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1412Lorsqu’un homme comme Stephen F. Cohen fait indirectement l’apologie de Donald Trump, dans le domaine de la politique étrangère, ce n’est pas un événement sans importance. La raison en est le fait lui-même bien entendu mais aussi, et peut-être plus encore, le fait que Cohen, l’un des meilleurs spécialistes US de la Russie et grand opposant à la politique de déterminisme-narrativiste de fabrication d’une complète fiction (narrative) antirusse pendant la crise ukrainienne, est aussi un progressiste alors que Trump est classé comme populiste de droite, “xénophobe”, “fasciste” et “raciste“. Cohen écrit dans The Nation essentiellement, l’hebdomadaire de référence de la gauche progressiste US, et il est le mari de la rédactrice en chef du même The Nation, Katrina vanden Heuvel.
L’explication de sa position par Stephen F. Cohen est passée inaperçue, puisqu’elle date du 6 avril et qu’on n’en a guère parlé, ou pas du tout, depuis. On sait que le silence est l’arme favorite des élites-Système et de la presse-Système lorsqu’un fait embarrassant se produit et c’est bien là le cas. En temps normal, Cohen est vilipendé, diffamé, insulté, lorsqu’il développe sa politique russe ; il n’y a dans ce cas rien à craindre pour la vertu progressiste puisque c’est l’homme seul qui est visé et qu’il reste malgré tout attaché à la gauche progressiste par ses liens avec The Nation qui ne sont pas en cause dans ce cas parce que la politique extérieure n’est pas le vrai débat idéologique droite-gauche aux USA ; tout juste parlera-t-on d’une déficience mentale qu’on espère passagère... Mais lorsqu’il fait l’éloge de Trump, c’est beaucoup plus grave, parce que l’homme progressiste par des attaches avec The Nation réhabilite le diable, xénophobe-fasciste-raciste, haï par toutes les bonnes consciences progressistes du point de vue de la situation intérieure et de l’idéologie qui y prévaut ou qui devrait y prévaloir. Alors, le silence est de l’or de l’hypocrisie et nul n’en parle.
Il se trouve que John V. Walsh a exhumé l’objet du délit dans un texte qu’il donne à The Washington’s blog, le 22 mai. Il y détaille cet entretien du 6 avril où Cohen explique cinq points essentiels de politique extérieure de Trump qu’on peut distinguer dans les différentes interventions du candidat, et qui ont été répétés à diverses reprises. Ces cinq points concernent la politique extérieure que devrait suivre les USA, et constituent une critique féroce de l’actuelle politique extérieure, et notamment celle que promeut bien entendu Hillary Clinton. Ces points portent essentiellement sur les rapports fondamentaux de la grande question stratégique des rapports USA-Russie, sur la politique interventionniste des USA, sur la mise en question de l’existence de l’OTAN. On comprend que Cohen ait pris cette position lorsqu’on sait l’inquiétude qu’il exprime constamment vis-à-vis de la politique suivie actuellement par les USA, qui peut conduire à un conflit majeur, avec une éventuelle composante nucléaire, avec la Russie. Pour Cohen, c’est la question essentielle, urgente, fondamentale, qui doit éclipser toutes les polémiques postmodernistes, idéologiques et sociétales développées contre le populisme de Trump.
Le fait lui-même est important, répétons-le, mais il est d’une importance au moins aussi fondamentale qu’une personnalité qui garde son appartenance à la branche progressiste de la politique US apporte ainsi un soutien indirect à un candidat qui est si complètement dénoncé par le discours-Système de la gauche progressiste. Ce constat fait partie de l’agitation grandissante qui parcourt non seulement les USA mais le bloc-BAO tout entier, face à cette politique-Système qui fait la promotion impérative et dévastatrice de la déstructuration et de la dissolution des sociétés des pays du bloc au travers d’une offensive de subversion-inversion de tout ce qui constitue ces sociétés. On trouve des exemples de cette agitation en France également, où une évolution majeure est en cours avec l’évolution d’un nombre croissant d’intellectuels généralement classés à gauche contre ce que Jean-Pierre Le Goff nomme “le gauchisme culturel” (le “marxisme culturel” selon Lind), c’est-à-dire contre cette politique-Système de déstructuration-dissolution que la gauche institutionnelle type-poire présidentielle soutient à fond, se trouvant ainsi alliée sans réserve au courant déstructurant-dissolvant de l’hypercapitalisme globalisé lui-même soutenu par certains courants libertaires (du type-Cohn-Bandit) complètement ralliés au Système.
