La fin de l’hégémonie US

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La fin de l’hégémonie US

Avec l’intervention russe au Moyen-Orient, le “sentiment de la Fin” est extrêmement puissant et gagne tous les esprits, en un signe incontestable que les psychologies ont été fortement touchées. Nous sommes persuadés que les Russes de Poutine n’ont pas voulu cela, qu’en intervenant en Syrie ils voulaient bien entendu protéger Assad pour pouvoir mieux éliminer les puissances terroristes qui menacent leurs frontières Sud, et également, mais avec autant de force, persuader les USA et les pays du bloc BAO de cesser leurs jeux et intrigues futiles pour coopérer sérieusement avec eux dans la lutte contre la menace commune du terrorisme. Ils n’ont pas atteint le deuxième objectif et, à notre sens, ne l’atteindront pas car les USA, et sans doute le bloc BAO derrière eux, refuseront parce qu’ils sont enfermés dans leur hybris.

Tout cela constitue l’essentiel des disputes à venir avec la Russie, qui sont sans fin tant que durera l’actuel reste d’organisation civilisationnelle. D’autre part, ces bons sentiments des Russes qui ne tiennent pas à infliger des humiliations aux USA n’empêchent pas un repli accéléré des USA, qui s’apparente à un effondrement de l’influence américaniste, – bien entendu suscité et sans cesse accéléré par l’intervention russe jusqu’à des situations potentiellement dangereuses, mais simplement par l’effet dynamique de ces mouvements. Comme toujours, la pensée qui se veut rationnelle et qui raisonne en termes de forces exerce son processus circulaire et aboutit à la conclusion que les Russes vont remplacer les USA comme puissance dominante et que c’est ce qu’ils cherchaient, – ce qui n’est pas du tout le cas, selon nous.

Un article du Wall Street Journal (WSJ), dit Saturday Essay du 9 octobre, reprend et développe l’idée du recul accéléré des USA, et Sputnik-français en donne un condensé ce même 9 octobre. Encore une fois il est nécessaire de noter la dimension psychologique du phénomène, c’est-à-dire la perception qu’on en a par le biais du système de la communication malgré des situations factuelles et opérationnelles qui montrent au contraire une situation assurée. Certes, l’amiral Stavridis a beau tenter de nous rassurer (la seule voix rassurante de l’article du WSJ, avec celle d’Obama) il ne nous convainc pas :

« “The decline is not irreversible at all,” said retired U.S. Navy Adm. James Stavridis, who served in 2009-13 as NATO’s supreme allied commander and is now dean of the Fletcher School of Law and Diplomacy at Tufts University. He argues that a boost in aid, exercises and engagement with the Gulf states and Israel, as well as a larger commitment to fighting Islamic State and helping the moderate Syrian opposition, could undo the recent damage. But others have concluded that the Middle East’s Pax Americana is truly over. “Whoever comes after Obama will not have many cards left to play,” said Mr. Hokayem, [a senior fellow at the International Institute for Strategic Studies in Bahrain]. “I don’t see a strategy even for the next president. We’ve gone too far.” »

On observera, sous la plume du journaliste, la façon assez simple et impérative dont est balayé l’argument pourtant circonstancié et appuyé sur une belle et bonne quincaillerie de l’amiral : « But others have concluded that... [...] is truly over. » C’est effectivement à cette sorte de sonorité du jugement, à cette tournure de phrase qu’on comprend combien la fortune de la réputation des USA a changé, et avec elle la perception de sa puissance, et avec elle sa puissance elle-même.

