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314708 avril 2017 – Quoi qu’il en soit des thèses et des hypothèses, des affirmations et des théories sur la frappe US contre la Syrie, il reste que cette opération sanctionne un désastre à la fois pour l’administration Trump, pour la politique US dans un sens (celui que semblait espérer Trump d’un redressement), pour la situation en Syrie et la stabilité générale. La frappe elle-même, quelle qu’en soit la cause profonde et “réelle” (combien il faut se méfier de ce terme), y compris les hypothèses de “rattrapage” (manœuvre de Trump pour tenter de reprendre la main), constitue de toutes les façons une opération catastrophique parce qu’elle sanctionne une perte de contrôle complète de ce qu’il restait de la politique US et l’accélération du désordre, – en Syrie bien sûr, mais on y est habitué, – mais surtout à Washington D.C. et pour toutes les tendances.
Tout cela n’est qu’une introduction qui confirme ce que nous répétons pour notre compte, – notre peu d’intérêt pour la “réalité” de cette opération, – pour en venir à une autre question qui met en cause les erreurs fondamentales de Trump depuis son élection par rapport à ceux qui attendaient de lui un infléchissement créatif de sa politique pour se libérer de la politiqueSystème. Cette “autre question” tourne autour d’une personnalité exceptionnelle, celle de la députée Tulsi Gabbard, qu’on a déjà beaucoup rencontrée dans ces colonnes. Gabbard a été l’une des très rares personnalités politiques, – avec, peut-être, un Rand Paul dont elle est proche, – à présenter immédiatement une réaction réaliste, intelligente et loyale à propos de cette attaque contre la Syrie.
Elle le fait le 6 avril, dans un communiqué fort peu repris par la presseSystème. Elle va au cœur du problème immédiat qui est que cette sorte d’intervention disperse toute possibilité de faire une lumière publique sur l’événement qu’elle prétend sanctionner, – punir “le coupable” avant qu’on sache qui est le coupable, et réduire à néant toute possibilité d’une enquête pour savoir qui est le coupable... Même les anti-Assad ne pourront pas prouver ce qu’il croit être la “réalité” de la culpabilité d’Assad. Gabbard place cette remarque dans le cadre qui convient (illégalité, attraction par quasi-fascination de la politique du regime change, absurdité stratégique, etc.) :
« It angers and saddens me that President Trump has taken the advice of war hawks and escalated our illegal regime change war to overthrow the Syrian government. This escalation is short-sighted and will lead to more dead civilians, more refugees, the strengthening of al-Qaeda and other terrorists, and a direct confrontation between the United States and Russia—which could lead to nuclear war.
» This Administration has acted recklessly without care or consideration of the dire consequences of the United States attack on Syria without waiting for the collection of evidence from the scene of the chemical poisoning. If President Assad is indeed guilty of this horrible chemical attack on innocent civilians, I will be the first to call for his prosecution and execution by the International Criminal Court. However, because of our attack on Syria, this investigation may now not even be possible. And without such evidence, a successful prosecution will be much harder. »
Un lecteur dans le Forum ce 8 avril signale un texte (du 3 avril) apportant d’intéressantes précisions sur Gabbard, lors du voyage qu’elle fit en Syrie au début de l’année. Ces précisions vont dans le sens des hypothèses que nous faisions à l’époque et elles ne font que préciser d’une façon tout à fait évidente le rôle que Gabbard aurait pu tenir, ou qu’elle pourrait tenir dans une administrations Trump où le nouveau président aurait fait ou ferait des choix plus et mieux éclairés de ses principaux collaborateurs.
Nous avons depuis longtemps montré notre sensibilité à cette jeune femme, la députée démocrate de Hawaii Tulsi Gabbard. Quant à ses atouts politiques, il s’agit essentiellement, dans cette époque où le système de la communication régente et règle tout dans le climat général et dans les possibilités des forces plus politiquement dures de s’exprimer, du bénéfice d’une “image” d’une très forte substance ; une “image”, composée par des vérités-de-situation dans sa carrière et ses prises de position, qui éclaire ses capacités d’être un acteur idéal pour la transmutation de la politiqueSystème, dans sa version principale US, en quelque chose de beaucoup plus acceptable et beaucoup plus stabilisant, voire plus radicalement, de restructurant.
