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28603Avertissement : dans ce Glossaire.dde, nous reprenons un sujet déjà abordé en 2012, comme les événements nous invitent à le faire selon nous. Nous laissons en place l’article du 17 novembre 2012, de façon à ce que le lecteur puisse juger de l’évolution de notre appréciation du concept, des causes de cette évolution, de la forme de cette évolution, etc.
23 janvier 2017 – Nous considérons que les événements actuels, essentiellement sinon exclusivement à Washington, méritent très largement une approche spécifique, non pas nouvelle mais complétée décisivement par l’arrivée à la complète maturité de sa surpuissance d’un concept que nous avons proposé et identifié depuis plusieurs années et qui tient une place de choix dans les références de nos analyses. Pour marquer cette nouvelle et sans doute ultime étape, où cette surpuissance arrive à la maturité en produisant de l’autodestruction, nous transformons l’orthographe du terme décrivant ce concept en nous débarrassant du tiret initial : de “politique-Système” à “politiqueSystème”.
Cette mise à jour correspond à nos yeux à l’évolution décisive de la situation politique initiale. Ainsi pensons-nous que ce n’est pas l’establishment washingtonien qui a vraiment résisté à Trump (il n’a fait que tenter de résister dans la plus extrême confusion) ; si cela avait été le cas, il y aurait eu une résistance plus coordonnée, mieux organisée, voire une élimination physique (les précédents à cet égard ne manquent pas). Il n’y a rien eu de tout cela simplement parce que l’establishment washingtonien, qui se trouve dans une situation de chaos et de décrépitude, n’en a plus la force ; son impuissance face à la montée de Trump devrait continuer à se manifester alors qu’il se trouve au pouvoir. L’establishment (avec ses alliés divers type-“idiots utiles” au second degré, telles les manifestations du courant progressiste-sociétal, de la pseudo-“gauche américaniste”) est définitivement hors-jeu en tant que force organisée et efficace.
Cela ne signifie nullement, bien au contraire, qu’aucune force ne s’oppose à Trump. En fait, le Système a abandonné le faux-nez de l’establishment à la dérive pour transmettre sa surpuissance et intervient directement, en donnant l’essentiel de sa surpuissance à la politiqueSystème. Désormais la force fondamentale qui opérationnalise l’hostilité anti-Trump, c’est la politiqueSystème, c’est-à-dire le Système à ciel ouvert et à découvert, qui perçoit Trump, à juste titre ou pas c’est selon, comme une menace directe et agit en conséquence contre lui. Il s’agit d’une transformation remarquable du champ de la bataille dans la mesure où la politiqueSystème est une force hors de tout contrôle humain, donc une de ces forces extrahumaines, et en terme de puissance (et non de valeur métahistorique) suprahumaine ; c’est une différence considérable, sinon décisive par rapport à l’establishment qui pouvait encore être décrit d’un point de vue des forces humaines, parce que le Système agissant directement n’est plus freinée, comme l’était l’establishment, par la possibilité, la probabilité sinon la certitude inconsciuentes, que sa surpuissance est fatalement destinée à produire l’autodestruction.
Il faut ajouter l’évidence que la politiqueSystème, qu’on avait identifiée au départ, on le verra, selon une analyse classique comme la production d’une pensée humaine, du courant neocon bien connu (puis nocon/R2P en y ajoutant les progressistes-sociétaux interventionnistes), n’a en fait rien à voir dans sa conception avec ce processus politique en tant que tel puisque désormais identifiée comme force extra- ou suprahumaine. A ce point du raisonnement qui autorise des révisions métahistoriques fondamentales, nous pensons que la politiqueSystème a en fait toujours été cela, l’épisode neocon puis neocon/R2P ayant été un label de convenance qui arrangeait le Système pour faire croire à la communauté humaine pro-Système qu’elle avait un rôle de maîtrise et de conception à jouer. En d’autres mots, il apparaît donc que cette “communauté humaine”, alias-neocon/R2P, n’a plus aucun rôle créatif et directeur et qu’il est très probable jusqu’à la certitude qu’elle n’en a jamais eu malgré les narrative produites (neocons & Cie) ; dans tous les cas, cela pour cette période du déchaînement des forces du Système (depuis la fin de la Guerre froid, depuis 9/11) représentant le paroxysme de la situation né du “déchaînement de la Matière”.
