La “doctrine Gerasimov” et la folie antirussiste

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La “doctrine Gerasimov” et la folie antirussiste

Un nouveau poisson d’énorme dimension, du type monstre du Loch Ness, a émergé en marge de l’exercice Zapad 2017, comme une justification d’une grande hauteur stratégique des terreurs extraordinaires engendrées par notre antirussisme absolument hallucinée et fonctionnant mécaniquement, toujours à la même puissance. Ce poisson énorme se nomme “doctrine Gerasimov”, du nom du Général qui commande l’état-major général des forces armées russes et occupe la fonction d’adjoint au ministre de la défense.

Le texte du journaliste irlandais Bryan MacDonald, ci-dessous, indique le cheminement de ce qui est une complète invention venue semble-t-il d’une lobbyiste courante du système de l’américanisme et de l’appareil de relations publiques en mode-FakeNews qui va avec, Molly McKew... Laquelle est illico qualifiée d’“experte de la Russie”, pour expliquer que ses “travaux” inspirent illico une croisade de l’équipe du Financial Times (FT) de Moscou. Le prestige et le sérieux de cet attribut essentiel du Système en sortiront grandis.

Le simulacre de l’information ne connaît absolument aucune limite et n’est tenu par aucune règle de vraisemblance, puisqu’il est entièrement construit dans le faux-semblant, à partir d’éléments de base, de matériaux, d’information, d’une logique qui sont eux-mêmes comme autant de faux-semblants. Le “mensonge” (les guillemets sont nécessaires à ce point d’inversion) est tellement complet et si complètement hermétique qu’il n’est plus mensonge puisqu’hors des références d’une réalité désintégrée ; la narrative n’est plus narrative puisque l’univers est, dans n’importe quel cas, reconstruit aux seules dimensions de la narrative devenant ainsi nouvelle réalité...

Ainsi la “doctrine Gerasimov” apparaît-elle à partir d’un article écrit en 2013 par l’actuel chef de l’armée russe, et présentée implicitement, – il faut savoir lire entre les lignes, bien entendu, – comme une doctrine promise à activer l’invasion russe par des moyens terribles et vicieux de la partie européenne, surtout est-européenne, du bloc-BAO. Il s’agit de la Blitzkrieg postmoderne d’un Guderian-Gerasimov aux ordres d’un Poutine-Hitler, et destinée à activer une Opération Barbarossa à l’envers.

Cette aventure “éditoriale” suffit à nous confirmer, après nos remarques sur Zapad 2017, que l’antirussisme qui avait semblé culminer avec Russiagate et qui semblait devoir s’apaiser, reste plus vigoureux que jamais. En fait, l’affaire de la “doctrine Gerasimov” est simplement une excroissance un peu plus exotique et sexy d’une dialectique qui est devenue quasiment un réflexe psychologique d'un nomm" Pavlov, exactement comme l’on observe que le ciel est bleu (c’est-à-dire, “lorsqu’on observe que le ciel est bleu alors qu’il est couvert de nuages menaçants et gris sombre”). Il est effectivement remarquable de mesurer combien l’antirussisme avec ses innombrables narrative absolument substantivée par rien de concret, “hors-faits” comme l’on dit “hors-sol” dans les studios chics de la capitale, se trouve désormais dans le langage courant des divers domaines où l’on peut rapprocher la dialectique d’une remarque sur la Russie, ou faire de la Russie l’occasion d’un événement de communication.

Lorsqu’un commentateur nommé Andrew Exum, qui fut adjoint à l’assistant du secrétaire US à la défense pour la politique au Moyen-Orient fait un article sur le Hezbollah, – on devine dans quel sens, – sur le site spécialisé Defense One, le 18 septembre 2017, il observe en passant, exactement comme on fait référence à une évidence, et tirant argument de cette démarche complètement FakeNews pour contribuer à sa narrative, – que Poutine qu’on décrit si brillant fait aussi des sottises. En effet, il faut mesurer le crédit que le président russe a perdu dans ces USA qui ne demandaient qu’à l’estimer et à l’aimer, en accomplissant cette brillante performance d’espion de manipuler complètement la campagne électorale US... L’affirmation, complètement accessoire pour le propos général, est écrite comme une Vérité d’abord révélée, puis démontrée et prouvée avec une telle certitude qu’il est absolument inutile de chercher la moindre preuve de la chose ; cela, d’autant qu’il n’y en a aucune après plus de douze mois d’enquête.