Bien entendu, nous écrivons cela, en abordant à nouveau le sujet-Gabbard à la lumière de son déjà-lointain voyage en Syrie, à cause des hypothèses fortement substantivées que nous avions longuement présentées alors d’un rôle important qu’elle aurait pu jouer dans l’administration Trump et du but, confirmé par le texte du 3 avril référencé plus haut, de ce voyage en Syrie, – sur ce dernier point, dans notre texte du 19 janvier :
« Cela [sa visite en Syrie] montrerait aussi qu’il y a une réelle coordination entre Moscou et Washington-Trump dans cette crise, et le choix du 23 janvier pour la réunion d’Astana, deux jours après l’inauguration de Trump, aurait une réelle signification.
» Pour nous, cette intervention de Gabbard, aussi bien en raison de la personnalité que de l’activité de la jeune députée démocrate, est sans aucun doute un signe très important en fonction des événements en cours dans la période. Gabbard a rencontré Trump après son élection. Il avait alors été question d’un poste qui pourrait lui être offert dans la nouvelle administration. Ce voyage en Syrie semble confirmer cette possibilité, tout en offrant une indication extrêmement importante pour l’hypothèse de la volonté de Trump de changer complètement la politique des USA en Syrie, dans le sens d’un rapprochement des positions d’Assad et russo-iraniennes, et d’une lutte claire et affirmée contre Daesh et les divers terrorismes islamistes. »
La personnalité et la puissance naissante de Tulsi Gabbard est un fait politique important à Washington D.C., sinon l’un des plus importants dans la mesure où cette événement transgresse toutes les conventions et étiquettes politiques. Gabbard est une personnalité singulière, de minorités également très spécifiques (née Américaine-Samoane comme l’on désigne aux USA les natifs d’Hawaii, de Guam, etc. [des habitants indigènes des îles du Pacifique]), de religion hindouiste et très versée dans cette théologie, notamment pour avoir présenté au Premier ministre Modi sa propre traduction de textes hindouistes sacrés. Sur sa position politique, nous écrivions d’elle, le 23 novembre 2016, après sa rencontre avec Trump :
« On connaît, on sinon on doit vite apprendre à connaître Gabbard : jeune femme de 35 ans, membre d’une minorité, députée ayant effectué plusieurs campagnes au Moyen-Orient dans le corps médical puis dans celui de la police militaire au sein d’unités de la Garde Nationale d’Hawaii ; démocrate, ayant démissionné en mars dernier du puant et corrompu DNC dont elle venait d’être nommée vice-présidente [en octobre 2015] pour rejoindre le camp Sanders que le même DNC a constamment saboté... On ne peut rêver meilleure alliée de Trump que cette jeune femme qui a tout pour devenir une personnalité charismatique d’ampleur nationale, qui a déjà montré la lucidité de son jugement et la force de son caractère par son opposition déterminée, proclamée officiellement dans un milieu où une telle position invite au lynchage, à la politiqueSystème interventionniste et belliciste, notamment en Syrie où elle s’oppose à toute intervention US contre le gouvernement légitime d’Assad.
» Gabbard, lundi après sa visite à Trump : “J’ai voulu faire connaître mon point de vue [au président-élu] avant que les tambours de guerre neocons nous entraînent dans une nouvelle escalade dans cette guerre pour renverser le gouvernement syrien. [...] Depuis des années, j’ai comme première priorité de contribuer à mettre fin à la guerre interventionniste et de ‘regime change’. C’est la raison essentielle qui m’a poussé à devenir membre du Congrès, — parce que j’ai vu de près le coût de la guerre et les vies sacrifiées à cette politique initiée par les bellicistes interventionnistes et que notre pays a suivi depuis bien trop longtemps. Ceci doit être clair : je ne laisserai jamais la politique partisane interférer dans notre sécurité nationale alors que tant de vies innocentes sont en jeu.”