Ajoutons un point spécifique qui nous attache encore à la situation de la politique telle que nous la concevons dans sa seule logique rationnelle, mais ce point par simple arrangement tactique pour la dialectique du Système. La politiqueSystème, dont la définition va être développée ci-dessous en donnant l’essentiel de la définition initiale corrigée selon les événements rencontrés depuis, avec l’évolution fondamentale signalée ci-dessus, a trouvé son Ennemi de référence-ultime, que nous désignerions comme l’Ennemi-terminal (Ennemi pour la phase terminale), après divers essais insatisfaisants (Irak, Syrie principalement) ; c’est la Russie bien entendu, et toute la fureur qui se déchaîne contre Trump tient à cette seule annonce d’un changement éventuel de la politique antirusse (antirussiste) des USA depuis février 2014 (“coup-de-Kiev”). (Voir aussi notre texte sur l’“antirussisme”.) Il n’est absolument pas acquis que Trump développe cette politique, qu’il puisse le faire, qu’il veuille le faire, etc., mais cela n’importe pas car tout se passe, selon l’ukase du Système imprimé dans les esprits qui en dépendent par la puissance de la communication, comme si cette politique était en marche ; donc, elle est en marche, puisque le Système et sa surpuissance sont maîtres absolus du jeu et de ses narrative.
Maintenant, faisons à la lumière de la description de la situation de la politiqueSystème à cette époque du début-2017 le retour en arrière sur le texte initial que nous avions donné, qui recevra les modifications éventuelles ainsi rendues nécessaires, – s’il y en a et il y en a, certes... Ce texte est laissé avec la formule avec le tiret (“politique-Système”) là où cela s’impose, et reçoit la nouvelle formule sans tiret (“politiqueSystème”) là où`cela s’impose.
Ce que nous nommons “politique-Système” (devenue politiqueSystème) est un concept qui représente ce qu’on désignerait comme “la politique générale du Système”. Il s’agit d’un phénomène où n’entrent plus en considération les diverses références qu’on a l’habitude de citer pour la politique, ni les spécificités d’une politique nationale, ou d’une politique d’alliance, de zone, etc., – c’est-à-dire les perceptions et les conceptions, les intérêts et les recherches d’équilibre à ce niveau historique, caractérisant des politiques spécifiques. En général, ces “politiques spécifiques” (nationales, etc.) se réfèrent à des principes qui permettent d’établir des références hautes, sur lesquelles peuvent se rencontrer les différents acteurs et partenaires, avec leurs différentes “politiques spécifiques” pouvant trouver justement une communauté de références dans ces principes. Ces politiques tendent à être structurantes dès lors qu’elles se construisent ou se développent selon des principes, qui forment des structures évidentes et vertueuses.
(Bien entendu, nous offrons dans ce cas des définitions complètes et sans restriction ni manquement, des définitions idéales si l’on veut. Il est entendu qu’une très forte dégradation a eu lieu à cet égard, essentiellement ces dernières décennies ou même dans le ou les dernier[s] siècle[s] depuis le “déchaînement de la Matière”, essentiellement dans le domaine des principes, perdus et abandonnés, ou bien déformés et pourvus d’une essence trompeuse [d’une pseudo-essence].)
