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145821 janvier 2017 – Jamais un discours d’habitude consacré à la pompe consensuelle célébrant les vertus passées et la grandeur à venir de l’artefact antihistorique nommé USA n’aura autant imposé la nécessité d’être contracté en un mot, – choc, cri, défi, – d’être défini en une expression, – “déclaration de guerre”, “bataille décisive”, “sacrifice ultime”, – d’être symbolisé en une seule image historique, – Cortez brûlant ses vaisseaux, César franchissant le Rubicon. La matière est métahistorique et elle ne nous dit rien du personnage lui-même qui est le centre de la pièce, – en bien ou en mal, en gloire ou en défaite, – et que nous importe le “personnage lui-même” puisqu’il a fait son devoir ; car seul compte l’événement dont il été l'acteur principal sous une influence qu'on devine extérieure aus standards habituels, qui a eu lieu hier, devant le Capitole, devant une foule contrastée, au milieu des pontifes de l’establishment qu’on a surpris plus d’une fois bouches bées, au cœur d’une Amérique qui résonne de fureur, de désordres et d’affrontements.
Trump s’est hissé là où il se trouve pour accomplir un grand’œuvre de destruction, de déstructuration, en s’instituant effectivement comme l’antiSystème nécessaire, celui qui assène le coup terrible de désigner le Système aux yeux du monde et de proclamer, comme le vieux Caton : Delenda Est Systema. Trump est désormais et fort officiellement l’homme le plus haï que puisse imaginer le Système, selon les critères du Système qui emprisonne le monde, et les USA autant sinon plus que le reste. Armageddon est engagée et, si l’on considère les forces en présence, il (Trump) a bien peu de chance de l’emporte, sinon aucune... Mais ce n’est absolument pas ce qu’on lui demande, puisque sa Mission est de le provoquer, de le mettre en fureur au-delà de toute maîtrise, de le faire s’emporter en un délire de surpuissance qui achève la transmutation de la chose en une autodestruction de la chose, – car nous parlons du Système, certes. Gorbatchev ne devrait pas être mécontent de son émule si improbable au départ, si inattendue, si grotesque selon les normes des conceptions de l’historiographie-Système constamment récrites selon les besoins, selon les idéologies-Système que le personnel continue à nous servir comme on va à la soupe tiède dans chacun de ses spasmes officiellement estampillés “démocratiques”.
Ben entendu, c’est chez les commentateurs antiSystème qu’il faut aller chercher des observations acceptables et à bonne hauteur, les autres étant terrorisés dans une dialectique remâchée et tiédasse, sans conséquence ni importance, avec leurs appréciations ayant la consistance d’une eau de vaisselle croupissant depuis tant de temps, qui est celle de cette étrange presse-Système continuant à se satisfaire de son inconsistance. ZeroHedge.com reprend divers de ces commentaires dans le sien qui en fait une synthèse ; que cela soit celui de Paul Craig Robert, de Jeremiah Johnson de SHTFplan.com, etc. (Ou bien, si vous voulez sourire, goûtez cette introduction du texte de Daniel J. Flynn, de Breitbart.News, qui nous affirme joliment que « Donald J. Trump a fait le signe du pouce levé en descendant les escaliers conduisant au balcon Ouest du Capitale vendredi. Certains ont cru qu’il s’agissait du majeur levé... » [“Donald J. Trump gave the thumbs-up sign upon making his way to the Western balcony of the Capitol on Friday. Some took it as a middle finger.”])
Cette fois, l’on reconnaîtra que, dans les premières réactions, le vieux Paul Craig Roberts (PCR) a fait un excellent travail... On en cite ici le début et la fin. Cette citation permet de bien saisir l’état d’esprit général des commentateurs libres et antiSystème, en même temps qu’elle fait mesurer l’ampleur et la signification de l’événement, avec l’énigme centrale qui subsiste :
« President Trump’s brief inaugural speech was a declaration of war against the entirety of the American Ruling Establishment. All of it.
» Trump made it abundantly clear that Americans’ enemies are right here at home: globalists, neoliberal economists, neoconservatives and other unilateralists accustomed to imposing the US on the world and involving us in endless and expensive wars, politicians who serve the Ruling Establishment rather than the American people, indeed, the entire canopy of private interests that have run America into the ground while getting rich in the process.
» If truth can be said, President Trump has declared a war far more dangerous to himself than if he had declared war against Russia or China.
» The interest groups designated by Trump as The Enemy are well entrenched and accustomed to being in charge. Their powerful networks are still in place. Although there are Republican majorities in the House and Senate, most of those in Congress are answerable to the ruling interest groups that provide their campaign funds and not to the American people or to the President. The military/security complex, offshoring corporations, Wall Street and the banks are not going to roll over for Trump. And neither is the presstitute media, which is owned by the interest groups whose power Trump challenges.
