La “Guerre Civile froide” devient brûlante

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La “Guerre Civile froide” devient brûlante

Le libertarien Christopher Manion, qui édite sur le site LewRockwell.com, publie hier ces deux courtes phrases : « Angelo Codevilla a récemment écrit, d’une façon convaincante, que nous nous trouvons dans une “Guerre Civile” froide. Elle vient juste de devenir brûlante. » Manion renvoie notamment à un article de The Hill concernant l’attaque (au fusil d’assaut) d’un militant de la gauche du parti démocrate contre des parlementaires républicains qui s’entraînaient dans le cadre des matches de base-ball opposant des équipes constituées de parlementaires du Congrès.

Dans ce cas, il s’agissait de parlementaires républicains, et le Whip (chef de la majorité républicaine), le député Steve Scalise a été sérieusement blessé. Le tireur, James T. Hodgkinson, a tiré plus de 50 balles de son fusil d’assaut contre les parlementaires (parmi lesquels se trouvait le sénateur Rand Paul) qui avaient très peu de possibilité de se mettre à couvert sur le terrain de sport ; il a finalement été tué par la police qui est intervenue une dizaine de minutes après le début de l’attaque. Hodgkinson a été aussitôt identifié comme un militant très actif, sinon enfiévré et paroxystique si l’on se réfère à ses tweets, favorable à Sanders et ennemi acharné de Trump dont il prônait l’élimination par tous les moyens, comme il est de coutume aujourd’hui chez les militants radicaux. (Sanders s’est aussitôt désolidarisé de l’attaque, qu’il a prestement et fermement condamnée.)

Les réactions ont très rapidement dépassé les habituelles condoléances et marques de sympathie et d’horreur, pour prendre un tour confrontationnel. Dans un sens qui est celui des anti-Trump ou sociétaux-progressistes, le New York Times mène la danse avec un éditorial qui a même été dénoncé par des personnalités et médias de son camp tant il est d’une impudence grotesque. Dans l’autre sens, qui est du côté des populistes-conservateurs, l’une des interventions les plus violentes vient de Newt Gingrich qui assimile complètement l’attaque à ce qu’il juge être une violence incontrôlée de la part de la gauche anti-Trump :

« Former Speaker Newt Gingrich (R-Ga.) on Wednesday linked a growing trend of “hostility” on the left to violent incidents like the shooting that morning at congressional Republicans’ baseball practice. “It's part of a pattern,” Gingrich said on Fox News. “An increasing intensity of hostility on the left.”

» Gingrich pointed to the violence and intimidation toward conservatives on college campuses as another sign of the left's hostility toward Republicans and President Trump. “Look, I talk to college students regularly,” Gingrich continued, “who say that if they are openly for Trump, they get threatened.” “I've had college students tell me they get threatened with being beaten up, some of them get death threats,” he said.

Gingrich then targeted comedian Kathy Griffin as an example of a member of the left advocating violence against Trump and other Republicans. Griffin was fired from CNN's New Year's Eve program after she posted a photo of her holding up a dummy head of Trump covered in ketchup. “The intensity is very real, whether it's a so-called comedian holding up the president's head covered in blood, or right here in New York City, a play that shows the president being assassinated, or it's Democratic leading national politicians using vulgarity because they can't find any common language to talk,” Gingrich argued. He likely was referring to Central Park’s summer Shakespeare production of “Julius Caesar” that appears to portray the slain Roman dictator as Trump and to Sen. Kirsten Gillibrand (D-N.Y.), who recently slammed the president for not keeping his promises using the expression “fucking no.” »

L’atmosphère “culturelle” et psychologique aux USA ne cesse effectivement de se tendre et de développer un paroxysme marqué essentiellement par les attaques incessantes de la gauche progressistes-sociétales caractérisées par un emportement psychologique qui semble inarrêtable. La référence que fait Gingrich à la production “adaptée” à l’antitrumpisme du Julius Caesar de Shakespeare à New York, avec ovation effrénée des spectateurs, concerne une manifestation symbolique extrêmement brutale d’incitation à l’assassinat du président Trump qu’on est largement en droit de considérer comme la symbolique d’une influence importante sinon décisive pouvant convaincre des individus comme Hodgkinson de passer à l’acte. Le site de la droite dure WorldNetDaily consacre un long article à la violence type-guerre civile qui semble désormais s’installer aux USA, et notamment ce passage consacré à l’œuvre de Shakespeare adaptée aux circonstances par une troupe théâtrale new-yorkaise évidemment spécialisée dans cette sorte de travail...

« The most recent example came from the Public Theater’s production of Shakespeare’s “Julius Caesar” in New York’s Central Park. The play portrayed a modern-day Caesar who resembled Donald Trump: a dictator with blonde hair, a business suit, a gold bathtub and a drawing a standing ovation from the audience.

