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78503 avril 2020 – Pour poursuivre sur la page d’hier dans ce Journal-dde.crisis, il me semble opportun de présenter une analyse publiée par Moon of Alabama (MoA) et traduite par nos amis du Sakerfrancophone. L'analyse vient prolonger et enrichir le débat proposé hier. MoA, qui est bien connu pour ses positions indépendantes et antiSystème, en plus de ses qualités professionnelles, est particulièrement à son aise dans les analyses factuelles sur tel ou tel cas où le simulacre-Système a accouché d’une horreur de communication et d’information, au-delà de la désinformation et de la mésinformation mais plutôt du domaine de Disneyland, qu’il s’agit de redresser avec aredeur et précision. Ainsi MoA fait -il la démonstration
1). qu’il est extrêmement difficile de tenir un bilan précis des pertes causées par une épidémie (on le voit bien dans les bilans historiques où l’on a pourtant eu le temps d’analyser et de comptabiliser, et qui restent extraordinairement imprécis : la grippe espagnole de 1918-1920 a fait de “de 60 à 100 millions de mort” et la grippe asiatique de1957, “de 1,5 à 4 millions de morts”).
2). Que certaines variations du bilan chinois sont par conséquent normales, – on retrouve le même cas dans de nombreux pays, y compris et surtout du bloc-BAO, – et par conséquent il est absurde d’accuser la Chine de mensonges, et plus encore de machination et de préméditation.
Évidemment, le grand intérêt de la reprise de ce texte est de le comparer à celui d’hier, où une partie importante était consacrée aux écarts antichinois de ZeroHedge.com, autre site connu comme MoA, également de réputation indépendante et antiSystème, et qui dans ce cas surprenant défend avec vigueur, et à de nombreuses reprises, et souvent dans les moindres allusions, la thèse officielle de la duplicité chinoise. On trouve ainsi concrétisée un cas presque parfait d’une opposition fondamentale entre deux sites de même tendance, illustrant ce chaos caractérisant désormais ce qu’on nommait avant le “front antiSystème“ et qui se dissout aujourd’hui en un tourbillon crisique bien illustratif des Derniers Temps.
Le cas du Covid-19 est d’autant plus intéressant et significatif qu’il n’est pas politique à priori, mais qu’il a été quasi-instantanément “politisé” (les soupçons antichinois ont fleuri dès janvier 2020), montrant par là que le Système, – cette “politisation” antichinoise est venue du Système, – vit dans un état d’alerte permanente, qu’il voit des ennemis partout et interprète le moindre événement, même le moins politique, comme des actes d’agression qui lui sont destinés. Cette tension est si grande qu’il faut bien constater que certains indépendants-antiSystème y cèdent, sans voir la signification de leurs positions et les effets à terme.
Mais peu importe enfin. Il reste que la course suivie, et accélérée avec Covid-19, est plus que jamais le processus de transmutation de la surpuissance en autodestruction, et la méfiance paranoïaque du Système accélère joliment le processus. Comme nous l’avons dit, les antiSystème n’ont pas un rôle “offensif” direct à jouer, – ce qui rendrait inquiétantes certaines variations chaotiques de certains d’entre eux, – maïs un rôle d’excitation, de provocation, etc., dans le but d'activer l'équation surpuissance-autodestruction : « Mais non à la fin ! Les antiSystème ne sont pas là pour vaincre le Système, tâche extraordinaire et surréaliste ; les antiSystème sont là pour l’exciter, le Système, pour le rendre fou de rage, pour lui faire prendre des mesures extrêmes et mauvaises... [...] ...l’impitoyable marche aux abysses du Système hurlant sa surpuissance jusqu’à l’autodestruction. »
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La campagne antichinoise, que mène le conseiller adjoint à la sécurité nationale, Matthew Pottinger, a présenté sa blague du premier avril. Ce dernier a révélé à Bloomberg qu’un rapport secret des services de renseignement américains prétend que la Chine a dissimulé les chiffres réels de ses cas de Covid-19 :
“La Chine a dissimulé l'étendue de l'épidémie de coronavirus dans son pays, sous-estimant à la fois le nombre total de cas et de décès qu'elle a subis, a conclu la communauté du renseignement américain dans un rapport classifié livré à la Maison Blanche, selon trois responsables américains. ...
”Bien que la Chine ait finalement imposé un verrouillage plus strict que celui des nations moins autocratiques, les chiffres rapportés par la Chine ont suscité un scepticisme considérable, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Le gouvernement chinois a révisé à plusieurs reprises sa méthodologie de comptage des cas, excluant pendant des semaines les personnes sans symptômes, et ce n'est que mardi qu'elle a ajouté plus de 1 500 cas asymptomatiques à son total.
”L’entassement de milliers d'urnes à l'extérieur des pompes funèbres de la province de Hubei ont semé le doute dans l'opinion publique en ce qui concerne les rapports de Pékin.”
