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1504Au niveau national US, plusieurs sites antiSystème présentent le résultat extrêmement “choquant” d’un sondage local au Texas, sur la perspective de la sécession, c’est-à-dire sur la position des citoyens du Texas à la lumière des résultats prospectifs des présidentielles US-2016. Le résultat qui retient évidemment l’attention, c’est que l’élection est un facteur déterminant de l’évolution du sentiment de la population sur la question de la sécession. Ainsi Infowars.com et ZeroHedge.com notamment reprennent les résultats et/ou l’article original du Houston Chronicle le 17 août annonçant le sondage de l’institut PPP (de tendance progressiste) du 16 août, d’ailleurs en interprétant faussement le résultat dans leurs titres puisqu’ils parlent de “3 Texans sur 5” si Hillary l’emporte. Le constat le plus remarquable est que si effectivement Clinton l’emporte, 3 électeurs de Trump sur 5 deviennent partisans de la sécession, ce qui donne comme résultat général 40% des Texans partisans de la sécession en cas de victoire de Clinton, contre 48% qui en sont adversaires, avec 12% “non décidés”. (D’une façon générale, PPP trouve une majorité pro-Trump au Texas de 50% contre 44% à Clinton, notant qu’il s’agit d’un fort recul des républicains qui votèrent pour Romney en 2012 avec 16% d’avance sur Obama.)
Nous donnons la présentation de PPP de son sondage sur la sécession (actuellement favorisée par 26% des Texans) et nous y ajoutons une brève présentation de la méthodologie qui fait jouer à plein le facteur “Shy Trumper Voter” (sondages par identification des personnes consultées) mis en évidence par Scott Adams, qui serait d’autant plus à prendre en compte que PPP est un institut progressiste (de gauche) : « Finally we polled on Texas secession. Overall 26% of voters would support leaving the United States to 59% who want to stay, and 15% who aren't sure either way. Among Trump voters support for secession goes up to 37%, with only 49% opposed to exiting. If you look at the Presidential race in Texas only among voters who are opposed to seceding from the United State, Clinton leads Trump 54/41. But that's offset by Trump's 72/20 advantage with the secession crowd. If Clinton is elected President this fall, the Trump voters really want out- in that case 61% say they'd support seceding from the United States, to only 29% who would stick around. [...]
» Public Policy Polling surveyed 944 likely voters from August 12th to 14th. The margin of error is +/-3.2%. 80% of participants, selected through a list based sample, responded via the phone, while 20% of respondents who did not have landlines conducted the survey over the internet through an opt-in internet panel. »
Le principal commentaire des articles sur ce résultat est “la démonstration de la profonde division du pays” créée par cette élection, et le nôtre sera que s’il y a effectivement une profonde division ainsi créée, aux USA cette “profonde division du pays“ implique nécessairement et automatiquement la volonté de la sécession dans des États importants ; il s’agit du facteur “Texit” pour le sécession pour le Texas, qui est à la fois l’un des États les plus importants des USA et l’un des États (avec la Californie et le Vermont notamment) les plus en pointe dans le mouvement sécessionniste. C’est un facteur que nous avons présenté déjà comme très important pour ces élections avec la fin du tabou que représentait jusqu'ici l'idée de sécession, et cette enquête PPP le confirme. Dans ces mêmes textes, nous faisions la remarque spéculative qu’avec Trump, la tendance à la sécession serait, notamment au Texas, moins pressante qu’avec Clinton, ce qui est également confirmé avec ce sondage d’une façon qui ne peut passer inaperçue.
Or, ce point spécifique implique un dilemme et une contradiction très grave pour l’establishment washingtonien qui soutient Clinton et dénonce furieusement et absolument Trump. Par définition, pour cet establishment, Clinton, comme candidate-Système, doit être la garantie de la politique-Système et de la stabilité de la structure de puissance des USA, – c’est-à-dire, cela va de soi, la candidate de la stabilité structurelle des USA. C’est exactement le contraire qui apparaît, au moins pour le Texas, dont l’importance est essentielle pour la stabilité structurelle des USA : un paradoxe et un comble, Clinton candidate de la division des USA et de la puissance des USA !