La “politique-Système” rompt décisivement et sans retour avec tout cela. Elle opérationnalise, dans une “politique” qui devrait être ainsi définie par inversion comme une “antipolitique” ou une “non-politique”, l’absolutisme et le totalitarisme du Système, son homogénéité qui s’obtient par la décomposition des parties qu’il absorbe, notamment la décomposition identitaire et principielle. Cette “politique-Système“ est déstructurante pour celui qui s’y inscrit comme pour celui qui voudrait lui donner forme humaine ; de même, la “politique-Système” elle-même est déstructurante pour les objectifs qu’elle poursuit selon une course mécanique et aveugle, puisqu’elle voit l’ennemi dans tout ce qui est structure, et, au-delà, dans tout ce qui est principe, et qu’elle ne voit par conséquent comme objectif de destruction dans l’ennemi que la structure et le principe. Par conséquent, la “politique-Système” ne répond, selon nous, à aucun des critères d’efficacité habituels pour une politique, elle diffère totalement dans ses buts et ses objectifs. Elle est incompréhensible et absurde encore plus que nihiliste selon notre logique historique habituelle, celle qui a marqué toutes les grandes politiques classiques dans l’histoire, aussi bien les politiques déséquilibrées de conquête que les politiques sages d’équilibre.
La “politique-Système” possède sa logique propre, qui est la logique spécifique du Système. Il s’agit d’une logique déstructurante, qui recherche la dynamique déstructuration-dissolution de tout ce qui diffère du Système, c’est-à-dire la déstructuration-dissolution absolue puisque le Système devrait être, dans l’absolu de sa logique, déstructuration-dissolution lui-même, et de lui-même, jusqu'à l'entropisation absolue. Ce dernier point est essentiel, capital et décisif : la question est en effet de savoir s’il peut y parvenir, s’il ne va pas se détruire (dissolution) lui-même en évoluant vers la déstructuration-dissolution, selon sa logique absolue renvoyant à cette situation. Si la réponse est négative, et sans doute puisque la réponse est négative, comme on en fait l’hypothèse, alors on se retrouve totalement la logique de la dynamique surpuissance-autodestruction.
Il est, effectivement, extrêmement possible, sinon tout à fait probable, que cette réponse soit négative, par le fait même de l’opérationnalité de la “politique-Système” : au plus la “politique-Système” provoque la déstructuration-dissolution, au plus elle se déstructure et se dissout elle-même selon sa logique, au plus elle perd la capacité de provoquer des effets, jusqu’à un point de basculement, ou d’inversion vertueuse, où sa propre déstructuration-dissolution prend le pas sur la déstructuration-dissolution qu’elle provoque (l’autodestruction prend le pas sur la surpuissance.)
(Nous avons envisagé la possibilité qu’un tel point pourrait avoir été atteint, pour la première fois lors de l’affaire de Benghazi du 11 septembre 2012, et nous avions proposé de nommer ce point “point Oméga inverti” [voir le 12 novembre 2012]. Ce constat, considéré à partir d’aujourd’hui en 2017 comme sur le moment, n’impliquait nullement l’établissement d’une situation définitive : il apparaît que le processus de basculement est progressif, avec des à-coups, c’est-à-dire en adoptant l’expression choisie alors, par une succession de “points Omega invertis” ; mais la pente, elle, subsiste et s’accentue dans le même sens, au rythme des “points Omega invertis”. De même, et sur une plus grande longueur historique, il doit être répété et entendu que la politiqueSystème telle que nous l’observons, notamment comme ci-dessous dans son évolution récente, apparaît comme l’étape ultime de nombreux déclins de la politique depuis le “déchaînement de la Matière”. Tout cela doit être nécessairement inscrit dans une continuité constituée exclusivement d’une pente générale vers l’abaissement de la politique jusqu’à son caractère d’antipolitique/non-politique de la politiqueSystème, avec les à-coups, peu nombreux et non-identifiable au début du processus, très nombreux et clairement identifiables aujourd’hui, depuis 9/11.)
