Hold-up sur ‘Hold-Up

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Hold-up sur ‘Hold-Up

‘Complotisme’ ou ‘conspirationnisme’, que faut-il choisir ? Mais non, rien du tout dans le sens d’un choix et les deux mots sont employés comme des néologismes, rien de moins, comme substitut à une expression bonne à tout faire, qui est une « voiture-balai ‘communicante’ » comme l’écrit Arnaud Benedetti. C’est ce dont nous avise Wikipédia dans sa tentative de définition-conforme, – comme à peu près tout chez Wiki, en général instrument bien huilé du Système, – de l’expression “théorie du complot”. Ce concept mis à toutes les sauces, donc ayant depuis 9/11 comme fonction principale d’exprimer une des hallucinations courantes et constantes (le complot) des Derniers Temps, trouve sa mission ultime, suprême et terminale comme hallucination centrale du Système, c’est-à-dire comme faiseur d’un complot réalisé par le Système pour paraître en être la victime. Ce constat balaie décisif et effectivement ultime, comme l’est la courbe de vie du Système, balaie l’idée classique d’une hallucination des seuls « ‘complotistes’ ou ‘conspirationnistes’ » comme ennemis du Système, qu’on trouve évidemment chez Wiki.

... Donc, quelques mots empruntés à Wiki, pour mesurer l’empressement du Système auprès de ce domaine, son obsession à cet égard, l’usage implicite qu’il en fait lui-même. On comprend alors que le complotiste-conspirationniste par excellence aujourd’hui, nous voulons dire dans l’opérationnalité de la chose bien plus que dans les vieux grimoires remontant aux Illuminati et à Nostradamus qui sont cités en référence par les experts-dissidents prétendument dénonciateurs du Système, c’est le Système lui-même, avec tout ce petit peuple zélé et privilégié qui le sert, des dirigeants politique aux ZZ, actuellement en mode d’affolement accéléré... On s’en débrouille donc par le moyen de cette “théorie du complot”, présentée comme suit par le Wiki, traduisant directement et fort curieusement l’anglais ‘theory’ par “hypothèse”, – ce qui est un abus de traduction significatif de la situation d’aujourd’hui :

« Une théorie du complot (ou les néologismes complotisme ou conspirationnisme) est une expression d’origine anglaise, définie pour la première fois en 1945 par Karl Popper, qui dénonce comme abusive une hypothèse (en anglais theory) selon laquelle un événement politique a été causé par l’action concertée et secrète d'un groupe de personnes qui avaient intérêt à ce qu'il se produise, plutôt que par le déterminisme historique ou le hasard. Pour Peter Knight, de l'université de Manchester, cette théorie met en scène “un petit groupe de gens puissants [qui] se coordonne en secret pour planifier et entreprendre une action illégale et néfaste affectant le cours des événements” afin d'obtenir ou de conserver une forme de pouvoir (politique, économique ou religieux).
» La théorie du complot attribue une cause unique à des faits avérés. Elle se différencie en cela de la démarche historique, qui induit une multi-causalité... »

Présentée comme un instrument utilisable contre des forces obscures de dissidents dézingués et vaguement néo-nazies (pourquoi pas ce soupçon qui ne mange pas de pain et fait toujours recette ?), cette définition du Wiki ne s’arrête pas à l’hypothèse, cette fois considérée comme instrument du travail d’analyse plutôt que comme une “théorie du complot”, que la dénonciation du complot ou d’une conspiration chez les autres est aujourd’hui, et de loin, la principale application de la “théorie du complot”. Cette démarche analytique nous conduit à confirmer que l’hypothèse se trouve bien plus du côté du Système que n’importe où ailleurs, pour être plus précis dans le chef de ce qui est dénoncé plus haut, du côté de “ce petit peuple zélé et privilégié qui sert [le Système], des dirigeants politique aux ZZ, actuellement en mode d’affolement accéléré”.

