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2479Poutine a dit, hier, quelques mots (en assez grand nombre) extrêmement aimables pour Donald Trump, dit The Donald. Le second, qui prône un arrangement avec un Moscou plutôt qu’une hostilité hystérique, s’est dit extrêmement honoré par ces appréciations flatteuses d’un grand dirigeant politique, “si hautement respecté dans son pays et hors de son pays”. On ne sait ce qu’il faut considérer (admirer ?) le plus : l’audace de Poutine par rapport au sentiment-Système général des élites qui consiste à vomir réglementairement à l’audition au seul nom de Trump, ou la rapidité de la réaction de The Donald qui fait de toutes les consignes-Système (ici celle de se boucher le nez à triple tour lorsqu’il est question de Poutine), instantanément un torchon type-torche-cul.
Du point de vue tactique, sinon stratégique, la manœuvre n’est pas mauvaise, ni de l’un ni de l’autre. Poutine, qui a dit cela lors de sa conférence de presse d’hier, suite à une question, passe pour un homme qui ne craint pas d’afficher son indifférence pour le conformisme-Système (posez une telle question à un Hollande ou à une Merkel !) ; au reste, du point de vue russe, il parle d’or : il vaut mieux un clown qui veut sans aucune réserve des bonnes relations avec la Russie qu’un crétin qui rêve de nucléariser la Russie (à peu près tous les autres candidats, y compris Hillary chez les démocrates, et Rand Paul mis à part chez les républicains, et peut-être l’un ou l’autre [Cruz] en petit comité). Quant à The Donald, il ramasse la mise tout en restant complètement dans son personnage anti-establishment, puisque le voici internationalement reconnu par le meilleur dirigeant politique actuel comme “présidentiable-après-tout”, – sinon “présidentiable-et-comment”.
Bref, ces deux-là sont faits pour s’entendre, à un point qu’un complotiste d’envergure moyenne y verrait une connivence préparée d’avance. Laissons-faire, laissons-dire ; cet échange illustre parfaitement l’état de la situation du monde, car qui d’autre parmi ceux que nous fréquentons habituellement dans la horde des dirigeants politiques serait capable de dire des choses aussi raisonnables. Trump a répondu aux compliments de Poutine dans The Hill le 17 décembre, tandis que Sputnik-français nous donne, dans notre langue, le résumé de l’échange (déclaration de Poutine et réaction de Trump).
« Le “leader absolu de la course présidentielle américaine”, Donald Trump, s’est dit [extrêmement honoré] par le compliment que Vladimir Poutine lui a adressé lors de sa conférence de presse annuelle tenue jeudi dernier. “C'est toujours un grand honneur de recevoir un tel compliment de la part d'une personne si respectée dans son propre pays ainsi qu'au-delà de ses frontières”, a déclaré M. Trump, cité par le journal Hill, lors d'un rassemblement à Columbus (Etat de l'Ohio). Et de souligner: “A mon sens, la Russie et les Etats-Unis devraient mieux s'entendre afin de faire face au terrorisme et de rétablir l'équilibre mondial, et c'est sans parler des bénéfices que le respect mutuel est susceptible d'apporter”.
» Le président russe [avait] vivement salué l'appel à améliorer les relations russo-américaines lancé par Donald Trump. Et d'ajouter: “C'est un homme hors du commun, talentueux sans doute. L'évaluation de sa candidature n'est bien sûr pas de notre ressort, mais il est le leader absolu de la course présidentielle. Il se dit partant pour porter les relations russo-américaines à un autre niveau de coopération, beaucoup plus étroite et approfondie. Nous ne pouvons qu'accueillir favorablement ces efforts”. »
Mis en ligne le 18 décembre 2015 à 11H22
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