez évident que Trump, qui sait qu’il jouera sa présidence sur cette question de l’immigration et qui veut d’ailleurs qu’elle se joue de cette façon, n’hésitera pas à faire appel à l’armée fédérale, comme Eisenhower en 1956, pour imposer la loi fédérale à la Californie.
• ...Mais, en 1956, il s’agissait d’imposer la déségrégation dans une école (le mouvement devant ensuite se développer de lui-même) tandis qu’en Californie il s’agit de faire appliquer des lois qui concernent une partie non négligeable de la population, ce qui implique au minimum minimorum la coopération pleine et entière de tous les services d’ordre et de sécurité de la Californie, c’est-à-dire du gouvernement de l’État avec l’assentiment et tout le zèle possible du gouverneur Brown lui-même. On en est si loin que c’en est tristement risible... Cette coopération est au mieux extrêmement improbable, au pire simplement impensable, si l’on tient compte de la position et de l’hostilité pour Trump du gouverneur Brown et de la majorité des élus, qui sont surtout des démocrates à tendance gauchisante (progressiste-sociétale) et des Latinos engagés dans la bataille qu’on imagine. Certains parmi les “à-peine-complotistes” envisageraient même que Trump instaure un état d’urgence et remplace l’équipe actuelle par une direction nommée par Washington, – risquant ainsi de parvenir à une sorte de “Syrie-dans-les-USA” que le Mexique observerait avec intérêt...
• Au reste et d’ailleurs, il n’est nullement assuré que l’on puisse, même dans le meilleur des cas, assurer l’application des lois en Californie. Certaines zones sont dans un état lamentable (voir la description que James Howard Kunstler nous fait de San Francisco), allant jusqu’à la perte de contrôle des autorités et des “zones de non-droit”, occupés par des gangs puissamment armés.
C’est là qu’on parvient à un caractère inédit du problème, souligné par Trump : « L’État est totalement hors de contrôle. Vous avez les “villes-sanctuaires” où vivent des bandes de criminels. La politique de sanctuarisation de la Californie met toute la nation en danger. Elle va comme un gant aux criminels. » Cela signifie qu’on pourrait même s’interroger de savoir si l’actuel gouvernement de l’État de Californie, s’il le voulait, serait capable d’appliquer les lois fédérales sur l’immigration. Il ne fait guère de doute qu’à cause de l’immigration la Californie est aujourd’hui en partie mexicaine, aussi bien pour la politique comme on l’a vu récemment, que pour la situation sociale et criminelle. Il ne fait guère de doute que les flux migratoires, agrémentés de divers trafics avec la drogue en tête, sont en bonne partie sous le contrôle de gangs d’une puissance inconnue jusqu’à ce jour dans le domaine du crime organisé, – avec l’exemple du MS-13 qu’on a vu plus haut.
Là-dessus, l’influence et les intérêts de puissances extérieures hors-zone, dont la Chine principalement, y compris certaines “familles” ou “mafias” chinoises, ajoutent une pression et une dimension supplémentaires pour faire de la situation californienne quelque chose de tout à fait spécifique et d’une ampleur considérable, qu’on découvre peu à peu lorsqu'on parvient à s'extraire des interrogations existentielles sur la culpabilité évidente des Russes armés de gaz étiquetés “les Russes sont coupables”. En cela s’explique l’observation faite plus haut : “l’ampleur de la question californienne doit acquérir une nouvelle mesure, beaucoup plus considérable que la seule mesure de la sécession, touchant les domaines de la politique extérieure et de la tendance à la création du chaos qu’on constate dans d’autres régions (Moyen-Orient autour de la Syrie, par exemple)”. Il y a en Californie, en plus dans des conditions climatiques en cours d’évolution catastrophique (incendies, sécheresse, crise de l’eau, désertification), la potentialité d’un conflit de type postmoderne et asymétrique dont les effets peuvent secouer d’une façon catastrophique l’ensemble du continent nord-américain, et les USA en premier bien entendu.
En observant cela, on comprend que les présidents passés aient expédié la question de l’immigration sur des voies de garage, ou sur la voie de réformes impossibles, jusqu’à s’en laver les mains en prônant une politique des “portes grandes ouvertes”. Le fait est que, sur ce point-là précisément à notre estime, le président Trump, homme sans stratégie, sans structures mentales impératives, sans expérience de politique extérieure ni intérêt pour cette politique extérieure, devrait trouver au contraire un terrain où exercer ses tendances managériales autoritaires. Dans cette affaire californienne qui contient toute la problématique de l’immigration, aussi bien au niveau sociétal qu’au niveau de la sécurité générale, qu’au niveau du désordre et de la mise en cause de l’autorité légitime, et qui atteint aujourd’hui son point d’embrasement, il serait assez logique de considérer que Trump est le président-type décidé à ne rien céder au prix, s’il le faut, d’un conflit qui contiendrait à la fois les caractères d’une guerre civile et la technique d’une guerre asymétrique comme nous les connaissons.
C’est là une appréciation importante pour comprendre comment Trump peut devenir et s’affirmer comme le président-faiseur-de-chaos qu’on ressent irrésistiblement en lui. Il est dans un état d’esprit actuellement qui ne le pousse pas à freiner en si bon chemin, mais au contraire à foncer comme il a coutume de faire dans son business : « Trump est aux commandes. Il est à son poste depuis plus d'un an maintenant. Il sait comment fonctionnent les leviers du pouvoir. Il se fout du reste... ». Il est assez facile, en effet, de mesurer combien une action de fermeté de sa part dans la question californienne déboucherait aisément sur un ébranlement général des USA et du continent. Il aurait alors bien mérité de l’antiSystème-par-inadvertance.
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