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387822 décembre 2016 – A l’heure où l'on envisage que le désormais très-probable nouveau président US amorcerait de nouvelles relations, améliorées et apaisées, avec la Russie, il semble judicieux de revenir sur le sentiment d’hostilité à la Russie qui prévaut dans le bloc-BAO, et particulièrement avec une virulence extraordinaire aux USA, selon la question de savoir si un tel changement de la politique russe des USA amènerait un changement sinon équivalent du moins notable de ce cette hostilité. Pout bien situer le débat, nous allons d’abord aborder un point sémantique important parce qu’il permettra d’éclaircir le sens de notre démarche, – notamment et singulièrement entre politique et psychologique, sans écarter une seule seconde le lien très fort entre les deux.
Nous parlons plutôt d’antirussisme que de russophobie. Nous parlons d’une politique et du jugement politique qui l’accompagne, qui est l’antirussisme, et non de la russophobie qui se classe dans la réaction psychologique de phobie, supposant une référence à un « ensemble de troubles psychologiques axés sur un acte ou une entité extérieure capable de susciter une peur morbide et irrationnelle ». L’antirussisme dont nous voulons parler voudrait se présenter comme complètement rationnel du point de vue de ce qui en est le producteur, et nullement le fait d’un trouble psychologique de ce producteur. Cette appréciation est certes complètement fausse de notre point de vue parce que le concept de “politique” en général est aujourd’hui complètement faussaire dans le chef du bloc-BAO qui émet cette sorte d’argument de la pseudo-rationalité de son antirussisme ; elle justifie néanmoins l’emploi du terme antirussisme et non le terme russophobie, malgré les liens très forts sinon ontologiques qui les tiennent ensemble.
C’est dire par l’évidence que nous ne tenons nullement la russophobie comme négligeable, ni comme sans lien direct et fondamental avec l’antirussisme dont nous parlons ici, qui est comme on va le voir un antirussisme extrêmement spécifique, sans précédent et tenant directement aux conditions extrêmes et exceptionnelles de cette époque, où justement la psychologie tient une grande place... Dans ce cas, la confirmation est éclatante du lien direct entre l’antirussisme actuel et la russophobie actuelle. Cet “antirussisme actuel”, tout en demeurant en tant que tel, entraîne presque systématiquement une russophobie chez ceux qui en sont affectés, soit essentiellement nos élites-Système du bloc-BAO et les troupeaux qui les suivent. Leur antirussisme relève de la pseudo-politique que nous nommons affectivisme et s’exprime dans le champ de la politique avec un lien direct, à la fois de production et d’aggravation, sur leur psychologie épuisée qui produit donc la russophobie ; bien entendu, la seconde n’annule pas la première, au contraire elle la nourrit, établissant un lien direct et à double sens (de l’un à l’autre et vice-versa), complètement logique et inévitable entre pseudo-politique (affectivisme) et psychologie.
Ainsi pourrait-on parler aussi bien d’antirussisme que de russophobie en général, mais il faut choisir de parler d’antirussisme ou de russophobie selon le sujet que l’on aborde ; il faut parler de russophobie lorsque nous parlons de la psychologie des sapiens, essentiellement des zombies-Système, et il faut parler d’antirussisme lorsque nous embrassons le sujet plus vastement, à la fois d’un point de vue opérationnel et d’un point de vue, disons, à la fois culturel et spirituel... Ainsi parlons-nous d’antirussisme dans le même sens que nous parlons, par exemple mais exemple impératif, d’antiaméricanisme selon notre acception très largement ambitieuse du termes, où les points de vue inclus sont aussi bien politique dans le sens large, que culturel et spirituel.
(L’antiaméricanisme considéré à ce point peut entraîner aussi une américanophobie qui, dans ce cas spécifique et parce que les USA sont le moteur du Système, concerne le système de l’américanisme et non l’Amérique elle-même. Mais la chose n’est pas systématique parce que les psychologies des antiaméricanistes ne sont certainement pas toutes épuisées et vulnérables, comme celles des antirussistes, notamment dans la mesure où ces antiaméricanistes sont souvent des antiSystème ayant résisté au Système grâce à leur psychologie qui a montré la résilience impliquée par cette position ; la phobie n’est donc pas la conséquence inévitable pour leur cas.)
