Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.
37219 avril 2012 – Dans le texte (du 31 mars 2012) de Henry Kissinger dont nous rendons compte le 5 avril 2012, dans lequel l’ancien secrétaire d’État fait une vigoureuse critique de la politique “néo-interventionniste” US, on ne trouve pas cité une fois le nom du président Obama ou le mot d’“administration” (Obama). Cela répond à l’esprit du texte : Kissinger ne fait pas une critique de la politique de l’actuel président ou de cette administration-là. C’est d’autant plus remarquable qu’étant républicain, il pourrait le faire d’une façon avantageuse puisque l’administration au pouvoir est démocrate. Mais non, c’est bien de la “politique des États-Unis” qu’il parle, en tant que telle, et d’ailleurs observant qu’il existe un “evolving consensus” concernant cette politique, d’ailleurs selon un argument qui est d’autodéfense de sa propre activité, et marquant la rupture entre les “réalistes” comme Brzezinski et lui-même, et la génération actuelle… (« The evolving consensus is that the United States is morally obliged to align with revolutionary movements in the Middle East as a kind of compensation for Cold War policies — invariably described as “misguided” — in which it cooperated with non-democratic governments in the region for security objectives.»)
…Mais l’argument d’autodéfense de Kissinger nous semble complètement inapproprié. A notre connaissance, personne n’a justifié la politique actuelle pour “compenser” la politique de la guerre froide, ou si l’argument a été évoqué il est d’une extrême faiblesse d’emploi ; d’ailleurs, et pour être sérieux, personne n’a vraiment évoqué une “politique” tout court, dans le fait notamment de l’intervention en Libye et en Syrie, à part l’habituelle bouillie pour les chats de la démocratie et des droits de l’homme, – strictement, absolument sans le moindre intérêt, et totalement indigne d’un débat, – pas de temps à perdre. Ce que désigne Kissinger, peut-être involontairement, c’est une situation très spécifique, où la politique US est devenue une politique “en soi”, ou une “non-politique en soi”, quelque chose qui n’est plus sous l’empire de la raison, ou bien sous l’empire d’une raison totalement subvertie, quelque chose qui n’est plus une “politique” au sens courant, – que ce soit pour un grand dessein, pour des intérêts, pour une idéologie, etc. Cela n’a rien pour nous surprendre dans la description que nous faisons constamment de l’évolution de la situation ; le remarquable est dans la clarté, l’évidence, et la marque de plus en plus accentuée de cette situation ; le remarquable, également, dans ce que Kissinger, jusqu’ici attentif à soutenir constamment la “politique des États-Unis”, s’en démarque désormais.
Nous allons détailler ci-dessous, principalement, deux séries d’incidents qui ont un rapport avec ce phénomène. Ces incidents ont à voir avec les relations entre les USA et la Russie, qui sont aujourd’hui un des terrains les plus fertiles où se développe cette étrange “non-politique en soi”.
• Le 4 avril 2012, Russia Today (RT) rapportait la réaction, recueillie par AFP, de la porte-parole du département d’État Victoria Noland à la question de savoir si les USA allaient continuer à financer en Russie des organisations civiles et politiques, en général d’opposition et souvent pro-occidentale, malgré plusieurs avertissements du gouvernement russe selon lesquels ces actes pourraient “amener de fortes tensions” dans les relations entre les deux pays… «This is designed to support a vibrant civil society in Russia and to allow us to work with those Russian NGOs who want to work with us», dit Noland ; elle ajoute qu’un nouveau fond de $50 millions vient d’être créé, pour permettre à ces groupements russes «to develop their skills and their voice and their ability to represent the aspirations of Russians to increasingly deepen and strengthen their democracy». On ajoutera cette précision d’une déclaration d’Hillary Clinton, il y a quelques jours, disant que son pays “a l’intention de rendre meilleur chaque pays dans le monde, y compris la Russie, au travers d’une plus grande liberté d’expression, de religion et d’assemblée”. La messe est dite en des termes très clairs, et l’officiant, aussi bien que l’inspirateur, résident à Washington, D.C. ; ni l'un ni l'autre n’ont la moindre crainte, ni du grotesque, ni du ridicule…
• Les Russes ont déjà réagi, avec vigueur, à ces interventions… RT signale ainsi, avec des détails fort intéressants : «Russian Deputy Foreign Minister Sergey Ryabkov said in an interview with Russian news agency Interfax that the scale of the US financing of the Russian groups and movements was becoming a problem in mutual relations and added that the Russian side had repeatedly voiced this concern to the American partners on different levels. Ryabkov acknowledged that his side had met some understanding on the State Department’s side and even received some particular data on which groups were funded and in what amount, but he said that the concerns remained.»
