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728013 décembre 2018 – Nous proposerions bien volontiers que l’expression fameuse de “la théorie du complot”, découverte à l’occasion de 9/11 avec moult cris d’orfraie par tous les plumitifs-Système et zombieSystème du zoo de nos élites, et tenue depuis 9/11 comme le péché fondamental de tout ce qui est ou paraît antiSystème, soit remplacée de façon plus décisive par, l’expression “narrative du complot”. Cela oindrait ainsi le “complot” de la forme-informe du simulacre convoquée pour décrire la “société liquide” et les “systèmes gazeux” qui caractérisent notre postmodernité, en même temps que sonnerait le tocsin d’une narrative de complot devant l’ombre de la “Bête Immonde”, numéro d'immatriculation-666 revu par des Gilets plutôt bruns que jaunes.
Car aujourd’hui en effet, il importe absolument d’insister là-dessus et si on ne l’a pas remarqué on devrait y songer, il se trouve que les élitesSystème et les direction-Système sont les plus grosses consommatrices de “complot” ; non plus sous forme de “théorie” mais bien sous forme opérationnelle, et l’on connaît bien les grands domaines d’exercice de cette nouvelle fonction ; que ce soit le Russiagate et l’antirussisme, l’alerte auxFakeNews ou la censure maquillée en vertu postmoderne de défense des “valeurs”, et plus récemment oserions-nous risquer, que ce soit les Gilets-Jaunes eux-mêmes, – tout cela n’est que “complots” sans fin dénoncés par le Système, produits par lui, débités comme sur une chaîne automatisée qui cracherait ses smartphones et ses I-phones. Le Système vit au rythme oppressant du “complot” systématiquement décrit et débusqué chez l’ennemi et dont il est la tendre et virginale victime, – que ce soit, pour ce qui est du comploteur et qu'importe d'ailleurs, – que ce soit le Russe, le Deplorable ou le Gilet-Jaune, Bannon, Assad, l’hyper-ultra-droite du samedi, éventuellement et s’il le faut Hitler lui-même...
Comme on l’a compris à telle et telle allusions, la crise des Gilets-Jaunes n’échappe aucunement à la règle, et sans aucun doute on l’a vu comme une lueur aveuglante, presque le bouquet d'un feu d'artifice, lors de la dernière semaine précédant le “quatrième samedi”, soit le 8 décembre. Il ne fut question que d’état d’urgence, du déploiement de forces de l’ordre jusqu’à des unités militaires, d’un pouvoir en état de siège, tout cela en raison de rumeurs de plus en plus effrayantes et précises de tentatives de coups d’État, d’attaque révolutionnaire et séditieuse contre l’Élysée, etc., et ces bruits contre lesquels les autorités se gardèrent bien d’opposer quelque démenti que ce soit... Au contraire, la chose avait été bien préparée par diverses interventions officielle, où les GJ étaient traités de “factieux” et leurs gilets identifiés comme “bruns” plutôt que “jaunes”. On aurait trouvé toutes ces traces des orages catastrophiques à venir sur un succédané du site d’Alex Jones qu’il y aurait eu un hurlement collectif des élitesSystème pour obtenir sa tête, à ce propagateur de la “théorie du complot”.
Pour illustrer ce cheminement, voici un texte de Arnaud Benedetti, sur Figaro-Vox du 10 décembre, sous le titre de « La colère des “gilets jaunes” suscite la “grande peur des bien-pensants ” dont parlait Bernanos »... Dans ce cas, le complot se nomme storytelling, et bien entendu il est le fait du gouvernement par le biais de sa communication, avec l’aide des élitesSystème à la manœuvre médiatique. L’art (?) consiste à “comploter” par la “com’” l’existence d’un complot contre soi (soi, c’est-à-dire l’État macronien, ce “l’État c’est moi” de Macron) ; un “complot” où les GJ aura éventuellement leur part nous abstenons-nous de dire à haute voix, peut-être/peut-être pas en tant que “comploteurs”, dans tous les cas en tant que “facilitateurs de complot” ; pour mieux contempler le soir du 8 décembre et au bout de 89 000 policiers, gendarmes et CRS, et pouvoir enfin proclamer : “Voyez ce que notre habileté extrême et notre vertu démocratique dans l’art de protéger La-République nous a évités puisque nous voici tous, sains et saufs.. N'oubliez pas de bien voter, en mai prochain”.
