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4954L’auteur commence par citer John Quincy Adams, secrétaire d’État en 1821, disant que « si jamais l'Amérique abandonnait sa politique étrangère fondatrice de non-interventionnisme, elle deviendrait inévitablement la “dictatrice” du monde et se comporterait en conséquence. » La réponse à cette question implicite d’Adams ne fut-elle pas donnée par Thomas Jefferson quatre ans plus tard, à l’heure de son agonie, à l’heure de ses derniers mots qui furent : « Tout, tout est perdu » ? Jefferson parlait des origines de la Grande République, avec ses principes fondateurs dont celui de ne jamais intervenir au-delà des mers et des morts, dont il jugeait d’ores et déjà, dans la tristesse désespérée de son trépas, qu’ils étaient perdus en même temps que la corruption s’était installée en maîtresse absolue au Congrès et alentour, – comme il l’avait écrit auparavant dans sa lettre fameuse de mai 1791 au président Washington.
Quoi qu’il en soit, la chose est désormais vérifiée, confirmée, mille fois renouvelée, affreusement destructrice. Adams et Jefferson ne se donnent même plus la peine de se retourner dans leurs tombes : la Grande République, là-bas et En Haut sur la Colline, claquant comme le flambeau de la Liberté, est devenue le pire cauchemar de l’Histoire... C’est cela et rien de moins : non seulement au XXIème siècle, non seulement dans l’Histoire parmi d’autres avancerions-nous, mais peut-être pire cauchemar que tout ce qu’a connu l’Histoire lorsque tous les caractères de sa perversité sont et seront bien mesurés par de vrais historiens dans la durée, l’ampleur et les effets de destruction inimaginable qu’ils entraînent.
Ainsi Jacob G. Hornberger, libertarien bon teint, avocat, professeur de droit et d’économie, fondateur et directeur de la Fondation pour l’Avenir de la Liberté (FFF, pour Freedom Future Foundation), juge-t-il que “l’Amérique” (c’est le terme utilisé par Adams) est-elle devenue “dictatrice” du monde. Dans son texte du 10 mai 2019 que l’on peut lire ci-dessous, il ne cache aucun des actes d’infamie et d’illégalité à couper le souffle qui caractérisent son action ; en vérité, en tant qu’honnête citoyen de la chose, Hornberger en éprouve une fort grande honte.
(On a peu souvent l’occasion d’employer ce féminin admis et désormais fortement recommandé du mot “dictateur”. Nous le faisons pour suivre le vent mauvais des temps, et parce qu’il est bon que la féminisation touche également des fonctions et des situations dégradantes et indignes, – l’égalité a deux côtés, pile et face, une gloire de lumière et une perdition dans l’ombre, – et parce que dans les séries télévisées où les “policières” fleurissent sur tous les champs, il serait bon que nous ayons également et en nombre égal des “escroques”, des “gangstères” et des “serial-killeuses”... Cela dit, il est vrai que le terme “dictatrice”, par son phrasé même, par sa proximité trompeuse et ricanante avec “directrice”, exprime assez bien, d’une part la stature et les prétentions à la fois extra-ordinaires et extra-territoriales de l’“Amérique” [des USA] aujourd’hui dans le monde ; d’autre part la façon dont elle peut prétendre à être la plus grande d’entre tous les dictateurs selon le triomphe de la femme qui est “l’avenir de l’homme”, la “directrice” de tous les dictateurs.)
Les crimes perpétrés par l’“Amérique”, la déstructuration qu’elle opère au nom du Système dans les poutres-maîtresses de la civilisation que sont les principes de la légitimité, de la légalité, de la souveraineté et de l’identité, représentent la somme de tout ce qui est contre-civilisationnel, recouvert par une diabolique habileté dans l’usage brillant du simulacre, – selon un brio que seuls les maîtres de l’hypocrisie et de l’illusion sont capables de maîtriser. La dictature de l’Amérique n’est pas tant une entreprise de conquête ni vraiment une recherche de l’hégémonie. Il s’agit d’une ambition totale de destruction par l’infécondité, l’irrésistible appel du Rien dont l’entropisation est la voie la plus sûre pour y répondre : “l’Être et le Néant” est devenu “l’Être est le Néant”, – et qu’enfin l’on nous pardonne ce piteux et maladroit jeux de mots.
Il n’est nulle activité où la “dictatrice” soit meilleure que dans celle de la communication considérée comme le grand et bel-art de la dissimulation et de l’illusion, le simulacre dont nous parlions plus haut. Il y a d’abord le simulacre que l’Amérique est finalement masculin, puisque réduit au gouvernement de l’Amérique qui est incontestablement masculin, dont la tromperie principale est de se faire prendre et de nous faire croire qu’il est le peuple (“We, the people”) alors qu’il en est le geôlier doucereux et aguicheur. Comme vous le constatez, le “dictatrice” l’est d’abord pour ses propres citoyens, exactement comme le communisme de l’URSS exerça sa puissance d’entropisation d’abord au détriment du peuple russe...
