La connexion Lind-Trump et le “marxisme culturel”

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La connexion Lind-Trump et le “marxisme culturel”

Le 9 mai 2016 paraissait un texte de William S. Lind, surmonté d’une très grande photo le montrant au côté de Donald Trump. Il s’agit d’un texte sur le “conservatisme culturel” qu’il présente également comme “le prochain conservatisme” (The Next Conservatism). La définition de cette position culturelle fondamentale est présentée par Lind comme se fondant notamment sur la définition en dix points du conservatisme donnée par Russel King dans National Review, du temps où cette publication n’était pas entièrement entre les mains de ces neocons que Kirk dénonça au soir de sa vie (en 1988). Précision de Lind : « The Next Conservatism‘s definition is that of Russell Kirk. Kirk may have been the only real conservative in the old National Review crowd. Stressing that conservatism is not an ideology, Kirk saw the conservative mind as embracing ten broad principles... »

Là-dessus, Lind y ajoute un point essentiel pour passer du simple conservatisme tel que le définissait Kirk au “prochain conservatisme” selon lui, c’est-à-dire au “conservatisme culturel” : « Cultural conservatism is the belief that there is a necessary, unbreakable, and causal relationship between traditional Western, Judeo-Christian values, definitions of right and wrong, ways of thinking and ways of living – the parameters of Western culture – and the secular success of Western societies: their prosperity, their liberties, and the opportunities they offer their citizens to lead fulfilling, rewarding lives. If the former are abandoned, the latter will be lost. »

Le point singulier de ce texte du 9 mai dans sa présentation est, figurant en tête, la photo, très grande, sans légende, qui montre comme on l’a dit Lind au côté de Trump. Manifestement il nous apparaît que cette photo est récente, notamment parce que, dans des textes précédents, Lind a parlé à l’une ou l’autre occasion de Trump, d’une manière réservée quoique sans hostilité spécifique, et qu’il n’est certainement pas homme, par ses habitudes et son mode de vie, à rencontrer Trump “par hasard” ou au hasard de mondanités auxquelles il ne participe pas. D’autre part, il ne dit mot de Trump dans son texte ni bien entendu ne donne aucune indication implicite selon laquelle il aurait rencontré Trump et se serait entretenu avec lui d’une façon spécifique ; par conséquent, la présence de cette agencement graphique est soit sans rime ni raison et concernant une rencontre qui n’avait aucune raison d’avoir lieu, soit une indication indirecte, presque subliminale, que cette rencontre a eu lieu récemment à propos des évènements courants et qu’elle n’est certes pas sans forte raisons politique et idéologique. Par conséquent et choisissant naturellement la deuxième interprétation si évidente, on est complètement fondé à lier le texte, mais aussi d’autres écrits de Lind, au parcours politique réel, et un peu secret, qu’effectue Donald Trump, – et c’est ce que nous faisons sans hésitation, comme une hypothèse tout à fait raisonnable.

Dans son texte, Lind rappelle sont hostilité au “marxisme culturel” qu’il dénonce par ailleurs dans un autre texte beaucoup plus précis et argumenté et qui prend une allure extrêmement singulière et spécifique (voir plus loin). On notera en attendant dans le même texte du 9 mai le paragraphe de conclusion qui connecte directement la théorie à la présente campagne électorale, et justifie à lui seul la photo en tête du texte Trump-Lind, laissant supposer dans une telle présentation un “message” selon lequel Trump est intéressé par les conceptions de Lind. Ce paragraphe qui termine ce texte du 9 mai sans citer Trump explique la positon de Lind sur le “marxisme culturel” qui le rapproche indubitablement de Trump et explicite alors effectivement la photo de tête qui constituerait un “message” indirect pour faire savoir qu’il a partagé ses réflexions théoriques avec Trump :

« In this year’s election, the popular outrage over the decline of the middle class, the wasting of our children’s lives in unnecessary overseas wars and the ravages cultural Marxism, a.k.a. political correctness, has inflicted on our culture has broken into the open. I do not think it will be put back into the bottle anytime soon. If it is to bear fruit in terms of restoring America’s greatness, it must turn, not just to conservatism, but to cultural conservatism. Culture is the basis for everything else, and util we again get it right all else will continue its downward spiral. As we shall see, The Next Conservatism talks about how we might find our old culture again. »

On connaît notre intérêt pour William S. Lind depuis plusieurs années, d’abord comme théoricien incontesté de la Guerre de 4ème Génération (G4G) dont il juge qu’elle est, selon notre interprétation et selon notre jargon, une guerre déstructurante menée contre les ensembles structurées, c’est-à-dire une forme de guerre menée revenant à répondre aux impulsions du Système contre tout ce qui est antiSystème. (Mais, dans certaines conditions, la G4G peut être retournée contre le Système.) On voit donc ici que Lind, effectivement connu comme un théoricien militaire de la G4G, d’ailleurs avec constamment de fortes références historiques, est aussi un théoricien du “conservatisme culturel” avec de fortes racines se référant à la Tradition. Lind s’est déjà qualifié dans certains de ses textes comme l’un des extrêmement-rares “royalistes”, plutôt en référence au courant français, dans le monde intellectuel US.

