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1473Il n’est pas certain que le mouvement féministe pourra tirer une gloire considérable du fait que, pour la première fois, une femme dirige cette formidable organisation de déstructuration et de subversion du monde qu’est la CIA... On pourrait même dire, plus justement, “ formidable organisation de déstructuration et de subversion... qu’est devenue la CIA” tant cette organisation, déjà fameuse pour ses “sales coups” [dirty trick] semble désormais, depuis 9/11, complètement tournée vers ce travail, qui comprend notamment une institutionnalisation des méthodes de torture. Ce dernier point nous ramène et nous amène à la fois à Gina Haspel, la nouvelle directrice et première femme à la tête de la CIA ; cela, dans cette mesure où Haspel est une des grandes spécialistes et inspiratrices des programmes de torture de la CIA, ayant été jusqu’à participer elle-même à des interrogatoires de cette catégorie, – “mettant la main à la pâte”, comme l’on pourrait dire, ou bien encore comme un général héroïque qui ne dédaigne pas d’aller au combat au milieu de ses soldats, à mains nues si l’on peut dire...
Avant de poursuivre, on peut s’arrêter à ce texte rapide et instructif datant du 2 février 2017, que Glenn Greenwald a opportunément ressorti de ses archives, ce 13 mars 2018, pour saluer la nomination d’Haspel.
« In may 2013, the Washington Post’s Greg Miller reported that the head of the CIA’s clandestine service was being shifted out of that position as a result of “a management shake-up” by then-Director John Brennan. As Miller documented, this official — whom the paper did not name because she was a covert agent at the time — was centrally involved in the worst abuses of the CIA’s Bush-era torture regime.
» As Miller put it, she was “directly involved in its controversial interrogation program” and had an “extensive role” in torturing detainees. Even more troubling, she “had run a secret prison in Thailand” — part of the CIA’s network of “black sites” — “where two detainees were subjected to waterboarding and other harsh techniques.” The Senate Intelligence Committee’s report on torture also detailed the central role she played in the particularly gruesome torture of detainee Abu Zubaydah.
» Beyond all that, she played a vital role in the destruction of interrogation videotapes that showed the torture of detainees both at the black site she ran and other secret agency locations. The concealment of those interrogation tapes, which violated multiple court orders as well as the demands of the 9/11 commission and the advice of White House lawyers, was condemned as “obstruction” by commission chairs Lee Hamilton and Thomas Keane. A special prosecutor and grand jury investigated those actions but ultimately chose not to prosecute.
» The name of that CIA official whose torture activities the Post described is Gina Haspel. Today, as BuzzFeed’s Jason Leopold noted, CIA Director Mike Pompeo announced that Haspel was selected by Trump to be deputy director of the CIA.
» This should not come as much of a surprise given that Pompeo himself has said he is open to resurrecting Bush-era torture techniques (indeed, Obama’s CIA director, John Brennan, was forced to withdraw from the running in late 2008 because of his support for some of those tactics only to be confirmed in 2013). That’s part of why it was so controversial that 14 Democrats — including their Senate leader Chuck Schumer, Dianne Feinstein, Sheldon Whitehouse, and Tim Kaine — voted to confirm Pompeo.
» That Haspel was the actual subject of the 2013 Post story was an open secret. As Leopold said after I named her on Twitter as the subject of that story: “All of us who covered CIA knew. She was undercover and agency asked us not to print her name.” Gina Haspel is now slated to become the second-most powerful official at the CIA despite — or because of — the central, aggressive, sustained role she played in many of the most grotesque and shameful abuses of the war on terror. »
Comme on le lit également dans le texte de Greenwald, Pompeo, qui avait choisi Haspel comme son adjointe début 2017, est également un fervent partisan des méthodes de tortures mises en pratique d’une façon institutionnelle et extrêmement structurée dès 2002-2003 par l’administration GW Bush. La Dream Team de la CIA Pompeo-Haspel a travaillé dur pour rétablir cette digne institution de la torture qu’Obama avait tenté de freiner durant son mandat, malgré les très-très fortes réticences de John Brennan, prédécesseur direct de Pompeo, comploteur anti-Trump et devenu depuis “expert” grassement rétribué de la chaîne ultra-chic et “progressiste-sociétale” MSNBC. On remarquera ainsi la lignée prodigieuse et féconde, si pleine de charme postmoderne, établie entre les terroristes Made-In-CIA promis à être torturés par la CIA pour certains, la torture, la CIA, la communication, les progressistes-sociétaux, – et, pour finir, le Dream Team devenue une poutre-maîtresse du cabinet Trump, avec Pompeo au département d’État et Haspel à la CIA, – en plus de la prestigieuse garde étoilée couronnant autant de têtes bien faites et pleines de finesse que celles des Mattis, Kelly et McMaster.
En temps normal, on s’exclamerait : voilà Trump marionnette du DeepState, du Système dans ce qu’il de plus immonde ! “En temps normal”, certes, mais l’on sait que nous sommes hors-“temps normaux” et que c’est déjà fait depuis longtemps, que Trump est marionnette homologuée depuis pas loin d’une année, bardé des généraux déjà nommés, etc. Pourtant, rien n’y fait, il a continué à être “l’homme de Poutine” pour toute une partie du Système qui vit sur une nausée qui ressemble à une éternité du dérangement biliaire ; et lui, surtout, il a continué, insaisissable et incontrôlable, à lancer ses initiatives tweetées dans tous les sens, surtout avec les sens de la contradiction, de l’inattendu, de l’improvisation vulgaire et brutale. Il n’y a aucune raison que la Dream Team ainsi complétée, qui brille plus que jamais plus par sa grossièreté et sa brutalité que par finesse et son sens de la manipulation des marionnettes-savonnette à-la-Trump, fasse mieux à cet égard que le fine équipe qui a précédé.
Comme à l’habitude, nous doutons beaucoup que quiconque puisse mettre un terme à ce Trou Noir de chaos que le tourbillon crisique accouche à “D.C.-la-folle”. Trump s’est fait élire sur le programme du “draining the swamp” (“drainer le marigot”), il a curieusement, ou habilement c’est selon, placé au-dessus du marigot comme une sorte de couvercle de chaos qui s’est transformé, – whay else ? – en tourbillon crisique creusant un Trou Noir... Le marigot n’est pas drainé, il est aspiré, ingurgité, gobé à une vitesse incroyable par le tourbillon crisique et transformé en chaos qui se déverse dans le Trou Noir.
Dream Team après Dream Team, ils devront faire avec ; plutôt que manipuler la marionnette, ils devront songer à sauver leur tête du vertige qui menace ceux que le chaos entraîne dans son Trou Noir... C’est sur ces mots énigmatiques qu’un chroniqueur du XXIème siècle, en l’an de grâce incertaine de 2018, doit juger préférable de terminer ses chroniques de pseudo-analyse, dans ces temps où l’analyse vous glisse comme du sable entre les doigts.
(Nota Bene : tout cela n'empêche que c'est la faute des Russes et que leur culpabilité est établie.)
Mis en ligne le 14 mars 2018 à 15H55