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280931 janvier 2016 – Ce sont des jours fiévreux qui ouvrent la phase officielle (les primaires) de la campagne présidentielle US de 2016. Je ne cesse d’observer avec stupéfaction le désintérêt et l’incompréhension par réflexe pavlovien pour ce qui est de la profondeur de la chose qui est de nous réserver peut-être une élection entièrement antiSystème, qu’on retrouve chez la plupart des commentateurs, des observateurs, des raisonneurs. L’énormité du déni de la situation du monde est un phénomène d’une ampleur qu’on ne peut mesurer... Mais je reprends aussitôt mon souffle pour vous parler des plus récentes péripéties du destin d’Hillary Clinton ; j’ignore encore si elle aura jamais la gloire sans limite d’être “la première femme présidente des États-Unis”, en attendant elle a celle de s’installer comme l’archétype de la corruption-Système. Il y a même un drame qui prétendrait à la tragédie qui est en train de se jouer, qui a tout le lustre de l’intrigue de pouvoir et de la mise en place du possible basculement de ces élections vers la situation extraordinaire qui est l’une des possibilités de ses résultats, sinon la possibilité désormais la plus probable. Pour mieux en parler, je vais suivre les commentaires du colonel Patrick Lang, un ancien de la DIA, sur son site Sic Semper Tyranny (SST)
Lang publie deux informations, les 27 janvier et 29 janvier. Dans les deux cas, il est principalement question d’une visite mystérieuse que le candidat Bernie Sanders a faite au président Obama, à l’insistance du Président, le mercredi 27 janvier. Lang renvoie à une information, d’ailleurs officielle, parue dans le Washington Post du 26 janvier, et annonçant la chose ; cette rencontre justifiée, est-il dit, par l’importance considérable qu’a pris le mouvement d’opinion favorable à Sanders chez les démocrates, cet “iconoclaste qui a surgi comme un favori sentimental chez nombre d’activistes [progressistes]” selon la définition d’une condescendance trouillarde (sous la surveillance du Système) qu’en donne le rédacteur du journal. Lang se demande quelle serait la cause de cette rencontre et évoque plusieurs hypothèses qui, toutes, tournent autour du sort d’Hillary. Inutile de s’y attarder car son intervention du 29 montre combien la donne a changé, éclairant ainsi la rencontre du 27 d’une toute autre lumière, et d’une lumière impérative. Entretemps, en effet, on a appris, d’une façon très officielle venue, – chose extraordinaire et révélatrice, – du département d’État lui-même que l’enquête du FBI sur les e-mails d’Hillary du temps de son service public est arrivée à son terme et qu’il y a 22 pièces qui contiennent des informations classées Top Secret (le plus haut degré de la classification-“secret”), et justifiant par conséquent l’implication d’Hillary Clinton dans le cadre de l’exercice de la fonction de secrétaire d’État. Il s’agit d’un “crime bureaucratique” majeur qui justifie absolument la demande d’inculpation que devrait faire, si ce n’est déjà fait, le FBI ; il revient au Président et à sa Procureure générale d’autoriser ou non cette inculpation...
Lang en tire aussitôt des supputations dont on ne peut qu’accepter la logique. La rencontre du président et de Sanders, demandée de manière urgente et impromptue par la Maison-Blanche alors que le Président connaissait déjà les conclusions de l’enquête sur Clinton, est éclairée d’une lumière nouvelle : « Il semble désormais probable que Bernie (“Mr. Clean”) Sanders emportera la nomination », écrit Lang et l’on retient alors une seules des cinq options qu’il avait proposée pour expliquer la volonté d’Obama de rencontrer Sanders : « Si elle [Hillary] se retire des primaires, puis-je compter sur vous pour que vous repreniez à votre compte mon programme de ‘Hope and Change” ? ». Une autre source, l’ancien diplomate et conseiller de la direction républicaine du Sénat James George Jatras, a dit à Sputnik.News que l’inculpation dépendrait des résultats des primaires de l’Iowa : si Hillary est battue, elle est considérée comme totalement perdue et son inculpation ne fait plus aucun doute ; Obama n’aurait alors plus qu’une seule idée qui serait de prendre ses distances d’une telle créature impie et absolument puante, pour ne pas “compromettre son héritage”. (J’en dirai plus, plus loin, sur ce tout dernier point de l’“héritage”, ou “le legs”, – “legacy”, veux-je dire...)