» Trump made it clear that he stands for every American, black, brown, and white. Little doubt his declaration of inclusiveness will be ignored by the haters on the left who will continue to call him a racist just as the $50 per hour paid protesters are doing as I write. [...]
» We should ask ourselves why a 70 year old billionaire with flourishing businesses, a beautiful wife, and intelligent children is willing to give his final years to the extraordinary stress of being President with the stressful agenda of putting the government back in the hands of the American people. There is no doubt that Trump has made himself a target of assassination. The CIA is not going to give up and go away. Why would a person take on the grand restoration of America that Trump has declared when he could instead spend his remaining years enjoying himself immensely?
» Whatever the reason, we should be grateful for it, and if he is sincere we must support him. If he is assassinated, we need to take up our weapons, burn Langley to the ground and kill every one of them.
» If he succeeds, he deserves the designation: Trump the Great!
» Russia, China, Iran, Venezuela, Ecuador, Bolivia, and any other country on the CIA’s hit list should undersand that Trump’s rise is insufficient protection. The CIA is a worldwide organization. Its profitable businesses provide income independent of the US budget. The organization is capable of undertaking operations independently of the President or even of its own Director.
» The CIA has had about 70 years to entrench itself. It has not gone. »
Voilà l’homme, Ecce Home... Il est vrai qu’il vient de loin et d’on ne sait vraiment où mais il a déjà parlé avec une résolution qui en a surpris plus d’un, et sans doute qui l’a surpris lui-même... (Cet homme pense à propos de ses actions après qu’il ait agi, comme le faisaient dans leurs chevauchées de guerre Stuart-Patton.) Avant les primaires, alors qu’il était en tête dans les sondages pour le parti républicain, on avait prédit que Trump devrait se “présidentialiser” pour figurer dans les primaires. Il n’en a rien fait. Dans le cours des primaires, alors qu’il assurait de plus en plus son avance, on avait prédit que Trump devrait se “présidentialiser” pour être désigné candidat du parti républicain. Il n’en a rien fait. Pour la dernière phase des présidentielles (dite “cour des grands”, par contraste avec les primaire), on avait prédit qu’il devrait se “présidentialiser” pour seulement figurer face à Hillary, avec un mince espoir de l’emporter. Il n’en a rien fait. Pour la transition entre élection et installation solennelle, on a dit qu’il devrait se “présidentialiser” pour être pris au sérieux et éviter d’être écarté par tel Silent Coup ou tel artifice de procédure. Il n’en a rien fait. Pour le discours d’inauguration suivant la prestation de serment, on a dit qu’il devrait dire des paroles de consensus et d’apaisement pour tous, c’est-à-dire pour tous dans l’establishment, et ainsi se “présidentialiser”. Il n’en a rien fait.
(Pour “se présidentialiser”, il doit aller de soi que l’on entend bien passer d’une position d’antiSystème à la conformité-Système. Il n’en a rien fait sauf une très brève tentative sous la pression de certains conseillers en juillet-août, qu’il abandonna prestement après que les pressions de ses partisans et futurs électeurs lui eussent signifié qu’il faisait fausse route. Tout semble indiquer que Trump a compris la leçon et qu’il a désormais, sur le fond de l’esprit, une résolution de fer pour continuer dans la voie tracée.)
Nous parlons plus haut de “l’énigme centrale qui subsiste”, qui se trouve résumée par PCR dans la phrase où il se demande ce qui a pu pousser ce milliardaire de 70 ans, installé dans une activité importante et une fortune considérable, entouré d’une famille qui semble le combler, adulé et reçu partout, familier des “grands de ce monde” et des loisirs à mesure, avec des terrains de golf valant ceux d’Obama, à se lancer dans cette aventure épuisante, au risque certain de sa vie, du malheur et de la tragédie. Pour nous, il n’y a aucune réponse satisfaisante que la raison puisse nous fournir ; on exclura même l’ambition de l’exercice du pouvoir puisque cette ambition-là aurait aisément été comblée si, une fois élu, Trump s’était “présidentialisé” subito presto avec une transition selon les normes et un discours inaugural convenu le récupérant in extremis au sein du Système ; tout cela lui permettant de jouir du pouvoir sans trop de risque, à la façon éblouissante que nous a démontrée Obama, le “meilleur président de l’histoire du golf”.
