Il était une (dernière) fois dans l’Ouest..

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Il était une (dernière) fois dans l’Ouest...

David Leonhardt, commentateur régulier (quotidien) du New York Times, n’est certainement pas, comme l’on dit, de notre parti. Libéral américaniste, c’est-à-dire progressiste-sociétal, globaliste postmoderne, atlantisteet ultralibéral du point de vue économique, il réunit toutes les “qualités” définissant un de ces postmodernes du parti des salonards que nous tenons comme les meilleurs auxiliaires du Système. La citation que nous faisons d’une de ses chroniques comme exemplaire d’une tentative d’explication du comportement de Trump, – dont Leonhardt est l’ennemi juré pour toutes les raisons habituelles de son courant de pensée, – n’en a que plus d’intérêt à nos yeux. 

Cette explication nous paraît particulièrement juste, tout comme l’analyse du personnage-Trump ; simplement, la différence est que ce verdict désole Leonhardt tandis qu’il nous remplit d’une extrême satisfaction. Leonhardt pense que Trump est en train de détruire “l’Ouest”, c’est-à-dire la civilisation transatlantique, ce qui rencontre notre sentiment ; il s’en désole probablement, nous nous en réjouissons certainement.

Le passage qu’il importe de retenir est celui-ci, qui est parfaitement le nôtre. Leonhardt pense que Trump est en train d’essayer de “détruire l’Ouest”, et il (Leonhardt)avoue ne pas comprendre pourquoi, ce qui est notre sentiment si l’on sent tient à un jugement rationnel. Il fait même l’hypothèse que Trump ne sait pas pourquoi il fait ce qu’il fait, si même il s’en aperçoit, ce qui est encore plus notre sentiment, rationnel là aussi. (Pour nous, il y a d’autres possibilités d’explication sinon de compréhension, notamment une psychologie hyper-activiste/hypomaniaque au bord de la pathologie, et éventuellement jusqu’à des forces suprahumaines qui conduisent son action en favorisant ses traits de caractère les plus offensifs à cet égard.) Simplement, tout se passe comme si Trump voulait “détruire l’Ouest“ et qu’il serait en train d’y parvenir, — car en effet...

« Le président Trump essaie de détruire cette alliance.

» Est-ce de cette façon qu’il juge son action ? Qui sait. Il est impossible d'entrer dans sa tête et de deviner ses objectifs stratégiques, s'il a même des objectifs à long terme. Mais, en d'autres termes, si un président des États-Unis esquissait un plan secret et détaillé pour rompre l'alliance atlantique, ce plan ressemblerait de façon frappante au comportement de Trump. »

Nous ajouterons que cette appréciation juste et qui semble critique de Trump est loin d’être aisée à développer pour les gens du parti que représente Leonhardt, ce qui ne lui en donne que plus de valeur. Il s’agit de proches ou de membres du parti démocrate. Où en est le parti démocrate ? Sa position est ambiguë, en plein débat, sinon déballage... Avant de choisir comme voie offensive centrale sinon “centriste” l’étrange doctrine maximaliste-extrémiste ou marxiste-culturelle du type que nous nommons progressiste-sociétale qui touche tous les courants libéraux-libertaires dans le bloc-BAO, – remplacement du prolétariat ouvrier par les minorités ethniques, minorités de genre, courants migratoires, etc., – les démocrates US ont (ou avaient) une “clientèle” ouvrière et prolétarienne ; sur ce dernier terrain, les démocrates restent preneurs et sont en concurrence directe avec le populisme de Trump, pour renforcer leur électorat ; de même il n’est pas du tout assuré que la voie progressiste-sociétale ne soit pas suicidaire... Que d’incertitudes !

... Or, il est notoire que cette strate sociale américaine du prolétariat classique ouvrier, démographiquement diminuée mais encore bien présente, est farouchement protectionniste comme le fut sans aucune réserve la frange de gauche (proche des syndicats) des démocrates durant des décennies... Et l’on a aujourd’hui bien compris que l’arme de destruction massive de l’Ouest par Trump, c’est bien le protectionnisme, qu’on l’estime justifié ou pas, avec son pendant politique de l’isolationnisme (mais isolationnisme offensif, impliquant des engagements militaires par projection de forces). On comprend l’embarras de certains démocrates : les voix des “Deplorable” selon Hillary lui ont bien manqué contre Trump. 

Ainsi donc y a-t-il dans la Grande Crise Générale en cours (Grande crise d’Effondrement du Système) des aspects extrêmement rationnels, qui peuvent être mesurés et compris, applaudis ou déplorés, etc., mais aussi des facteurs complètement insaisissables et incompréhensibles. Comme Leonhardt semble l’affirmer, nous pensons bien que Trump est l’un de ces facteurs, d’ailleurs d’une réelle importance parce qu’agissant paradoxalement sans réelle entrave puisque personne et surtout pas lui-même n’imaginait ou n’imaginerait encore bien clairement qu’il nous conduit à la “destruction de l’Ouest”, et agissant sans doute sans comprendre vers quoi nous mène son action. Trump pense en Américain américaniste (Make America Great Again) en se trompant complètement sur l’effet de cette entreprise, alors que son action doit être appréhendée en termes de civilisation (« Il était une [dernière] fois dans l’Ouest... »).