• L’aspect le plus paradoxal de cette affaire, et le plus révélateur après tout, est certainement que plusieurs partis et personnalités d’opposition en Russie ont dit leur malaise, sinon plus, devant ces interventions des USA. RT, à nouveau, nous rapporte des détails à cet égard, le 2 avril 2012. Dans ce texte, on lit surtout les déclarations de Serguei Mithrokine, chef du parti libéral Yabloko. Mithrokine est extrêmement réticent face aux interventions US… «Such support helps the government to discredit those who get it in the eyes of a significant part of Russian society…», observe Mithrokine, impliquant l’extrême impopularité, dans le public russe, d’un interventionnisme manipulateur qui représente clairement une attaque contre la souveraineté, et ne s’en dissimule nullement (voir Noland et Hillary, ci-dessus). On peut également noter, pour mesurer encore plus la spécificité du cas russe et l’embarras de l’opposition devant la poussée déstructurante des USA, que Mithrokine refuse catégoriquement un scénario révolutionnaire type “printemps arabe”, à cause de l’énorme espace russe et de la très grande variété ethnique et religieuse… «For this reason any revolution could lead to the disintegration of our country…»
• Restons en Russie, mais pour un autre sujet, qui concerne également les relations entre les USA et la Russie. Il s’agit d’une réaction, puis du comportement en général du nouvel ambassadeur des USA en Russie Michael McFaul. La réaction spécifique concerne les confidence “hors-micro” faites par Obama à Medvedev le 26 mars à Séoul (voir le 27 mars 2012), donnée dans une interview de McFaul à RIA Novosti le 3 avril 2012. Le texte de l’interview dit que McFaul “downplayed” le sens de l’intervention d’Obama, et lui donne enfin sa véritable signification, selon lui, McFaul. (Version française de l’interview, le 3 avril 2012) : «[L’intervention d’Obama signifie] que nous construirons le système de défense antimissile dont nous avons besoin pour protéger nos alliés et nous-mêmes contre des menaces balistiques réelles. Et nous n'accepterons aucune restriction dans ce domaine, puisque la sécurité de nos citoyens est prioritaire pour nous.» (Cette intervention de McFaul est d'autant plus remarquable qu'Obama et son porte-parole ont déjà parlé deux fois de ses confidences “hors-micro” à Medvedev, sans en modifier le sens initial et en écartant les critiques des républicains. On dirait alors que McFaul suit les instructions implicites de la Missile Defense Agency du Pentagone plutôt que celles de la Maison-Blanche.)
A la suite de cette intervention de McFaul, le ministre des affaires étrangères russe Lavrov a fait un commentaire extrêmement sévère, parlant de l’“arrogance” de McFaul, dans une intervention, lors d’une conférence qu’il donnait à Bakou, le 4 avril 2012. Il s’agissait d’une réponse de Lavrov à une question, impliquant que Lavrov parlait d’une façon assez spontanée de l’interview de McFaul de la veille : «Yesterday our colleague – the US ambassador – said very arrogantly that there will be no changes to missile defense even though he, being an ambassador of a foreign state, must understand that the interests of corresponding states must be taken into considération.» On comprend, par cette réaction publique et sans doute spontanée, que les Russes ont pris très au sérieux le commentaire de McFaul, et qu’ils expriment ainsi indirectement, par la voix de Lavrov, tout le doute que ce commentaire de McFaul, extrêmement agressif pour les Russes, fait soudainement peser sur la promesse “hors-micro” d’Obama. Qu’est-ce que Poutine va dire des promesses “hors-micro” d’Obama, lorsqu’il le rencontrera en mai au G8 ? Quelque chose comme : “Etes-vous sûr, mon cher Barack, que l’ambassadeur McFaul est d’accord ?”