« We Americans are forever viewing the strategies of our adversaries through rose-colored lenses. But just like us, our adversaries sometimes do really stupid things. Vladimir Putin, for example, has developed a reputation as a master strategist by successfully meddling in the U.S. elections. But it’s also quite reasonable to ask whether irrevocably poisoning relations with two generations of Americans in the process was actually quite dumb, strategically speaking. »

Il s’agit vraiment d’un autre univers, qui persiste et ne cesse de signer, et encore signer, une énorme et grossière construction en simulacre absolument fabriquée, sur laquelle on s’appuie comme s’il s’agissait du granit de la vérité pour énoncer des thèses brillantes d’intelligence. Dans cet autre univers où l’on voit, et surtout où l’on écoute l’acteur Morgan Freeman, prenant une sorte de voie dont la tonalité oscille entre celle du sage sorti de la case de l’Oncle Tom et et celle du Dieu tout-puissant en Personne, pour nous déclarer que « Nous sommes en guerre avec la Russie », que « Ce n’est pas un script », que « Nous avons été attaqués » (par la Russie). Ce document-vidéo d’“instruction civique” face au danger russe présente divers spécialistes de l’antirussisme du type-neocon et nous restitue le climat remarquable par sa durabilité et la banalisation de l’hystérie devenant une sorte d’attitude courante, une sorte de sagesse qu'on croirait presque apaisée : l’hystérie comme sagesse, présentée par le visage vénérable et rayonnant de Freeman, marqué des sillons d’une si rude expérience de la vie enfin arrivée à la libération du progressisme-sociétal (et antiraciste) en vogue à Hollywood (“Freeman” le bien-nommé : “homme libre”)... Le déterminisme-narrativiste à ce point nous conduit à déambuler dans un univers hallucinant.

Alors, bien entendu, l’on se dit que la “doctrine Gerasimov” a toute sa place dans cet univers, dans sa logique, dans sa justesse et dans sa sage et haute intelligence. Il est possible que Freeman ait été payé pour ce qu’il nous dit d’une voix si pleine de conviction, mais il est encore plus possible qu’il ne l’ait pas été, tant cette catégorie sociétale du showbusiness est effectivement devenue, avec la communication rétribuée par le Système en général, le meilleur soutien moral et civique, donc hors de ces basses questions matérielles, des stratèges chargés de mettre en lumière les projets démoniaques de la Russie. L’inculture de la culture américanistes-occidentalistes, l’asservissement volontaire au Grand Mensonge comme référence ontologique, sont tout simplement prodigieux, de Hollywood au Financial Times.

On lira ci-dessous le texte de Bryan MacDonald, publié par RT, ce 19 septembre 2017.

dedefensa.org

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The problem with the ‘Gerasimov Doctrine’ is that it doesn’t exist

Just when you thought Western media coverage of Russia couldn't get much worse, it did. The Financial Times, once relatively competent on this beat, delivered breathless coverage of a non-existent army tenet. They might as well have published a feature on "Crop Circles" or the "Priory of Sion.”

The hoax concerned is the “Gerasimov Doctrine” - based on a 2013 essay where the Chief of the General Staff of the Armed Forces of Russia, Valery Gerasimov, mentioned different types of modern warfare, which could be loosely termed as “hybrid war.” He was actually ruminating on how the West conducts operations, not Russia. Specifically in Libya and Syria and the “regime change” efforts connected to the “Arab Spring” of that year.

In the screed, Gerasimov never mentions “hybrid war,” and the closest phrase to it is “asymmetric” conflict, which is referenced three times. Plus, it’s worth remembering also how the catchphrase was first hyped after the Georgian assault on South Ossetia in 2008, and the Kremlin’s reaction to Mikhail Saakashvili's gambit. Also, back then, Nikolai Makarov was army chief, not Gerasimov. So if it actually existed, a more appropriate title would contain the latter's name.