En, plus de quoi, elle dispose d’une position qu’elle croit d’une habileté extrême, qui est le comble de l’hypocrisie, mais qui, – et c’est la très, très grande nouvelle qui change toute la logique exposée plus haut, –s’avère de plus en plus être un piège mortel : celle de se faire prendre pour une démocratie vertueuse, le contraire de la dictature. Effectivement, elle en a le verbe, l’apparence de la communication, la démarche chaloupée de la vertu aguicheuse, le clin d’œil appuyée de la fille facile et généreuse de ses charmes... Et puis, patatras, elle vous accouche, après des années d’infamie ouverte, de deux bestiaux au front extrêmement bas, d’une exceptionnelle vulgarité, d’une brutalité de tueurs à gage et d’une arrogance de tueurs à gage promus au rang de capi dans la hiérarchie du crime organisé, – on a compris qu’il s’agit du duo Bolton-Pompeo, trônant aux côtés de leur capo di tutti capi.
C’est bien à ce point que l’on comprend que la “dictatrice” des USA est en bout de course, lorsque le personnel et les manières sont en si totale contradiction avec ce que la chose prétend être. On comprendra aisément que l’influence et la puissance de l’“Amérique” furent, pendant le demi-siècle qui suivit la Grande Guerre Patriotique-et-Juste qu’elle remporta en mettant le monde à genoux, exercées avec une apparence assez policée et un commerce diplomatique agréable : la main de fer était nimbée d’un gant de velours doublé de cachemire qui nous faisait prendre les vessies puantes pour les lanternes magiques de la civilisation. Aujourd’hui que le masque est tombée, que Pompeo-Bolton sont bien Bolton-Pompeo, que le crime est commis à ciel ouvert, que le gant est en limaille de fer rouillé et ne dissimule plus rien de la rudesse monstrueuse de la poigne, eh bien cette poigne, justement, apparaît faite d’une main qui elle aussi est dans un état de rouille avancé.
La toute-puissance de l’“Amérique”, pour tromper John Quincy Adams et faire passer Jefferson pour un gâteux irresponsable, était de dissimuler ce qu’elle ne cessa jamais d’être. Désormais son infamie, sa tromperie, sa sauvagerie brutale, bref tout ce qui fait d’elle l’archétype de la barbarie postmoderne, éclate dans chaque geste, dans chaque acte, dans chaque clin d’œil menaçant, dans chaque bourrade sans retenue. Aujourd’hui, ceux qui comparent l’“Amérique” de Bolton-Pompeo à l’Allemagne d’Hitler ne sont plus, dans l’esprit, de monstrueux diffamateurs irresponsables, révisionnistes à réviser illico-presto par les douze balles réglementaires dans la peau. Ils donnent à réfléchir.
Lorsqu’on commence à réfléchir à une telle lumière à la légalité de l’action de la “dictatrice” et à sa légitimité à faire ses frasques, c’est que la protection du simulacre fait eau de toutes parts. Par rapport à ce que fut sa puissance, les dix énormes sabots restants de sa flotte de porte-avions d’attaque (l’U.S. Navy en avait cent en 1945) paraissent bien patauds devant les diverses seringues hypersoniques du docteur Poutine.
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Dans son discours du 4 juillet au Congrès en 1821, le secrétaire d'État américain John Quincy Adams déclara que si jamais l'Amérique abandonnait sa politique étrangère fondatrice de non-interventionnisme, elle deviendrait inévitablement la "dictatrice" du monde et se comporterait en conséquence.
Nul ne peut nier que la prédiction d'Adams s'est réalisée. L'Amérique est vraiment devenue la dictatrice du monde – une dictatrice arrogante, impitoyable et brutale qui ne craint aucun désaccord avec quiconque dans le monde.
J’utilise le terme d’“Amérique” parce que c'est celui qu’utilisa Adams. En réalité, ce n'est pas l’Amérique qui est devenue la dictatrice du monde. C'est le gouvernement américain qui est devenu le dictateur du monde.
Un bon exemple de ce phénomène est celui de Meng Wanzhou, une citoyenne chinoise qui occupe le poste de directrice financière de l'entreprise technologique chinoise géante Huawei. Arrêtée par les autorités canadiennes et assignée à résidence, Meng subit les effets de la colère vengeresse de la dictatrice mondiale.
Quel est son crime présumé ? Elle a violé les sanctions américaines contre l'Iran.