• Dans le même interview, McFaul revient sur une de ses plus récentes foucades, lorsqu’il proclama que la Russie était un “pays sauvage” parce qu’il se trouvait harcelé, à Moscou, par des journalistes de la télévision russe NTV l’interrogeant sur ses contacts avec des groupes d’opposition pendant la campagne électorale. Cette remarque, venu du représentant de l’“empire de la communication” que sont les USA, avec le rôle inquisiteur qu’y joue la presse, est singulière. En ce qui concerne la forme (la Russie comme “wild country”), McFaul a dit ses regrets de s’être emporté. Sur le fond, il s’agit de ceci : en janvier, McFaul, récemment arrivé à Moscou, avait eu une conférence avec plusieurs chefs de l’opposition pour discuter de la répartition des fonds d’aide US et pour coordonner la stratégie d’opposition, dont on a vu qu’elle correspondait à une véritable “guerre” menée contre le candidat Poutine. Là-dessus, McFaul ne retire rien, avec à la clef une étonnante comparaison dans l’esprit de la chose : «My Russian counterpart in Washington met Republican Party leaders [despite Obama being of the Democratic Party]. This is normal diplomacy…to meet with opposition leaders. Why it’s such a big deal here – that’s a mystery to me.» (McFaul pousse fort loin le bouchon, lorsqu’on sait les conditions exactes de ses rencontres avec les chefs de l’opposition subventionnée par les USA, en pleine campagne électorale, dans les conditions qu’on sait qui ressemblent à un plan de guerre anti-Poutine… Mais ce n’est après tout qu’une manifestation de plus du caractère d’inculpabilité de la psychologie américaniste.)
A ces diverses observations concernant spécifiquement les relations entre les USA et la Russie, on ajoutera des considérations annexes qui élargissent le sujet que nous traitons, – qui est spécifiquement la forme et la substance de la “politique des États-Unis”. Nous citerons deux occurrences qui nous aiderons dans notre réflexion.
• D’une part, les divers rapports et évaluations à propos des contacts secrets entre Obama et l’ayatollah Khamenei (voir le 7 avril 2012), avec l’interrogation de savoir quelle substance réelle il faut leur accorder quand l’on voit l’interprétation que donne McFaul de l’intervention “hors-micro” d’Obama pour Medvedev, telle que l’interprète McFaul.
• D’autre part, une remarque plus éloignée des divers propos ci-dessus, qui concerne plus directement le processus politique en tant que tel aux USA, que nous extrayons de notre article du 7 avril 2012 concernant Ron Paul. Le journaliste du Washington Times cité fait cette réflexion concernant le mouvement suscité par Ron Paul, avec cette remarque où on l’entend désigner l’appareil politique US, et la politique qu’il secrète par conséquent, comme une véritable entité autonome et hermétique pour ceux qui ne correspondent pas à ses normes (souligné par nous en gras dans la citation) : «…It still does not explain why he is soundly rejected in actual contests when votes are counted. Pointing this out is not meant to denigrate Dr. Paul. This is a serious issue. If the Paul supporters can find the weak link in their election chain and fix it, it would allow them to become a more serious movement in terms of votes.»
Nous sommes partis de Kissinger parlant de la “politique des États-Unis” vis-à-vis de la Syrie sans en désigner aucune personnalité politique, aucun parti, en fait rien d’humainement organisé qui puisse être tenu pour responsable de cette politique ; nous terminons par une remarque anodine, qui nous dit pourtant ce fait fondamental qu’un puissant mouvement public, dont on peut constater publiquement la vigueur chaque jour, et qui s’adresse à une personne politique placée dans le processus politique en cours, ne parvient en rien à s’exprimer démocratiquement (comme ils disent) dans ce processus. Dans les deux cas, pourtant complètement différents et venus de situations si différentes (politique extérieure d’un côté, processus électoral de l’autre) qu’on peut les juger comme opposées (observation d’un homme-Système archétypique et situation d’un mouvement antiSystème), la ferme et puissante impression recueillie est que ce qu’on nomme sous l’expression vague de “politique des États-Unis” est effectivement une “véritable entité autonome et hermétique”.
