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2155Pour l’instant, il ne s’agit encore que d’une guerre de communication, bien qu’il y ait eu déjà l’un ou l’autre événement qui aille dans le sens du “passage à l’acte” (principalement à Chicago, vendredi dernier, lors de l’attaque d’une réunion de Trump, par des manifestants anti-Trump, aboutissant à l’annulation de la réunion). Il n’empêche, le thème est particulièrement inquiétant et explosif : la perspective du passage d’un phénomène d’insurrection de communication, par la voie des votes et des résultats des primaires jusqu’ici, avec la confirmation de Trump comme grand favori de la course chez les républicains, à la possibilité de véritables émeutes sous la forme d’une insurrection antagoniste chargée du germe de la guerre civile. Bien entendu, cela se passe aux États-Unis où jamais la situation intérieure civile n’a été aussi tendue depuis les grands troubles des années1960, mais cette fois sans but institutionnel cohérent et légal dont la réalisation pourrait conduire à l’apaisement.
(...A moins d’un désistement unilatéral de Trump ou de son assassinat, aucune issue “normalisatrice” n’est envisageable ; encore, ces deux restrictions [désistement et assassinat] sont, à notre sens, potentiellement encore plus explosives que les diverses possibilités présentes.)
En effet, l’attaque par le moyen d’émeutes contre un candidat en tête des primaires pour qu’il ne soit pas désigné n’est pas un but institutionnel cohérent et légal. Il est pourtant répété et répété du côté des groupes démocrates activés par Clinton-Soros, avec une composante raciale explosive ; et, désormais, ces menaces sont accompagnées en sens inverse, depuis deux jours et le Super Tuesday, par des avertissements, sinon des menaces du camp de Trump, d’agir dans le sens insurrectionnel. La différence de ce côté est que la cause est beaucoup plus cohérente : l’insurrection (les émeutes) sont invoquées si Trump, arrivé en tête pour la nomination républicaine, se trouvait face à une “brokered convention” dont les règles seraient utilisées sinon distordues pour empêcher cette nomination.
Quoi qu’il en soit, le résultat est similaire : il se forme deux camps aux motifs divers, que certains voudraient voire racialement divisés pour utiliser le slogan terroriste du racisme anti-noirs en faveur de leur mouvement, que d’autres estiment divisés par l’éventuelle application arbitraire des actes autoritaires et jugés illégaux du Système contre Trump. Et la chronologie est, elle aussi, dysfonctionnelle : certains voient cette insurrection pour l’été prochain, lors des nominations des grands partis, d’autres pour l’élection elle-même, selon ce que serait l’élu. Dans les deux cas, les deux côtés jugent avoir des motifs d’agir ... Cela signifie qu’il n’existe pratiquement aucun cas de figure (étant admis comme la probabilité est évidente que Trump et Clinton arriveront en tête) où la perspective n’est pas celle de l’insurrection. Si ce climat se poursuit et s’amplifie, – et comment pourrait-il en être autrement ? –, on ne doit plus parler d’insurrection mais commencer à parler d’une perspective de guerre civile.
Cela se fait sur un fond où aucune force n’agit dans le sens de l’apaisement. En effet, l’establishment et ses représentants divers, eux qui devraient être garant de l’ordre existant (ordre-Système, cela va de soi), ont largement plaidé la cause de la justification, voir de la légalité de l’action violente contre Trump : légalité de l’action illégale, en un sens. La chose ne date pas de cette seule saison électorale, car il y a beau temps qu’on a perdu le sens de la logique et de l’enchaînement de cause-à-effet dans les commentaires, singulièrement pour la presse-Système. Paul Joseph Watson, de Infowars.com, rappelle en évoquant les critiques de cette presse-Système contre Trump annonçant que des émeutes sont possibles (alors que l’attaque de Chicago a été considérée par la même de la responsabilité de Trump pour ses discours, et non pas de celle des attaquants), d’autres occurrences où l’émeute fut jugée comme un moyen “légal” de protestation : « Trump was quickly blasted by many sectors of the media for invoking the prospect of riots, a sentiment that wasn’t seen immediately after the riots in Ferguson, Missouri, when publications like Time Magazine argued that rioting was a justifiable form of protest. »
Nous examinons et détaillons les interventions des deux côtés qui s’opposent. On verra qu’elles sont à la fois substantielles et significatives.
