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390329 septembre 2015 – Je ne me souviens pas d’une occurrence semblable, dans la majestueuse et pompeuse Assemblée Générale des Nations-Unies réunie pour sa session annuelle, avec un chef d’État de la puissance de la Russie, s’adressant à l’assistance de ses pairs, de ses “partenaires” comme il dit, et l’on sait lesquels certes, et les apostrophant directement avec cette phrase pathétique, une question mais aussi une prière :
« Est-ce que vous comprenez ce que vous avez fait ? »
C’était à la fois familier, tragique, désespéré, et presque comme un prière adressée à un Autre, – “Mon Dieu, ils ne savent pas ce qu’ils ont fait ni ce qu'ils font mais faites qu’ils finissent par le comprendre”. Une telle phrase n’a jamais résonné, dans de telles circonstances, dans l’immense salle de l’ONU, une telle phrase aussi courte résumant à la fois la catastrophe du monde, la folie de ceux qu’emportent l’ignorance, l’inculture et l’inconscience, les terribles perspectives qui se dessinent si rien de tout cela ne cesse.
J’ignore si quelqu’un, parmi les pairs et “partenaires” en question, a compris la force de la question, s’il y en a même qui ont écouté, et plus encore entendu le sens de la chose, s’il y a l’un ou l’autre qui ait consenti à sortir de son autisme. Je ne cacherai pas une seconde qu’il me semble qu’il y a bien peu de circonstances ou de constats qui invitent à l’optimisme à cet égard. Il n’empêche qu’avec cette question, le Russe a fixé un instant d’une vérité pleine d’angoisse, et éclairé d’une lumière impitoyable la catastrophe qu’est notre époque. Ce n’est pas du génie politique ni du grand art oratoire, c’est simplement une prière ; et c’est effectivement à cela, – une prière dont on ne sait ce que le destin en fera, – que le sort du monde se trouve aujourd’hui à la fois réduit et confronté.
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