Par ailleurs, on peut le considérer comme un intellectuel d’une indépendance jalouse, qui n’est connecté, à notre connaissance, à aucun groupe politique actif/activiste identifié. Son penchant pour le courant de la Tradition est démontré par sa présence dans les colonnes du site dont l’intitulé est évidemment une indication à cet égard : TraditionnalRight.com, dépendant du groupe traditionalRIGHT, ou “traditionnalism in a changing world”, se définissant de la sorte : « traditionalRIGHT is an online journal dedicated to the survival of Western civilization and her people. We aim to bring traditionalist thinking and an understanding of human nature into the forefront of politics and society. » Dans ce cas, ce qui serait un engagement indirectement affirmé ou suggéré avec Trump (la photo), aurait une dimension culturelle importante.

A ce point du propos, il n’est pas indifférent de se référer à un texte du 23 mars 2016 du même William S. Lind, constituant une définition analytique de ce qu’il entend par “marxisme culturel”, et cela en connexion directe avec les élections présidentielles et avec la candidature Trump. Aux USA, la chose est directement liée à la race dans le chef de ses manipulateurs, dans un pays où l’on est beaucoup moins timide lorsqu’il s’agit de parler de “race” que, par exemple, en France, où le mot est quasiment interdit. Nous pensons que le texte de Lind vaut citation presque complète, parce qu’il explique fort bien le problème qui se résume dans le constat d’une attaque idéologique anti-blanche (“racisme antiblanc”), ce qui revient notamment à une attaque contre la classe moyenne US pour qu’elle cesse d’ennuyer Wall Street avec ses continuels gémissements sur son appauvrissement accéléré, essentiellement du fait de l’action de Wall Street.

« The 2016 presidential election campaign is about far more than who gets elected. It represents a widespread grass roots rebellion against the political Establishment, similar to those that elected Andrew Jackson and supported William Jennings Bryan. One of its more portentous components is the rise of White political consciousness.

» This phenomenon is not restricted to the Republican Party, where, thanks to his defiance of political correctness, Donald Trump is the Whites’ candidate. In the Democratic Party, Whites are supporting Bernie Sanders, while Clinton is dependent on the black and Hispanic vote...  [...]

» As has been the case with other racial and ethnic voting blocks, White political consciousness is rising in the face of persecution. The Establishment’s ideology of cultural Marxism, commonly called “political correctness” or “multiculturalism”, says that all Whites are inherently evil “oppressors” and “racists”. This is true regardless of what individuals do. Whites are for cultural Marxism what the bourgeoisie and capitalists are for classical economic Marxism: devils who must be expunged from society.

» Not only do Whites find themselves everywhere denounced, government now tilts the tables against them in everything from university admissions to employment and promotion. “Affirmative action” is legalized discrimination against Whites (and Asians) in favor of blacks and Third World immigrants. White cops who shoot blacks are now automatically in trouble, while the fact that the back rate of violent crime is twelve times the White rate is never mentioned (to do so would be “racist”). Racist black hatred of Whites is now more widespread than White hatred of blacks, but cultural Marxism says blacks can not be racist. All opprobrium is reserved for Whites, while blacks have PC’s sacred “victim” status.

» In response, Whites are beginning to see themselves as a political block, one with interests that need to be protected by voting for candidates who appeal, overtly or covertly, to Whites. Cultural Marxism labels this the ultimate evil. Whites are supposed only to grovel before blacks and Third World immigrants, apologizing for “discrimination” and offering “reparations”. Any White who acts or votes for White interests is “another Hitler”.

» Whites are fed up with it. They are eager to vote for someone who defends and represents them. In a Trump vs. Clinton race for the presidency, Trump’s status as the White candidate and Hillary’s as the black candidate could be decisive. Substantial numbers of voters from other ethnic groups, including Hispanics, may welcome and use an opportunity to vote against blacks. Trump need not and ought not be explicit about his status as the White candidate. The culturally Marxist Establishment will do that for him, and already is. Establishment PACs are running ads denouncing him for it. He does need to not reject that status, as he did in Ohio by running a television ad featuring blacks. That will not get him the black vote and it will endanger his support among politically conscious Whites.

» The only surprise about the rise of White political consciousness is that is was so long coming. Whites have been discriminated against for decades. The cultural Marxists relied on psychological conditioning to keep Whites forever on their knees. In this election cycle, the conditioning is losing its power and Whites are standing up for themselves as Whites. That is a political development of large importance. »

On notera que pas une fois le mot “racisme“ ou le mot “suprémacisme” n’apparaît dans ce texte malgré qu’il soit entièrement centré sur le concept de “race”. D’ailleurs, Lind varie dans ses classements des ethnies manipulées : souvent, il met les Asiatiques-Américains au côté des Blancs, et parfois mêmes les Hispaniques, les Africains-Américains étant le principal groupe constamment manipulés par le Système. C’est dire en effet, selon notre interprétation, que nous sommes complètement dans le domaine de la manipulation des différents concepts de “victimisation” développés par le Système pour orienter son offensive vers ce qu’il perçoit comme la principale masse de résistance : le gros de la population du bloc-BAO, figurant aussi bien ce qu’on nomme “classe moyenne” aux USA à laquelle s’agglomère ce qu’il reste du soi-disant “prolétariat” classique, avec l’équivalent en Europe (surtout en France) où une place plus grande est faite au “prolétariat” (les “travailleurs” ou masse ouvrière en langage syndicat classique), les uns et les autres étant assimilés à la principale résistance, de plus plus par révolte et insurrection, contre le nivellement culturel imposé par la globalisation comme principal instrument de déstructuration et de dissolution du Système.