Benedetti : « Monsieur Castaner ce samedi soir [8 décembre] était un homme heureux. Sans doute pensait-il avoir sauvé la République alors qu'il n'avait que sauvé momentanément la face d'un exécutif qui n'en finit pas de s'entortiller dans la crise des Gilets jaunes. Le storytelling était simple: par absence de sang-froid ou volontairement, les pouvoirs publics déclinaient avant cette journée du 8 décembre un discours explicitement alarmiste. Ce n'était pas seulement l'ordre public qui était en jeu, mais bel et bien l'architecture républicaine dans son ensemble. Depuis trois semaines au demeurant, le ministre de l'Intérieur s'est fait le chantre d’un récit anachronique qui vise à appliquer des grilles d’interprétation historique qu'il maîtrise mal à une situation qu'il ne comprend pas. Non seulement la République n’est pas en danger, mais peut-être se réveille-t-elle avec le retour à l'engagement citoyen, désordonné certes, brouillon sans doute, mais forcément créatif, de nombre de nos compatriotes à qui l’on comptait chichement la légitimité de l’expression. Ce surgissement soudain est la figure de ce que le grand Bernanos, revenu de tout sauf de son extrême lucidité, appela en son temps “la grande peur des bien-pensants”.
» Adossé à cette dernière, le ministre de l’Intérieur est venu, au soir de l'acte IV de la mobilisation “giletiste”, présenter un bilan un tantinet auto-satisfait d'une journée qui pourtant se solde par des dégradations supérieures, tant à Paris qu'en province, à la journée du 1er décembre. Le format communicant, stratagème dont le cynique fondateur des relations publiques Edward Bernays n’aurait pas renié le ressort, jouait du contraste entre la sur-dramatisation annoncée en amont de l’événement et sa perception immédiate qui laissait étrangement supputer que la situation était presque sous contrôle. La com’ du pouvoir visait d'abord et exclusivement l'immédiat, à impacter la fièvre du “tout-info”, en s'efforçant d'imposer sa représentation du théâtre des opérations. Tout l’enjeu consistait à délivrer une interprétation des événements qui puisse signifier que la gestion de l’ordre avait permis d'échapper à une quasi-insurrection. Il y avait là de quoi redonner un peu d'oxygène à un exécutif, qui, quelques jours auparavant, avait reculé en abandonnant la hausse des taxes sur le carburant pour 2019. Cette petite victoire, Castaner et le Premier ministre l’ont mise en scène afin que dès les premières heures post-manifestations s’installe et s’instille une tonalité générale qui les crédite de cet étrange succès. Mais les bénéfices médiatiques ne résistent pas à l'heure des réseaux et de l’info en continu, à la pression du réel qui vient tester, fouiller, et si besoin démentir le récit officiel. Les images des rues de Paris et d’autres villes de Province ont eu vite fait de contredire l'irénisme de Beauvau. Plus que jamais, la com’ s’est fracassée sur la résistance de la réalité. En moins de 24 heures, nonobstant la lecture optimiste du pouvoir, un autre angle, moins heureux, s'est imposé, confrontant l'éphémère “réussite gouvernementale” à un terrain qui lui renvoyait les cicatrices d'une folle journée. La misère de la com’ ne masquera jamais le désarroi du politique. »
Dans le cadre du narrativisme, qu’on pourrait aussi désigner “fictionisme” sous certaines conditions, et qui est la principale activité, quasiment la doctrine fondamentale de fonctionnement du pouvoir par le moyen de sa principale capacité de puissance qu’est la communication, cette narrative du complot chez l’autre, de la part de l’autre, de toutes les oppositions et de toutes les dissidences, est la démarche essentielle de ce pouvoir aujourd’hui.
(Citons PhG, extrait du Tome-III de La Grâce, en cours d’élaboration, pour simplement préciser l’allusion au “fictionisme” et mieux apprécier le sens que nous donnons au narrativiste, qui ne cesse de se renforcer depuis que nous l’utilisons massivement [voir le déterminisme-narrativiste, identifié à l’occasion de la crise ukrainienne] : « La situation d’à partir de 2014 n’est plus du relativisme, même très pur et à haut degré de substance, c’est une sorte de parabole ou d’enfant naturel du “fictionisme” (dans le sens de “l’utilisation de technologies de diffusion rapide de faits, dans le but de créer une histoire fictive de la réalité”) ; cela devient dans mon cas, à cause de l’emploi que je fais du mot narrative (en anglais), du “narrativisme” avec une définition équivalente mais une destination toute autre, où toute la puissance de la communication se déploie : le fictionisme est destinée, selon la définition vertueuse, à développer une œuvre d’art ; le narrativisme a pour mission de fabriquer du simulacre détaché de tout lien avec le réel et ayant une fonction idéologique bien précise dans le cas que j’envisage.