Au contraire, rien de tout cela avec son discours d’hier. Trump a refusé furieusement l’apaisement d’un retour dans le Système, en un sens il a refusé la “légitimation” du Système pour prétendre fonder sa propre légitimité en poursuivant ses buts et arguments de campagne selon lesquels il importait de redonner au peuple le pouvoir que les élites-Système lui ont confisqué, ou simplement lui ont refusé depuis l’origine. Il faut alors que se soit manifestée quelque grande force suprahumaine et inconnue de nous, et de Trump bien entendu, pour expliquer ce parcours, cette fermeté du comportement, cette volonté de plonger dans l’inconnu d’une bataille d’une puissance et d’une férocité sans égale, la bataille suprême, l’Armageddon par excellence. C’est en ce sens que l’on peut et doit parler d’un événement métahistorique à son égard, lequel était venu poser sa marque sur son visage, sans doute et sans nécessairement qu’il s’en avise (« ...qui était d’une gravité extrême, je dirais métahistorique si j’osais, d'une résolution inébranlable comme je n’ai jamais vu sur le visage de Trump », selon PhG).
Mais il ne faut pas s’étonner de cela, ni craindre d’émettre de telles hypothèses, qui ne concernent d’ailleurs directement ni Trump ni nous-mêmes puisque nous ne faisons qu’en recueillir les effets ; mais aussi, il n’est pas mauvais de le dire et de le redire, surtout si cette observation vient aussi bien d’une foi “bien tempérée” par une raison libérée de la subversion du Système, une raison redevenue l’outil magnifique d’exploration des territoires inconnus aussi bien que du reste, qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Il reste pour l’immédiat de cette analyse que les seuls facteurs à considérer, du côté des sapiens, concernent autant la psychologie alimentant le caractère que le caracère lui-même, ces offertoires par où les grandes forces extérieures peuvent trouver leur voie, sans qu’il soit nécessaire de déployer des théories extrêmes, des considérations considérables, ni même d’aller à confesse. Nous tenons bien sûr sur cette ligne qui, depuis le début, fait de Trump, quand l’on peut constater qu’il n’a pas cédé, un messager, le porteur et le relais d’une dynamique que nous qualifions d’antiSystème pour bien montrer que son seul objectif ne peut être que l’attaque de l’entité diabolique qui tient l’espèce et le monde sous sa coupe.
Bien entendu, on ne peut s’en tenir là, et aussitôt se pose la question opérationnelle pure : comment Trump peut-il aller de l’avant, c’est-à-dire faire progresser la Mission qui manifestement lui a été assignée ? On sait depuis longtemps que son choix est réduit évidemment à une alternative qui ne comporte qu’une variable, qui est sa position par rapport au Système : ou bien céder au Système (ce que nous avons désigné plus haut par l’expression “se présidentialiser” qui n’est valable que temporairement, et qui serait mieux défini par l’expression “être récupéré” [par le Système]) ; ou bien affronter le Système. Parce que l’épreuve suprême du symbole (prestation de serment et discours sacrilège) a eu lieu sans capitulation de sa part, on peut penser que le premier terme de l’alternative est désormais tellement mince et presque insaisissable que Trump aurait un effort si gigantesque à faire pour être “pardonné” et “récupéré” s’il lui en venait l’idée étrange, qu’il en mourrait d’épuisement avant d’y parvenir, et sans convaincre personne, et laissant derrière lui un chaos où le Système engagerait sa propre existence, conduisant finalement à une situation équivalente à celle que produirait le second terme. Reste donc, comme seul sujet intéressant d’analyse, le second terme, la bataille à mort avec le Système, par tous les moyens. Il faut voir comment il (Trump) s’y peut comporter avec le plus d’efficacité possible.
Trump ne peut pas une seconde espérer vaincre le Système, cela est acquis et chose évidente. D’une certaine façon, par des voies radicalement différentes, selon des chronologies sans rapports, pour des raisons étrangères et selon des buts qui diffèrent, Trump se trouve dans une position proche de celle de Kennedy en 1962-1963, face au Système et à son bras opérationnel principal qu’est la CIA ; Kennedy qui cherchait des voies pour se dégager des aventures extérieures et des situations de tension internationales malgré quelques lubies éparses, face au complexe militaro-industriel que venait de dénoncer Eisenhower ; et conduit en cela à établir de meilleures relations avec l’URSS (la Russie), notamment avec l’accord sur l’interdiction des essais nucléaires dans l’atmosphère, etc. On sait bien entendu quel fut le destin de Kennedy, où “l’indicible” nous en dit bien plus que toutes les commissions d’enquête du monde.