Pour renforcer le propos, on peut en effet évoquer plus en détails le cas français qui commence à être de plus en plus similaire au cas américaniste (justifiant la parole récemment citée du neocon Joshua Muravchik : « Aside perhap from the French, the only people averse to American leadership are the Americans »). Il y est là aussi question d’une notion telle que “marxisme culturel” pour caractériser le mouvement idéologique de victimisation des immigrés et autres, aux dépens d’une culpabilisation construite sur la “mémoire de repentance” de ceux qu’on nommerait, en langage plus châtié ou plus hypocrites qu’aux USA, les “Européens de souche” à petits revenus particulièrement touchés par la crise économique. La violence de cette atmosphère terroriste qui se nomme également “politiquement correct” commence à être dénoncée à haute voix par des intellectuels, comme cette exclamation de Jean-François Colosimo, cité dans Humeur de crise-11 du Journal dde.crisis du 10 mai : « Il y a Paul Yonnet, qui paiera quasiment de sa vie, il faut le dire, le fait d’avoir été le premier à dénoncer l’imposture de “SOS Racisme” puisqu’il subira l’ostracisme de la gauche, le premier dans les années 1990. Il paye pour avoir dit la vérité... ». Dans la même émission (Historiquement show) consacrée à Jean-Pierre Le Goff, ce dernier évoquait également comme moyen de lutter contre ce qu’on nomme également en France “marxisme culturel” (expression employée par Stéphane Courtois), la nécessité de revisiter la tradition : « Ma position est de dire qu’on ne reviendra pas en arrière... E cela pose la question du rapport au passé [car] je pense qu’il n’y a pas d’avenir sans rapport au passé... On est à un moment propice, puisque, comme le dit Hannah Arendt... puisqu’il y a une rupture dans la tradition il y a une chance en même temps, c’est la capacité de relire la tradition avec un regard neuf et d’y déceler ce que Paul Ricoeur appelait “les potentialités non exploitées du passé”... »

On voit bien les enjeux formidables qui apparaissent derrière les diverses questions qu’on tendrait à séparer et qui, finalement, se retrouvent selon les mêmes logiques de l’affrontement entre Système et antiSystème... Qu’il s’agisse de la manipulation du concept de racisme jusqu’au concept de “racisme antiblanc” désormais d’une compréhension courante même si d’un emploi dénoncé par le Système, de la consigne terroriste du politiquement correct/politically correct (PC), de la politique d’ouverture aux migrants présentée comme une obligation morale en même temps qu’un argument économique (le Système ne craint pas de joindre l’utile à l’agréable de la narrative morale), des contraintes économico-morales contre les populations dites “de souche”, de la destruction de la classe moyenne aux USA à l’identification des candidats, comme le fait Lind, selon le soutien des diverses communautés ethniques, etc., – enfin et d’une façon générale qu’il s’agisse des poussées déstructurantes et dissolvantes, et de destruction des identités, de la globalisation, l’important est d’aller au cœur du propos et de mettre en lumière ce qu’il y a de manipulation du Système et de résistance antiSystème dans ces diverses forces en cours d’affrontement en refusant systématiquement le piège de l’interprétation morale et celui de la riposte sur ce même terrain. Il faut évidemment et avant tout repousser la dialectique dans laquelle le Système veut enfermer cet affrontement, parce qu’il s’agit d’une dialectique faussaire évidemment, selon les propres termes du Système.

C’est pourquoi il faut considérer comme une indication importante ce qui nous est subrepticement signalé comme une rencontre entre Trump et un homme aussi effacé, aussi en-dehors du circuit convenu et des réseaux connus, qu’est William S. Lind, alors que sa pensée s’avère extrêmement originale et puissante. Cela constitue une indication de poids sur certains aspects de l’action qu’envisage Trump en cas d’élection à la présidence. A ce point, nous observerions d’abord que cette rencontre est peut-être encore plus importante du fait du statut de Lind, de son apparente absence du débat de communication qui se déroule à Washington dans les allées et autour du pouvoir. Cela pourrait signifier un désir de Trump de s’appuyer, dans tous les cas en partie, sur des personnalités et des conseillers qui se sont toujours tenus éloignés de la perversion par proximité du pouvoir qu’on rencontre en général à Washington D.C.

 

Mis en ligne le 14 mai 2016 à 12H43