• Le camp Trump, depuis mardi, ne mâche plus ses mots. S’il le faut, si la convention est arrangée pour écarter la nomination de Trump, il y aura des émeutes [riots] (des partisans de Trump). En 3-4 jours, l’inhibition a disparu : des discours d’apaisement qui suivirent immédiatement les évènements de Chicago, on passe au “discours réalistes” ; mais pas contre les rioters de Chicago (quoique...), mais d’abord contre le Système qui voudrait bloquer la désignation de Trump. Il y a d’abord les déclarations de Trump lui-même, sur CNN le 16 mars :
« Appearing on CNN, Trump said that a brokered convention would spell bad news. “I don’t think you can say we don’t get it automatically,” Trump said, adding“I think you’d have riots. I think you’d have riots. I’m representing … many, many millions of people, in many cases first-time voters … Many Democrats, many independents coming in. That’s what the big story is really.”
“The really big story is how many people are voting in these primaries. The numbers are astronomical.” Trump added. “Now, if you disenfranchise those people, and you say, well, I’m sorry, you’re 100 votes short, even though the next one is 500 votes short, I think you would have problems like you’ve never seen before.” Trump added, referring to the convention delegate count. “I think bad things would happen, I really do. I believe that. I wouldn’t lead it, but I think bad things would happen.” Trump predicted. »
A la suite de ces déclarations de Trump, une de ses rares partisanes dans la presse-Système, Scottie Nell Hughes, de CNN justement, a fait une intervention où elle a estime qu’après tout “des émeutes, ce ne serait pas une mauvaise chose”, parce que ce serait la seule façon pour les partisans de Trump de se faire entendre si leur candidat, lorsqu’il serait majoritaire, ne serait pas désigné par une entourloupette de l’establishment. Elle a ensuite nuancé ses popos en expliquant que “riot” désignait aussi bien une manifestation violente contre l’ordre public qu’une “démonstration extrêmement puissante et variée de quelque chose”, c’est-à-dire “une très importante manifestation d’émotion”. Laissons-là sa sémantique et enregistrons sa déclaration initiale qui sera seule retenue...
« “You have to understand the motivation of the right here. It's not because people aren't getting their voices heard, it's because the people's voice would be ignored in this case. The majority, the plurality, the majority of the population have voted for Mr. Trump. The obvious moves that will be made by the establishment Republican Party to keep him from this nomination, that right there would cause anger and that would be an obvious backhand to all of the people who have been paying attention and have been engaged in this political process,” she said in an interview with CNN's Wolf Blitzer. “So, you know, riots aren't necessarily a bad thing if it means it’s because they’re fighting the fact that our establishment Republican Party has gone corrupt and decided to ignore the voice of the people and ignore the process.” »
Enfin, une autre occurrence allant dans le même sens, pour montrer que l’idée est désormais dans les esprits : si Trump n’est pas désigné par le parti républicain, les choses n’iront pas tout seul... Cette fois de la part de Ben Carson, ancien candidat républicain (le seul candidat Africain-Américain des primaires, les deux partis confondus) rallié à Trump, qui, élaborant sur les déclarations de Trump, précise, toujours à propos de cette question de l’éventuelle non-désignation de Trump : « Je ne sais pas s’il y aura littéralement des émeutes, je pense qu’il y aura un énorme soulèvement dans le parti à ce point... »
• De l’autre côté, on ne prend pas autant de gants. Ceux qui sont sur le devant, ce sont les groupes extrémistes de BlackLivesMatters, directement financés par Soros, cela bien dans la logique de l’aliance Clinton-Soros. Le rappeur Tef Poe, une figure de proue de BlackLivesMatters et un des plus extrémistes et des plus activistes, qui rejettent les méthodes de lutte non-violente de la période de lutte pour les droits civiques du temps de Martin Luther King, prend la chose d’une façon, comment dire, – est-il autorisé de dire “raciste” lorsque c’est aux dépens des “white people” ou bien est-ce tomber dans l’illégalité diabolique ? On verra... En attendant et à l’intention des “dear white people” en question, Poe tweete donc ceci, qui indique que son groupe ira partout déclencher des émeutes, parce qu’avec Trump victorieux, plus aucune loi (sur le respect de l’ordre public) n’a de véritable légitimité : « “Dear white people if Trump wins young niggas such as myself are fully hell bent on inciting riots everywhere we go. Just so you know,” Poe tweeted today. He followed up with another promise: “Trump wins aint no more rules fammo. We’ve been too nice as is.” »
Comme on voit, la connotation de race est essentielle dans ces propos, du côté des anti-Trump. Il serait intéressant de voir ce que signifient ces prises de position, – qui sont d’abord le relais de Clinton-Soros, ne l’oublions pas, – par rapport à The Nation of Islam de Louis Farrakhan, important groupe Africain-Américain à tendance séparatiste, avec un Farrakhan qui a pris position pour Trump il y a quelques semaines, après avoir été initialement défavorable. Quoi qu’il en soit, il existe une importante coalition de divers groupes de tendance progressiste (Africain-Américain ou pas) qui se prononce pour des actions de masse extrêmement significatives, pour dès ce printemps (Democracy Spring).