« (Pour autant, je soupçonne qu’il s’agit de la même boutique, je veux dire que je soupçonne le fictionisme d’aboutir au même résultat : c’est l’esprit de l’Art Contemporain [A.C.] qui suggère la définition qu’on a vue. L’A.C. est de la même boutique que le “coup de Kiev” et autres gâteries du genre.) »)
Cela ne signifie pas que les théories du complot de la tendance au complotisme n’existent pas, également hors du gouvernement, notamment chez les antiSystème ; certes pas, nous en avons d’une façon suivie, quotidiennement notre dose... Ce qu’il importe de constater pour notre compte parce que c’est le fait le plus remarquable et le plus significatif, c’est que le “complotisme” fleurit désormais, d’une façon visible sinon criante, essentiellement chez ceux qui dénoncent le complotisme, et notamment les pouvoirs et gouvernements des pays affirmant haut et fort les valeurs des démocraties libérales et de l’activité économique dite “néo-libérale”.
Ainsi peut-on lire une réflexion qui développe ce thème dans un extrait (la conclusion) d’un texte de Caitlin Johnstone, de Medium.com, du 10 décembre 2018, dont le titre ne dissimule nullement ses intentions : « Les plus zélés utilisateurs de la théorie du complot sont la presseSystème et le département d’État. »
« Les théories du complot, en réalité, ne sont rien d’autre que des tentatives des gens pour expliquer ce qui se passe dans leur monde. Pourquoi Trump a été élu. Pourquoi les choses restent chaotiques malgré nos tentatives parfaitement rationnelles de les changer. Pourquoi le vote ne semble pas faire beaucoup de différence dans les comportements réels de son gouvernement. Pourquoi nous continuons à nous lancer dans des guerres stupides, dans la dystopie orwellienne et dans l’effondrement du climat en dépit de tout ce qui nous incite à ne pas le faire. Pourquoi les plus riches parmi les riches continuent de s'enrichir alors que tous les autres s'appauvrissent. Certaines tentatives [désignées “théories du complot”] pour expliquer ces choses viennent de milieux bien informés et intellectuellement honnêtes, d'autres de milieux douteux et intellectuellement malhonnêtes. Leurs mérites individuels ne peuvent être évalués qu'au cas par cas.
» A mon avis, les théories du complot émanant des institutions dirigeantes les plus puissantes du monde sont de loin les plus malhonnêtes. J'ai récemment lu dans un compte Twitterde WikiLeaksque les médias [de la presseSystème]étaient décrits comme “une entreprise systématique de fabrication de narrative [entreprise narrativiste]se faisant passer pour une entreprise d’information sur l’actualité du monde” ; c’est une définition parfaite. La vraie puissance dans le monde aujourd’hui n’est ni l’or, ni l’appareil bureaucratique, ni même la force militaire brute ; c’est le contrôle de la narrative. La capacité de contrôler les nouvelles acceptées et diffusées par les gens sur ce qui se passe dans leur monde signifie la capacité de contrôler leur façon de penser, leur vote, leur comportement et leur accord sur la façon dont l’argent et le pouvoir lui-même opèrent dans notre société. Puisque la société est faite de narrative, contrôler la narrative c'est contrôler cette société.