C’est en 2009 que nous avons pour la première fois identifié, d’une façon générique et conceptuelle, une politique générale (ou “politique générale de sécurité”, intégrant aspects intérieurs et aspects extérieurs), qui deviendrait la politique-Système puis la politiqueSystème dans notre rangement conceptuel. Bien entendu, la politiqueSystème dans sa phase finale, en tant que telle, était déjà en cours de constitution à cette époque, même si nous la prîmes d’abord comme désignation de la politique spécifique de l’administration GW Bush, c’est-à-dire d’un système de l’américanisme dans sa fraction la plus activiste. (Il faut du temps pour conceptualiser un phénomène en pleine activité.) On sait que cette politique était désignée par celui qui la détailla assez précisément, le premier selon notre identification, comme la “politique de l’idéologie et de l’instinct”. L’inspirateur est donc l’expert américaniste Harlan K. Ullman, et notre texte qui s’y réfère en explorant les premiers aspects de cette “politique de l’idéologie et de l’instinct” date du 29 mai 2009. Effectivement, Harlan K. Ullman décrivait cette politique comme celle de G.W. Bush et de son administration, c’est-à-dire valable depuis le 11 septembre 2001, et il la décrivait implicitement comme une politique de destruction. (Mais la référence s’arrête là : Ullman définit cette “politique de l’idéologie et de l’instinct” comme une catégorie, même extrême, de la politique normale. Il n’évoque à aucun moment la possibilité de ce que nous nommons “politiqueSystème”. Il ne désigne aucun des caractères spécifiques essentiels, tels que déstructuration et dissolution. Sa pensée restait complètement infra-Système, c’est-à-dire sous la domination du Système qui avait alors comme préoccupation primordiale de ne pas être identifié en tant que tel, idem pour sa politiqueSystème.)
Dans l’article référencé, Ullman se demandait si Obama allait suivre la même politique que celle de Bush, en espérant malgré tout qu’il ne le ferait pas, en prévoyant malheureusement qu’il le ferait … Ullman ne se trompait nullement. Au contraire, Obama a renforcé, diversifié, accéléré cette “politique de l’idéologie et de l’instinct”, d’une façon assez curieuse ou très révélatrice, en l’alignant sur la forme essentielle de l’opérationnalité de cette politique, ou, si l’on veut, son absence de forme (sa “forme informe”). Il a réduit ses structures les plus classiques et les plus fermes (celles des guerres de grande envergure, comme l’Irak, celle des stratégies allant avec) au profit d’une action complètement déstructurée d’interventions diverses plus légères, dissimulées et illégales, d’actions aériennes de drones sans pilote et beaucoup plus anonymes, et tout aussi illégales, d’actions relevant de la piraterie totalement étrangères aux lois et conventions internationales, de généralisation de la cyberguerre dont il est assuré que nul ne peut la maîtriser et qu’elle ouvre des vulnérabilités considérables d’entités importantes (comme les USA eux-mêmes) à des forces insaisissables de poids négligeables (comme des hackers anonymes) ; passant ainsi de ce qui est identifiable et compréhensible à quelque chose de plus en plus insaisissable jusqu’à l’incapacité de la compréhension, à une politique et une tactique en voie de dissolution elles-mêmes par le fait de leur forme de plus en plus dissoute, et aussi, par le fait de la manipulation d’elle-même par elle-même (par ceux qui la font) de moins en moins évidente, jusqu’à l’incompréhension complète. Le 16 février 2012, nous analysions un nouveau texte (du 15 janvier 2012) où le même Ullman rendait son verdict tout en restant complètement, dans ses considérations, dans cette zone intra-Système et infra-métahistorique où l’on n’a aucune possibilité de s’approcher de la spécificité du phénomène. Nous écrivions alors :
«A cette époque (mai 2009), Ullman se demandait, avec la suggestion d’une réponse négative, si Obama, [...] allait réussir à se débarrasser de ce fardeau de la “politique de l’idéologie et de l’instinct”, destructrice, déstructurante et dissolvante, héritée de l’ère GW Bush. Aujourd’hui, il confirme cette intuition négative, et au centuple si c’est possible, avec le titre expressif de son article du 15 février 2012 sur UPI : “BHO equals W on steroids!”…»
Cette évolution entre deux politiques qui ne sont que des parties du processus de l’établissement de la politique finale (la politiqueSystème) conduit à établir une situation sans précédent par rapport à ce qui est généralement entendue pour être une politique. Cette approche, encore historique jusqu’au moment où nous passons au domaine métahistorique, peut être rappelée par quelques citations de notre article du 31 octobre 2012. Il s’agit de l’approfondissement de la définition de la mécanique, du fonctionnement de la politique-Système, en partiereprenant en détails ce que nous avons présenté au début de ce texte, avant de passer à une analyse hypothétique de ce que représente cette politique dans la situation générale, de son ontologie, laquelle nous fait passer du domaine historique simple au domaine métahistorique.