Entre ces deux extrêmes, il y a les diverses étapes, contradictions, foucades et autres que nous avons rapportées, dans les relations Russie-USA, dans les interprétations qu’on leur donne et qu’on donne, dans ce cadre et hors de ce cadre, des “conversations secrètes” du président des USA. On peut noter certaines indications précises qui font également accepter l’idée qu’il s’agit effectivement, dans le chef de cette chose qu’est la “politique américaine”, d’une “véritable entité autonome et hermétique”. Lorsque les diplomates soviétiques se plaignent au département d’État de l’interventionnisme subversif et budgétaire des USA auprès d’organisations russes d’opposition, et par le biais d’organisations vertueusement identifiées comme ONG, il leur est répondu par certains à ce même département d’État, que cette préoccupation est fort compréhensible, sinon partagée par eux-mêmes ; cela va au point que ces diplomates US compréhensifs, et inquiets des réactions russes, en arrivent à livrer des informations qu’on pourrait juger secrètes sur l’aide US apportées à ces groupes. («Ryabkov acknowledged that his side had met some understanding on the State Department’s side and even received some particular data on which groups were funded and in what amount, but he said that the concerns remained»). Par ailleurs, on sait désormais que cette aide est contre-productive, que nombre de groupes d’opposition russes la rejettent… Pourtant, la porte-parole du département d’État annonce que l’aide se poursuivra, et même qu’elle est augmentée. Pendant ce temps, la secrétaire d’État, lisant la fiche idoine sortie du pipe line du Système, affirme que cet interventionnisme de communication aveugle mais à ciel ouvert est une bonne chose, et faite pour le bien de tous, sur la Terre et au Ciel…
Ce qu’on déduira évidemment de ces divers évènements actant l’incapacité de quiconque de réorienter la politique en cours, est qu’il y a là un courant incontrôlable d’une “politique” dont on pourrait juger que plus personne, du côté US, ne la comprend ni ne l’élabore. La nomination d’un homme aussi agressif que McFaul à Moscou, avec des instructions à mesure, est également incompréhensible en termes politiques normaux, à moins que les USA cherchent une confrontation ouverte avec la Russie dans les pires circonstances possibles, ce qui n’est pas le cas. Même si les USA veulent rouler la Russie dans la farine dans l’affrontement de communication qu’ils ont déclenché, notamment en soutenant l’opposition d’une façon sonnante et trébuchante, l’intelligence tactique la plus primaire invite à ne pas trop le proclamer, ne serait-ce que pour ne pas forcer ces groupes d’opposition à refuser cette aide qui est devenue d’une impopularité extrême en Russie.
Tout cela est effectivement incompréhensible, sinon par l’action aveugle et surpuissante d’une “véritable entité autonome et hermétique”. Les exemples hors de cette seule sphère des relations des USA avec la Russie (d’ailleurs, Kissinger parle de la Syrie) nous convainquent de la généralisation du phénomène. De même, la remarque concernant l’impossibilité du soutien populaire de Ron Paul de s’exprimer peut paraître rencontre évidemment les vœux de l’establishment et répondre aux manigances du GOP ; mais, là aussi, il y a un excès qui peut finir par créer une situation explosive, et le constat fait par le journaliste cité, qui n’est pas un partisan de Paul, implique la même idée d’une “véritable entité autonome et hermétique”. La convergence de ces constats et les effets de désordre profond qu’on constate, qui interfèrent d’abord sur les intérêts divers des USA, renforcent l’hypothèse jusqu’à la faire rencontrer l’intuition de la transformation de la “politique” US dans ce sens.
