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6069Effectivement si l’on veut traduire le tweet d’hier à l’adresse du président, de la part de la députée d’Hawaii à la Chambre des Représentants du Congrès, notre chère et fameuse Tulsi Gabbard, on est bien obligé de parler à propos de ce président de “pute de l’Arabie Saoudite” : « Hey @realdonaldtrump: being Saudi Arabia’s bitch is not “America First.” »
RT-USA en faisait même un de ses gros titres dans la matinée, ce matin, rapportant que ce tweet de Gabbard avait suscité bien des réactions à Washington. Il y a bien entendu l’habituelle cohorte des zombies-Système qui en sont restés à la narrative façon Fabius-2012 sur Assad et al-Nosra (qui fait “du bon boulot”), et qui reprochent à Gabbard, qui a visité la Syrie et en a rapporté quelques vérités-de-situation assez mal vues par la cohorte, d’être à la Syrie d’Assad ce que Trump est à l’Arabie. Des zombies, vous dit-on... Il y en a aussi qui, au contraire, applaudissent au franc-parler et à l’audace de la jeune parlementaire qui, vraiment, se détache du lot à Washington D.C.
Gabbard a bien changé d’avis par rapport à ce qu’elle pensait de Trump en novembre 2016, quand le nouvellement-élu président la recevait pour la consulter et que nous caressions d’ailleurs nous-mêmes, – hypothèse optimiste pour hypothèse optimiste, – l’espoir qu’il lui proposerait une fonction de sécurité nationale dans son administration. Depuis, Trump s’est révélé sinon sous son vrai jour dans tous les cas sous son jour principal, comme un homme sans qualité ni conception dépassant la semaine à venir, avec comme référence et unité de compte le dollar par $milliards, éventuellement contre de la ferraille produite par le complexe militaro-industriel.
(On ne peut même pas dire que son administration soit ouvertement et conceptuellement belliciste et disons “neoconized”. On vient d’en voir la démonstration avec le départ/licenciement de deux personnalités très radicales et hyper-neocon, autour de et choisies par le directeur du NSC John Bolton : son chef de cabinet Fred Fleitz et son adjointe directe Mira Ricardel. Chose très inhabituelle, cette dernière a été écartée à la demande expresse et rendue publique par un communiqué de la Première Dame, Melania Trump, qui s’était plainte du comportement de Ricardel durant un voyage qu’elle [Melania] a effectué en Afrique en sa compagnie. Comme l’écrit “Harper” sur le site Sic Semper Tyrannis du colonel Lang : « Alors que l'administration de George W. Bush était un refuge pour les néo-conservateurs et que l'administration Obama était un refuge pour les interventionnistes humanitaristes [“R2P”], l’administration Trump est une équipe de rivaux qui se disputent les faveurs du seul et unique décideur : The-Donald. »)
Il est manifeste que cette affaire saoudienne ne cesse de traîner et de se compliquer, et devient peu à peu une participante structurelle instituée dans le tourbillon crisique de Washington D.C./“D.C.-la-folle”. Ce qui a motivé la colère de Tulsi Gabbard, c’est la dernière déclaration de Trump affirmant implicitement sinon quasi-explicitement que quoiqu’il arrive, même si MbS et l’Arabie se révèlent coupables dans l’affaire de l’assassinat par tortures diverses du journaliste/activiste Khashoggi, l’Arabie resterait un allié fondamental des USA, invité bien entendu à acheter régulièrement des tonnes de quincaillerie high-techet très chère, de Lockheed-Martin à Raytheon. De fait et pour expliquer que cette affaire “ne cesse de traîner”, il y a des obstacles sur cette perspective radieuse, qui tiennent d’ailleurs aussi bien à la haine tenace que la faction progressiste-sociétale continue à entretenir contre Trump.
Le principal de ces obstacles, c’est certainement l’attitude du Sénat qui veut appliquer malgré tout contre l’Arabie des sanction suite à l’affaire Khashoggi. La presseSystème elle-même, avec évidemment en évidence le Washington Post auquel Khashoggi collaborait, suit un devoir de vertu à cet égard (attisé par la haine anti-Trump, principal carburant de la vertu chez les postmodernes de “D.C.-la-folle”), par diverses interventions dont la plus récente, notée par Spoutnik-News, – venant, ô mannes exceptionnelles de la vertu multiculturaliste-féministe-antiraciste, de ce que nous nommerions une “écrivaine”, qui plus est américano-ghanéenne...
« Karen Attiah, écrivaine américano-ghanéenne et collaboratrice de la rubrique Global Opinions pour le Washington Post, a exhorté les membres du Congrès américain à réagir à ce qu’elle estime être le soutien inconditionnel du président Trump à l'Arabie saoudite à la suite du décès du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Elle a également appelé les législateurs américains à enquêter sur les relations financières de Trump et de son conseiller, son gendre Jared Kushner, avec l’Arabie saoudite.