«Par rapport à ce qui a précédé (“politique de l’idéologie et de l’instinct”) et qui était perçu comme pouvant après tout disposer encore d’un but et d’une ambition compréhensibles, la “politique-Système de l’idéologie et de l’instinct” a complètement renversé l’ordre du rangement. L’idéologie et l’instinct ne sont plus des forces qui déterminent les buts et les ambitions, – si elles l’ont jamais été vraiment, ce qui est ouvert au doute, – mais des outils au service d’une force essentielle, et désormais exclusive, que nous nommons “politique-Système”. Cette “politique-Système” se développe dans la plus complète indifférence des possibilités et des moyens, des intérêts, de l’équilibre des situations intérieures de ceux qui l’activent aveuglément et sous la pression du Système, c’est-à-dire les directions politiques des différents pays et acteurs impliqués, en général du bloc BAO.
»Cette indifférence de la “politique-Système” pour le reste a permis une évolution dans la position des différents facteurs évoqués (possibilités, moyens, intérêts, équilibre des situations intérieures des pays et acteurs impliqués), par rapport à cette “politique-Système”. La “beauté” (?) de la situation actuelle, dans le chef de la démonstration impérative qu’elle nous offre au travers de la situation peu ordinaire où nous nous trouvons d’une surpuissance en constante activité avec le résultat de perdre avec régularité les atouts dont elle dispose, tient en ceci que l’évolution des circonstances, notamment les crises intérieures, a fait que ces possibilités, ces moyens, ces intérêts, cet équilibre des situations intérieures sont devenus complètement contradictoires de la “politique-Système” telle qu’elle se développe et, par conséquent, absolument saccagés par elle. […]
»La “politique-Système” (la “politique-Système de l’idéologie et de l’instinct”) ne peut mieux se définir que comme un piège qui s’est refermé sur les pays du bloc BAO, unis dans un ensemble corseté de perceptions et de conceptions elles-mêmes étroitement tenues ensemble pour ne recevoir qu’une seule sorte de communication. Tous les pays du bloc BAO sont peu ou prou touchés par cette “politique-Système”, et non pas contraints d’y participer. Dans le chef de chaque direction politique, il y a comme une incapacité et une impuissance, à la mesure d’une pathologie de la psychologie, à vouloir envisager autre chose que d’y participer alors que les enseignements bien compris, les jugements équilibrés et les chiffres, autant que l’intuition quand il y en a, disent qu’il s’agit d’une politique catastrophique à la fois pour le pays et l’ensemble des pays. (Lorsque nous disons “incapable de vouloir…”, nous parlons bien de volonté, dépendant de la perception et de la psychologie, et du jugement. Nous évoquions récemment le cas démonstratif des USA, au travers des propos du philosophe-Stratfor George Friedman faisant équipe désormais avec Joseph de Maistre [voir notre texte du 15 octobre 2012].
»On connaît certaines des forces spécifiques qui entrent dans la constitution de cette force générale de la “politique-Système”: les bureaucraties, le système du technologisme avec les pressions des divers groupes producteurs et utilisateurs de technologies, notamment d’armement et associés, le système de la communication, avec les groupes de pression idéologique qui gravitent autour, les groupes de démonstration jusque dans la presse-Système et le show-business (bouffons type-BHL) qui réverbèrent ces “opinions”, etc. Mais en détaillant cela, nous ne faisons que détailler une mécanique, car toutes ces forces constitutives sont mécaniques, sans rien comprendre à ce qu’elles font, ni pourquoi elles le font, et dépendant dans leur flux d’une fatalité mécanique.»