» Les théories du complot donnent aux détenteurs du pouvoir la capacité de manipuler la narrative sans communiquer au public des faits et des preuves tangibles. Les institutions les plus puissantes du monde s’appuient de plus en plus sur les théories du complot, car elles n’ont ni faits ni preuves. Et pourquoi ne le feraient-elles pas ? Le même pouvoir qui a persuadé le monde de détruire l'Irak est évidemment beaucoup trop dépravé pour pouvoir justifier son hégémonie mondiale par des preuves factuelles. Tout ce qui leur reste, c’est le contrôle de la narrative et ils commencent même à perdre cela. »
Cette tendance irrésistible à utiliser l’arme du complotisme se comprend parfaitement dans le cas de Macron et de sa bande, tel que l’interprète Benedetti, précisément à la lumière de son livre de janvier 2018 sur Macron : Le coup de com’ permanent, – titre renvoyant bien entendu à celui de Mitterrand de 1964, Le coup d’État permanent, par conséquent Macron “renvoyé” à de Gaulle, etc. Benedetti cite un extrait de ce livre fameux, un jugement de Mitterrand, sans trop dissimuler la différence de format, c’est-à-dire l’ironie qu’il y a à propos des “dimensions” évoquées par Mitterrand-auteur :
« François Mitterrand, combattant d’une plume brillante et acérée une conception toute personnalisée du pouvoir, dont il fit son miel par la suite, y décelait la pente naturelle de ceux qui ne veulent voir dans l’art de gouverner que la geste d’hommes d’exception :
» “Ainsi va la France ‘personnalisée’. Je connais des Français qui s’en émerveillent, qui ne sont pas choqués de voir leur Patrie réduite aux dimensions d’un homme, [fussent-elles] de belle envergure, et qui se réjouissent d’avoir renoncé à exercer pleinement leurs droits de citoyens responsables”. »
Certes, avant même d’avoir lu l’essentiel du livre, qui est à venir (la citation est page 28 sur 126) et qui décrit une entreprise de construction selon un simulacre absolument évident, difficile à délimiter dans sa forme et ses dimensions comme tout simulacre, circonstance diaphane, de pure communication, la citation pourrait sembler avoir sa place, – jusqu’à ce terrible « [fussent-elles] de belle envergure », – puisque nous-mêmes, lecteur, réalisant qu’il s’agit des “dimensions” de De Gaulle et que nous avons Macron, et aussitôt un hoquet de rire presque nerveux qui interrompt votre lecture à l’idée de cette comparaison et d’un Macron se référant à de Gaulle. Le livre décrit en effet, en décrivant Macron, ce qu’on pourrait désigner comme un “imposteur d’être”, selon l’idée d’une sorte d’“imposture d’humanité” ; une construction techniquement toute en ondes, en impulsions électriques et numériques, en simulations de simulacres, en montages de Meccanos divers ; et essentiellement, et continuellement, une réalisation de pure communication, avec les maniement dialectique et les “éléments de langage” répétées jusqu’à la nausée – et le résultat serait Macron-en-président (« du temps où l’on croyait encore que Macron existait » ajoute aimablement Emmanuel Todd)....
Ainsi la vérité (vérité-de-situation), vous apparaît-elle à l’esprit, à défaut de réalité, après que vous ayez raisonné concernant l’existence et l’emploi du complotisme des élitesSystème et des gouvernements qui les représentent et les satisfont. Certes oui, on imaginerait qu’il s’agit de complots comme on en a décrits et évoqués, des montages de communication déguisant l’aspect et l’effet des choses, des tromperies lancées pour berner les gens, etc. Mais certes non, nous ne sommes là qu’à la périphérie de la technique et de l’emploi ; la vérité est que, en gardant évidemment sous la plume le cas-Macron, que ce Macron est en vérité lui-même un complot.
Douguine écrit que « [l]e nom de Macron ne désigne pas une personne, c’est une étiquette de la matrice », et nous pensons que ce n’est pas exactement cela, qu’en tous les cas ce n’est pas que cela même si la proposition de Douguine a du sens et peut effectivement rencontrer des circonstances la confirmant. Mais sa fonction d’“étiquette de la matrice” est quelque chose d’extérieur à lui, Macron, un petit peu comme lorsqu’on se contente de désigner le héros du feuilleton Le Prisonnier et “numéro 6” par son seul numéro (mais McGoohan de protester en clamant : « Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre ! ») ; et ainsi réduisant Patrick McGoohan à son seul destin de “numéro 6”. De même Macron, mais lui s’écriant dans une toute autre intention “Je ne suis pas une étiquette de la matrice...” et voulant dire en vérité “Je ne suis pas seulement... car j’ai plus d’un tour de complot dans mon sac”.
Macron est d’abord un complot de lui-même vis-à-vis de lui-même (et pas nécessairement “contre”, l’“étiquette de la matrice” acceptant la cohabitation) ; cela ne signifie pas qu’il soit arrivé au pouvoir grâce à un complot, que son élection elle-même ait été l’effet d’un complot, même si c’est le cas dans l’une et l’autre hypothèse peu nous importe. Nous voulons dire que la personne elle-même est un complot à ses propres yeux, parce que c’est ainsi que le Système veut que les choses se passent. Non seulement, Macron est l’instigateur d’un “coup de com’ permanent” au cœur du pouvoir qu’il préside mais il est lui-même pour lui-même un “coup de com’ permanent”.