La Chine n’a pas caché le nombre de cas de Covid-19 qui l’affectait. Elle n’a pas non plus caché d’informations.
Il est en fait très difficile de communiquer des chiffres lors de l’apparition d’une nouvelle maladie.
Quand commence-t-on à compter ? La Chine n’a su qu’au début du mois de janvier qu’elle subissait une nouvelle épidémie de virus. À ce moment-là, les personnes décédées le mois précédent avaient déjà été incinérées. Comment peut-on les compter ?
Doit-on inclure ou non les co-morbidités dans le décompte ? Qu’en est-il des victimes d’un accident de voiture qui se révèlent également positif pour le Covid-19 ? Qu’en est-il des personnes qui sont mortes avec les symptômes du Covid-19 mais qui n’ont pas pu être testées faute de kits de test ? Les tests sont-ils vraiment fiables ? À un moment donné, la Chine a inclus tous les cas de pneumonie dans le nombre de cas de Covid-19, même s’ils étaient négatifs au test de dépistage de Covid-19. Les épidémiologistes chinois ont pensé que leur test était erroné et n’ont découvert que plus tard que ce n’était pas le cas.
Qu’en est-il des cas asymptomatiques dont le test est positif ? S’agit-il de faux positifs ou ces personnes sont-elles réellement porteuses du virus ? On ne peut le savoir qu’en leur faisant subir un test de dépistage des anticorps, un mois plus tard. Si elles ont développé des cellules d’anticorps contre le virus, c’est qu’elles devaient l’avoir. C’est peut-être la raison pour laquelle la Chine n’a ajouté que maintenant les 1 500 cas asymptomatiques à son compte total.
Le nombre le plus important lors d’une épidémie est celui qui permet de planifier les ressources et de modéliser les contre-mesures. Ce chiffre est le taux de mortalité.
Mais ce n’est pas le bon chiffre si l’on se demande quelle est la probabilité de mourir de la maladie :
“Vous avez peut-être entendu parler d'un terme utilisé : le “taux de létalité”, ou TL. Il s'agit du nombre de décès divisé par le nombre de cas confirmés. Lorsque les journalistes parlent du “taux de mortalité”, c'est souvent à lui qu'ils font référence. Si un pays compte 10 000 cas confirmés et 100 décès, alors le TL dans ce pays est de (100/10 000), soit 1 %.
”Ce n'est pas ce que nous recherchons, et ce n'est probablement même pas très proche de ce que nous recherchons.
”Ce que nous voulons, c'est plutôt le “taux de mortalité par infection”, ou TMI. Il s'agit du nombre de décès divisé par le nombre de personnes qui ont effectivement la maladie. Le nombre de personnes qui ont été testées positives pour la maladie n'est probablement qu'une fraction du nombre total de personnes qui l'ont eue, car seule une fraction de la population a effectivement été testée.
”Il est évident que le TMI est beaucoup plus difficile à déterminer avec précision. Les seules personnes qui se font tester sont celles qui sont les plus malades, de sorte que votre TMI est probablement beaucoup plus faible que votre TL, parce que votre dénominateur - le nombre par lequel vous divisez - est probablement beaucoup plus grand.
”Donc, si votre pays a testé absolument tout le monde et a trouvé tous les cas de la maladie, votre TMI est le même que votre TL, soit 1%. Mais si seul 10 % des personnes atteintes de la maladie ont été testées, alors vos 10 000 cas confirmés ne sont que la partie visible d'un iceberg de 100 000 personnes. Avec ces 100 décès, votre TMI serait de (100/100 000) ou 0,1 %.”
La Chine, et tous ceux qui ont suivi ses données, savaient que le nombre de cas déclarés est différent du nombre d’infections réelles. Mais nous ne savions pas de combien. Il était également clair que la Chine ne comptait pas tous les décès dus au Covid-19. L’Italie montre comment ce problème se pose :
“Alors que les hôpitaux sont surpeuplés, on demande aux patients de rester chez eux jusqu'à ce qu'ils présentent les symptômes les plus graves. Nombre d'entre eux mourront chez eux ou dans des maisons de retraite et ne seront peut-être même pas comptés comme des cas de Covid-19, à moins qu'ils ne soient testés post-mortem.
”La semaine dernière, deux chercheurs du nord de l'Italie ont fait valoir ce point avec force en examinant la situation à Nembro, une petite ville près de Bergame qui a été très gravement touchée par l'épidémie. Dans le journal italien Corriere della Sera, ils ont constaté que la ville avait enregistré 158 décès en 2020, contre 35 en moyenne au cours des cinq années précédentes. Ils ont noté que Nembro n'avait compté que 31 décès dus à Covid-19, ce qui semble être une sous-estimation.