» David Kupelian, WND’s vice president and managing editor, was horrified to hear of the play. “When the assassination of a sitting president is graphically celebrated in New York’s Central Park, and gets a standing ovation from onlookers, and at least some of its sponsors enthusiastically endorse it, what we’re looking at is a shockingly depraved loss of conscience and decency on the part of the ‘hate Trump’ crowd,” Kupelian said. “It is reminiscent of the French Revolution and the giddy blood-lust of the enraged populace who watched the beheadings of their former leaders as though it were great entertainment.” »

... Ainsi passe-t-on du symbole à l’acte, lorsque le symbole devient d’une telle force qu’il exerce une telle pression sur la psychologie que l’acte devient absolument nécessaire pour se libérer de cette pression et concrétiser l’engagement politique représenté par le symbole. Il semble absolument illusoire d’attendre que de tels actes provoquent un mouvement de réconciliation, un sursaut d’unité nationale, mais il faut attendre au contraire, dans la situation présente, qu’il exacerbe plus encore les passions.

Après la fusillade, le Speaker de la Chambre, le républicain Paul Ryan, a parlé de la nécessité d’une réunion, affirmant qu’il fallait que tous les membres du Congrès se considèrent comme d’une “même famille”, expression utilisée en écho par la démocrate Nancy Pelosi qui dirige la minorité démocrate. Le mot nous semble bien malheureux, car il est vrai que les membres de la Mafia, ou Cosa Nostra aux USA, se regroupent eux aussi en “familles”, et l’association des situations est assez malvenue en plus d’être assez juste si l’on considère le degré considérable de corruption du Congrès...

Dans TheDuran.com, Adam Garrie fait un parallèle entre la création de Daesh et du terrorisme islamiste en général, de toutes pièces à partir de décennies de financement saoudien et des intrigues diverses et nombreuses d’organisation telles que la CIA selon une logique et une chronologie parallèles ; et la possible émergence, sinon l’émergence en train de se faire sous nos yeux, aux USA même, d’un terrorisme de guerre civile du fait de la pression psychologique exercée par la presseSystème et les différentes forces de communication (Hollywood, le monde culturel maître dans l’art du symbolisme, etc.). Ainsi aurions-nous une correspondance intéressante entre les créations extérieures monstrueuses des USA et de ses divers relais type-Saoud, et les agitations psychologiques intérieures de cette  puissance en décomposition, dessinant rapidement les contours d’une psychologie et d’un terrorisme de discorde civile.

« Like most lone wolf terrorists, Hodgkinson was certainly a deeply mentally ill man, but if the mainstream media depictions of Trump being killed or questions over his right to govern based on false allegations about foreign vote rigging played any part in radicalising Hodgkinson, a lot will have to be answered for.

» Saudi Arabia spends millions distorting the true meaning of Islam throughout the world. The result has been the creation of al-Qaeda and ISIS. The mainstream media in the west distorts the true meaning of normal, peaceful, respectful opposition. They also have money that allows their message to be heard around the world. They should be condemned for the same reasons and in the same fashion. »

La question, selon nous, est de savoir si Hodgkinson était vraiment un “homme mentalement très malade”, ou s’il s’agit plus simplement, ou considéré d’une autre façon, d’un homme à la psychologie très faible comme sont en général les êtres type-sapiens aujourd’hui, sous la poussée et la pression terribles de la communication, et enchaînant logiquement l’acte suggéré par le symbole même qui conduit sa vie. Poser la question, certes... La réponse nous paraît évidente. De ce fait l’action d’Hodgkinson se place beaucoup mieux dans le contexte d’une “guerre civile” qui se développe en passant du symbolique à l’action, plutôt que dans le cadre habituel de la violence aux USA comme fait sociologique lié pour certains à la disposition facile d’armes à feu, en même temps qu’aux “traditions”, à l’individualisme et à la faiblesse d’éventuelles autorités régaliennes, – explications habituelles pour le climat de violence US.

Hodgkinson et son acte sont bien pour nous le “produit” d’une situation née en 2015 autour des présidentielles de 2016, c’est-à-dire d’un épisode non-illustratif de la situation courante des USA, mais bien illustratif des USA confrontés au paroxysme de la Grande Crise Générale qui embrase le Système en s'opérationnalisant dans diverses crises, selon les situations, dans les régions et dans les psychologies les plus vulnérables. Dans ce cas, on peut effectivement tracer un parallèle entre le courant terroriste islamique et le développement d’une véritable terreur psychologique aux USA, autour de la présidence Trump, capable de générer un véritable conflit intérieur.

 

Mis en ligne le 15 juin 2017 à 16H32