» Cette femme politique a tout pour devenir l’héroïne d’un mouvement antiSystème à gauche, au sein des démocrates, mettant à nu l’incroyable et obscène contradiction de tous ces progressistes-sociétaux, de toute cette gauche humaniste-extrémiste lancée contre Trump pour faire le travail du Système accouchant régulièrement de guerres de destruction nihiliste du monde, en plus d’accoucher parallèlement de $milliards et de $trillions globalistes pour les 0,1% qu’on sait. »
La visite de Gabbard en Syrie, en janvier 2017, avait évidemment eu un effet immédiat... Du point de vue politique, c’est-à-dire de la politiqueSystème washingtonienne, ce fut à la fois la mobilisation anti-Gabbard et la haine-Système qui annonce le classique processus de “diabolisation”. (The Atlantic signala que le père de Gabbard, sénateur de l’État d’Hawaii, républicain devenu démocrate, est un catholique mais qu’il a a des liens avec « an extreme form of Hinduism that has been called a cult », — donc, déjà une odeur d’extrémisme de droite.) Le voyage ayant soulevé une grande émotion dans l’establishment, dont on connaît la sensibilité de jeune fille dans nombre de domaines, les commentaires furent tous de la forme de la diffamation courante, basée sur la narrative-Système standard anti-Assad, faite des insinuations et interprétations habituelles. « Establishment outraged as Rep. Tulsi Gabbard goes to Syria on fact-finding mission », titra RT ; The Atlantic, déjà cité, titra le plus faussement du monde que « The GOP’s Favorite Democrat Goes to Syria », ce qui permettait de la faire passer pour une traîtresse virant à droite et de préciser encore plus sa position... Gabbard n’est évidemment pas “la favorite du GOP” puisque le GOP-establishment (avec ses meneurs McCain et Graham), aile “droite” du parti unique dont les démocrates sont l’aile “gauche”, est dans la quasi-totalité de son élite-Système type-establishment-corruption aussi hostile à Gabbard qu’à Trump. Pour tous ces gens, outre ses opinions sur la Syrie, Gabbard est condamnable pour avoir démissionné de la vice-présidence du DNC (direction du parti démocrate, ou Democratic National Commission) en mars 2016, c’est-à-dire pour avoir choisi Sanders et refusé la corruption généralisée du susdit DNC.
L’article de The Atlantic du 18 janvier, déjà cité, développait d’une façon assez détaillé l’activité politique de Gabbard, selon une approche qui constituerait le fondement de l’attaque-Système contre elle. On reconnaît, comme cela est souligné dans l’article, les divers points de rencontre avec ce que semblaient devoir être les choix de Trump lors de la campagne USA-2016. On observe également combien cette parlementaire dispose de conceptions extrêmement fouillées et diverses sur nombre de questions de politique extérieure, ce qui en fait effectivement, surtout pour son âge et sa très récente installation comme parlementaire, une exception rarissime au sein du Congrès. Il faut signaler, dans ces détails donnés par l’article, la position très particulière de Gabbard par rapport à l’Inde (son hindouisme), qui impliquerait la recherche d’une plus grande proximité des USA avec l’Inde non basée sur la stratégie et l’expansionnisme US, mais sur une communauté de vision qui embrassse une approche spiritualiste. Rien n’est dit par contre concernant son éventuelle position avec la Russie mais les affinités de ce pays, d’abord avec l’ensemble moyen-oriental anti-islamiste et anti-Saoudien (malgré le maintien de bonnes relations avec les Saoud), ensuite avec l’Inde et le maintien des liens traditionnels Russie-Inde du temps de l’URSS, enfin contre le type-interventionniste de toute politique extérieure, devraient évidemment justifier chez Gabbard une position favorable à l’établissement de bonnes relations avec la Russie.
Voici quelques extraits de l’article de The Atlantic : « The Obama administration and its Western allies have called for Assad’s ouster, and have backed some rebels groups opposed to him in the more than five-year civil war that has spawned a humanitarian disaster. President-elect Trump says the U.S. should focus on the real enemy: ISIS, which is one of many groups fighting Assad. Gabbard holds that view, as well. She recently introduced the Stop Arming Terrorists Act, which would make it unlawful for the U.S. government to support groups allied with and supporting terrorist organizations, some of which are fighting Assad. Still, her visit to Syria, in theory, may constitute a violation of the Logan Act, which prohibits unauthorized individuals from contacting a foreign government that’s engaged in a dispute with the U.S. It’s worth pointing out, however, that no one has ever been prosecuted for alleged violations of the act. [...]