C’est vrai qu’il y a un petit air de conspiration, d’exceptionnalité de l’événement dans ces diverses péripéties ; c’est un petit air d’“ouverture révolutionnaire”, comme disait l’autre, avec ce rendez-vous discret, ces spéculations sur le sort de la dauphine, le FBI qui veut sa proie et dont le Président aurait confié à Sanders qu’on ne pourra éviter qu’il “fuite” quelques méchants détails sur le comportement de son ancienne secrétaire d’État... C’est un peu comme si apparaissaient soudain les fissures béantes du processus de maintien dans le droit chemin de la présidence du Système of (notamment) the United States, dans cette rencontre officiellement quasi-secrète entre Sa Grandissime Majesté et l’obscur-tâcheron sénateur du Maine Sanders tout aussi soudainement devenu absolument fréquentable, tandis que la dauphine éclatante d’humanité conquérante (« We came, We saw, He died ») commence soudain à faire son âge et accuser le poids de corruption. Il y a quelque chose de l’“histoire-en-train-de-se-faire-sous-nos-yeux”, et peut-être même est-ce la manufacture de l’Histoire majusculée.
Étrange et calamiteux destin que celui qui se profile pour Hillary Clinton, si les choses se poursuivent dans le sens où on les voit. Cette femme éclatante et brillante, qui domina manifestement ses divers sujets, qu’on aurait aisément vue comme présidente à la place de son mari (1992-2000), puis comme présidente à la place de son concurrent (2008-2016), qui aurait du être première en tout et qui n’aurait finalement été que l’éternelle seconde échouant chaque fois si près du but. Je n’ironise pas vraiment à l’occasion de ces constats hypothétiques puisqu’ils la mettent au passé, mais déjà si proches de se concrétiser ; je me rappelle fort bien comment, à plus d’une reprise, elle sembla dominer de la tête et des épaules l’inconstant et si léger Bill, et l’on imagine encore mieux comment elle aurait pu faire tellement mieux que Barak Obama si elle était restée l’Hillary du temps de Bill à la Maison-Blanche.
(A ce propos, le colonel Lang pose la question, dans son deuxième article, de savoir pourquoi Bill, qui devait bien savoir comment se comportait sa femme dans la maniement insensé de ses e-mails, n’est pas intervenu pour la mettre en garde contre “le tort qu’elle se faisait à elle-même” [« One of the things that puzzles me about this has to do with Bill Clinton. He had to know and he let her do this to herself? »]. Et ma question, à moi, est de savoir si Bill, le sachant effectivement, n’a pas laissé faire passivement, ou inconsciemment pour être aimable avec lui, cédant ainsi au penchant obscur de la vengeance à l’encontre de cette femme dont il dut souvent sentir le poids de sa supériorité, sinon de son mépris lorsqu’il était pris la main dans la culotte d’une jeune stagiaire, comme un petit sauteur de seconde catégorie.)