Si vous êtes assez rapide et assez irrésistible pour vous glisser dans le “cycle de l’information” (pour ce cas) de votre adversaire, vous pouvez “dominer et dans certains cas paralyser ses mouvements par votre dynamisme”, expose le colonel Pat Lang en citant l’analyse qui importe du brio du général sudiste Stonewall Jackson. Quelqu’un, ou plutôt quelque chose, s’est “glissé” dans le “cycle de la narrative du triomphe de la puissance américaniste” et l’a dominée, et même, désormais, l’a paralysée. Le moyen de cette action de communication antiaméricaniste qui touche et inspire toutes les psychologies est l’“offensive russe” en Syrie, – parce que, par quelque artifice mystérieux, une puissance complexe faite d’intuition, de vérités de situation, d’expérience, et aussi de l’action décisive d’une inspiration élevée, ont transformé ce qui n’était au départ qu’une incursion pleine de bonne volonté et avide de coopérer avec les puissances déjà en place (dont les USA) en un acte terrible d’exposition par contraste de la nudité américaniste, puissance perdue, dynamisme en retrait.

Effectivement, la quincaillerie et tous ses atours (manœuvres communes, bases, accords militaires, etc.) tels que les cultive le Pentagone et que nous expose l’amiral Stavridis, ne pèsent d’aucun poids malgré leur poids formidable. Les USA ont usé jusqu’à la corde la capacité d’influence de cette matière, de cet argument brutal de la technologie, de cette tendance irréfragable à la corruption par le volume et la quantité, de cette force brute mais de plus en plus paresseuse et de plus en plus privée de la moindre imagination. Les dirigeants de l’américanisme eux-mêmes, et leurs commentateurs avec eux, semblent frappés de cette même intimidation de soi-même qui constitue la carence principale du caractère du premier d’entre eux. Ainsi les textes cités constituent-ils non seulement un constat d’échec d’influence, mais aussi et surtout un formidable constat d’une non moins formidable fatigue psychologique qui affecte la chose qui prétendit être l’Empire du monde.

Rien, pas de défaite, même pas de combat bien au contraire, pour marquer cette pente déclinante de plus en plus abrupte. Les USA se sont tant battus dialectiquement et par leurs narrative pour nous convaincre de leur puissance d’au-delà des temps et de leur exceptionnalité, qu’ils se sont usés et épuisés. Leur mépris extraordinaire pour la réalité aux profit des narrative-maison a pulvérisé effectivement la réalité, mais également les outils de la réalité de leur puissance. Malgré la quincaillerie, il suffit donc que la narrative soit engagée dans un cul-de-sac, que la psychologie fatiguée ralentisse et dissolve le rythme du conteur, pour que l’image de la puissance des USA commence à s’effriter, puis s’effrite de plus en plus vite.

(Mais là-dessus on notera que ce “Malgré la quincaillerie”-là finit se retourner sur lui-même et par toucher la quincaillerie elle-même, dont le maniement répond désormais aux seuls impératifs logistiques, qui sont désormais le facteur fondamental de cette puissance en déclin : ainsi du retrait du porte-avions USS Theodore Roosevelt du Golfe Persique, pour raisons d’extension exorbitante des déploiements et nécessités techniques et humaines de relâche ... C’est la première fois depuis 2007 que l’US Navy n’a pas de porte-avions d’attaque dans la zone Méditerranée-Golfe Persique, alors que les Russes se trouvent au Moyen-Orient pour la première fois sur un pied de guerre depuis les années 1970.Le budget pharamineux du Pentagone [plus de $1200 milliards réels par an] encalminé dans la gestion catastrophique, le gaspillage et la corruption bureaucratiques, ne permet aucune autre situation que cette absence de la Navy du Golfe Persique.)

Ainsi nous parlent tous ces commentaires, qui décrivent un tournant stratégique qui eût été en d’autres temps extraordinaire et décisif, et qui apparaît aujourd’hui comme une simple formalité d’une tendance irrésistible. Répétons-le encore, ce ne sont pas les Russes qui sortent “vainqueurs” de l’empoignade pour imposer leur loi, ils sont là simplement pour tenter de rétablir un peu de calme, pour apaiser et brider autant que faire se peut le désordre général qui dévore la région. A eux seuls, ils ne pourront pas, – et ils ne le prétendent pas une seconde d’ailleurs, – assurer la tâche formidable que les USA affirmaient accomplir et qu’ils n’accomplirent jamais.