« With little fanfare and almost no news media attention, some of the same radical groups involved in shutting down Donald Trump’s Chicago rally last week are plotting a mass civil disobedience movement to begin next month. They intend to march across the East Coast in order to spark a “fire that transforms the political climate in America.”
» The operation, calling itself Democracy Spring, is threatening “drama in Washington” with the “largest civil disobedience action of the century.” The radicals believe this will result in the arrest of thousands of their own activists. “We will demand that Congress listen to the People and take immediate action to save our democracy. And we won’t leave until they do — or until they send thousands of us to jail,” the website for Democracy Spring declares, channeling rhetoric from the Occupy movement. »
Ce qui caractérise tous ces désormais très nombreux bruits et projets de déclencher des mouvements de foule, c’est le désordre complet des intentions et des motifs des acteurs. Au contraire, encore une fois, des années fin-années 1950-début-années 1960 où il y avait une opposition nette entre deux groupes dont les engagements s’opposaient d’une façon logique, et qui s’affrontaient à propos d’une législation légale qui constituait une référence d’apaisement possible, on ne trouve ici rien d’autre que des prévisions et des menaces d’actions et de réactions par rapport à des évènements qui font partie d’un processus légal mais totalement contesté et dénoncé parce qu’entaché de ce qui est considéré comme des irrégularités, des injustices insupportables, une corruption complète, etc. ; ainsi, plus aucune référence fixe et légale d’apaisement n’existe.
Les pro-Trump dénoncent par avance le processus de désignation tant celui-ci est annoncé comme entièrement faussaire et donc évidemment illégal, les anti-Trump dénoncent le fait de l’existence et de l’argumentation de Trump, considérés comme “fasciste” (entre autres étiquettes), et donc évidemment illégal. Des deux côtés, si de façon différente, on dénonce l’illégalité d’un processus qui se veut légal et qu’on juge comme devenu illégal pour diverses raisons, ce qui implique qu’on ne considère plus que la légalité a une valeur ontologique impérative. Pire encore, ceux qui, en dernière analyse, devraient représenter la légalité qui maintient l’ordre public sont eux-mêmes partie prenante, à peine en sous-main, derrière ces actions qui mettent en question la légalité elle-même.
Il en résulte qu’on ne trouve plus nulle part quelque chose qui, dans le processus de l’élection, puisse prétendre à la représentation de la légalité elle-même. L’argument du Free Speech, central au Système, est l’objet de facto d’une contestation radicale. Certes, il est probable qu’Obama doit lancer des appels au calme entre deux parties de golf, mais qui dispose encore d’une preuve convaincante qu’Obama existe toujours, et surtout dans ses fonctions de POTUS ?
Nous n’en sommes encore, répétons-le comme nous le disions en début de texte, au niveau de la communication, mais cette épisode de communication permet justement de bien mesurer le blocage complet de la situation et d’échauffer encore plus les esprits, par conséquent d’envisager dans quel tourbillon crisique serait plongée l’Amérique si, effectivement, on passait de la communication à l’action directe. Dans de telles conditions, on peut avancer qu’on serait dans une situation où même les forces de l’ordre, placées devant des situations si contrastées où l’on ne sait plus ce que vaut et où se trouve précisément la légalité, constitueraient un facteur très incertain pour ce qui concerne le sens de leur action. Alors, Gone With the Wind.
Mis en ligne le 17 mars 2016 à 10H45
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