D’un point de vue opérationnel, on dira que cette politiqueSystème se manifeste sous la forme d’une politique expansionniste et maximaliste, qui a perdu tout sens selon les intérêts et la stratégie de son expansionnisme et qui n’est plus animée que par son maximalisme (sa surpuissance) : l’esprit de conquête, qu’il soit géographique, d’influence, de pression ou d’agression illégale, ne répond ni à la logique des intérêts ni à celle de la stratégie, mais à l’affectivisme de l’hybris, – car lorsqu’il est isolé et exclusif comme sentiment-moteur, l’hybris n’a plus aucun rapport ni avec la pensée ni avec le caractère, et tout à voir avec l’affectivisme qui peut être ainsi apparenté à une démence.
Les effets de ce maximalisme se manifestent sous la forme exclusive de la déstructuration et de la dissolution. Aucune attention n’est portée à la situation intérieure des différents acteurs (des différents pays) participant à cette politique (en général les pays du bloc BAO), qui deviennent de plus en plus des figurants passifs, sans volonté et sans autre attitude qu’agréer à la poussée de la politiqueSystème. Cette occurrence est d’autant plus grave que ces acteurs-figurants (les pays impliqués) ont tous des situations intérieures catastrophique dans la situation générale depuis l’automne 2008.
Si l’on veut schématiser cette politiqueSystème, nous dirions que c’est une flèche (figurant l’aspect expansionniste) qui a perdu tout sens tout en conservant sa dynamique exprimée graphiquement par sa pointe extrêmement acérée. La flèche, avec sa pointe au bout d’un fût normalement droit, et dirigée vers un but précis, – éventuellement la phase figurée par la première “politique de l’idéologie et de l’instinct” de GW Bush, de 2001 à 2007, – a donc changé de forme ; elle s’est déformée (ou reformée, c’est selon) dans le chef de son fût, en une spirale, un tourbillon permanent, qui devient de plus en plus un trou noir en passant de la surpuissance à l’autodestruction, – la phase à partir de 2008, où la politiqueSystème a dispersé violemment toutes ses attaches identitaires en se détachant, à notre sens décisivement, du seul support américaniste et en s’élargissant aux pays du bloc BAO qui forment la substance opérationnelle du Système. La pointe “extrêmement acérée” de la flèche constitue la dynamique initiale de la surpuissance expansionniste, mais sa forme (son fût) puis sa trajectoire changées en un chaos tourbillonnant l’entraînent irrésistiblement vers son autodestruction.
Bien entendu, cette chose ne répond en rien, dans sa substance fondamentale, à une véritable politique. Elle est une réplique et une dynamique quasi-exclusivement opérationnelle, et à peine explicitée politiquement d’une narrative à mesure, du Système ; lequel est lui-même une réplique beaucoup plus politique, selon des narrative beaucoup plus élaborée jusqu’au simulacre d’une sorte de foi religieuse (le caractère même de l’hyperlibéralisme), mais néanmoins également opérationnelle à son niveau, du phénomène qui guide notre réflexion, qui est le “déchaînement de la Matière”, à la jointure des XVIIIème et XIXème siècles. Si l’on prend la perspective inverse, on voit que le “déchaînement de la Matière” s’est opérationnalisé en un Système, lequel produit effectivement, dans sa phase finale, cette politiqueSystème supplantant tout le reste en une débauche de surpuissance. Cette surpuissance est telle qu’elle paralyse les acteurs-figurants de la politique-Système ayant la consistance de zombies-Système à la psychologie dévastée et leur interdit la moindre réflexion sur l’action en cours. (La paralysie totale de l’intelligence analytique des dirigeants politiques du bloc BAO depuis la crise syrienne, avec la crise ukrainienne et parallèlement la crise européenne, puis avec la crise américaniste [Trump et USA-2016], est une donnée si écrasante de la politique générale du monde qu’il n’est nul besoin, ni de la démontrer, ni d’en faire le sujet d’une discussion, ni finalement de s’y attarder. Le flux surpuissant de la politiqueSystème fait l’affaire.) Pour cette raison, nous disions plus haut que la politiqueSystème est incompréhensible selon les normes politiques. Elle constitue la représentation opérationnelle d’une force étrangère à l’arène politique, au cadre historique et à l’entendement rationnel humain, une force étrangère à notre monde tel que nous le percevons, à peine maquillée en “politique“ comme un grossier faux-nez pour pouvoir figurer dans cette arène mais sans s’en expliquer, ni de sa présence, ni de ses buts. (D’ailleurs qui, parmi les acteurs-figurants historiques habituels, – les directions politiques du bloc BAO, – songerait à l’interroger ? Comme on l’a vu, ils sont intellectuellement paralysés et, d’une certaine façon, tenue sous la complète fascination du phénomène.)