Le retrait des USA est irrésistible et irréversible. Il n’accomplit rien de décisif mais ouvre un peu plus les portes du désordre qui s’attaque de plus en plus frontalement à toutes les structures de subversion mises en place par le Système. Nul ne sait ce qui se dessine derrière cette dynamique en cours qui a les dimensions d’un conflit de civilisation ; mais curieusement un conflit de civilisations sans les deux adversaires qui se font face, au contraire avec un seul protagoniste qui est notre civilisation (notre “contre-civilisation”) universelle, en crise générale, en crise totale, nécessairement en guerre et nécessairement en guerre contre elle-même. Le retrait US du Moyen-Orient est une étape de plus de cette crise de civilisation parvenue au paroxysme, de la crise d’effondrement du Système.

Ci-dessous, le texte de Sputnik-français du 9 octobre, sous le titre « Les USA cèdent leur domination au Proche Orient à la Russie » et des extraits du texte du Wall Street Journal du même 9 octobre, « America’s Fading Footprint in the Middle East ».

dedefensa.org

 

 

« Les USA cèdent leur domination

» Grâce à l'opération en Syrie, l'influence russe dans le Proche Orient est sans précédent, alors que les positions des Etats-Unis ne font que s'affaiblir, ses adeptes ne voyant plus en Washington un allié fiable estiment les analystes de The Wall Street Journal.

» “L'influence américaine et son implication dans les affaires de la région traverse une période de déclin sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale”, estime l'ancien ambassadeur américain en Afghanistan, en Syrie, en Irak, au Liban, au Koweït et au Pakistan Ryan Crocker. D'après lui, le vide politique dans la région est rempli pas à pas par les forces que Washington tentait d'endiguer durant tout ce temps.

» Bien que Washington conserve toujours sa puissance militaire dans le Proche Orient, ses alliés et ses adversaires ne croient plus que les Etats-Unis vont soutenir leurs amis, affirment les analyses. “La région ne possède aucun groupe qui soutienne les Etats-Unis, et c'est frappant”, fait remarquer Emile Hokayem, analyste à l’International Institute for Strategic Studies de Londres [antenne de Bahrain]. Ainsi, d'après lui, les cercles libéraux sont persuadés que le président américain Barack Obama est de connivence avec les dirigeants autoritaires. Pourtant, les autocrates voient dans les Etats-Unis un allié peu crédible. L'analyste estime que Washington a perdu à jamais sa position dominante dans le Proche Orient. "Celui qui viendra après M. Obama n'aura pas beaucoup de cartes à jouer. Je ne vois pas de stratégie même pour le président suivant. Nous sommes allés trop loin", fait remarquer l'analyste.

» Les alliés des Etats-Unis dans le Proche Orient sont inquiets et optent souvent pour un compromis avec la Russie, souligne le Wall Street Journal (WSJ). C'est notamment le cas d'Israël, qui a refusé l’année dernière de soutenir la résolution proposée par les Etats-Unis à l'Assemblée Générale de l'Onu, concernant la Crimée, et qui ne critique pas actuellement les frappes russes en Syries.

» Bien que la Maison Blanche essaye de contester le déclin de ses forces, les événements de ces dernières semaines, notamment le “gambit syrien” des Russes, font que la Russie est actuellement encore plus puissante au Proche Orient que dans les années 1970-1980. "M. Poutine aspire à une sorte de domination conjointe avec les Etats-Unis dans le Proche orient et il a presque réussi", estime Camille Grand, directeur de la Fondation pour la Recherche Stratégique à Paris.

