La Californie proclame : “Je suis un baril de poudre”

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La Californie proclame : “Je suis un baril de poudre”

L’un des champs de bataille principaux de la présidence Trump qui s’annonce comme une véritable “guerre civile” de la communication, de l’influence et de l’intrigue politique, le plus sérieux de ces champs de bataille comme nous l’estimons est celui de la tentation de la sécession. Dans ce champ de bataille, un État est nécessairement en pointe, autant du fait de son poids considérable en tant que tel que de son activisme politique appuyé sur une très forte population latinos, que de sa position naturelle reflétée dans la majorité démocrate sur la question de l’immigration. En Californie, même si elle est exprimée en ces termes par la majorité démocrate qui en fait une utilisation politicienne, la question de l’immigration est moins une question idéologique (le progressisme-sociétale de l’“hypergauche”) qu’une question structurelle qui est implicitement celle de la détermination de la souveraineté et la lgitimité principielle, tenant aussi bien à l’origine historique qu’à l’actuelle composition de sa population immigrée, avec une augmentation constante.

(La Californie est l’un des trois États des USA, avec le Nouveau-Mexique et Hawaii, où la population blanche n’est pas [plus] majoritaire dans le sens de la première des erthnies. A l’été 2014, pour la première fois les latinos [14,99 millions] dépassaient les blancs [14,92%] en Californie, et cette tendance ne peut aller qu’en s’accentuant. Quand ils manifestent aujourd’hui en Californie, les latinos ont l’habitude de brandir à la fois le drapeau des USA et celui du Mexique.)

Donc, “un champ de bataille principal de la présidence Trump”, où la bataille s’est engagée avant même que cette présidence soit installée. Les conditions troubles et confuses de la situation intérieure actuelle des USA expliquent cette précocité, en mettant à jour la validité du risque fondamental de la sécession. En fait, c’est l’activisme politicien et idéologique anti-Trump des démocrates qui a mis le feu aux poudres d’une façon si prématurée. Des votes ont eu lieu au cœur de la législature californienne (le Congrès de Californie), où des motions d’avertissement lancées au président Trump ont été votées, qui impliquent in fine une volonté arrêtée de ne pas appliquer ce qui devrait être la politique d’immigration de l’administration Trump qui veut lancer une lutte radicale contre l’immigration illégale. Breitbart.News rapporte à cet égard :  

« California Democrats used Monday’s swearing-in ceremonies in the State Assembly and State Senate to introduce and pass resolutions condemning President-elect Donald J. Trump’s rhetoric and his anticipated immigration policies. House Resolution 4 (HR-4) states that “the Assembly condemns in the strongest terms bigoted, racist or misinformed descriptions of the immigrant community” and “urges the President-elect not to pursue mass deportation strategies that needlessly tear families apart to target immigrants for deportation based on value and unjustified criteria.”

» HR-4, co-authored by Assemblyman Anthony Rendon (D-Panorama), also states: “… the Assembly implores the President-elect to reject any expansion of the ‘expedited removal’ process that operates without administrative oversight and robs individuals of due process.” It also “urges President-elect to continue President-Obama’s Deferred Action for Childhood Arrivals program (DACA), which grants ‘Dreamers’ — people who were brought into the country as children by their parents — a temporary reprieve from deportation.”

» While the resolution correctly points out that “[i]mmigrants have always played an integral part in American history,” that the Golden State is “home to more foreign-born residents than anywhere else in the country,” and that “[a]pproximately one tenth of California’s work force is undocumented,”  it ignores the challenges of large-scale illegal immigration, such as the burden on social and welfare services, increased economic competition among low-skilled workers, national security concerns, and other issues.

» A similar resolution was moved through the State Senate by President Pro Tem Kevin de León (D-Los Angeles). The Assembly resolution passed 57 to 14; the Senate resolution passed 27 to 3, with 10 abstentions, according to the San Diego Union Tribune... »

On peut également citer le discours au cours de ces mêmes cérémonies du Speaker de l’Assemblée de l’État de Californie, le démocrate Antony Rendon, appelant les Californiens à un refus de l’unité nationale s’apparentant à un état de sécession ; il compare la situation à celle de la Seconde Guerre mondiale, et la Californie étant dans cette analogie le Royaume-Uni de Churchill aux heures sombres de 1940-41, cela impliquant que l’administration Trump et le centre washingtonien sont une réplique postmoderne de l’Allemagne nazie : « “Californians do not need healing. We need to fight,” he declared. Rendon called the Trump administration a “major existential threat” on a par with the Second World War... [...] Citing a wartime speech by Winston Churchill, Rendon declared that Californians would defy the federal government’s efforts to enforce immigration law, and would protect the state’s “interests.” »

D’une certaine façon et même d'une façon certaine, on peut observer et juger que les démocrates jouent avec le feu. Dans le climat actuel aux USA, ce n’est pas très étonnant, mais la Californie, à cause des conditions particulières qui la caractérisent, est un baril de poudre, justement à cause de ce mélange explosif de l’idéologie de l’hypergauche/progressiste-sociétale d’une part, et de la nouvelle majorité démographique latinos. Les événements pourraient évidemment passer, sans coup férir, d’un simple mouvement de contestation à la tentation de la sécession, fondée historiquement sur le mouvement dit de la Reconquista.