En d’autres termes, Trump doit s’apprêter nécessairement à vivre extrêmement dangereusement, face à un ennemi qu’il ne peut espérer vaincre. Par contre, il existe une méthode d’action pour exciter considérablement le Système, pour le pousser à des actes suicidaires ; cette méthode-là que nous avons déjà souvent rencontrée, par exemple lorsque nous avons essayé de définir ce que serait l’acte de résistance concernant diverses situations et divers acteurs face au Système, et qui se résume par l’expression fameuse du “faire aïkido” : « L’opérationnalité de la résistance antiSystème se concentre naturellement dans l’application du principe fameux, et lui-même naturel, de l’art martial japonais aïkido : “retourner la force de l'ennemi contre lui...”, – et même, plus encore pour notre cas, “aider la force de cet ennemi à se retourner naturellement contre lui-même”, parce qu’il est entendu, selon le principe d’autodestruction, qu’il s’agit d’un mouvement “naturel”. »
La seule tactique possible de Trump consiste donc à provoquer le Système, à l’inciter à se déchaîner, à vouloir frapper en développant sa surpuissance qui est irrémédiablement destinée à produire de l’autodestruction. Cette tactique combine vitesse et décision et renvoie aux deux analogies militaires que nous avons déjà évoquées à propos de Trump, les généraux Jeb Stuart et Patton. Il s’agit de déchaîner le Monstre, le plus vite possible pour l’empêcher de trop réfléchir et de regrouper ses forces, frapper en divers endroits et de cette façon inattendue qui sème la discorde, dans différents domaines, d’une façon abrupte et sans trop s’expliquer de rien, – à cet égard, les tweets sont une arme excellente, utilisés comme des flèches que l’on tire de différentes positions. On a déjà vu des effets de ce comportements de Trump durant la transition, où ses attaques diverses, semblant désordonnées, peu orthodoxes et souvent jugées comme fort peu “sérieuses”, ont tout de même obligé la CIA à sortir du bois jusqu’à faire parler son directeur dans un sens extrêmement discourtois et insolent vis-à-vis du président-élu et désormais parmi nous, selon une attitude qui désignerait l’Agence aussiutôt comme suspecte sinon plus si tel ou tel “accident” survenait à tel ou tel, avec conséquences à mesure pour elle.
C’est-à-dire qu’il faut, à force de mouvements et de provocations, que Trump parvienne à transmuter ce qui n’est qu’une tactique défensive en une stratégie nécessairement offensive, – ce qui est, après tout, une parfaite illustration du “faire aïkido”. L’épisode avec Brennan est exemplaire à cet égard puisque la défense “tweetée” de Trump contre les divers canards lancés par la CIA a abouti à faire parler le directeur de la CIA dans les termes où il l’a fait, ce qui représente pour l’Agence une défense stratégique de communication qui hausse le débat au plus haut possible, et une faute à mesure, de la part d’une entité comme elle, la CIA, qui doit nécessairement travailler dans l’ombre et le secret pour se justifier à ses propres yeux des actes déstabilisants et déstructurants qu’elle pose.
La partie est engagée. En termes sportifs, – tennis et football, par exemple, – on parlerait également d’une méthodologie consistant à pousser l’adversaire “à la faute”, celui-ci en en faisant trop et trop fort jusqu’à la faute fatale, exacte parabole de l’équation surpuissance-autodestruction. Tout cela peut paraître étrangement trivial par rapport à la prodigieuse hauteur de l’enjeu, mais c’est dans ces détails de l’action que se trouve la clef de l’énigme... Cette fois, il ne s’agit pas de l’énigme de ce qu’est Trump et de sa présence à ce point et à ce lieu de notre époque de la Grande Crise Générale : puisqu’il y est et qu’il s’y trouve à mesure, passons outre cette énigme-là après avoir émis la seule hypothèse qui ait du sens après tout. Il s’agit de l’énigme que font naître désormais le destin de Trump et sa chevauchée, pour nous aider à déterminer quand et comment sera accomplie sa propre légitimation puisqu’il a refusé celle que lui offrait le Système ; “sa propre légitimation” devenant par la force de la logique des choses une légitimation de l’antiSystème, cela conduisant à une situation où le Système poussé à son autodestruction sera enfin prêt à être l’objet de funérailles dignes de ce qu’il fut. C’est tout l’enjeu de cette présidence Trump, dans laquelle, bien entendu et il est n’est guère utile de trop s’attarder à cette possibilité évidente, le nouveau président met, sur l’autre plateau de la balance, rien de moins que sa propre vie, y compris dans l’ultime possibilité de faire s’autodétruire le Système qui peut l’emporter avec lui. La “tragédie-bouffe” qu’a semblé être tout du long d’une année cette campagne USA-2016 a effectivement atteint la dimension tragique qui est constitutive de son destin.
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