Military training events can have strange effects on people. For instance, the joint Russia-Belarus Zapad-2017 ("West-2017") venture, which is currently taking place, has spooked the Baltic states into handing over their airspace to US control. Meanwhile, Ukraine’s President has suggested the whole thing is a smokescreen for an invasion of his country, and Poland’s Deputy Defense Minister has warned that it could be an excuse for permanently stationing soldiers in Belarus. 

We’ve also learned how Moscow holds “war games” but NATO stages “exercises” and discovered that a lot of American and European officials think Vladimir Putin has engaged exactly 100,000 troops in the enterprise. Presumably, because he likes perfectly round numbers which are big and scary. But, for its part, the Kremlin insists only 13,000 men are committed to the endeavor. 

Menace of unreality

Like the World Cup, Zapad is held every four years, meaning the current trials have been well-flagged and are hardly a surprise. But its very existence is big business for the “Russia scare” industry, and it’s notable how CEPA, a lobby group for US military manufacturers, even set up a website with a countdown clock to help rustle up a bit of business for their sponsors.

Another terror doing the rounds recently is this “Gerasimov Doctrine” rubbish. Which has been heavily promoted by Molly McKew, a lobbyist who has quickly risen without trace as a “Russia expert.” Presumably, because her ravings suit the current narrative in the United States. However, the problem with the grand strategy is that it simply doesn’t exist. We know this because nobody in Russia ever mentions it and nobody remotely credible speaks of its authenticity.

 Sure, some Western “Russia watchers” and “Kremlinologists” have speculated on it, but these chancers aren’t to be taken seriously. Because if it were raining soup in Moscow, they’d be standing on the streets with forks. Far from the Russian capital, naturally.

Let’s get something straight now: the “Gerasimov Doctrine” isn’t real. Which means it’s in the same category as the Loch Ness Monster or the Mummy's Curse. Yet, grown adults, often hiding behind fancy faux-academic titles, are talking about it.

Musical chairs

Now, a few years ago, The Financial Times was perhaps the only Western newspaper which got Russia at least half-right. But then its correspondent Charles Clover was re-assigned, and his successors have lacked his experience, gravitas, and ability. This decline has led to the paper falling for the “Gerasimov Doctrine” swindle last weekend and merging it with Zapad puffery to create some phenomenally hyperbolic aggrandizement.

Indeed, as Mark Galeotti, a pundit on US government broadcaster RFE/RL, puts it: “this essentially is Molly McKew meets Gerasimov’s Wikipedia bio entry, presumably knocked out in an hour.” And, to be fair, he’s actually being restrained.

Because the FT’s Moscow team have delivered something so appallingly constructed that it runs the full gamut of proficiency from y to z. A faux pas which presents a retired Russian general as a contemporary Zhuge Liang or Lord Nelson, capable of constructing a radical martial dogma from nowhere. And in the process makes him ten feet tall.

Nothing-burger

The FT attempts to backup its argument with mentions of Crimea, allegations of US election hacking and information war. Using these as examples of a sudden Russian discovery of non-linear methods. Yet, the author is not self-aware enough to realize that the US has been using composite techniques like sanctions and revolutions, whether color or otherwise, to achieve strategic goals for decades.

Economic penalties or the removal of legitimate governments are clearly forms of “hybrid war” which pre-date Gerasimov, Makarov, and Putin himself. Also not forgetting that James Mattis, the current US Secretary of Defense, jointly penned a 2005 essay on “Future Warfare: the rise of hybrid wars,” eight years before Gerasimov took up his cudgel.

Let’s be clear: the “Gerasimov Doctrine” is a complete load of nonsense. And it seems to have emerged from the general’s 2013 article being circulated on social media by Western Russia watchers, making it a foreign construct with no basis in the Russian reality. Thus, it amounts to a contemporary version of the Cold War’s “Missile Gap.” But the fact the FT fell for this rubbish only serves to, once again, highlight the desperate state of American and British reportage from Moscow.

Bryan MacDonald