Tout se passe comme si, chaque jour, Macron devait développer un nouveau complot pour déterminer une nouvelle posture qu’il devrait prendre, conformément à sa mission ; non pas que la matrice lui donne chaque jour les indications nécessaires, mais au contraire parce qu’il doit lui-même déterminer tous les jours cette nouvelle posture que le Système, cette autorité désincarnée et supérieure, hors des limites et de la maîtrise humaines, attend impératrivement et cruellement de lui. Que l’on juge cela risqué ou absurde, ou grotesque, ou improbable n’a guère d’importance. Comme McGoohan finalement mais pour de plus hautes et fort différentes ambitions, Macron est à la fois “un numéro” et à la fois “un homme libre”, – mais “libre” de s'asservir à la communication ; ainsi est-il constamment renouvelé et accouché par la communication qui s’échafaude sans arrêt autour de lui, selon ses propres instructions et pour lui donner des instructions.
Il s’agit par conséquent de ce qu’on nommerait “un homme-communication”, et par conséquent et plus précisément, d’“un président-communication” ; c’est-à-dire en d’autres termes plus crus mais néanmoins correspondant à la situation, il s’agit d’un simulacre de lui-même pour lui-même. De ce fait, sa puissance de l’instant est considérable mais sa fragilité sur la durée quasi-immédiate est immédiatement immense, l’une à mesure de l’autre.
Macron ne peut prévoir et suivre que ce que la communication a construit à son bénéfice et selon une nécessité supérieure , pour lui précisément, et alors même que cette communication est voulue par lui et orientée par lui, et donc prisonnier volontaire de lui-même puisqu’il en est ainsi et que le Système l’exige. Aucune expérience, aucune confrontation avec le réel n’est en aucun cas possible ni même envisageable, et encore plus essentiellement et plus gravement aucune confrontation avec le réel n’est autorisée, sinon d’une façon latérale et accessoire, pour redresser une course un instant déréglée par une brise, ou une tempête si l’on préfère, soufflant non seulement dans la direction non-prévue mais essentiellement, et beaucoup plus gravement, dans la direction non autorisée. De ce fait, Macron s’interdit certaines démarches qui sont vitales et décisives pour sa fonction en même temps qu’il a la perception que ces démarches lui sont interdites par une communication, venue d’ailleurs sans qu’il le réalise et qu’il suscite comme étant de lui-même, et il est entraîné sur la pente catastrophique que le Système, en mode surpuissance-autodestruction secrète comme une toxicité nucléaire. En quelque sorte, il est un Cortez ordonnant à chaque instant d’incendier ses navires, et à chaque instant découvrant de nouveaux navires qui brûlent, et à chaque instant s’effrayant de cette décision terrible qu’il a prise et qui l’emprisonne un peu plus.
Macron est un complot de la communication, c’est-à-dire qu’il se rapproche le plus qu’il soit possible du croisement d’un être humain et d’une machine douée de l’intelligence artificielle, mais sans la moindre garantie, encore moins de certitude que chacun des composants amènent au trousseau commun ce qu’il a de mieux. La communication n’a pu, à cet égard, obtenir la moindre garantie. Macron est donc complètement une sorte de Sisyphe de la communication faisant et refaisant le même complot qui se voudrait nouveau complot à dénoncer chez l’adversaire ; ou bien dit différemment mais beaucoup mieux dit, est-ce la démonstration qu’à cause des complots sans nombre qu’il ne cesse de décrire et d’en manigancer la narrative à la fois pour renouveler chaque instant de sa présidence, il faut être une sorte de Sisyphe du complot pour seulement espérer ne pas être anéanti par le Système, et continuer à faire bonne figure...
Wikipédia notamment : « Pour avoir osé défier les dieux, Sisyphe fut condamné, dans le Tartare, à faire rouler éternellement jusqu'en haut d'une colline un rocher qui en redescendait chaque fois avant de parvenir au sommet (Odyssée, chant XI). Toutefois, Homère ne faisait pas mention de la raison de ce châtiment. Certaines traditions le justifient aussi par la réputation de brigand et de malfaiteur que Sisyphe avait acquise de son vivant... »
Homère risquerait-il d’être inculpé, complot ultime, pour insulte à chef de l’État ? Mais tout ceci n’est qu’une allégorie dont nous préjugeons que la communication-Système n’aura aucune peine à réduire car “il faut raison garder” ; à moins que cela lui passe sous le nez sans qu’on n’y voit quasiment rien, mais enfin juste assez pour y voir un complot... Sisyphe, lui, sera-t-il inculpé pour complot contre le chef de l’État ?
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