Ayant fixé les définitions des termes du débat qui ont permis mieux mettre en place la situation qui nous intéresse, nous abordons l’aspect opérationnel de la situation actuelle, effleuré dans le début de ce texte. La conjoncture politique qui nous pousse à aborder cette question est évidemment la situation aux USA, avec le “désormais très-probable président US [qui] amorcerait de nouvelles relations, améliorées et apaisées, avec la Russie...” L’investiture désormais inévitable du 45ème POTUS qu’est Trump ne fera, à notre sens qu’exacerber l’antirussisme qui continuera à développer, dans sa version intérieure et malgré la contradiction, une forme aigüe d’anti-Trumpisme, avec la poursuite et l’accélération de la vision d’un Trump apprenti-Hitler ne cherchant qu’à dévorer la démocratie. (Contradiction totale entre “Trump-pion de Poutine” complètement soumis à la puissance infâme du Russe comme effet direct de l’antirussisme, et “Trump-Hitler” qui n’est soumis qu’à sa propre puissance infâme, comme effet indirect de l’antirussisme. Mais qu’importe la contradiction à la démence ? Au contraire, elle s’y vautre avec délice, c’est de loin son plat préféré...) Les bataillons de l’hypergauche, les progressistes-sociétaux devenus les forces aveuglément asservies à l’hypercapitalisme et à l’hyperglobalisme qui sont nécessairement hyperbellicistes, ne peuvent vivre et exister qu’en tenant cette position extrême, cette narrative sans retour ; c’est à la fois leur raison d’être et leur oxygène, et ces choses relevant de la survie quasi-animale ne peuvent être soumises en aucun cas, ni à la raison critique du philosophe, ni à l’analyse mesurée du géopoliticien. Nous sommes dans le domaine de la démence et de la psychologie dévastée par son extrême faiblesse et seule l’intuition alimentée par l’expérience et la fermeté de la psychologie peut en déterminer l’opérationnalité.
... Voilà la situation actuelle aux USA. Le moins qu’on puisse dire, de notre point de vue comme nous le répétons presque chaque jour, est : 1) que cette situation crisique est de loin la plus importante dans le tourbillon crisique qui emporte notre contre-civilisation vers ce que nous estimons être son effondrement ; et 2) que par ailleurs et pour autant, nous sommes complètement incapables de faire une prospective précise, pour la semaine prochaine, pour le mois prochain, de la situation aux États-Unis... Une seule appréciation s’impose pour nous concernant cette situation opérationnelle, qui concerne le sujet que nous analysons ici, parce qu’il est dans l’implacable logique de la démence en cours : l’antirussisme dominant dans le Système se poursuivra plus fort demain qu’aujourd’hui, et encore plus après-demain, sans en rabattre en rien ni d’un seul kopek, à ce point que la politique de Trump, si elle tient ce qu’elle promet dans ce domaine, apparaîtra véritablement comme une “politique dissidente”.
Pour renforcer indirectement notre raisonnement, nous faisons appel à une plume que nous avons déjà sollicitée : il s’agit de François Roddier, physicien, astronome, désormais intéressé par les questions de l’évolution “sur notre planète terre”, auteur d’un livre auquel nous nous étions intéressé le 11 octobre 2012 (Thermodynamique de l’évolution, Parole Éditions, mars 2012) ; il s’agit surtout, pour notre propos de son “billet 101” sur son blog, en date du 15 novembre 2016, « Sur l’évolution des idées politiques ». Dans ce texte, Roddier évalue le développement crisique de la situation de son point de vue “évolutionniste” largement nourri aux concepts et aux grandes lois de la thermodynamique, – donc point de vue complètement scientifique en mettant en place un pont entre cette approche et une situation qu’on dirait “politique”, mais que nous considérons du point de vue métahistorique. Se référant à son livre il pose sa méthodologie : « [J]e compare le fonctionnement de la société au fonctionnement d’un cerveau » ; puis il poursuit l’évolution de la société constituée en “cerveau” d’un point de vue théorique : « Le cycle commence avec la tradition, puis la réflexion, l’innovation et l’action. Cette dernière modifie l’environnement auquel nous étions adapté. Cela nous oblige à nous réadapter d’où la nécessité d’une restructuration (transition de phase que nous nommons effondrement). Après l’effondrement on revient à une tradition améliorée par le fruit de l’expérience (leçons de l’effondrement) et un nouveau cycle recommence. Il s’agit bien d’un algorithme d’apprentissage » ; enfin, il opérationnalise cette évolution théorique en l’intégrant dans la séquence crisique (politique) actuelle décrite à partir des perspectives historiques des dernières décennies, pour mieux décrire la situation crisique que nous connaissons :
« Ces quelques exemples nous conduisent à penser que le cerveau global d’une société tourne ainsi régulièrement comme un moteur bien huilé. Ce n’est bien évidemment pas le cas... [...] Pourquoi cela? La réponse est très simple: un moteur bien huilé ne dissiperait pas d’énergie, il s’emballerait. Pour dissiper l’énergie il est nécessaire d’introduire des “frottements mécaniques”, en l’occurrence ce que les physiciens appellent de l’hystérésis, c’est-à-dire un retard entre la cause et l’effet. C’est le décalage qu’on observe entre la culture d’un pays et la politique qu’il est amené à suivre. Historiquement, les cultures ont toujours cherché à s’adapter à l’état d’évolution de leur société, mais plus vite elles s’adaptaient plus vite la société évoluait. C’est le phénomène d’accélération connu sous le nom d’effet “reine rouge” (section 6.1 de mon livre). C’est lui qui maintient un décalage permanent causant des tensions. Ce sont ces tensions qui font qu’occasionnellement les sociétés s’effondrent... »
Voici enfin l’état actuel de la situation crisique, effectivement situation crisique arrivée à un point de rupture, et les prévisions qui s’en déduisent selon l’auteur. Les précisions qui nous intéressent se trouvent 1) dans le destin des USA, et avec eux de ce que nous nommons le bloc-BAO, tel qu’il est décrit dans sa phase actuelle, avec une projection nous semble-t-il chronologiquement assez rapprochée (rapide dans le temps) ; et 2) la situation/évolution de la Russie dans la même phase.
