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1169"Faut-il pleurer, faut-il en rire, Fait-elle envie ou bien pitié, Je n'ai pas le cœur à le dire, On ne voit pas le temps passer", chantait Jean Ferrat en 1965. Féministe dans le bon sens du terme, il évoquait le destin de la femme" "prise entre une table et une armoire". Homme de gauche ami du parti communiste et admirateur de son chantre, à l’époque adulé, Aragon. Que chanterait-il aujourd’hui, s’il fallait la mettre en musique cette "gauche qui reste de la gauche"? "Ce grand cadavre à la renverse" dont parlait un autre chancre "de gauche", il y a peu ?
Mélenchon était ces derniers jours à 15%, devançait l’ignoble Valls qui avait tué l’immonde de l’Elysée… et survint Hamon! En meeting, quelques jours avant, Mélenchon faisait le fier "prêt à boire le café avec lui" ou n’importe qui d’autre de la gôche… Et aujourd’hui?
Les choses se présentent ainsi. Hypothèse 1: Hamon, soutenu par le sympathique Obélix syndicaliste, propose quelque chose de plus ou moins construit à Mélenchon qui accepte la discussion mais finit par refuser de céder la première place (on le comprend), il est alors accusé de trahison par "les débris de la gauche pseudo-socialiste", ce fameux " bon peuple de gôche" qu’Hamon a réussi à rassembler en proposant à des millions de chômeurs, à des "chercheurs d’emplois" conscients que des emplois il n’y en a plus, le "revenu universel". Hypothèse 2 : Mélenchon discute, finit par accepter un compromis mais échaudé par le visqueux Hollande demande des contreparties solides! Sur quoi se feraient les concessions? Méluche porte un programme cohérent et surtout une vision de long terme conçue par lui et par les têtes d’œufs de l’ex parti de gauche qui n’ont rien à envier à beaucoup d’autres de ces têtes qui hantent les plateaux télés. Il reste que les propositions rustiniennes de Hamon ne pourront, si certaines d’entre elles sont acceptées, que dénaturer l’ambitieux mais raisonnable programme mélenchonien. Ce dernier perdrait alors pas mal de sa crédibilité auprès de ceux qui depuis des mois ont appris à croire en lui et voient dans sa personne le Robespierre-Jaurès, dont la France a besoin pour sauver ce qu’il lui reste de meubles.
A un tournant aussi dramatique d’un monde qui se renverse, Hamon est certes plus courageux que les momies de Solférino ou la carpette sioniste Valls, mais il n’a pas exprimé dans ses interventions de vision de l’avenir. Il gère. Plus à gauche qu’Hollande, Valls ou Montebourg, certes, mais il gère. Ses rustines semblent meilleures que celles des éléphants à plus forte raison de l’éléphanteau Macron, mais ça ne va guère au delà. Et ce sont ces rustines qui plaisent aux craintifs de la classe moyenne en voie de déclassement. Ils veulent un avenir mais ils ne veulent pas qu’on renverse la table sur laquelle pour eux il y a encore quelque chose à manger.
Une autre possibilité est que ce soit Mélenchon le premier qui propose de rencontrer Hamon. Si c’est le cas, il a dû déjà prévoir un canevas, ce qui est négociable et ce qui ne l’est pas. Mais, quelles que soient les "politesses" que se feraient les deux hommes, on imagine mal Mélenchon acceptant de passer sous la table et laissant à Hamon le premier rôle. Si pourtant Hamon acceptait, et que par admiration pour son ainé, il joue les seconds rôles (premier ministre du président Mélenchon-Chavez, il serait critiqué par son "électorat de craintifs" et mettraient lui-même en danger ses chances d’être au second tour. On peut bien sûr imaginer un miracle: les deux hommes faisant campagne ensemble, chacun sur leur programme mais avec un canevas commun qui deviendrait le "programme commun de toute la gauche". En l’état actuel de la gôche et de la gauche, est-ce seulement pensable? Il faudrait une grâce du ciel, un miracle du genre Brexit ou un atout Trump. Quelqu’un voit-il ce miracle à l’horizon? The French deplorables sont-ils assez nombreux pour le produire? On sait pas. Ce qu’on sait par contre c’est que Mélenchon seul et Hamon seul, la gauche et la gôche ne seront pas au deuxième tour. A moins que, s’empêtrant dans le piège que lui a tendu une femme inspirée volontairement ou involontairement par "l’Ennemi qui n’a pas de nom", ce discret mais coriace ennemi que Hollande fit semblant de vouloir terrasser en 2012, Fillon tombe.
Et Marine me direz-vous? Marine pour l’instant compte les points, attend l’issue prochaine du drame interlope que dame Pénélope "ne faisant pas de politique" a déclenché. Elle rit sous cape à la victoire de Hamon et se frotte les mains de voir que son ennemi de toujours, son "pourfendeur de fascisme", son "dénonciateur de racisme", soit maintenant à nouveau pris dans le piège d’un programme qui serait commun et auquel les Français ont déjà goûté avec la gourmandise que l’on sait il y a trente sept ans! Enfin, les communistes doivent faire depuis hier des cauchemars épuisants pris qu’ils sont entre leur choix Mélenchon et la surprise Hamon. La suite ne manquera pas de sel.
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