”Dans d'autres villes voisines, dont Bergame elle-même, la tendance semblait identique. Les chercheurs ont fait remarquer que le seul indicateur fiable en fin de compte sera la “surmortalité”, c'est-à-dire le nombre total de personnes décédées par rapport à une année “normale”.”
Le Royaume-Uni produit deux données différents. L’Office for National Statistics indique qu’il compte plus de décès par Covid-19 que le site officiel GOV.UK du ministère de la santé et de l’aide sociale :
“Nous incluons tous les décès pour lesquels le COVID-19 était mentionné sur le certificat de décès, même s'il n'était que suspecté : les chiffres du GOV.UK ne concernent que les décès pour lesquels le patient avait un résultat positif.
”Nous incluons les décès qui se sont produits n'importe où en Angleterre et au Pays de Galles, par exemple, certains peuvent se produire dans des maisons de soins : les chiffres du GOV.UK sont uniquement ceux qui se sont produits dans les hôpitaux.”
La définition des personnes à compter peut changer au fil du temps et pas seulement en Chine :
“Les pays peuvent avoir de bonnes raisons de modifier leur façon de collecter des données en fonction de l'évolution des circonstances, mais cela arrive apparemment assez souvent pour que l'Organisation Mondiale de la Santéestime qu'elle doit demander aux pays de l'informer lorsqu'ils le font. On sait que la Chine l'a fait pendant l'épidémie, mais d'autres l’ont aussi fait : en se conformant à la demande de l'OMS, l’Australie a indiqué qu'elle avait changé sa définition d'un “cas”de Covid-19 (et donc d'un “décès” dû à Covid-19) au moins 12 fois depuis le 23 janvier.”
Quant au nombre d’urnes livrées aux pompes funèbres de Hubei après la levée de la quarantaine, il faut également tenir compte du nombre de décès réguliers. La province du Hubei compte quelque soixante millions d’habitants. Le taux de mortalité régulier en Chine est de 726 pour 100 000 habitants par an. Le nombre de décès réguliers attendus entre le 1er janvier et le 31 mars dans la province de Hubei, sans l’épidémie, était de 108 900. À Wuhan, qui compte 14 millions d’habitants, le nombre attendu était de 25 410. Les photos qui montrent la livraison de quelques milliers d’urnes aux grandes pompes funèbres de Wuhan ne sont donc pas le signe d’un taux de mortalité plus élevé pour le Covid-19. Prétendre cela est un non-sens à but propagandiste.
Il n’y a aucune raison de critiquer la Chine pour avoir publié des chiffres incomplets et parfois déroutants. C’est normal lors de toute épidémie et les États-Unis feront certainement de même. Le vrai problème avec les différents chiffres qui circulent est ailleurs.
Les gens essaient de faire des prévisions sur le nombre de personnes qui seront infectées et mourront du virus. Ces modèles sont nécessaires pour préparer les ressources. Mais il est extrêmement difficile de faire des prévisions car les différents modèles réagissent de manière très sensible aux données d’entrée. Un modèle qui fonctionne dans le pays A peut donner de mauvais résultats lorsqu’il est utilisé pour le pays B. Les villes et les communes sont différentes. Les circonstances locales peuvent faire d’énormes différences. Avec des chiffres réels d’infection et de taux de mortalité inconnus lors d’une épidémie, nous pouvons seulement espérer que nos épidémiologistes, qui sont formés pour élaborer et interpréter de tels modèles, obtiennent les bons résultats.
Prétendre que la Chine a trompé les États-Unis et le monde sur ses chiffres ou qu’elle a essayé de faire croire que l’épidémie n’était pas aussi grave qu’elle ne l’est n’a aucun sens.
La Chine a pris des mesures extrêmes et drastiques à un coût économique élevé pour empêcher une plus grave épidémie. Elle ne l’a pas fait pour tromper qui que ce soit, mais parce qu’elle a vu la gravité du problème. Elle a agi pour vaincre le virus et ceci dans l’intérêt du monde entier.
La Chine a donné au monde le temps de se préparer à la pandémie. Malheureusement, ce temps n’a pas été utilisé à bon escient. L’une des raisons pour lesquelles les États-Unis vont maintenant connaître une très grande épidémie est qu’ils ne sont pas disposés à suivre l’exemple chinois. Lorsque l’on déclare que les magasins d’armes et les champs de tir sont des entreprises essentielles qui doivent rester ouvertes pendant le confinement, c’est qu’on ne prend pas au sérieux la lutte contre l’épidémie.
En accuser la Chine est tout simplement absurde.
Le nombre réel de victimes de l’épidémie de SRAS-CoV-19 ne sera connu qu’une fois que celle-ci sera terminée et lorsque nous comparerons les nouvelles statistiques de décès à celles des années précédentes. Une chose est sûre. Le nombre de “décès excédentaires” sera plus faible dans les pays qui ont utilisé le temps que la Chine leur a accordé et qui se sont préparés à ce qui les attendait.
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