En effet, aujourd’hui les dirigeants et les ZélitesZombies du Système sont les utilisateurs opérationnels principaux de la technique de la “théorie du complot”, très actifs, légiférant à cet égard, gémissant, anathémisant, se roulant absolument dans la boue congelée de leur vertu-Système qui serait l’objet des infamies marquant les réactions de ceux qu’elle oppresse et qu’elle contraint. La chose est démontrée, l’hypothèse absolument confirmée depuis le procès en sorcellerie du documentaire ‘Hold-Up’. C’est dans ce sens parfaitement à-propos que l’analyste de la communication Arnaud Benedetti propose une courte appréciation politique de l’événement ; il fait cela fort justement, dans un sens qui nous fait comprendre que la principale théorie du complot, c’est la démarche quasi-pavlovienne qui fait identifier et dénoncer par les dirigeants politiques et les ZZ une théorie du complot dans toute critique élaborée de l’action du Système.

Il est avéré et pour nous évident que cette posture, cette dénonciation de la théorie du complot sous la forme d’un complotisme-conspirationnisme qui vous fait débusquer et dénoncer la théorie du complot chez tous ceux qui vous critiquent, est la marque de la panique et de l’impuissance bien plus que du cynisme manœuvrier et de l’habileté complotiste. Il est dès lors normal que la chose se déploie dans le cadre de la crise-Covid, qui est un terrain privilégié à cet égard ; elle l’est pour la théorie du complot, pour la mise à jour, en pleine et aveuglante lumière, de l’impuissance du pouvoir et des ZZ, et de la panique qui s’ensuit. Tout ce qui, aujourd’hui, joue le rôle de courroie de transmission du Système, est marquée d’une extrême vulnérabilité à toute critique, tant sa principale mission est de nous faire prendre un simulacre crevé et pourri pour la seule réalité acceptable par la déesse Raison, laquelle est la seule référence acceptable malgré sa subversion avérée, etc.

L’intérêt de l’approche de Benedetti est justement qu’il ne s’attarde pas à faire une analyse critique du documentaire ‘Hold-Up’, ni des intentions supposées, de l’“hypothèse” que voudraient nous imposer ceux qui l’ont réalisé. Il ne s’intéresse qu’à la réaction des directions politiques et autres ZZ, qui met en lumière la véritable situation, la réalité si l’on veut et, pour nous, plus justement dit et conceptualisé, la vérité-de-situation. Comme tout dans cette crise Covid19, ‘Hold-Up’ est un révélateur, non pas tant de la signification et du débrouillement de cette crise si c’est possible, mais de la vérité-de-situation du pouvoir et de ses élites regroupées autour, dans la défense désespérée des structures socio-politiques et des conceptions psychologiques exigées par le Système.

C’est-à-dire que toute cette affaire, baptisée polémique, autour de ‘Hold-Up’, n’a d’intérêt et de puissance opérationnelle que dans la mesure où elle servirait à éclairer durant son moment de vie communicationnelle (quelques jours, deux-trois semaines au plus), la situation infâme et complètement simulacre où se trouvent réduites les autorités dans la crise-Covid19, donc leur totale illégitimité en général. On trouve là la cause de l’outrance extrême des réactions qui ont salué et accompagné le documentaire ‘Hold-Up’, en lui faisant l’énorme publicité habituelle selon ce que les analystes du Système, et bien entendu les américanistes en tête, nomment en gémissant sur le sort infâme que subit leur vertu, l’‘effet-Streisand’.

Bref, ce jugement de Benedetti nous paraît parfaitement convenir à cette soupe infâme où est aujourd’hui plongé le Système, dans son texte du 16 novembre 2020 dans Valeurs Actuelles (titre original : « “Hold-up”, quand la folie complotiste s’empare du “cercle de la raison” »:

« Le terreau du conspirationnisme est d’abord à rechercher là où se développe au plus haut niveau un abandon du devoir de vérité au profit d’une néo-propagande dont il faut, également, interroger les déterminants. Cette dernière n’est pas tant sur le fond le produit d’une volonté idéologique, – promouvoir une vision explicite du monde et l’imposer, à l’instar de ce que furent les idéologies totalitaires du XXe siècle, – mais le résultat d’un effondrement oligarchique, d’une panique élitaire devant un système technocratique qui ne répond plus et ne parvient même plus à dissimuler son désarroi. »

dedefensa.org

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La folie complotiste s’empare du “cercle de la raison”