» Ses remarques interviennent après que le président Donald Trump ait remercié l'Arabie saoudite pour la baisse des prix, cela après qu’il ait affirmé[dans un tweet précédent] que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman “aurait très bien pu” être au courant de l’opération d’élimination de Khashoggi. »
Sur Strategic-Culture.org, M.K. Bhadrakumar consacre un article à la situation des relations entre les USA et l’Arabie après la déclaration de Trump du 20 novembre, dont il dit, quant à la forme qu’elle a prise par rapport au discours courant : « Trump est brutalement franc. C’est ainsi que les politiques étrangères américaines ont toujours fonctionné – sauf qu’elles étaient énoncées dans une prose pompeuse. Pas d'hypocrisie ici. [Trump] admet que l’“exceptionnalisme” américain est une foutaise... »
Il est noté dans cet article que Trump n’a pas encore reçu un rapport complet qui lui permette de se faire une idée de la culpabilité ou non de MbS mais qu’il la juge possible, et Bhadrakumar estime que Trump ne s’embarrassera pas de la moindre précaution pour lâcher MbS si la CIA insiste pour proclamer sa culpabilité, et pour faire pression pour que la direction saoudienne s’en débarrasse, pour enfin que les affaires continuent comme si de rien n’était, ou bien “n’avait été”... Bhadrakumar insiste notamment sur le fait qu’à son estime, Trump se fiche complètement du sort du Yémen et de l’action saoudienne dans ce cas, bref qu’il ne fera rien qui puisse embarrasser les Saoudiens, – MbS ou pas MbS. Mais il juge également que cet épisode va gravement endommager le statut international des USA, – sans que Trump s’en préoccupe le moins du monde car le “statut”, pense-t-il, ne se calcule pas en $milliards et après tout l’on peut bien être “la pute de l’Arabie” si cela fait marcher la boutique.
... Ce en quoi Trump se trompe, si l’on peut dire. Ce président si inhabituel évolue, depuis qu’il est à la Maison-Blanche, avec toutes les pressions du DeepState, ses propres intérêts qu’il doit continuer à habiller de l’étiquette d’“America First”, et ce qu’il juge être des intérêts des USA, c’est-à-dire le seul comptage en $milliards. Trump ignore tout de ce que le “statut” international des USA, la “foutaise” de l’“exceptionnalisme” comme dit Bhadrakumar, a rapporté aux USA pendant trois-quarts de siècle : une pression morale et vertueuse intense, permettant d’habiller les pressions stratégiques et économiques du blanc-manteau de la rectitude morale objective, – une sorte de version caparaçonnée et bien comptabilisée quoiqu’indirectement de l’American Dream. Par conséquent, sur le terme d’au-delà de la semaine qui vient et des $milliards qui vont avec, les USA sont perdants avec l’attitude qu’ils montrent dans l’affaire Khashoggi, estime Bhadrakumar ; notamment ils n’ont plus aucune chance de faire accepter par la “communauté internationale” leur version de la culpabilité iranienne qui leur permettrait de poursuivre en toute tranquillité, avec tout le monde aligné, leur “guerre des sanctions”, voire une guerre tout court contre ce pays.
On aurait tort de jouer au cynique en repoussant cette version de la chose, en croyant que le cynisme revient indirectement à manifester un libre esprit accouchant d’un jugement juste. Ce “statut international” a toujours existé comme argument et comme croyance, et peut-être même que Trump lui-même y croit, même s’il confond les $milliards et les sanctions avec la flotte du bénitier et les roucoulades à-la-Obama. Le fond du problème n’est pas exactement sur ce point, à notre sens, c’est-à-dire qu’il n’est pas dans ce que le comportement de Trump peut susciter et provoquer directement. Nous croyons aux effets indirects de Trump et de son action erratique, du style “à l’insu de son plein gré” ou billards à un nombre respectable de bandes.
L’essentiel est qu’il ne perde pas ni ne gagne, donc qu’il prospère comme élément de blocage, de trouble et de discorde au cœur de la politique américaniste, notamment en disant en passant quelques vérités dont il n’a cure mais qu’un Bhadrakumar remarque et que les dirigeants-Système à genoux devant les USA auront de plus en plus de mal à supporter ; parce qu’il est facile dans ces temps de grande-communication où il faut se faire réélire démocratiquement, de se soumettre si le maître vous dit que vous êtres un brave cœur et une belle âme, et très difficile s’il vous dit que vous êtes un minable, un collaborateur et un corrompu, éventuellement comme dit Gabbard de Trump lui-même (retour à l’envoyeur), “une pute”...
Les cyniques ont tort de juger autrement (“oh, la politique a toujours été comme ça, et particulièrement celle des USA”). Pour la hauteur de son propre esprit, il est nécessaire, en jugeant la politique, de juger que l’infamie et la corruption sont des exceptions inacceptables dans l'esprit de la chose, même s’il advient, comme c’est fort proche d’être le cas dans l’époque étrange que nous vivons, que la politique n’est faite que d’infamie et de corruption. Évidemment, dans le cas qui nous occupe, comme dans tous d’ailleurs selon notre doctrine générale, c’est l’esprit de l’absolu antiSystème (“Delendum Est Systemum”) qui nous anime et nous fait tenir Trump, finalement et quelles que soient son degré d’infamie et de corruption, comme un antiSystème utile, et même très-utile, et même le plus-utile évidemment que nous ayons eu à ce jour...
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