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2766Le roi d’Arabie saoudite Salmane (Salmane ben Abdelaziz) se rend en Russie pour une visite officielle que l’on qualifie d’“historique” (du 5 au 7 octobre). Un tel déplacement est effectivement extrêmement rarissime, sinon inédit, et représente une marque symbolique d'une volonté d’établir les meilleurs rapports possibles entre deux pays qui ne sont pourtant pas les meilleurs amis du monde sur tous les théâtres d’opération, – notamment en Syrie et au Yemen, et compte tenu de l’hostilité affichée de la Russie vis-à-vis du terrorisme islamique par rapport à la tradition de soutien des Saoud au terrorisme islamiste. Qu’importe, nous somme dans un monde où cohabitent diverses narrative et presque autant de simulacres, et où les vérités-de-situation sont à trouver dans ces relations flottantes et incertaines entre des univers factices et orientés entretenant des relations aussi nécessaires qu’improbables.
Quoi qu’il en soit, les deux pays s’arrangent de cette visite. La Russie, c’est pour montrer qu’elle est amie, médiatrice, conseillère et bonne voisine de tout le monde, sans aucunement exiger quoi que ce soit de chacun souverain dans son royaume, et donc se jugeant elle-même comme une véritable puissance souveraine dans les relations internationales d’un monde multipolaire. La Russie montre cette attitude complètement contraire cela va sans dire, de celle des USA et de tous les donneurs de leçon du bloc-BAO qui exigent des certificats de vertu humanitaire avant de serrer la main d’un Russe, certes en se bouchant le nez.
(Il n’en va pas de même pour la main d’un prince saoudien pour les mêmes USA et tous ces pays du bloc-BAO qui se respectent à l'aune de leur réputation dans le domaine des vertus de communication et de téléréalité. Une main saoudienne, cela se serre avec respect et une dignité servile et zélée, sans trop penser aux mœurs sociétales des princes, au sort des droits de l’homme et du reste dans le royaume et ainsi de suite. Qu’importe, l’on n’est pas à l’abri d’une contradiction lorsque le business c’est le business, et il suffit alors de ne rien dire ni imprimer de tout ce qu’il y a de contradictoire dans ces si nombreuses hypocrisies dont nous sommes chargés. On constate ainsi que différents simulacres peuvent cohabiter, ce qui peut certes se concevoir à condition que l’on soit conscient qu’il s’agit de simulacres.)
L’Arabie, elle et de son côté dans cette circonstance, veut montrer par sa chaleur prorussiste qu’elle n’est après tout pas très satisfaite de ses relations avec ses tuteurs et complices divers, aux USA évidemment et dans les pays du bloc-BAO bien entendu. La Syrie a été une grande déception pour les Saoud, qui jugent que le bloc-BAO n’a pas fait son travail alors qu’ils ont eux-mêmes sacrifié sans compter un certain nombre de leurs comptes en banque pour soutenir les rebelles islamistes et avoir la peau d’Assad, et des Iraniens indirectement, et tout cela au risque de tomber sur quelque régiment ou escadrille russes. Qu’importe, les Saoud sont réalistes et ils ont donc évolué dans le sens des choses et des événements ; ils sont donc désormais ouvertement méprisants et condescendants pour leurs complices occidentaux, et finalement plutôt admiratifs de leurs ennemis-amis russes. Nous sommes clairement dans la phase “amis” et il est temps de reconnaître avec éclat ce qu’il y a d’admirable chez les Russes.
Par conséquent on lira ce qui suit des propos de l’ancien ambassadeur d’Arabie à Moscou à propos de la Russie avec l’esprit dégagé du poids de toutes ces contradictions, hypocrisies, coups fourrés et autres qui ont émaillé ces diverses relations et épisodes délicats, entre Arabie et Russie notmment. Du côté de l’Arabie nous ne sommes plus du tout au temps de Prince Bandar, – expédié à la retraite ou ad patres c’est selon, – qui venait parler à Poutine, presque menaçant en agitant la menace terroriste en marge des Jeux Olympiques de Sotchi. Nous sommes au temps des fleurs lancées à la Russie, dont le type de société est présenté comme un modèle sociétal, d’une société multiethnique vivant en harmonie, sans mettre en cause la souveraineté nationale mais bien plutôt en la renforçant, – bref, un modèle que les pays du bloc-BAO serait bien avisés de suivre... Et vous savez quoi ? pourrait-on dire au lecteur, mais les propos de l’ancien ambassadeur à Moscou, prince Tourki ben Fayçal Al Saoud, ne sont pas dénués de bon sens ni d’une certaine justesse si l’on accepte un certain point de vue. Il suffirait d’ajouter que tout ce que le prince dit de flatteur du “modèle russe” s’accompagne, comme c’est l’évidence, d’une très forte affirmation souveraine et identitaire pour compléter justement son propos, – et comment ne pas en convenir ?.