(On trouve également des exemples de cette même poussée dans d’autres pays, sous des formes ahurissantes de subversion-inversion dans d’autres domaines, comme on le voit par exemple dans l’article que reprend ZeroHedge.com le 22 mai sur la stupéfiante « Guerre sainte en Suède contre les livres d’enfant ». Cette guerre tend à entreprendre une véritable re-manufacture du sapiens en le prenant à son plus jeune âge pour qu’il corresponde d’une façon quasiment robotisée, ou disons lobotomisée “en douceur” mais sur le très long terme, à la conception postmoderniste de suppression totale de toute identité, de toutes ses racines, de toute référence au passé, de toute conception culturelle nationale, au profit d’une uniformisation individualiste globalisée avec la pensée-Système figurant comme une prison hermétique. Il n’est aucun domaine qui ne soit épargné dans cette offensive de surpuissance du Système pour pulvériser et dissoudre la nature même du sapiens et de la société, et c’est pourquoi il est vital d’effectivement rapprocher tous ces domaines pour bien mesurer la forme globale de l’attaque ainsi menée ; c’est pourquoi il est vital de mentionner, au milieu d’un texte sur la politique extérieure et l’évolution Cohen-Trump, ce qui se passe en Suède au niveau des livres éducatifs pour enfants.)
On serait tenté de constater qu’il y a là une situation très complexe, et d’autant plus complexe qu’à la confusion des étiquettes politiques se mêle la confusion de domaines si différents comme on voit avec la parenthèse qui précède. Ce n’est pas vraiment le cas, cette complexité-là, et l’on s’en dépêtre aisément. Il s’agit en vérité d’un reclassement gigantesque en cours qui se fait selon deux lignes radicales d’actions et de conceptions, s’opposant radicalement comme il se doit, et alors la situation s’éclaircit considérablement. La complexité elle-même disparaît complètement au profit de l’évidence lumineuse si l’on adopte la classification Système versus antiSystème et si l’on en use avec lucidité et audace ; c’est-à-dire qu’il est absolument nécessaire de développer sa pensée sans le moindre apriorisme idéologique, qui est l’arme favorite du Système pour empêcher de tels regroupements.
Il s’agit d’une entreprise générale de déni du monde, qui a des liens évidents et directs avec le “négationnisme” que nous avions déjà identifié in illo tempore (voir la référence Joseph de Maistre, qui nommait ce phénomène déjà existant « l’énorme poids du rien »). Plus que dépasser en intensité ce “négationnisme” selon notre conception (“négationnisme” de la Grande Crise générale), il en poursuit la logique maléfique en choisissant, plutôt que de dénier la réalité de la crise, d’affirmer une autre réalité, ou plutôt d’inventer une réalité totalitaire et hors de toute atteinte, et correspondant à son utopie dyslepsique développée selon les conceptions les plus maléfiques, à la place de la réalité que son déni déstructure et dissout. Contre cette offensive surpuissante, nous sommes loin d’être sans armes si nous acceptons de penser hors des sentiers battus par le Système ; il s’agit d’abord d’identifier les vérités-de-situation qui mettent conjoncturellement en échec cette politique-Système et ne cessent de la ridiculiser à ces diverses occasions, de façon à retourner contre ce mouvement, dans un acte d’inversion vertueuse saupoudré de “faire aïkido”, sa puissance déstructurante et dissolvante. Il s’agit d’une bataille terrible, une bataille sans merci, une bataille ultime, une sorte de bataille dite, – pourquoi pas un néologisme très “tendance”, – bataille du “Systègeddon”.
Voici donc le texte de John V. Walsh, du 22 mai, sur The Washington’s blog. Nous avons raccourci et remplace le titre intial pour des raisons techniques. Initialement, ce titre est celui-ci : « ONLY Donald Trump Raises Five “Fundamental and Urgent” Foreign Policy Questions – Stephen F. Cohen Bemoans MSM’s Dismissal of Trump’s Queries ».
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“Only Donald Trump (among the Presidential candidates) has said anything meaningful and critical of US foreign policy.“ (And that includes Bernie Sanders.) No, that is not Reince Priebus, chair of the RNC, speaking. It is Stephen F. Cohen, Emeritus Professor of Russian History at Princeton and NYU, a contributing editor for The Nation, that most liberal of political journals.