Pour appréhender la politiqueSystème, il faut quitter le cadre historique normal et accepter une approche métahistorique qui, seule, fournit la clef de la compréhension de la substance et du rôle de la politiqueSystème. Il s’agit du développement d’une force dont les effets ne se situent plus dans les conditions historiques normales, – domaine où cette force sème le chaos indistinct, frappant aussi bien les structures qu’elle agresse que celles des figurants (les pays) qui participent à sa course, que les siennes propres,– domaine où elle est effectivement incompréhensible.
Il est évident que la politique-Système n’est pas une catégorie politique mais un phénomène qui prend l’apparence de la politique, pour mieux réaliser une fonction qui est essentiellement la négation de toute politique équilibrée, notamment de toute politique souhaitable parce qu’appuyée sur des références principielles. La politiqueSystème est le visage politique et opérationnel de l’action ultime du Système, dans sa phase finale surpuissance-autodestruction. C’est par conséquent un phénomène daté, limité dans le temps, affecté à une mission précise.
Mais nous parlons là d’un facteur métahistorique intervenant sur la scène historique courante, – pour ceux qui croient encore à l’existence d’un tel phénomène (“scène historique courante”) d’ores est déjà en voie de pulvérisation par dissolution. Il doit fermement être entendu, par conséquent, que cette description et cette définition concernent exclusivement une hypothèse fondamentale que nous faisons, qui s’appuie sur notre conviction et sur ce que nous estimons être le fruit d’une intuition haute. Cette précision n’est en aucune façon une restriction objective par rapport à l’élément spatio-temporel historique, ou perçu du seul point de vue historique. Nous jugeons que, dans cette époque telle qu’elle s’est imposée depuis 1989-1991 et surtout depuis 2001, telle qu’elle a accéléré depuis 2008 en une formidable contraction du Temps qui fait qu’on peut parler d’une “époque” pour quelques années de durée, la réalité dans sa perception humaine a complètement disparu du domaine historique, de ce qui pouvait être présenté auparavant comme l’évidence d’une sorte d’objectivité du monde : il n’existe plus aucune objectivité dans le cadre que nous trace le Système. Cela ne signifie en aucune façon que l’objectivité (la vérité, ou vérité-de-situation) n’existe pas (plus), mais plus évidemment qu’il faut aller la chercher ailleurs, hors du cadre historique conventionnel qui est pour l'instant sous l'empire totalitaire du Système ; la chercher et la trouver dans la métahistoire et dans la référence du Principe. C'est là que notre hypothèse trouve sa source, sa cohérence, sa cohésion, sa force par définition principielle.
Dans ce cadre ainsi tracée et définie se situent ce qui a toutes les chances d’être le chapitre ultime de l’aventure de la politiqueSystème, en même temps que du sort du Système lui-même, et qui justifie que nous observions à nouveau ce phénomène (la politiqueSystème) déjà abordé dans cette rubrique Glossaire.dde.
Les destructions de type déstructuration-dissolution par la politiqueSystème des entités agressées se sont faite de façon “classique”, même si selon des méthodes postmodernes et le simulacre de l’humanitarisme suggérant les narrative à mesure, notamment depuis 2001 et surtout depuis 2009-2010, après la crise financière de 2008 à partir de laquelle s’est formée l’entité nouvelle du bloc-BAO. (On parle ici de diverses agressions, de l’Irak et l’Afghanistan en 2001-2003 à la Libye, à la Syrie et à l’Ukraine en 2010-2004.) Cela a permis de renforcer et de faire subsister l’illusion, chez les sapiens qui continuent à la servir, que cette politiqueSystème était de nature historique et avait des buts et des objectifs à mesure. Cet acquis ne garantissait évidemment rien d’autre que la pérennité de l’aveuglement complet de dirigeants qui, par ailleurs, sont d’une psychologie trop affaiblie pour réagir d’une façon ferme, même en connaissance de cause ; et d’ailleurs avec l’esprit trop fermé pour pouvoir envisager précisément la recherche de la “connaissance de [la] cause”, c’est-à-dire la politiqueSystème telle qu’en elle-même, du point de vue métahistorique.
