Finalement, Obama…? Oui, mais un FDR botté et casqué, dit Raimondo

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Diable et diantre! A mesure que nous parcourons nos colonnes favorites, s’ajoutent et se multiplient les jugements définitifs et expéditifs, et radicaux, et tous bien argumentés, et tous radicalement différents, et tous d’excellentes plumes, – à propos de notre Saint-Obama dont on sait de moins en moins pour quelle paroisse il prêche et dans quelle croisade il nous emmènera. Quoi qu’il en soit, l’atmosphère est bien celle d’un temps historique apocalyptique, qui est en même temps observé comme un phénomène un peu arrangé, en même temps vécu dans toute son intensité. Cette fois, mais pour aujourd’hui également (sur Antiwar.com), il s’agit de Justin Raimondo. Chroniqueur de tendance libertarienne, politiquement très proche des “paléo-conservateurs” de la droite isolationniste, antiguerre bien sûr, anti-impérialiste, etc.

…Raimondo commence par une longue citation du Zarathoustra de Nietzsche, qui décrit métaphoriquement la révélation de Sils-Maria du philosophe, – l’“Eternel Retour”, que Justin nous restitue sous son titre arrangé de «Back to the Future». Ainsi, dans un raccourci historique épousant l’interprétation du thème nietzschéen transposé en une interprétation cyclique de l’Histoire, Raimondo voit se recommencer, peut-être comprimée en l’espace de quelques mois, le cycle catastrophique des années 1930, du Grand Crash de Wall Street jusqu’à la guerre, en passant par la Grande Dépression et FDR devenu à la fois le “sauveur” de 1933 et le président de l’entrée en guerre de 1941.

«In any case, it's this latter interpretation that fascinates me, these days, because we seem to be reliving the first days of the Great Depression of the 1930s, and war drums are heard in the distance. As the stock market takes another dizzying dive, and the ghosts of FDR, Hoover, and – yes – Hitler return to haunt us, reproach us, taunt us, the madness that overtook Nietzsche isn't hard to understand. To continually make the same mistakes, to stumble over the same ruts in the road, to repeat mindlessly and without the least bit of irony or self-mockery the dusted-off slogans of yesteryear, all to the same tragic and bloody effect – what kind of a nightmare universe are we living in?»

C’est un texte d’une tendance qu’on qualifiera sans difficulté de prophétique. Raimondo y voit, au travers des mesures prises par l’administration Bush pour faire face à la crise, une montée de la tension passant par la prise en main autoritaire de l’économie par le pouvoir central washingtonien, la militarisation de cette économie au-delà de ce qui existe déjà, l’entraînement vers une guerre cataclysmique autour d’un nouveau président à la fois incliné vers cette extrémité autant qu’il est manipulé pour s’y précipiter, – lui-même, ce nouveau président, grain de poussière (“speck of dust”), selon la métaphore nietzschéenne, emporté par la tempête de l’Histoire…

«To my fellow specks of dust, I would issue this warning: you may think that the danger of a destructive war – another world war – is abating, now that we are to have a new President, likely one who is willing to talk and doesn't see Munich in every effort at conciliation. Yet, remember, that he, too, is a speck of dust, albeit one a bit bigger and of more consequence that most. He, too, is carried along by the same forces that drive us all, the winds of Time that blow backwards as well as forward, and carry us to where we've been before….

»We are entering a danger zone, one that is full of hidden minefields, and unless we step gingerly, and carefully, tragedy is ensured. In times of economic uncertainty, such as these, human beings are susceptible to all sorts of malign influences: energized by economic ignorance, disdainful of history, and unconstrained by either morals or common sense, demagogues arise, and a thousand alien ‘isms take root in American soil, flowers of evil luring us with extravagant colors and exotic perfumes. Ideology, like madness, takes hold of human minds, and dehumanizes them quite effectively. As the conservative philosopher Russell Kirk reminds us (in his storied attack on the neoconservatives): “Ideology animates, in George Orwell's phrase, ‘the streamlined men who think in slogans and talk in bullets.’”»

Voilà donc une autre interprétation… Obama en FDR, certes, mais en FDR casqué et botté, celui de 1933 s’intégrant dans celui de 1941, franchissant d’un pas la distance séparant les deux, intégrant les deux dans un raccourci qui est par ailleurs l’histoire vraie de la Grande Dépression, affrontée par FDR dès 1933, résolue par la guerre de FDR à partir de 1941. «President Obama will be in a position to prove his "toughness" in the foreign policy field without having to face much criticism. Indeed, he'll earn praise for, say, confronting Vladimir Putin over Ukraine – “Watch Ukraine,” advised his opponent, and I wouldn't be at all surprised if Obama is indeed watching it. Obama's planned grand scale re-invasion of Afghanistan is already being hailed by yesterday's “liberals” – tomorrow's hawks – as we dig ourselves into a deeper hole than was ever dug in the sands of Iraq.»

Importe-t-il encore de faire une élection le 4 novembre? Obama est d’ores et déjà élu. (“Il se conduit déjà en président”, remarque Justin, qui voit dans le comportement du sénateur de l’Illinois le péché de l’arrogance; critique curieusement tournée en dérision, ou bien assumée avec humour c’est selon, par Obama lui-même, lors d’une grande soirée de détente partagée avec McCain le 15 octobre à New York, où les deux candidats ont joué à se moquer d’eux-mêmes, – et Obama ainsi présenté par CNN.News: «…the Democrat claimed his own “greatest strength would be my humility.” Said Obama: “Contrary to the rumors you have heard, I was not born in a manger. I was actually born on Krypton and sent here by my father, Jor-el, to save the planet Earth,” a reference to Superman.»)

Etrange atmosphère, curieux commentaires (si l’on y ajoute les deux précédents de ce jour dans notre Bloc Notes), à la fois débridés et apocalyptiques, où un libertarien de la vieille droite US est d’accord avec un “socialiste” made in USA et dissident gauchiste anti-américaniste comme Mike Davis sur le destin d’un Obama transformé en chef de guerre, FDR ou pas FDR, plus ou moins contre son gré, plus ou moins avec son consentement. Période bien incertaine, où l’élection est un paroxysme de plus dans une situation paroxystique pour cause de crises diverses et paroxystique chacune, et un paroxysme non pas à cause de son résultat, qui semble n’attendre que sa confirmation des électeurs, mais à cause d’un destin semblant emporter le nouveau président et l’Amérique avec lui vers on ne sait où, – les interprétations varient, – vers on ne sait où pourvu que cela soit un extrême bardé de perspectives terribles. Période bien énervée, semble-t-il, où les nerfs de l’Amérique sont tendus à l’extrême en attendant le “sauveur”…


Mis en ligne le 17 octobre 2008 à 16H45