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3095Un incident encore mystérieux, et sans doute promis à le demeurer, a eu lieu le 16 octobre entre Israël et la Syrie, alors que le ministre russe de la défense Shoigu était en route pour Tel Aviv pour une visite officielle “de travail” en Israël. (Rencontres avec le ministre de la défense et avec le Premier ministre Netanyahou.) Les versions de l’incident diffèrent, le scénario général étant qu’il s’agit d’un tir de missiles sol-air syrien (de fabrication russe) à longue portée S-200 contre un avion israélien.
(Les S-200 sont connus aussi sous la classification OTAN de SA-5. Il s’agit de vieux modèles de missiles sol-air, datant des années 1970, qui sont très largement dépassés par les nouvelles générations S-300/S-400, etc., et donc de technologies effectuvement dépassées aussi bien pour l’appareillage de détection et de guidage que pour les performances elles-mêmes d la machine.)
Les Israéliens disent que leur avion (de reconnaissance) évoluait dans le ciel libanais et a échappé au tir de missiles, et qu’ensuite d’autres appareils israéliens, de combat ceux-là, ont tiré des missiles sur la batterie de S-200 et l’ont détruite. Les Syriens admettent que des tirs de missiles ont eu lieu contre leur batterie, après que le missile ait été tiré contre l’avion israélien. Mais surtout, les Syriens disent encore que l’avion israélien avait pénétré dans l’espace aérien syrien, d’où le tir contre lui, et qu’il a été touché par le missile. Un article du 17 octobre 2017 de DEBKAFiles affirme que les Syriens ont tiré sans en aviser d’abord les Russes, mais en collaboration avec les Iraniens, essentiellement pour montrer qu’ils ne dépendent pas entièrement du contrôle russe.
« ...Gen. Shoigu was therefore briefed on the incident in real time without waiting for an Israeli update. DEBKAfile’s intelligence sources have strong grounds to assume that Damascus and Tehran were closely coordinated in their actions in the last 24 hours. The Assad regime was sending a message that, notwithstanding massive Russian military assistance, Syria was not totally dependent on Moscow and would not hesitate to act alone if it so decided. »
Mais le plus intéressant dans cet incident concerne le sort de l’avion israélien : a-t-il été touché ou pas ? Et de quel avion s’agit-il ? Assez curieusement, l’article de DEBKAFiles ne donne aucune précision sur le sort de l’avion israélien, le résultat du tir syrien, etc., alors qu’il s’étend considérablement sur les circonstances de la visite de Shoigu et sur les circonstances entourant le tir syrien.
Une autre source doit alors être consultée, SouthFront.org, qui consacre un article à l’incident. L’article, du 17 octobre 2017, reprend la thèse de “certains analystes et blogers activistes” israéliens selon lesquels il s’agissait au départ d’une “démonstration de force” de la part des Israéliens à l’intention de l’alliance russo-irano-syrienne. “Quoi qu’il en soit, quelque chose n’a pas marché” – et place donc au F-35 israélien, un des JSF qui viennent d’être livrés à la Force Aérienne Israélienne, – attention, terrain glissant...
« However, something went wrong.
» According to the available information, the Syrian Defense Forces used a S-200 missile against the Israeli warplane. This Soviet-made missile is the most advanced long range anti-aircraft system opearated by the Syrian military. Even in this case, it’s old-fashioned in terms of the modern warfare.
» Despite this, the Syrian Defense Ministry said in its statement that government forces responded to the violation of the airspace and “directly hit one of the jets, forcing [Israeli aircraft] to retreat.” This statement contradicts to the Israeli claim that “no hit” was confirmed.
» Few hours after the missile incident with Syria, the Israeli media reported that the Israeli Air Force’s F-35 stealth multirole fighter went unserviceable as a result of an alleged bird collision during a training flight.
» The incident allegedly took place “two weeks ago” but was publicly reported only on October 16. However, Israeli sources were not able to show a photo of the F-35 warplane after the “bird collision”.
» Furthermore, it is not clear if the F-35 can become operational again because its stealth coating was damaged. Thus, according to the Israeli version, the warplane reportedly became no longer operational after the bird collision despite the fact that the F-35 earlier passed the bird strike certification with great results (official info here). The F-35 is the world’s most expensive warplane. The price of developing the F-35 is now about $406.5 billion.