Mais les événements ont très vite progressé, grâce surtout au système de la communication, et la tromperie de la politiqueSystème par rapport à la rationalité historique de l’activité dite-“classique” est apparue aux observateurs indépendants de façon fondamentale quoique indirecte et dissimulée, – du fait que la destruction des structures de ses propres composants par la politiqueSystème s'est faite et se fait indirectement et par effets induits. Il y a le cas fondamental des USA entre 2001 et 2016, qui à lui seul résume le succès (surpuissance) et l’échec (autodestruction) de la politiqueSystème. Les déstructurations psychologiques et sociales aux USA dues aux effets intérieurs des guerres-Système menées par ce pays, jusqu'aux séquelles pathologiques des vétérans et aux craintes obsessionnelles des courants migratoires ; les conséquences budgétaires dans un climat de corruption totale par abandon des références principielles, qui suscitent et favorisent les crises financières dévastant diverses catégories sociales et déstructurant l’économie réelle du pays ; les conditions d'un système politique absolument inverti par son allégeance au Système permettant la création des circonstances favorable à une opportunité de type populiste, avec la montée puis l’élection de Trump, avec la crise USA-2016 ; tout cela déclenchant ainsi une guerre interne fratricide, une “guerre civile des élites-Système” endommageant très profondément et jusqu’à la menace de la destruction des structures du pouvoir américaniste qui est la principale force du Système activant la politiqueSystème. Actuellement, nous nous trouvons au point de rupture, où la crise de déstructuration et de destruction du pouvoir de l’américanisme (autodestruction) dépasse désormais très largement en effets déstructurants les attaques “classiques” (surpuissance) d’entités extérieures dont le nombre s’est réduit considérablement par le fait même des guerres d’agression réalisées, et d’ailleurs avec ces guerres se heurtant de plus en plus à des résistances impossibles à vaincre (Syrie, Ukraine). On peut alors considérer l’hypothèse que c’est parce que la politiqueSystème ne trouvait plus assez d’“aliments“ extérieurs pour son activité déstructurante qu’elle s’est retournée contre le pouvoir de l’américanisme, dans un mouvement surpuissance-autodestruction semblable par la symbolique à l’acte supposé du scorpion qui se pique mortellement lui-même.
La politique-Système ne peut être comprise par conséquent que par rapport au Système dans la mesure extrêmement stricte et précise où l’on envisage celui-ci comme la création du “déchaînement de la Matière”, pour sa propre opérationnalité. On se trouve alors devant un projet, cette politiqueSystème, dont le but se confond avec ce “déchaînement”, et qui se traduit par la recherche d’une entropisation totalitaire du monde, c’est-à-dire la destruction de toutes les structures de façon à permettre l’accélération de la dissolution jusqu’à l’état d’entropisation, jusqu’à attaquer ses propres structures puisqu’elles sont les seules à subsister intactes. En toute logique, la politiqueSystème qui est aujourd’hui en pleine opérationnalisation explosive du passage vers l’autodestruction doit illustrer, peut-être précéder plus que suivre, le destin métahistorique fondamental du Système lui-même, c’est-à-dire avec cette opérationnalisation atteignant l’extrême de sa superpuissance et, en même temps, se transmutant dans une dynamique d’autodestruction. Les signes événementiels de ce destin dans le cadre où nous évoluons sont désormais évidents sinon décisifs, comme on l’a vu plus haut avec la crise USA-2016 qui doit se poursuivre sous diverses formes exotiques, notamment avec des effets psychologiques extraordinaires (voir le diagnostic “leurs têtes vont exploser” emprunté à Charles Krauthammer).
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