« Aujourd’hui la situation a bien changé. Remise de cet effondrement [de l’URSS], la Russie est devenue plus libérale, tout en restant égalitaire. Pendant ce temps, la culture occidentale devenait de plus en plus inégalitaire. Le pétrole est plus difficile à extraire et l’activité économique mondiale stagne. La température générale de l’économie se rapproche de la température critique. À l’heure actuelle, les États-Unis ne peuvent maintenir leur dissipation d’énergie qu’à travers une politique autoritaire. Mais celle-ci est en désaccord avec la culture libérale du pays. En votant pour Trump, l’Amérique profonde des cow-boys a franchi le pas. Elle a montré qu’elle était lasse des mensonges de marketing de l’élite financière et a préféré élire un richissime américain se présentant pour ce qu’il est. Il est clair cependant que passer d’un régime libéral traditionnel vers un régime autoritaire, plus éloigné de la culture du pays ne se fait pas sans tensions.
» Que va-t-il se passer? Comme l’était l’Union soviétique, les États-Unis sont une réunion d’États initialement indépendants. Toute union de cette ampleur est nécessairement fragile. Nous avons vu que lorsque l’économie d’un pays lui impose de suivre une politique trop éloignée de celle de sa culture traditionnelle des tensions se produisent. Ces tensions ont fait éclater l’Union soviétique. Je surprendrai peut-être mes lecteurs en disant qu’elles risquent aujourd’hui de faire éclater les États-Unis. Si les États-Unis éclatent, l’Europe en fera autant. [...]
Je vais maintenant m’aventurer à faire un pronostic. De tous les pays européens, celui qui s’en tirera le mieux est sans conteste l’Allemagne. Sa culture à la fois autoritaire et inégalitaire est celle des familles souches, capables de résister aux adversités. Elle partage cette caractéristique avec le Japon. Au chapitre 9 de son livre “Collapse”, Jared Diamond montre que le Japon est une des rares civilisations à avoir su éviter un effondrement. Il l’explique par son organisation hiérarchique, une caractéristique que possède aussi l’Allemagne. C’est donc d’Allemagne que repartira la civilisation occidentale, mais son caractère inégalitaire l’empêchera de devenir le germe d’une civilisation nouvelle. C’est là que la Russie, par l’intermédiaire de l’Allemagne de l’Est, jouera un rôle essentiel. À la fois égalitaire et autoritaire, la Russie a toutes les caractéristiques nécessaires pour créer une nouvelle civilisation. Elle possède encore des réserves d’énergie fossile et sera moins affectée que les autres pays par le réchauffement climatique. Enfin elle partage une culture commune avec la Chine à laquelle elle pourra venir en aide. Il semble que Poutine en soit parfaitement conscient. »
Cette analyse selon une appréciation de type “thermodynamique” introduit donc l’idée du rôle essentiel de la Russie, à la fois dans l’effondrement de notre civilisation et dans sa participation essentielle à la manufacture éventuelle d’une nouvelle civilisation. C’est à ce point, après avoir eu cette appréciation de la position et du rôle de la Russie (passage marqué par nous-mêmes par l’emploi du caractère gras), que nous en revenons à la question de l’antirussisme qui est notre sujet central. Nous procédons selon un point de vue métahistorique pour expliquer ce que nous jugeons être le caractère hystérique, absolument irrationnel et conduit jusqu’à l’absurde qu’on peut détailler chaque jour dans les pressions enregistrées aux USA autour de l’élection de Trump, ces pressions étant dans leur extravagance comme imposées par des forces extérieures et suprahumaines à l’ensemble que forment les élites-Système.