Cette évolution rencontre ce que nous avons décrit comme une “guerre nouvelle”, dont la description est renforcée par l’exemple syrien. La situation acte, également selon la juste remarque d’un de nos lecteurs (“Christian”, le 4 avril 2002), le remplacement du “sous-système du technologisme” par le “sous-système de la communication,” dans la chevauchée du Système. Il est tout à fait logique que l’évolution soit extrêmement spectaculaire, comme nous le voyons ici, précisément dans la “politique” américaniste, dans la mesure où le déclin de la puissance des USA se marque essentiellement par l’effondrement du système du technologisme ; dans la mesure où les USA, refusant ce déclin et ignorant l’effondrement de l’outil fondamental de leur puissance, ont cherché à renouveler cette puissance par l’artifice fondamental, dans ce cas, du système de la communication ; dans la mesure où ils y sont d’autant plus poussés que la communication sous toutes ses formes, de la publicité aux relations publiques et au cinéma, a toujours été, dès l’origine, un facteur majeur de la vie publique US, jusqu’à en être le facteur opérationnel fondateur… Pour autant, le système de la communication ne peut donner que ce qu’il a quant à ses moyens et les effets de ses moyens. Les USA l’utilisent comme s’ils maniaient toujours la puissance brute du système du technologisme, alors que cette puissance disparaît. Le résultat est que cette “politique” qui a de moins en moins de rapport avec la réalité, qui organise le désordre, la contradiction interne, etc., est effectivement elle-même désordres divers et contradictions internes, organisant littéralement en son sein la désorganisation, les cloisonnements divers, les absences de coordination, débouchant sur l’inefficacité et la contre-productivité.
L’on comprend alors que c’est à cause de cette évolution décisive, qui est la nécessité pour les USA de changer d’outil de puissance pour survivre dans leur statut hégémonique, ou au moins dans l'apparence de ce statut, que nous passons à cette “guerre nouvelle”, si radicalement différente. Le passage à l’outil de la communication, créateur de réalités virtualistes qui réfutent absolument la logique de la coordination d’une politique contrôlée, conduit à l’hermétisme du phénomène ainsi créé, lequel entraîne une accentuation décisive de son autonomisation, pour faire de ce facteur de l’autonomie un caractère effectivement décisif et éventuellement créateur d’une entité qu’on pourrait juger comme étant dotée de sa propre vie et de sa propre psychologie.
D’autre part, on voit bien, par tout ce que nous écrivons, et l’exemple de la “politique américaine” étant pris comme moteur du Système, que nous sommes passés du mode de la surpuissance au mode de l’autodestruction. Rien de plus normal à cause de l’aspect Janus du système de la communication, qui permet effectivement cet entrelacs de contradictions et de situations soudainement et follement antagonistes à l’intérieur d’un même camp, pour soi-disant les mêmes intérêts. Le cas américaniste est exemplaire parce qu’il s’agit d’une “usurpation” du système de la communication alors que lui-même, le système de l’américanisme est en phase d’affaiblissement accéléré ; les USA voudraient utiliser le système de la communication comme s’ils avaient encore la puissance du système du technologisme pour eux, d’une certaine façon comme ils ont fait jusqu’ici avec le système du technologisme, avec brutalité, sans retenue ni vergogne, etc. L’effet se retourne alors contre eux, en suscitant un désordre du à cette pression excessive, à cette brutalité sans frein. Le système de la communication engendre indirectement cet effet-Janus évoqué plus haut, en suscitant des situations défavorables au Système, malgré que les tenants du Système soient les utilisateurs. (De même et à l’inverse, lorsque la Russie utilise le système de la communication, elle peut aisément le faire d’une façon qui devrait être à son avantage, en exploitant sa vertu-Janus antiSystème, – voir ce 9 avril 2012.)
On comprend évidemment que le passage à l’utilisation extensive, presque exclusive dans certains cas, du système de la communication, est un phénomène essentiel. C’est pourquoi nous parlons de système de la communication, désormais comme d’une entité surpuissante qui serait autonome en soi-même, avec son individualisme hermétique. Essentiellement, ce système découvre dans cette occurrence où il est utilisé comme substitut au système du technologisme pour tenter de faire perdurer une puissance en déclin accéléré, la nouveauté fondamentale, qui le caractérise fondamentalement dans son mode opérationnel, de n’être plus seulement un acteur-outil de la politique, mais le créateur quasiment exclusif d’une “politique” qui se trouve alors privée de toute cohésion, de toute logique interne puisque exercée comme s’il y avait pour la soutenir la puissance brutale du système du technologisme. Nous parlons dans ce cas du point de vue du Système, car c’est bien aux dépens du Système que s’effectue cette évolution, en installant une situation complètement trompeuse sur sa véritable puissance, avec les erreurs et le désordre qui vont avec. Il n’y a aucune surprise à manifester ; ce n’est somme toute que l’un des effets du passage général du Système de sa dynamique de surpuissance à sa dynamique d’autodestruction.
Forum — Charger les commentaires