» Gabbard’s worldview aligns closely with Trump’s stated foreign-policy positions: For instance, she says she believes Assad should remain in power while the U.S. targets ISIS (as does Trump). She has praised Abdel Fattah el-Sisi, the Egyptian strongman, who has cracked down on Islamist groups in his own country after a military-backed coup ousted the democratically elected Muslim Brotherhood-inspired president (Trump called him “a fantastic guy.”) She has also lauded Narendra Modi, the Indian prime minister whose political party draws inspiration from Hindu nationalism and some of whose members have been linked to anti-Muslim violence (Trump called Modi a “great man.”) And, much like Trump and his supporters, she has criticized President Obama over his reluctance to calls ISIS an “Islamic” group, saying the president “is completely missing the pointing of this radical Islamic ideology that’s fueling these people.”
» It is for such positions that The Washington Post dubbed Gabbard “The Democrat that Republicans love and the DNC can’t control.” Gabbard is reportedly a favorite of Steve Bannon, the former CEO of Breitbart News who now is the president-elect’s chief strategist. Bannon, who has described Breitbart as a “platform” for alt-right views, which combine white nationalism and economic populism, has praised Gabbard’s views on guns—she supports some gun restrictions, but not others; her alignment with Republican senators on Syrian refugees coming to the U.S.; and, of course, Islamist terrorism. Indeed, Gabbard’s name was not among the 169 Democratic lawmakers who wrote to Trump criticizing his hiring of Bannon. »
En faut-il beaucoup plus pour se convaincre de l’exceptionnalité de cette députée héroïque par ses positions dans la fosse-aux-corrupteurs et la cage-aux-fous qu’est Washington D.C., plus qu’il n’a jamais été, et jusqu’à l’incohérence et à l’absurdité complètes ? La tentative de “diabolisation” doit nous convaincre décisivement à cet égard : dès janvier, le Système avait senti combien Gabbard était une adversaire redoutable, une antiSystème potentielle implacable ; et le fait est que Trump n’a rien su en faire.
Il apparaît donc que toutes nos hypothèses concernant un poste officiel de Gabbard dans l’administration Trump ne se sont pas réalisées. Nous estimons que c’est une des plus graves fautes de Trump, car cette jeune femme aurait pu jouer un rôle-pivot qui aurait permis la mise en place d’une politique extérieure capable de détruire la politiqueSystème qui est développée quasi-mécaniquement, par simple effet d’une dynamique mortifère et entropique, et qui aboutit à cette sorte de situation qui conduit à des événements tels que l’attaque contre la Syrie. Le problème de Trump est son absence de contrôle de tous les constituants de cette politiqueSystème, donc son impuissance à la modifier de l’intérieur ; donc la solution de son problème se trouve dans la nécessité pour lui de chercher des passerelles permettant d’éviter les imbroglios intérieurs paralysants.
On comprend qu’il pourrait y avoir eu des arguments puissants contre la nomination de Gabbard à un poste institutionnel de première importance (secrétaire à la défense ou secrétaire d’État), et finalement la possibilité qu’elle soit elle-même phagocytée par les bureaucraties de ces départements. Ainsi notre hypothèse devrait-elle évoluer, ou aurait dû évoluer vers la réalisation pour la Syrie et le Moyen-Orient de la même opération que Clinton réalisa en 1994-1996 lorsqu’il nomma Richard Holbrooke au poste d’assistant du secrétaire d’Etat pour le Canada et l’Europe et en fit de facto son représentant personnel pour la crise de l’ex-Yougoslavie. Holbrooke obtint avec sa méthodologie personnelle qui comprenait des pressions presque physiques la signature des accords de Dayton en novembre 1995 ; Holbrooke était une sorte de brute, qui avait travaillé notamment dans l’opération Phoenix de la CIA (liquidation sommaire de Sud-Vietnamiens, – jusqu’à 20.000 -30.000 selon le directeur de la CIA Colby devant le Congrès en 1975, – soupçonnés de proximité des communistes)... Mais l’essentiel pour notre propos est que Holbrooke travaillait d’une façon très indépendante de la bureaucratie du département d’État, qu’il avait l’accès direct au président et qu’il avait ainsi autorité sur les autres services et départements US impliqués dans les événements de l’ex-Yougoslavie. Cela lui permit de renverser complètement la situation de la politique US dans cette crise, par rapport aux années 1991-1994. (Holbrooke retrouva à nouveau une position similaire en 2009-2010, comme “Représentant spécial des États-Unis pour l'Afghanistan et le Pakistan”, sous la direction directe d’Obama ; on n’a guère pu juger de son action puisqu’il est mort brutalement d’une rupture de l’aorte en décembre 2010.)