(La Reconquista est un courant de pensée multiforme mexicain qui exprime souvent des options absolument radicales, et dont les racines sont incontestablement de type nationaliste [mexicain]. Il s’agit de la contestation de l’annexion par les USA de parties importantes du Mexique à la suite de la guerre d’agression des USA contre le Mexique de 1847-48 ; l’annexion dénoncée comprend dans ses formes les plus radicales les États d’Arizona, de Californie, du Colorado, du Nevada, du Nouveau Mexique et de l’Utah, – et jusqu’à y ajouter, pour certains, le Texas, le Wyoming, le Kansas et l’Oklahoma)

Il est évident que ces conditions extrêmes de confusion, de désordre et de contestation aux USA, avec la campagne USA-2016 et l ‘élection de Trump, ont un écho particulièrement fort en Californie. L’État a été remporté haut la main par Clinton, mais toujours et plus qu’en aucun autre cas dans ces conditions d’ambiguïté qu’on a dites. Le soutien latinos à la candidate démocrate n’a que ponctuellement à voir avec l’idéologie progressiste-sociétale ; structurellement, c’est une toute autre affaire. L’un des intellectuels du mouvement de La Reconquista, le professeur Charles Truxillo, qui enseignait à l’université de Chicago (il est mort en 2015), exprimait la condition des latinos et également l’état d’esprit de ceux qui se sont intégrés dans le système de l’américanisme et sont devenus des élites-Système, avec leur évolution psychologique possible :

« “Native-born American Hispanics feel like strangers in their own land. We remain subordinated. We have a negative image of our own culture, created by the media. Self-loathing is a terrible form of oppression. The long history of oppression and subordination has to end” and that “Along both sides of the U.S.-Mexico border there is a growing fusion, a reviving of connections.... Southwest Chicanos and Norteno Mexicanos are becoming one people again.” Truxillo stated that Hispanics who have achieved positions of power or otherwise are “enjoying the benefits of assimilation” are most likely to oppose a new nation, explaining that “There will be the negative reaction, the tortured response of someone who thinks, ‘Give me a break. I just want to go to Wal-Mart.’ But the idea will seep into their consciousness, and cause an internal crisis, a pain of conscience, an internal dialogue as they ask themselves: ‘Who am I in this system?’”... »

Truxillo n’envisageait pas une action violente pour arriver à la rupture d’abord culturelle avec les USA. Mais il n’envisageait pas non plus, au moment de ces déclarations, une situation telle que USA-2016 où l’arme principale de l’insurrection s’exprime désormais dans le vote pseudo-démocratique, et où les choses peuvent aller très vite. Bien entendu, en flanc-garde de cette situation veillent les sécessionnistes spécifiquement californiens de Calexit, qui ont lancé un mouvement pour un référendum en 2019, et dont la proposition d’application pourrait s’accélérer selon les circonstances.

On se trouve, avec la Californie, dans le cas très intéressant où l’option antiSystème balance entre les deux partis à prendre : la contestation anti-Trump, telle que les démocrates la mènent avec le progressisme-sociétal de l’hypergauche, en Californie comme ailleurs, est absolument pro-Système ; mais en Californie également, si elle prend la forme structurée qu’envisage Truxillo avec l’idée du développement inconscient de la question de l’identité jusqu’à la crise identitaire nécessairement antiaméricaniste, notamment dans les psychologies des latinos ayant rallié les élites-Système et constituant une part importante du pouvoir en place, la contestation des latinos acquiert très rapidement la dimension antiSystème en s’attaquant structurellement aux USA en tant que structure de production et d’accueil du système de l’américanisme, directement lié au Système. Les démocrates progressistes-sociétaux US seront arrivés ainsi au bout de leur complète irresponsabilité, ayant assumé jusqu’au terme l’équation surpuissance-autodestruction chère au Système.

On notera encore, en aoppendice, une autre facette de l’ambiguïté dont nous parlons : si la démarche des latinos peut être considérée à terme comme antiSystème, c’est essentiellement parce qu’elle s’attaque dans l’hypothèse envisagée à l’imposture que sont les USA. Notre appréciation est que les USA n’ont pu constituer une souveraineté réelle, un véritable principe de souveraineté, c’est-à-dire ce qui ferait leur légitimité fondamentale, en ayant rejeté tout legs historique et métahistorique dès l’origine ; tels que nous les voyons, ils ont été bâtis par la force, par le feu et le sang de la Guerre de Sécession qui fut un des premiers vecteurs opérationnels du Système en permettant de développer le germe furieux du capitalisme (le Gilded Age de 1865-1890) puis de l’hypercapitalisme que nous connaissons aujourd’hui, en même temps que ce centre de puissance déstructurante qu’est le pouvoir américaniste. Au contraire et selon l’exemple le plus remarquable, en France où se pose effectivement une hypothèse identitaire de la même sorte avec l’émigration, notamment musulmane, le problème est infiniment plus complexe dans la mesure où, selon notre appréciation, la France dispose effectivement d’une souveraineté principielle développée par l’Histoire, assurant sa légitimité et dès lors de nature antiSystème, et alors l’attaque contre elle peut difficilement être considérée comme antiSystème. Là aussi, les progressistes-sociétaux assument une responsabilité similaire, toujours en se rangeant, d’une autre façon mais avec un résultat similaire, du côté du Système.

 

Mis en ligne le 5 décembre 2016 à 10H58