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1910L’événement en lui-même, dans ses méandres de pourcentages, d’opportunités pour la présidentielle, d’interrogation sur les rapports avec le FN (ah, quel sujet inépuisable pour l’intelligence française), cet événement-là ne nous intéresse pas parce qu’il ne peut évidemment pas nous intéresser. Tout ce qui est supputations et hypothèses à ce propos est, dans une part importante, une perversion de la psychologie et une perte d’attention de l’esprit pour le sujet central qui est l’essence de notre façon de voir, notre ligne directrice irrémédiable et intangible... Nous parlons des “primaires de la droite”-en-France.
Plutôt que nous répéter et sembler faire du neuf sans en faire vraiment, nous allons nous citer sans le moindre souci de promotion, à partir d’un texte qui est souvent perçu comme accessoire par rapport au contenu du reste de ce site, et qui a pourtant une fonction d’indication générale importante, – qu’il remplit d’ailleurs plus ou moins bien selon les circonstances qui le servent ou le desservent. Il s’agit donc de l’essentiel du texte de notre “Rétrospective du 20/11/2016 au 26/11/2016”, en tête de la page d’accueil du site.
« • C’est un phénomène que nous décrivons depuis au moins 2014, défini par deux expressions, – “tourbillon de crise” et “crise haute” ; le tourbillon de crise rassemblant dans une véritable dynamique tournoyante de type météorologique les principales crises en cours en un seul phénomène tourbillonnaire qui crée ce que nous nommons “crise haute” ; et, cette fois, dans la période présente, la crise haute affecte le cœur du bloc-BAO et de cette contre-civilisation productrice de déstructuration et de dissolution jusqu’au but espéré (par elle) de notre-entropisation... [...] • Pour cette raison et dans ce cadre puissant, toute crise nouvelle de quelque signification stratégique et symbolique est aussitôt prise dans le tourbillon crisique et installée dans la crise haute, et c’est bien le cas de ce qui est arrivé dans “les primaires de la droite” en France. • La victoire de Fillon est un événement crisique qui doit être installé dans la crise haute, sans qu’il soit du moindre intérêt à ce stade de pérorer sur le personnage sur son programme dans la mesure où des éléments antiSystème se greffent là-dessus : cette victoire s’inscrit dans le cours de celle de Trump (et le Brexit avant lui) sans qu’il soit nécessaire de parler de “trumpamania” (slogan des journalistes-publicitaires-Système travaillant pour leur patron unique) puisqu’il suffit de constater qu’il s’agit bien entendu d’un événement antiSystème... »
La France, telle que nous l’observons et la percevons à partir d’hors d’elle-même mais assez proche d’elle, – c’est-à-dire à partir de Sirius-proche, – nous est apparue si souvent comme extraordinairement isolationniste sinon provinciale, et cela essentiellement sinon exclusivement dans le chef dominant du système officiel de la communication chargé jusqu’à la gueule des conceptions des globalistes, des européistes, des atlantistes, des économistes hyper-libéraux, c’est-à-dire de tout ce monde qui ridiculise les affirmations, les adhésions, les convictions et la dimension nationales appréciées comme isolationnistes et provinciales, et jugent qu’on ne peut plus raisonner qu’en termes de “mondialisation”. Etrange paradoxe que ce provincialisme des salons de la capitale qui babillent à propos de “mondialisation”, c’est-à-dire paradoxe bien français, du type “intellectuel”.
(Quelle dommage que les “experts” français, l’élite-Système locale, n’utilisent pas la faculté de cette langue française qu’ils se targuent d’utiliser encore, de disposer des deux termes à égalité, – “globalisation” et “mondialisation”, – pour en manier les nuances essentielles et préférer en général, et faussement, le second au premier ; cela éviterait à tous bien des fourvoiements, des quiproquos, des réflexions dans le vide d’une situation qui n’existe pas. Mais pour cela, il faut connaître la langue.)
