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2141Il y a un “bruit de fond” absolument considérable, sous la forme d’une avalanche de communication, autour de la destruction du Su-24 russe par un avion de combat F-16 de la Turquie. Cela est l’occasion, – hasard ou calcul, – pour faire circuler d’une façon plus remarquée certaines informations. “Certaines de ces informations”, certes, se révèlent étonnantes lorsqu’on y songe, puis elles deviennent surréalistes et abracadabrantesques à la lumière d'un évènement du jour comme la destruction du Su-24... C’est l’époque du “bruit de fond” de la communication.
On s’arrête à un article de Josh Rogin, de Bloomberg.News, du 24 novembre. L’article est étrange d’un certain point de vue puisqu’il s’appuie sur ce même grand fait du jour, – toujours la même destruction du Su-24 russe par la Turquie, – pour nous dire : mais ce n’est rien, il y a bien pire. Ce “pire” lui vient d’une conversation avec le général tchèque Petr Pavel, qui est président du Comité Militaire de l’OTAN. Du temps de la Guerre froide, ce Comité était une chose sérieuse parce que les membres de l’OTAN représentaient, chacun à sa mesure, des puissances militaires non négligeables envisageant un conflit au plus haut niveau dont la possibilité était réelle et palpable chaque jour ; le président du Comité (par rotation, les chefs d’état-major des pays-membres) exerçait une influence à mesure. Est-ce le cas aujourd’hui, et une influence sur qui et pourquoi ?
Le général Pavel répond du tac au tac, par la plume de Rogin : une influence pour avertir du danger qui menace l’OTAN, de son encerclement par le Sud, voire de son encerclement tout court par l’encerclé lui-même (« ...the base in Latakia was part of a broader Russian policy to increase its permanent military presence on several of NATO’s borders »). En effet, Pavel développe toute une théorie née de l'activité fertile de la bureaucratie de l’OTAN sur la crainte que la nouvelle base russe de Lattaquié, en Syrie, a fait naître au sein de l’OTAN. Pour Pavel et les militaires du cru, l’OTAN, qui encercle la Russie comme on sait, est en train d’être “encerclée” par la Russie par cette base de Lattaquié, et même par l’existence de la Russie elle-même. D’où une réflexion intéressante de Pavel : faut-il détruire la base de Lattaquié ? (Et nous de nous interroger : la destruction du Su-24 est-elle le début du processus ?) ; et puis l'on pourrait dire : faut-il détruire la Russie ? C’est la fable de “l’encercleur encerclé”, à cause de ce terrible Poutine qui, avec une seule base, fait basculer tout le dispositif OTAN qui devient une malheureuse organisation littéralement assiégée...
« When Turkey shot down a Russian jet Tuesday, NATO was facing its worst fear: a direct confrontation with the Russian military. The problem on NATO’s southern border is much bigger than this one incident; the new Russian base near Turkey presents a larger strategic challenge for the alliance that if ignored could lead to ongoing clashes.
» Two days ago, Petr Pavel, the chairman of the NATO military committee and top military adviser to NATO’s secretary general, warned me about the long-term implications of the new Russian airbase in Latakia, Syria. The Czech general did not know then that the Russian presence in Syria would cause an international crisis so soon. But he already knew that NATO needed to figure out a comprehensive policy to push back against Russia’s new base.
» Pavel said that the base is not just intended to prop up the regime of President Bashar al-Assad in Syria. “Of course it is one of the objectives of Russian activities in the Middle East, not to just to support Assad’s regime, but also to get their forces into the area, have presence, and through this presence exert some influence,” Pavel told me at the Halifax International Security Forum. He said the base in Latakia was part of a broader Russian policy to increase its permanent military presence on several of NATO’s borders. This installation serves the Russian agenda in Syria while also attempting to deny NATO access to this area.
» “There are different ways NATO can react,” Pavel said. Facing Russia's attempt to impose anti-access, area-denial capability near Turkey, he said, “the most brutal way of how to resolve the issue … is to suppress it.” But using military assets to challenge Russia’s new protected zone around its base would take a lot of resources and carries risks of further confrontation, he warned. Pavel would rather that NATO use less “brutal” tools to bear against Moscow. “We can use different kinds of pressures, starting from political, diplomatic, economic and also military in other areas, rather than pushing through the wall,” he said.
» Pavel predicted two days ago that NATO would have to meet to discuss the Russian presence in Latakia soon. He was right. NATO will hold an emergency meeting Tuesday to discuss the Turkish downing of the Russian jet... »
Mis en ligne le 25 novembre 2015 à 18H03
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