Encore s’agit-il du constat d’une dynamique en pleine évolution... Si Clinton est élue, le facteur de l’impopularité de Trump (notamment chez une partie des républicains et des conservateurs) disparaîtra instantanément, renforçant tout aussi instantanément le caractère diviseur de l’élection de Clinton. Pour le coup, les partisans de la sécession du Texas deviendraient probablement instantanément majoritaires, alors que les sécessionnistes texans constitués en parti ont déjà l’intention de faire adopter l’idée d’un référendum sur la sécession pour 2018... L’accélération des évènements pourrait affecter ce calendrier dans le sens évidemment d’une accélération.
On ajoutera encore un élément propre au Texas. Si une majorité très importante des hispaniques très nombreux au Texas sont favorables à Clinton (68% contre 27% pour Trump), l’idée de la sécession en soi ne leur est pas désagréable comme elle l’est naturellement à leur candidate favorite, qui est aussi candidate-Système. Les hispaniques texans sont pour Clinton d’abord parce qu’ils sont contre Trump, mais là aussi la disparition du facteur-Trump (en cas d’élection de Clinton) les mettra plus directement face à la question de la sécession dont on a vu qu’elle pourrait devenir absolument d’actualité. Le Houston Chronicle, qui commente le sondage PPP, ajoute une spéculation selon une disposition de la constitution du Texas qui permet, notamment en cas de sécession, à cet immense État de l’Union de se diviser en cinq “États”, indépendants ou autonomes c'est selon, éventuellement pour former une sorte de “fédération texane” ; les hispaniques texans pourraient d’autant mieux s’y retrouver, en jugeant ainsi qu’ils pourraient acquérir une autonomie qui leur serait propre dans l’un ou l’autre “États” d’une telle hypothétique “fédération texane”.
Tout cela intéresse très certainement le Mexique qui, d’une façon générale, ne s’est certainement jamais intéressé autant à une élection présidentielle US depuis l’annexion de nombre de ses territoires durant la guerre du Mexique de 1847, conflit constituant une agression annexionniste patente des USA, – la première initiative politique et politico-militaire structurée inaugurant la politique expansionniste et impérialiste des USA, qui fut baptisée de l’expression pompeuse et fiévreuse de “Manifest Destiny” (“Destinée Manifeste” des USA selon leur “divine mission” de domination mondiale). Les territoires mexicains annexés à la suite de la victoire des USA formèrent les États suivant des USA : le Texas, la Californie, l'Utah, le Nevada, le Colorado, le Wyoming, le Nouveau-Mexique, et l'Arizona. Aujourd’hui, le président mexicain, qui avait insulté le candidat Trump, effectue une courbe rentrante remarquable dans une interview télévisée préenregistrée dont Reuters rapporte les termes essentiels, où Pena Nieto n’évoque rien de moins que la possibilité d’une rencontre avec le candidat Trump ; même si cela se justifie par le fait que Pena Nieto n’a jamais rencontré Trump, cela constituerait de facto une incursion remarquable, pas nécessairement appréciée par le camp-Clinton, du président mexicain dans la campagne présidentielle USA-2016, avec des effets possibles sur le vote des citoyens US d’origine hispanique/mexicaine :
« Mexican President Enrique Pena Nieto said on Tuesday he was willing to meet with Donald Trump, months after comparing the Republican presidential candidate to Adolf Hitler and Benito Mussolini. “Yes, I would meet with him,” Pena Nieto said, referring to Trump in a pre-taped television interview broadcast on Tuesday night. “I have never met him. I can't agree with some of the things he has said, but I will be absolutely respectful and will seek to work with whomever becomes the next president of the United States.” »
Ulysses S. Grant (U.S. Grant, le bien-nommé), qui participa à la Guerre du Mexique, commanda les Armées du Nord en 1863-1865 et fut président des USA en 1868, eut ce jugement ambigu sur la guerre du Mexique de 1847, qu’il considérait comme l’une des causes de la Guerre de Sécession : « La rébellion du Sud fut l’avatar de la guerre avec le Mexique. Nations et individus sont punis de leurs transgressions. Nous reçûmes notre châtiment sous la forme de la plus sanguinaire et coûteuse guerre des temps modernes. »
On ne peut alors éviter de remarquer que, peut-être, le châtiment n’est-il pas terminé et va-t-il connaître un épisode de plus...
Mis en ligne le 18 août 2016 à 06H34
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