Cohen tells us here that:
Trump’s questions are fundamental and urgent, but instead of engaging them, his opponents (including President Obama) and the media dismiss the issues he raises about foreign policy as ignorant and dangerous. Some even charge that his statements are like “Christmas in the Kremlin” and that he is “the Kremlin’s Candidate”—thereby, further shutting off the debate we so urgently need.
Cohen first enunciated Trump’s five questions during one of his weekly discussions on relations between Russia and the West on The John Batchelor Show, on WABC-AM (also on podcasts). On the April 6, 2016 broadcast, Cohen says:
Let me just rattle off the five questions he (Trump) has asked.
(First) why must the United States lead the world everywhere on the globe and play the role of the world’s policeman, now for example, he says, in Ukraine? It’s a question. It’s worth a discussion.
Secondly, he said, NATO was founded 67 years ago to deter the Soviet Union. The Soviet Union ended 25 years ago. What is NATO’s mission? Is it obsolete? Is it fighting terrorism? No, to the last question, it’s not. Should we discuss NATO’s mission?
Thirdly, he asks, why does the United States always pursue regime changes? Iraq, Libya, Ukraine, and now it wants a regime change in Syria, Damascus. When the result is, to use Donald Trump’s favorite word, the result is always “disaster.” But it’s a reasonable question.
Fourthly, why do we treat Russia and Putin as an enemy when he should be a partner?
Fifth Trump asks, about nuclear weapons – and this is interesting. You remember he was asked, would he rule out using nuclear weapons – an existential question. He thought for a while and then he said, “No, I take nothing off the table.” And everybody said he wants to use nuclear weapons! In fact, it is the official American nuclear doctrine policy that we do not take first use off the table. We do not have a no first use of nuclear weapons doctrine. So all Trump did was state in his own way what has been official American nuclear policy for, I guess, 40 or 50 years.
…It seems to me that these five questions, which are not being discussed by the other presidential candidates, are essential. ….
Batchelor then turns the discussion to the question of NATO. Cohen replies:
When we say NATO, what are we talking about? We are not talking only about the weapons and soldiers on land and sea. We’re talking about a vast political bureaucracy with hundreds of thousands of employees and appointees, that is located in Brussels. It’s a political empire. It’s an institution. It’s almost on a par with our Department of Defense, though it gets its money from the Department of Defense, mainly, as Trump points out, so therefore it doesn’t have quite the swat (sic). But it has many propaganda organs. If you look at the bylines of people who write op-ed pieces in many American papers, they are listed as working for the public relations department of NATO or they formerly did so. No, I would say along with the Kremlin and Washington, NATO is probably the third largest propagator of information, in this information war, in the world.
But look, here’s the reality. And Trump came to this late. When they were discussing expanding NATO in the 1990s in the Clinton administration, it was George Kennan who was then the most venerable American diplomat scholar on relations with Russia who said: Don’t do it; it will be a disaster; it will lead to a new Cold War.
Since George spoke his words – and I knew him well when I taught at Princeton where he lived – we have taken in virtually all of the countries between Berlin and Russia. NATO now has 28 membership states. But if you sit in the Kremlin and you see NATO coming at you over 20 years, country by country like PAC-man, gobbling up countries that used to be your allies, who appears to be the aggressor?
So – the expansion of NATO has been a catastrophe. And that has been, in some ways, apart from fighting the war in Afghanistan – from which I believe it has now withdrawn, it is now solely American (I may be wrong about that) – and in addition taking on the American project of missile defense, expanding toward Russia has been NATO’s only mission since the end of the Soviet Union.
So people can ask themselves, if they ask calmly and apart from the information war,..,do we have less security risks, less conflict, today after this expansion to Russia’s borders, bearing in mind that the Ukrainian crisis is a direct result of trying to bring Ukraine into NATO as was the Georgian war, the proxy war with Russia in 2008. Are we, as Reagan would say, are we better off today? We are not! So easily at a minimum, we have to rethink what it is NATO is doing.
So get thee to the website for the American Committee on East West Accord and listen to the weekly Batchelor-Cohen podcasts. They are an ideal antidote to the avalanche of Russia bashing and Putin demonizing that we must endure. While you are at it, check out the other leading members of ACEWA, a superb and badly needed organization – and make a contribution.
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