» Plusieurs forces dans la région, surtout l'Irak et les Kurdes, sont désenchantées par l'incapacité des Etats-Unis de contrer le groupe terroriste Etat islamique et saluent donc l'opération russe en Syrie. “Quels sont les résultats de cette coalition américaine? La promotion de l’EI”, souligne Hicham M. Jaber, président du Centre du Moyen-Orient pour les Etudes et Relations publiques à Beyrouth.

» Une situation semblable a lieu en Asie centrale. Les pays qui avaient un jour rendu possible le déploiement des bases militaires occidentales sur leurs territoires rentrent dans l'orbite de Moscou. “Ce qui se passe en Afghanistan pousse nos pays vers la Russie. Personne ne sait ce que feront demain les Etats-Unis. Personne ne leur fait confiance: ni l'élite, ni les gens ordinaires”, conclut l'ex-vice premier ministre du Kirghizistan Tokon Mamytov. »

Sputnik-français

 

« America’s Fading Footprint in the Middle East

» Despised by some, admired by others, the U.S. has been the Middle East’s principal power for decades, providing its allies with guidance and protection. Now, however, with Russia and Iran thrusting themselves boldly into the region’s affairs, that special role seems to be melting away. As seasoned politicians and diplomats survey the mayhem, they struggle to recall a moment when America counted for so little in the Middle East—and when it was held in such contempt, by friend and foe alike. “It’s the lowest ebb since World War II for U.S. influence and engagement in the region,” said Ryan Crocker, a career diplomat who served as the Obama administration’s ambassador to Afghanistan and before that as U.S. ambassador to Iraq, Syria, Lebanon and Pakistan.

» From shepherding Israel toward peace with its Arab neighbors to rolling back Iraq’s 1990 invasion of Kuwait and halting the contagion of Iran’s Islamic Revolution, the U.S. has long been at the core of the Middle East’s security system. Its military might secured critical trade routes and the bulk of the world’s oil supply. Today, the void created by U.S. withdrawal is being filled by the very powers that American policy has long sought to contain.

 » “If you look at the heart of the Middle East, where the U.S. once was, we are now gone—and in our place, we have Iran, Iran’s Shiite proxies, Islamic State and the Russians,” added Mr. Crocker, now dean of the Bush School of Government and Public Service at Texas A&M University. “What had been a time and place of U.S. ascendancy we have ceded to our adversaries.”

» Of course, the U.S. retains a formidable presence across the greater Middle East, with some 45,000 troops in the region and deep ties with friendly intelligence services and partners in power from Pakistan to Morocco... [...]  “It’s not American military muscle that’s the main thing—there is a hell of a lot of American military muscle in the Middle East. It’s people’s belief—by our friends and by our opponents—that we will use that muscle to protect our friends, no ifs, ands or buts,” said James Jeffrey, a former U.S. ambassador to Iraq and Turkey. “Nobody is willing to take any risks if the U.S. is not taking any risks and if people are afraid that we’ll turn around and walk away tomorrow.” This perception seems to be gaining traction in the region, where traditional allies—notably Israel and the Gulf monarchies—feel abandoned after the Obama administration’s nuclear deal with Iran. Many regional leaders and commentators compare Russian President Vladimir Putin’s unflinching support for Syrian President Bashar al-Assad’s ruthless regime with Washington’s willingness to let go of its own allies, notably Egypt’s longtime autocrat Hosni Mubarak. The phrase “red line” now often elicits knowing smirks, a result of the president’s U-turn away from striking Syria after the Assad regime’s horrifying sarin-gas attack in 2013.

» “Being associated with America today carries great costs and great risks,” said Emile Hokayem, a senior fellow at the International Institute for Strategic Studies in Bahrain. “Whoever you are in the region, you have a deep grudge against the United States. If you are in liberal circles, you see Obama placating autocratic leaders even more. And if you are an autocratic leader, you go back to the issue of Mubarak and how unreliable the U.S. is as an ally. There is not one constituency you will find in the region that is supportive of the U.S. at this point—it is quite stunning, really.”

