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1917Arma virumque cano – Virgile
Expliquons la pensée du futur président Trump, et même sa sagesse. Il a liquidé tout le monde, mis le parti dans sa poche et il va croquer la Clinton en rigolant. Il a réduit en bouillie la tyrannie de la majorité que dénonçait Tocqueville il y a deux siècles. Ses ennemis néocons et libéraux ne pourront que le tuer, s'ils veulent le vaincre. Quant aux démocrates, ils n'ont pas encore fait entrer assez de minorités pour le battre. Voyez le très bon Alien Nation de Peter Brimelow, vieux de vingt ans déjà, pour expliquer cette paradoxale stratégie : les partis de gauche veulent se faire élire par les minorités qu'elles en ont fait rentrer pour déloger une majorité présumée raciste et remplaçable. Cela semble débile mais c'est pourtant comme ça.
En France, la nullité de nos élites politiques et journalistiques (les deux subventionnées et financées par notre dette et nos impôts) est telle qu'elles ne font qu'attaquer Trump sans prendre le loisir de l'étudier. Espèrent-elles s'en débarrasser comme du FN, d'Assad, de Poutine et d'Erdogan ?
Je reprends ici pour éclairer mes lecteurs quelques points de mon chapitre sur sa pensée. Je recommande surtout son livre How to get rich (qui méritait un meilleur titre !) :
• Il aime les biographies, surtout les biographies de philosophes. Elles racontent des histoires (et il adore être un storyteller avec ses auditoires) et donnent de bons exemples d’expériences. Trump dénonce par contre les expériences d’échecs. Il ne faut pas les donner en exemple comme on le fait trop souvent !
• Trump fait référence au labyrinthe de sa vie, et donc au labyrinthe des Grecs et à celui de Notre-Dame de Chartres. Aurait-il lu Louis Charpentier ou Fulcanelli ? En tout cas avec son intuition de businessman, il en saisit l’essence pragmatiquement. Il est difficile de subodorer une dimension initiatique dans le personnage de Trump, mais comme ce diable d’homme est prêt à tout…
• Trump cite beaucoup Carl-Gustav Jung dont il recommande chaudement l’autobiographie. Note intéressante, il croit à l’inconscient collectif. Par rapport à son engagement politique « extrémiste » et à son credo américain (Make America Great Again !), cette croyance, fondée ou pas, est essentielle. Elle fonde le droit au réveil du peuple américain !
• Trump évoque plusieurs fois Francis Scott Fitzgerald. Là aussi la référence n’est pas gratuite. Cet écrivain chic et Wasp qui dénonçait l'immigration de l'après-guerre (il cite Stoddard et Madison Grant dans Gatsby !!!) sera étudié et cité ultérieurement. Disons pour l’instant que Scott Fitzgerald incarne tout ce que peut aimer et même représenter Trump : la richesse, la force de vivre, le luxe, les belles femmes, tout ce qui énerve nos imbéciles ici.
• Dans son livre intitulé « penser comme un champion », il cite Sun Tsu. Sun Tsu était aussi le modèle de Gekko dans le film Wall Sreet : pour lui tout est guerre et tout doit être victoire. Trump est la revanche des sympathiques années reaganiennes. Il adapte l’ouvrage du génial chinois à ses stratégies managériales. Trump commence d’ailleurs son livre sur l’art d’être riche par une nette invocation : soyez un général. Il aime citer régulièrement la phrase de Napoléon : « un bon général en chef a le droit d’être battu, pas d’être surpris » ! 50% des militaire sont pour Trump, 20% pour la Clinton. Obama est à 10% de popularité dans l'armée US. On fait la guerre ?
• Par contre Trump méprise notre cher Machiavel. Il le trouve dangereux et destructeur. Il est vrai que c'est Machiavel qui explique que tout nouveau pouvoir tyrannique doit remplacer une population pour mieux la contrôler (mandare colonie in uno o duo luoghi...). Rappelons que Machiavel est le penseur modèle de Léo Strauss et des néocons qui veulent la peau de Trump.
• On termine par le meilleur : « soyez comme Thoreau et simplifiez. » Thoreau commence son livre Walden par un chapitre sur l’économie politique (il se moque déjà des écoles de business) ; il conseille aussi de ne jamais suivre les nouvelles ! Thoreau incarne surtout l’individualisme américain dont Trump est un bon représentant. L’homme n’a pas besoin de guide, de führer ou de papisme romain pour bien se conduire. Il a besoin de relire Homère dans le texte et de… construire son immobilier, ici sa cabane dans le bois !
Trump célèbre en outre les activités suivantes :
• Le golf. James Bond et Goldfinger ont donné ses lettres de noblesse à ce sport presque cosmique. Trump indique que le golf permet certes de se détendre, mais aussi de méditer, de prendre son temps, de réfléchir, de se concentrer (focus). Trump reconnait les progrès du golfeur Bill Clinton. Le président Eisenhower était connu pour son niveau de professionnel. Toute l’élite américaine excelle en sport (voyez John Kerry au tir par exemple) et pratique en général plusieurs sports de haut niveau : voile, pêche, golf, équitation, golf pour les Bush par exemple ; pour nos présidents c'est télé-cassoulet.