Mais il est vrai aussi qu’à partir du début du XXIème siècle, de 9/11 pour être plus précis, cette même femme a perdu dans une sorte de dissolution paroxystique toutes ses qualités de mesure et de contrôle de son jugement, qu’elle a perverti son caractère, corrompu son âme et le reste. « Vous autres, Européens, vous n'imaginez pas l'ampleur de l'effet qu'a produit sur nous l'attaque du 11 septembre », disait le vice-président Cheney à l’ambassadeur français venu lui faire ses adieux, en novembre 2002. Hillary, aussi secouée que les autres, s’est transformée en harpie hallucinée du type R2P (Right-To-Protect), – qui est surtout le droit que s’arrogent les fous d’imposer leur sagesse démocratique à coups de bombes intelligentes, à qui passe à portée de drone. Elle est devenue, plus qu’aucun autre et qu’aucune autre, une représentation pressante et acceptable d’une Amérique devenue folle. Par conséquent, sa chute, si chute il y a, serait parfaitement conforme à ce qu’elle représente, à l’Amérique elle-même ; il y a une sorte de rangement divin dans cette occurrence envisageable...
Pour boucler l’épisode et cette comédie tragique qui s’ébauche devant nous, ou cette tragédie tout court, et en donner la mesure dans tous ses aspects, il faut dire un mot du rôle qu’y tient Obama. Il faut dire qu’il ne fera pas de cadeau à Hillary, qu’il n’aime pas jusqu’à la haïr. On le devine dans cette annonce officielle du département d’État évidemment ordonnée par le Président, qui prend les devants de probables “fuites” qui auraient eu lieu dans le cas contraire et qui, surtout, signifie à l’ancienne secrétaire d’État qu’il ne faut rien attendre de lui à part ce qui pourrait encore le servir, donc qu’il l’abandonnera comme un vieux chiffon usé s’il apprécie qu’elle ne peut plus lui être d’aucune utilité... Mais justement : utile pour quoi ? La question vaut non seulement pour Hillary mais pour ce processus des présidentielles lui-même, et elle se résume alors à ceci, qui est de savoir pourquoi Obama intervient comme il le fait ; il aurait pu, après tout, rester dans une complète neutralité et laisser faire, dans une situation où rien d’essentiel ne le concerne.
Plus précisément enfin, pourquoi intervient-il auprès de Sanders ? Eh bien, il y a un mot, une expression qui revient dans plusieurs des textes référencés, que j’ai signalé plus haut : “legacy” (sa rencontre avec Sanders, selon le Washington Post : « a potent political movement that could influence not only the race to succeed Obama but also the president’s legacy »). Alors, avec une égale soudaineté, nous passons de la possible tragédie à la tragédie-bouffe certaine ! Cet homme veut préserver son “legs”, s’assurer que son ou sa successeur pérennisera les grands accomplissements de son règne qui se résument dans le slogan, ou plutôt le “program ‘Hope and Change’”, comme dit Lang... Qu’a-t-il donc fait pour cultiver de telles préoccupations, sinon le rien comme je me rappelle l’avoir détaillé, comme je ne cesse de me convaincre davantage qu’il est ? Que peut-il nous laisser sinon “le vide” comme il l’est lui-même (« cette immense, cette écrasante vérité-de-situation que cet homme est vide, désespérément vide, inéluctablement vide ») ? Et il s’inquiète de ce que l’on préserve avec attention et précaution ce “rien” et ce “vide”, au milieu de l’“ouverture révolutionnaire” que sont ces élections, pour la postérité sans doute. J'ai une très forte conviction, au fond de moi, que cette pompeuse affirmation constitue une vérité-de-situation, terrible par sa dérision et aussi superficielle que ce que cet homme nous donne à penser... La tragédie-bouffe rencontrant la possible tragédie, voilà le seul “legs” que peut nous laisser Obama, et ce qui caractérisera ce qui reste des ambitions du Système dans ces élections extraordinaires de l’année 2016. Cette mandature qui se clamait comme exceptionnelle à son origine, et qui s’achève pour lui-même en une tragédie-bouffe dont il ne retiendrait que la bouffonnerie, – ou l’American Dream transformée en Buffoon Dream, tandis que l’histoire s’engagerait au grand galop dans une direction nouvelle que semblent pouvoir lui ouvrir ces élections...
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