Gabbard n’est certainement et évidemment pas une brute comme Holbrooke mais elle ne manque ni de finesse ni de volonté, avec une expérience militaire importante qui implique une connaissance intuitive de l’“action de terrain” (trois déploiements en Irak au sein de la Garde Nationale d’Hawaii). Ce qu’on lui demanderait n’irait certainement pas dans le même sens que la tâche qu’on assigna à Holbrooke, mais prendrait sans aucun doute la même structure hiérarchique et bureaucratique, – ou plus exactement hors de la hiérarchie paralysante des bureaucraties. Elle constituerait une personnalité idéale pour le rôle de “Représentante” ou d’“Ambassadrice Spéciale” du président pour la Syrie et la zone du Moyen-Orient. Cela permettrait d’introduire un facteur paradoxalement déstabilisateur de l’espèce de “désordre figé” qui existe dans la région, notamment entre le Central Command militaire et la CIA, avec chacun leurs politiques et leurs accointances avec des groupes plus ou moins terroristes, avec parfois des affrontements entre ces groupes ayant chacun leur parrain américaniste. A partir de là, une tentative sérieuse de modifier la politique générale des USA deviendrait possible et elle en serait l’exécutrice idéale.
C’est cette sorte d’initiative structurelle au cœur du gouvernement mais en-dehors des bureaucraties qui permettrait, – ou aurait permis s’il est trop tard, ce qui pourrait bien être le cas, – à Trump de desserrer l’étreinte de la politiqueSystème et de libérer son action politique. Il ne l’a pas fait jusqu’ici avec Gabbard, qui constitue évidemment une personnalité idéale pour cette sorte d’initiative. Pourrait-il encore le faire ? Nous en doutons complètement sans vraiment hésiter, parce que, dans cette sorte de “prise de pouvoir”, de “coup d’État anti-bureaucratique”, il faut aller très vite, parce que la surprise est l’arme essentielle. L’attaque contre la Syrie montre qu’il est déjà presque-“trop tard”, que Trump est prisonnier des structures qu’il a laissées s’installer selon les schémas existants sans comprendre qu’il lui fallait innover, comme d’autres avant lui (Nixon avec Kissinger, Gorbatchev avec sa glasnost et sa perestroïka).
Nous irions jusqu’à penser que Tulsi Gabbard constitue en fait le symbole, et le marqueur décisif du destin de Trump, par sa personnalité, par ses capacités, et aussi par le rôle qu’elle a déjà joué avec Trump. Si le président Trump n’arrive finalement à rien faire d’elle, s’il ne lui vient même pas l’idée ou le projet de faire quelque chose d’elle, s’il ne comprend pas la nécessité de chercher à faire quelque chose d’elle, – et l’on voit bien de quoi il s’agit, – alors, sa présidence est perdue... Ou bien, elle est déjà perdue, si l’on considère que l’on doive parler au passé d’un rôle majeur pour Tulsi Gabbard, comme cela semblerait bien devoir être le cas.
... Ce qui, selon notre habitude, ne nous place nullement dans une position intellectuelle désespérée, puisque l’on sait bien que nous sommes dans l’obligation intellectuelle d’être déchiré entre le souhait que Trump tente de réussir quelque chose contre le Système et la politiqueSystème, et la satisfaction qu’il n’arrive pas à réussir quoi que ce soit de décisif, et surtout pas une America Great Again... L’alternative est, dans ce cas, l’accélération exponentielle du désordre à Washington D.C. et la perspective de l’effondrement selon un rythme évidemment suicidaire... Et alors, paradoxe définitif, sa présidence ne serait finalement pas perdue dans le sens où elle n’aurait pas été en pure perte puisqu’elle aurait participé à la tâche commune et essentielle de destruction du Système ... Peut-être alors que Tulsi Gabbard trouvera son destin ailleurs, par exemple en militant pour la sécession des îles Hawaii et en progressant encore dans l’étude des textes initiatiques de l’hindouisme où elle retrouve bien entendu la source même des théories guénoniennes...
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