Car enfin, et pour terminer en ouvrant un autre débat, bien plus vaste, le débat ultime en vérité, il faut envisager l’hypothèse élargie de l’action de Trump : non seulement la “destruction de l’Ouest”, mais la “destruction du Système”. Dans ce cas hypothétique, il ne suffit pas d’attendre que l’axe Moscou-Pékin remplace l’axe Washington-Bruxelles, parce que la chute de l’axe Washington-Bruxelles entraînerait tout le reste... “Mais ceci est un autre histoire”, comme disait “l’oncle Paul“ du journal Spirou, – quoi qu’elle devrait venir assez vite...

Texte de David Leonhardt du 10 juin 29018 dans le New York Times, adapté en français.

dedefensa.org

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Trump essaie de détruire l’Ouest

L'alliance entre les États-Unis et l'Europe occidentale a accompli de grandes choses. Elle a gagné deux guerres mondiales dans la première moitié du 20ème siècle. Puis elle s'est élargie pour inclure ses anciens ennemis et a gagné la Guerre froide, à aider à répandre la démocratie et à construire les niveaux de vie les plus élevés que le monde ait jamais connus.

Le président Trump essaie de détruire cette alliance.

Est-ce de cette façon qu’il juge son action ? Qui sait. Il est impossible d'entrer dans sa tête et de deviner ses objectifs stratégiques, s'il a même des objectifs à long terme. Mais, en d'autres termes, si un président des États-Unis esquissait un plan secret et détaillé pour rompre l'alliance atlantique, ce plan ressemblerait de façon frappante au comportement de Trump.

Cela impliquerait une hostilité extérieure envers les dirigeants du Canada, de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne et du Japon. Spécifiquement, il s'agirait de choisir des luttes sur des questions artificielles – pas de gagner de grandes concessions pour les États-Unis, mais de créer des conflits pour détruire cette alliance.

Un plan secret visant à diviser l'Occident aurait également pour effet que les États-Unis cherchent de nouveaux alliés pour remplacer ceux qui ont été mis au rebut. La plus évidente serait la Russie, le plus grand rival d'Europe en Allemagne, en France et en Grande-Bretagne. Et tout comme la Russie le fait, l'intention des États-Unis de détruire l'alliance atlantique se mêlerait de la politique intérieure des autres pays pour installer de nouveaux gouvernements qui rejeteraient également l'ancienne alliance.

Vérifiez. Vérifiez. Vérifiez. Vérifiez. Trump fait toutes ces choses.

Il a choisi de ne pas assister à la réunion plénière du G-7, à Québec, à la fin de semaine dernière. Pendant qu'il s’y trouvait, il a cherché systématiquement des querelles. Vous avez probablement vu la photo publiée par le gouvernement allemand – Trump assis, les sourcils levés et les bras croisés, tandis que l'Allemande Angela Merkel et d'autres dirigeants se tiennent autour de lui, l’implorant. Shinzo Abe, le premier ministre du Japon, montre dans son un regard tout le découragement du monde.

Pas étonnant. Les désaccords centraux de la réunion étaient sur les tarifs que Trump a imposés pour de fausses raisons. Il prétend qu'il répond simplement aux autres pays. Mais les tarifs actuels moyens des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et de la France sont identiques, selon la Banque mondiale: 1,6%. Le taux du Japon est de 1,4% et celui du Canada de 0,8%. Oui, chaque pays a quelques tarifs prohibitifs, mais ils sont insignifiants, – et les États-Unis ne peuvent sérieusement être une victime dans ce cas.

Trump ne dit pas la vérité sur le commerce, comme il a menti sur le lieu de naissance de Barack Obama, sur sa propre position sur la guerre en Irak, sur la foule présente à son inauguration, sur la fraude électorale, sur le taux des assassinats, sur les immigrants mexicains, sur l’argent donné à Stormy Daniels et sur plusieurs centaines d'autres sujets. Les tarifs ne sont pas un cas où il identifie un vrai problème mais au contraire où il le décrit faussement. Il menace l'alliance atlantique à l’aide d'un mensonge.

Si vous avez besoin de plus de preuves, regardez ses tweets après avoir quitté le sommet. Les lecteurs fidèle du fil Twitter de Trump (et je n'envie pas ce titre) ont appris qu'il accuse souvent les autres de commettre ses propres péchés. Samedi, il a qualifié Justin Trudeau, le premier ministre du Canada, d’être «très malhonnête».

David Longhardt