» The Obama administration’s pivot away from the Middle East is rooted, of course, in deep fatigue with the massive military and financial commitments made by the U.S. since 9/11, above all after the 2003 invasion of Iraq: Since 2001, at least $1.6 trillion has been spent, according to the Congressional Research Service, and 6,900 U.S. troops have been killed in the region. “We couldn’t have gone in more flat-out than we did in Iraq, and not only didn’t it work, it made things even worse. That’s something to keep in mind when talking about Syria,” said Jeremy Shapiro, a fellow at the Brookings Institution in Washington and a former State Department official. By scaling down its Middle East commitments, he added, the Obama administration has rightly recognized the limitations of U.S. power in a perennially turbulent region: “The difference is not whether you have peace, it’s whether Americans are involved in the lack of peace.”... [...]

» Dramatic developments in recent weeks—from Russia’s Syrian gambit to startling Taliban advances in Afghanistan—highlight just how much the region has changed since then. The Syrian deployment, in particular, has given Mr. Putin the kind of Middle Eastern power projection that, in some ways, exceeds the influence that the Soviet Union enjoyed in the 1970s and 1980s. Already, he has rendered all but impossible plans to create no-fly zones or safe areas outside the writ of the Assad regime—and has moved to position Russia as a viable military alternative that can check U.S. might in the region.

» “What Putin wants is to establish a sort of co-dominion with the U.S. to oversee the Middle East—and, so far, he has almost succeeded,” said Camille Grand, director of the Fondation pour la Recherche Stratégique, a French think tank. Russia’s entry has been welcomed by many in the region—particularly in Iraq, a mostly Shiite country where the U.S. has invested so much blood and treasure—because of mounting frustration with the U.S. failure to roll back Islamic State.

» More than a year after President Obama promised to “degrade and ultimate destroy” Islamic State, the Sunni militant group remains firmly in control of Mosul, Iraq’s second-largest city. In May, it seized Ramadi, another crucial Iraqi city. Islamic State—also known as ISIS—is spreading across the region, rattling countries from Afghanistan to Libya to Yemen. “What’s been the result of this American coalition? Just the expansion of ISIS,” scoffed retired Lebanese Maj. Gen. Hisham Jaber, who now runs a Beirut think tank.

» Iraqi officials and Kurdish fighters have long complained about the pace of the U.S. bombing campaign against Islamic State and Washington’s unwillingness to provide forward spotters to guide these airstrikes or to embed U.S. advisers with combat units. These constraints have made the U.S. military, in effect, a junior partner of Iran in the campaign against Islamic State, providing air cover to Iranian-guided Shiite militias that go into battle with portraits of the Ayatollahs Khomeini and Khamenei plastered on their tanks.

» Iraq has already lost a huge chunk of its territory to Islamic State, and another calamity may be looming further east in Afghanistan. The Taliban’s recent seizure of the strategic city of Kunduz, which remains a battleground, suggests how close the U.S.-backed government of President Ashraf Ghani has come to strategic defeat. Its chances of survival could dwindle further if the Obama administration goes ahead with plans to pull out the remaining 9,800 U.S. troops next year. “If the Americans decide to withdraw all forces from Afghanistan, what has happened in Kunduz will happen to many other places,” warned Afghan lawmaker Shinkai Karokhail.

» Further afield, U.S. disengagement from Afghanistan has already driven Central Asian states that once tried to pursue relatively independent policies and allowed Western bases onto their soil back into Moscow’s orbit. “It’s obvious that what’s happening in Afghanistan is pushing our countries closer to Russia. Who knows what America may come up with tomorrow—nobody trusts it anymore, not the elites and not the ordinary people,” said Tokon Mamytov, a former deputy prime minister of Kyrgyzstan who now teaches at the Kyrgyz-Russian Slavic University in Bishkek. »

The Wall Street Journal