Les débats précieux et ridicules comme les “femmes-savantes” de Molière qui ont animé l’entre-deux-tours où les masques fort grimés étaient à peu près tombés, à propos du “thatchérisme” de Fillon, du “traitement brutal”, type social-darwinien, qui attendait les Français, c’est cela qui a semblé si isolationniste et provincial, puisqu’à peu près en retard de 30-35 ans sur l’horaire. Il y a longtemps que nous sommes passés du discours pseudo-économiste et pseudo-pseudo-social au débat furieux de l’ontologie de la crise, c’est-à-dire Système versus antiSystème, et selon des positions extrêmement variables et mouvantes, qui n’ont strictement rien à voir avec les positions convenues des uns et des autres, leurs étiquettes, leurs “programmes”, leurs carrières ; il y a longtemps que la France dévastée, qui se vit comme une exception de malédiction dans un océan de bonheur globalisée, n’est malheureusement qu’un petit tas de misère et de désordre parmi tous les autres petits tas de misère et de désordre qui constituent le reste des nations du monde, y compris les puissants USA, toutes passées d'une façon ou l'autre au nivellement de bulldozer du Système. La référence anglo-saxonne, qui constitue la référence habituelle des discoureurs économistes habituels, est en charpie et en lambeaux, flottant et coulant quelque part entre Brexit et Trump. Contre cela, programmes et mesures de sauvegarde ne peuvent rien, et seul le glaive symbolique de l’affirmation principielle contre les nuées incertaines et imprécises des “valeurs” postmodernes comme autant de vols de sauterelles, seul le glaive du principe peut trancher et affirmer d’une façon décisive.
Puisque tout de même nous tenons l’épisode pour important, alors que nous tenons pour ridicule l’essentiel des débats qui l’a marqué, il importe de nous justifier de ce jugement. Le fait est que, bon gré mal gré, conscience aiguë ou pas, accident ou essence qu’importe, Fillon s’est finalement amarré dans la perception de tous au mot “souverainisme“. Les interprétations complices, sifflements admiratifs, ricanements ou moues de mépris ne manqueront pas, mais il importe peu ; le mot est dit, c’est-à-dire qu’il a pris sa place qui est nécessairement révolutionnaire dans la psychologie de tous, parce que représentatif des principes de la structuration, donc “glaive principiel” et donc de nature impérieuse sinon impériale parmi tous les glaives disponibles. Il importe peu également que Fillon y croit réellement, – un peu, beaucoup, etc., – ou n’y croit pas beaucoup.
Comme essence de sa démarche et sans lui demander son avis, le mot s’est formé et s’est imposé, et dans le sens qu’il a aujourd’hui. La traduction opérationnelle de “Système versus antiSystème”, c’est “globalisme versus souverainisme”, quelles que soi les chicayas interprétatives du sens du mot ; pour le symbole, la chose est actée et l’équation est adoubée. Il en résulte que l’effet symbolique et fondamental de la communication de cet épisode, avec les résultats qu’on lui connaît suivant la surprise qu’on sait, est bien d’installer cette dualité antagoniste au cœur de la dévastation française. Dans ce sens, Fillon prolonge Trump, et peu importe ce que fera Trump et ce qu’il adviendra de Fillon puisque la place est conquise.
La surprise de ces “primaires” si peu françaises dans leur esprit et complète trahison de l’esprit de la Vème République gaullienne, c’est d’avoir complètement précédé l’élection présidentielle de mai 2017, de l’avoir supplantée en un sens sur la grande question du symbole et du “glaive principiel”, donc de l’avoir faite gaullienne, c’est-à-dire souveraine, avant qu’elle ne se fasse. Ainsi, un peu en avance sur l’horaire, et forçant par conséquent la destinée de l’élection présidentielle (nous parlons de son sens, pas de son résultat) pour lui faire retrouver son vrai sens, la France est entrée de plain-pied dans la postmodernité finissante, lorsque cet épisode de la Grande Crise activée en “crise haute” devient ce pour quoi elle est faite : le champ de la bataille ultime de notre contre-civilisation. Cela valait bien, comme avant une bonne coloscopie de notre psychologie, une purge radicale de toutes nos humeurs les plus basses, commencée basso agitato par Sarko et bouclée basso ostinato par le président-poire.
Mis en ligne le 28 novembre 2016 à 12H28