• Trump aime créer des clubs et des parcours de golf pour son élitiste clientèle. Il faut 300 000 dollars pour faire partie de son club de Briarcliff Manor dans l’Etat de New York ! Il compare ses designers de parcours (les Fazio, une dynastie italo-américaine) à Michel-Ange. Certains sculptent le marbre, écrit Donald, d’autres la terre !
• La dépense. Il dit qu’il faut penser en grand (think big) et vivre généreusement (live large). Trump reprend la tradition des aristocrates et il retourne la critique de Veblen contre la classe de loisir. Tout ce que le gauchiste sociologue norvégien reproche au riche Wasp doit être célébré : les châteaux ou « mansions », les jolies femmes, les sports d’élite… C'est le retour des Amberson humiliés par Orson Welles.
• La dynamique managériale : pour Trump comme pour les américains traditionnels, il faut préférer la personne au titre et le talent au job ! Il semble que cette pragmatique recommandation n’ait plus été respectée au XXIème siècle, avec le coût que l’on sait pour nos sociétés basées sur les diplômes bidon et les discriminations positives.
• La créativité : Trump aime créer des tours, des terrains de golf, des clubs et des villages de luxe. Il aime s’entourer des meilleurs artisans et techniciens, comme un produit de la grande époque hollywoodienne. Il aime la beauté, le classicisme aussi, déteste les nouvelles tours qui ont remplacé les Twin Towers, et il affirme que c’est ce classicisme qui plait à sa clientèle huppée. Il précise à Bob Woodward « ne pas avoir besoin de ces gens de Wall Street, qu'il connaît bien. »
• L’armée. Le complexe militaro-industriel américain dénoncé en son temps par Eisenhower a fait des émules. Trump se compare plutôt à un général à l’ancienne. « Un général doit motiver ses troupes, ses officiers supérieurs, il est un modèle de manager et d’inspirateur ». On le laisse dire dans son anglais inimitable : “More and more, I see that running a business is like being a general.”
• Le ping-pong. L’anecdote est intéressante : Trump apprend d’une intuitive assistante qu’elle développa des dons en écoutant ses frères jouer au ping-pong. Le bruit des balles annonçait le coup gagnant ! Et d’appliquer cette recette à la vie de tous les jours, c’est-à-dire au business. Sentir le Momentum...
• Le sport. Trump aime beaucoup les sportifs, surtout les basketteurs et les boxeurs blacks, et il leur donne de bons conseils : comme de ne pas suivre l’avis des gourous de la finance et des conseillers par exemple. Il aime aussi l’art du comeback des grands sportsmen américains.
• L’art du Momentum. Le Momentum n’a rien à voir avec le moment mais avec le mouvement. C’est l’art de l’impétuosité bien dirigée, en accord pour le coup avec le bon moment. On l’a ou on le perd. Trump cite ses pertes de temps en Europe dans les années 88-90, ses déboires du début des années 90, et le cas d’un vieil homme d’affaires qui reconnaissait avoir perdu son Momentum.
• La patience : cela parait étonnant de la part d’un personnage aussi fougueux et tempétueux. Mais Trump a mis des années avant d’achever ses grands projets comme la Trump Tower ou le 40th Wall Street. Et il aura mis son temps aussi pour plaire aux foules sur le plan politique. Candidat à la présidence en l’an 2000 déjà, il n’eut alors aucun succès.
Puis il explique sa semaine, ses 200 rendez-vous, ses deux mille coups de téléphone. Un journaliste moyen ne peut pas suivre son rythme herculéen ! Il a pourtant vingt ans de moins !
La pensée - assez captivante, comme sa vie – de Donald Trump me semble avoir pour mission de donner tort à la phrase sinistre de Thoreau :
« L’existence que mènent généralement les hommes, en est une de tranquille désespoir. Ce que l’on appelle résignation n’est autre chose que du désespoir confirmé. »
Je l'ai baptisé candidat du chaos, pensant non pas au bordel médiatique des zozos qui vous informent, mais au chaos créateur des Métamorphoses d'Ovide :
« Le chaos étant ainsi débrouillé, les éléments occupèrent le rang qui leur fut assigné, et reçurent les lois qui devaient maintenir entre eux une éternelle paix. »
• Donald Trump, The art of the deal, How to get rich
• N. Bonnal – Donald Trump, le candidat du chaos, Ed. Dualpha
• Brimelow Peter – Alien Nation
• Machiavel – Le Prince, chapitre 3
• Madison Grant – A passing of a great race (best-seller recensé par Paul Johnson)
• Ovide – Métamorphoses, I
• Scott Fitzgerald – Gatsby le magnifique, chapitre 1. Je cite cet extrait :
– La civilisation s’en va par morceaux, éclata Tom avec vio-lence. Je suis devenu terriblement pessimiste. As-tu lu l’Ascension des Empires de gens de couleur, par un type nom-mé Goddard ?
– Ma foi, non, répondis-je, assez surpris du ton dont il avait parlé.
– Eh bien, c’est un bouquin très fort que tout le monde devrait lire. L’idée qu’il y développe est que si nous ne faisons pas attention, la race blanche finira par être complètement submergée.
• Sun Tsu – L'art de la guerre
• Thoreau – Walden
• Virgile - Enéide, chant 1
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