Quand un mot devient un mantra affiché pour discréditer toute interrogation critique, il convient nécessairement de se poser la question de la pertinence de son usage. Ainsi en est-il du ‘complotisme’, mot-valise, sémantiquement pavlovien dans sa réitération continue, dont l’effet immédiat consiste à tracer une ligne de démarcation entre le légitime et l’illégitime. La diffusion et le succès d’audience rencontré par le documentaire ‘Hold up’ confortera bien évidemment celles et ceux qui voient dans ce type de récit une menace qu’il convient de combattre avec force, quitte à user de procéder dont l’impact immédiat sera de restreindre la liberté d’expression sur un plan collectif. La loi Avia, fort heureusement censurée et dont le vice était à la hauteur de la vertu qu’elle prétendait défendre, en constitue l’illustration la plus indigente tant dans ses principes que dans sa rédaction. S’il existe de facto des visions falsifiées et falsifiantes de la réalité qui circulent et parfois paraissent endémiques, faut-il encore aller au-delà du confort médiatique et de la paresse intellectuelle pour en expliquer tant les origines que la dynamique.

Le ‘complotisme’ est le symptôme d’abord de la crise de la parole publique. S’il se manifeste avec autant de vigueur dans ce moment sanitaire total, c’est sans doute parce qu’il trouve dans la faillite de la communication de l’exécutif l’engrais indispensable à sa croissance. Quand un pouvoir dissimule et ment au grand jour, comme entre autres la controverse autour des masques l’a abondamment démontré, et qu’il refuse de le reconnaître pour préserver mécaniquement sa propre conception de l’infaillibilité ou de la bonne foi, il crée les conditions mécaniques de l’extension d’un phénomène qu’il entend par ailleurs dénoncer. Le terreau du conspirationnisme est d’abord à rechercher là où se développe au plus haut niveau un abandon du devoir de vérité au profit d’une néo-propagande dont il faut, également, interroger les déterminants. Cette dernière n’est pas tant sur le fond le produit d’une volonté idéologique, – promouvoir une vision explicite du monde et l’imposer, à l’instar de ce que furent les idéologies totalitaires du XXe siècle, – mais le résultat d’un effondrement oligarchique, d’une panique élitaire devant un système technocratique qui ne répond plus et ne parvient même plus à dissimuler son désarroi.

Ce mensonge est celui de la peur bien plus que celui du cynisme, de la perte de la maîtrise que de l’instrumentalisation, du détricotage du consentement plutôt que de sa fabrique. Il est le fruit d’une fuite en avant dont une partie des dirigeants imagine qu’elle permet de gagner du temps, qu’elle sera d’autant plus efficiente que l’amnésie est la caractéristique principale des sociétés de l’immédiateté, et qu’en conséquence elle permet de colmater sur la distance les avaries de légitimité. Or, cette disposition est d’autant plus inopérante qu’elle sous-estime que pour être scotchée à l’immédiat, nos sociétés sont également travaillées par une fonction de rappel permanent des contenus que les mémoires numériques ramènent à la surface informationnelle comme le mouvement de la marée. Cette loi de “l’éternel retour” imprime et déjoue les pièges de l’oubli.

Dès lors, la dénonciation du complotisme tout azimut fait figure de voiture-balai “communicante” pour discréditer toute forme de pensée critique, largement au-delà des seuls discours qui le sont réellement. Tout se passe comme si la vérité était certifiée par son caractère officiel exclusif, vertical, habité par l’onction du pouvoir, et que la contestation de cette dernière appartenait forcément à une forme de dégradation du réel. L’objet d’une telle tentation consiste à monopoliser la définition légitime des faits, d’en exclure toute autre définition concurrente, d’imposer des tabous dont la transgression est érigée comme une “violation” de la raison. Or, c’est le principe de fonctionnement d’un espace public guidé par la rationalité que d’accepter le principe contradictoire, tout simplement parce que le conspirationnisme ne prospère que sur le terreau de l’unanimisme, ces deux faces d’une même monnaie politique qui est tout, sauf libérale et démocratique.

Arnaud Benedetti