Qu'est-ce que les sanctions américaines contre l'Iran ont à voir avec elle ? Précisément ? C'est une citoyenne chinoise, pas une citoyenne américaine. Alors, pourquoi est-elle poursuivie par le gouvernement américain ?
Les sanctions sont devenues un outil standard de la politique étrangère des États-Unis. À l’exception des libertaires, quasiment aucun groupe politique ne songe à protester contre leur imposition et leur application. Leur objectif est de poursuivre des citoyens étrangers pour leur infliger des souffrances, des privations économique, voire la mort, comme un moyen de soumettre le régime de leur pays à la volonté de la dictatrice américaine et de ses agents brutaux et impitoyables.
En effet, quoi de plus brutal et de plus impitoyable que de frapper des citoyens par l’appauvrissement ou la mort comme moyen d'atteindre leur gouvernement ? La plupart des citoyens étrangers ont aussi peu de contrôle sur les actions de leur gouvernement que les citoyens américains individuels ont sur les actions de leur gouvernement. Où est la moralité de frapper des innocents, surtout comme moyen d'atteindre un objectif politique ? N'est-ce pas pour cela que les gens condamnent le terrorisme ?
C'est déjà bien assez inadmissible de poursuivre des citoyens étrangers innocents pour les appauvrir ou les tuer pour atteindre un objectif politique. Mais il est également important d’avoir à l'esprit que les sanctions sont aussi une attaque contre la liberté économique du peuple américain. Les sanctions imposent des sanctions pénales aux citoyens américains qui font du commerce avec les Iraniens. Si un Américain fait du commerce avec des Iraniens, la dictatrice s'en prend à lui pour se venger, soit avec des poursuites pénales, soit avec des amendes civiles, soit avec les deux.
Un bon exemple de ce phénomène s'est produit lorsque la dictatrice a appliqué son système de sanctions contre l'Irak dans les années 1990. Les sanctions ont tué des centaines de milliers d'enfants iraquiens. Cela n’a pas dérangé la dictatrice, du moins pas assez pour mettre fin aux sanctions. L’idée était que si un nombre suffisant d’enfants pouvaient être tués, le dictateur irakien Saddam Hussein abdiquerait en faveur d’un dictateur approuvé par les États-Unis, ou qu’il y aurait un coup d’État ou une révolution violente qui ferait la même chose. L'ambassadrice des États-Unis auprès de l'ONU puis secrétaire d’État, Madeleine Albright, a exprimé le point de vue officiel de la dictatrice lorsqu'elle a annoncé que la mort d'un demi-million d'enfants irakiens en raison des sanctions “en valait la peine” par rapport au but poursuivi.
Un citoyen américain du nom de Bert Sacks, qui ne pouvait accepter en conscience un tel traitement, s'est rendu en Irak avec des médicaments pour aider le peuple irakien. La dictatrice l'a poursuivi pour se venger, elle l’a frappé d’une amende et a continué ses poursuites pendant une décennie environ. (Voir ici et ici.)
C'est bien là que l’avertissement d’Adams prend tout son sens. Le gouvernement fédéral ne se contente pas d'exiger de ses propres citoyens qu'ils se conforment à son système maléfique. Dans son rôle de dictateur mondial, le gouvernement fédéral exige que tout le monde dans le monde se conforme à son système maléfique. La dictatrice revendique la juridiction mondiale pour son système maléfique de sanctions.
C'est pourquoi Meng Wanzhou a été arrêté et assigné à résidence au Canada. Oui, au Canada ! Elle n'était même pas aux États-Unis quand elle a été arrêtée. La dictatrice a annoncé que Meng Wanzhou avait violé ses sanctions à l'égard de l'Iran dans certaines transactions conclues avec une banque située à des milliers de kilomètres des côtes américaines et elle a ensuite convaincu le Canada de l’arrêter pendant son séjour dans ce pays afin qu’elle puisse être extradée vers les États-Unis pour y être jugée pour la prétendue violation des sanctions américaines contre l’Iran.
Pourquoi des citoyens étrangers innocents sont-ils l’objet de mesures de souffrance économique voire d’assassinat parce que les responsables américains n'aiment pas leur gouvernement ? Pourquoi les citoyens américains voient-ils leurs libertés détruites pour la même raison ? Pourquoi des citoyens étrangers du monde entier font-ils l'objet de poursuites pénales pour avoir violé le système de sanctions du gouvernement fédéral ?
Tout cela est dû à ce que John Quincy Adams a observé il y a presque 200 ans : si les États-Unis abandonnaient un jour leur politique étrangère fondatrice de non-interventionnisme, le gouvernement fédéral deviendrait inévitablement le dictateur du monde, un dictateur brutal et impitoyable.
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