» Israel is actively buying the world’s self-proclaimed most advanced fighter paying about $100 million for each plane.
So what did really hit the F-35? »
La source de cette information est donc SouthFront.org, qui fait l’objet d’une campagne de dénigrement et de diffamation intense, comme site prorusse, pro-Trump, etc., selon l’habituelle salade servie par le presseSystème US dans le cadre du Russiagate. (SouthFront.org lui-même nous informe à ce propos, en citant et en détaillant les attaques lancées contre lui, jusqu’aux échos d’une enquête qui serait lancée par les commission de renseignement de la Chambre et du Sénat du Congrès US : « SouthFront estime qu’il devrait être apprécié comme un honneur que les élites d’une nation si souvent citée comme “la plus libre” du monde donnent tant d’importance à l’effort conjoint de nombreux experts et volontaires engagés dans le projet [SouthFront]... »)
On notera à cet égard l’avis d’une source qui est sans aucun doute critique de “D.C.-la-folle” mais qui n’en reste pas loin très attentif à rester dans les limites des du patriotisme aussi bien que du devoir de réserve vis-à-vis des intérêts des USA, – c’est-à-dire le colonel Patrick Lang, qui contrôle le site SicSemperTyrannis. Dans un commentaire d’une citation de l’article de SouthFront.org, le 11 octobre, Lang observe ceci, qui dénonce le contrôle et la raréfaction des informations aux USA devenus une sorte de “zone étouffée”, par contraste avec des organes comme SouthFront.org : « I use South Front and al Masdar News to find material seldom available on the web or in broadcast news. For example, if one reads only the MSM one would never know that the R+6 have made a major contribution to winning the war against the IS jihadis and will soon deal with the HTS (Al-Qa'ida) jihadis that infest Idlib Province. The level of media control by various governments is impressive. The US has become what Solzhenitsyn called a “muffled zone”... »
Ces diverses remarques situent le crédit qu’on peut accorder à SouthFront.org et, par conséquent, l’information concernant le JSF (F-35) israélien qui aurait été touché par le S-200 ajoutée à la discrétion de DEBKAFiles peut être considérée avec un peu plus de sérénité. Il s’avère donc que l’on se trouve au début d’une nouvelle phase de la carrière de communication du programme JSF, lequel programme est bien connu comme étant une crise spécifique à lui seul : la carrière opérationnelle de l’avion, et dans quelles conditions, et dans quelle zone tumultueuse de désordre !
Le F-35 israélien a-t-il été touché par un S-200 syrien ou par un oiseau à la nationalité indéterminée mais certes un oiseau de combat ? S’il s’agit de la thèse du S-200, vieux modèle de missile sol-air qui a des équipements de repérage et de guidage à mesure, cela en dit long sur l’efficacité de l’ensemble de technologie furtive destiné à rendre cet appareil, le F-35/JSF, quasiment indétectable au radar ; s’il s’agit d’un “oiseau de combat” qui, par la seule collision, aurait endommagé le revêtement (peinture, etc.) de la cellule de l’avion qui joue un rôle important dans l’“habillage furtif”, cela en dit à peu près aussi long sur la résistance et la pugnacité de ce morceau de technologie hyper-avancée dans les conditions de vol réel (dans cette version-là de l'incident qui handicape si gravement le F-35, qui est la version soft, on ne parle effectivement pas de circonstances de combat)...
Quoi qu’il en soit, le vaste domaine de communication qui s’ouvre à nous verra la confrontation de deux formidables artefacts de communication où les FakeNews, les narrative, l’art du simulacre jouent un rôle fondamental ; ces deux artefacts, qui sont en effet deux des terrains favoris de la manipulation de la communication, et eux-mêmes deux simulacres... La confrontation du JSF et du désordre moyen-oriental autour du conflit syrien devrait conduire à des situations complètement inédites de la communication confrontée aux tentatives de manipulation et de détournements. Quant à la décision de la Force aérienne Israélienne d’acheter le F-35, elle risque fort d’être mise à l’épreuve de certaines situations qui conduiront à s’interroger à nouveau sur le degré de capacité professionnelle de cette force à s’opposer aux pressions de corruption, encore plus psychologiques que vénales, que ses interlocuteurs US, du Pentagone à Lockheed-Martin, font peser sur elle.
Mis en ligne le 18 octobre 2017 à 13H14
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