... Encore une fois, il s’agit de dégager son esprit de tout ce que l’on sait et remâche de la duplicité, de l’hypocrisie, des contradictions fâcheuses des uns et des autres, de l’ironie sublime et grinçante qu’il y a d’un certain point de vue qui n’est pas rien, à entendre un prince saoudien donner des conseils pour lutter contre le terrorisme, et plus encore le “terorisme islamiste” qu'il ne faut justement pas qulifier comme tel. Il s’agit de dégager l’esprit de toutes les hypothèses complexes que la raison développe sur des renversements d’alliance, des coups tordus de type géopolitique ou des manœuvres habiles simplement de type politique, etc., qu’impliquent une telle visite du roi et les déclarations de ce prince. Il importe de lire le propos pour ce qu’il dit, puisqu’il pourrait dire selon un certain point de vue le “bon sens et une certaine justesse”. On s’en tiendra là, ce qui n’est déjà pas si mal, pour lire ce quelques interventions du prince, recueillies le 2 octobre 2017, lors d’une interview que donne le susdit prince à Spoutnik et la chaîne TV russe NTV.
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Le terrorisme international a été le sujet principal de l'interview du prince saoudien Tourki ben Fayçal Al Saoud à Sputnik et à la chaîne de télévision NTV. L'ex-ambassadeur d'Arabie saoudite a cité les paroles du Président russe pour appuyer son opinion :
« Poutine dit que le terrorisme n'a ni religion, ni nationalité. Et Poutine a raison. A mon avis, voilà comment il faut lutter contre ça : ne leur permettez pas d'être appelés musulmans. C'est pourquoi je les appelle Fahesh, pas Daech. Ce n'est pas un État et il n'est pas non plus islamique », a-t-il déclaré.
L'ex-ambassadeur saoudien a en outre évoqué la prise d'otages inhumaine de Beslan, en 2001. Il a cité la Russie comme un exemple de pays multiethnique pour d'autres pays.
« [Je pense que] la Russie est tissée de façon unique, comme un tapis : différentes religions et groupes ethniques composent son visage. Ce tapis avec un ornement unique est un exemple pour le reste du monde sur la manière de lier tous ces différents peuples et religions afin de créer une cellule de société cohésive et énergique. L'Occident devrait suivre l'exemple du modèle unique de la société russe et ne pas permettre à l'intolérance, aux fragmentations sectaires et ethniques de se produire dans des endroits comme la France, l'Italie ou l'Espagne, l'Allemagne, la Grande-Bretagne. »
Selon lui, les médias jouent un rôle particulier dans la propagation de l'extrémisme. L'interlocuteur de Spoutnik s’est mis ensuite à évoquer sa mission en tant qu'ambassadeur saoudien au Royaume-Uni. Le prince a rappelé qu'il parlait avec des représentants britanniques au sujet de certains imams, dans les mosquées de Londres, qui exprimaient des vues très extrémistes sur l'islam et essayaient de l'identifier comme une religion extrêmement radicale, terroriste et sanglante.
« J'ai dit aux fonctionnaires britanniques que ces voix ne devaient pas être entendues à Londres. Leur réponse a été : la liberté d'expression. C'était l'élément fondamental quand ces personnes faisaient leur apparition dans les médias en tant que représentants de l'islam. Et les États-Unis adorent les images sensationnelles de ces personnages qui disent des choses haineuses », a souligné le prince.
Mais comment doit-on se comporter devant le sujet de la liberté d'expression, notamment dans les sociétés américaine et européenne ? Les gouvernements devraient porter attention à ce problème parce qu'ils sont devenus eux-mêmes des victimes, affirme le prince.
« Un moyen consiste à interdire à ces imposteurs de l'islam d'avoir une plateforme dans les médias. C'est un aspect. Un autre aspect, bien sûr, c’est d’assurer une plus grande intégration de ces communautés dans les sociétés européennes et occidentales. [Les réfugiés] font face à des difficultés, à de l’intolérance et à de la persécution par la société. Ils ne trouvent pas de travail et se tournent vers le crime. La plupart des personnes qui ont commis ces attentats en Europe étaient des criminels – des trafiquants de drogue, des voleurs ou des meurtriers », a-t-il constaté.
La visite en Russie du roi d'Arabie saoudite Salmane (Salmane ben Abdelaziz) Al Saoud est prévue pour le 5 octobre, soit jeudi prochain, a déclaré ce matin le conseiller du Président russe Youri Ouchakov. Auparavant, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Joubeir, a déclaré à RIA Novosti que la visite du roi saoudien en Russie serait historique.
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