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2799Dans le jeu à la fois subtil et truqué qui caractérise la “guerre de la communication” à l’intérieur du monde occidental sur la possibilité d’une guerre contre l’Iran, l’amiral Fallon (commandant Central Command) a franchi un pas important. Il a déclaré, d’une façon publique et irréfutable, qu’il était contre la guerre et qu’il considérait toutes les supputations concernant une attaque US comme très dommageables et très contestables. C’est une attaque directe et violente contre le “War Party” occidental, qu’on peut juger concentré notamment à la Maison-Blanche (essentiellement Cheney et ses soutiens néo-conservateurs). C’est aussi un signe de plus de la parcellisation du pouvoir US. (Cela ne signifie pas l’affaiblissement d’un pouvoir et son remplacement de facto par un autre, — par exemple, le président affaibli remplacé dans son autorité par le Congrès, — mais bien l’éclatement du pouvoir en plusieurs pouvoirs, ou centres de pouvoir, gardant leurs prérogatives et s’exprimant de plus en plus clairement en tant que tels.)
Le Financial Times rend compte, le 23 septembre, de cette intervention de Fallon:
«The head of US forces in the Middle East has warned of the risks of mounting tensions between Washington and Iran, even as President Mahmoud Ahmadi-Nejad and the west square off for a confrontation at the United Nations this week.
»In a partial interview transcript released on Sunday by al-Jazeera, the television news service based in Qatar, Admiral William Fallon, head of US Central Command, gave one of the strongest indications yet that the US military is deeply reluctant to consider military action against Tehran.
»“This constant drum beat of conflict is what strikes me, which is not helpful and not useful,” he told al-Jazeera, according to the transcript. “I expect that there will be no war and that is what we ought to be working for.”»
Fallon serait intervenu avec l’accord explicite, voire à l’incitation de l’amiral Muellen (président du JCS) et du secrétaire à la défense Robert Gates, mais sans consultation de la Maison Blanche. Son intervention est une mesure de la montée de la tension autant que de la détermination des anti-guerres au Pentagone de se manifester d’une façon substantielle et désormais publique, au contraire de la situation avant la guerre contre l’Irak. Cette opposition devient, après l’intervention de Fallon, un facteur fondamental.
Fallon a parlé à Al Djazeera. Connaissant l’hostilité de la Maison Blanche et des neocons pour la chaîne TV arabe, ce choix n’est pas indifférent. Il signifie que Fallon, après une tournée dans le Golfe où il a vu tous les dirigeants arabes modérés, appelle de façon publique ces dirigeants à tenter de bloquer le processus de guerre. C’est une autre circonstance extraordinaire pour un officier US, normalement complètement dépendant de sa hiérarchie civile et soumis à des règles restrictives impératives concernant toute activité politique, surtout extérieure, et surtout sur un tel problème. La situation politique interne à Washington est sans aucun doute extraordinaire. Elle se rapproche de la situation politique interne de Washington, autour de Lincoln, pendant la Guerre de Sécession. Une remarque tout de même : il semble que GW ne soit pas Lincoln.
Mis en ligne le 24 septembre 2007 à 06H45
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