Pour notre part, nous avons déjà abordé le problème de l’antirussisme. Pour nous, il est apparu dans sa forme actuelle, irrésistible et inarrêtable, hors de toute réflexion sensée, comme une crise de nerfs prolongée en une sorte de démence devenue normalité, bref le problème de l’antirussisme apparu comme exploserait une bombe nucléaire avec ses conséquences qui brise la forme du temps et de l’esprit, – précisément pour nous, lors et à partir du coup d’État (CIA-Certified) de Kiev du 21 février 2014.
Auparavant, l’antirussisme était latent, manipulable, avec des hauts et des bas, semblant contenu dans la palette rationnelle des opinions malgré leurs caractères excessifs depuis 9/11 ; il s’est tendu et a commencé à verser dans l’irrationnel hystérique avec la Syrie en 2012-2013, mais avec l’Ukraine nous sommes entrés entrons dans un autre domaine, dans un monde différent, ou delusion de la perception du monde selon le mot anglais signifiant aussi bien une illusion que les faits ne peuvent dissiper, qu’un délire psychologique. A partir de l’Ukraine, la réalité est véritablement pulvérisée, essentiellement à cause de la dynamique de surpuissance du Système dans le domaine de la communication, essentiellement suscitée par l’action du modèle américaniste, ou de l’“anglosphère” dans sa phase de décadence-effondrement.
Cette pulvérisation de la réalité renvoie la perception à deux pôles extrêmes : l’un est la narrative qui se transforme aussitôt en déterminisme-narrativiste (ou l’obligation de suivre la narrative après les circonstances qui l’ont imposée, accident devenu substance, selon une pression qui a tendance à se rapprocher rapidement de la démence). L’autre pôle extrême est la vérité-de-situation, c’est-à-dire cette dynamique antiSystème suggérant à chaque être qui lui est ouvert le moyen de sortir ou d’échapper au goulag psychologique du déterminisme-narrativiste en recherchant par ses capacités propres, son intuition et son expérience, sa raison préservée de la subversion moderniste, les “instants de vérité” qui constituent des “vérités-de-situation” offrant la référence suprême de la Vérité et permettant de restituer la véritable réalité du monde, au moins pour cet instant, au moins pour cette situation... C’est dans ce cadre que nous voulons placer l’analyse et la définition de l’antirussisme que nous proposons.
Nous tentions une première approche élaborée dans des Notes d’Analyse, le 14 mai 2015, à la suite de la rencontre de Sotchi entre Poutine, Lavrov et Kerry, qui s’était terminée sur une note extrêmement optimiste concernant la crise ukrainienne avec des possibilités pour la crise syrienne. Dans ce texte, nous avions consacré un passage à la “russophobie” sans trop prêter attention au terme, et songeant surtout aux psychologies qui sont atteintes par l’antirussisme qui ne permet aucun accommodement, – mais c’est bien ce second terme d’antirussisme qu’il aurait fallu employer.
« ... Plus encore, nous pensons que le cas est d’autant plus puissant que cette “russophobie” dont nous parlons est d’une substance très particulière, dépassant les explications historiques qu’on peut avancer, d’une substance particulièrement insaisissable parce qu’elle ne peut s’expliquer rationnellement, – même par des constats d’irrationalité qui seraient identifiés et examinés rationnellement. Il existe, pour pousser à décrire cette russophobie plutôt comme une sorte d’affectivisme extrême que comme un sentiment structuré par des faits et des jugements, une sorte de pression permanente organisant une paralysie inconsciente de l’esprit, instituant des bornes dans les constats, imposant à nos psychologies épuisées un filtre qui leur interdit certaines perceptions. La puissance de cette russophobie est une mesure de l’épuisement de notre civilisation : nous haïssons d’autant plus la Russie (et Poutine) que leur résistance (celle de la Russie et de Poutine) met en évidence la vanité des arguments civilisationnels qui devraient les convertir ou les balayer ; et cette vanité de nos arguments civilisationnels est l’exacte mesure de l’épuisement de notre civilisation qui ne peut se satisfaire de ce qu’elle est que si rien ne lui résiste explicitement ; parce que tout ce qui lui résiste explicitement est un miroir qui mesure son prodigieux effondrement (de notre civilisation). Cette posture est absolument imposée par un Système qui nous domine, qui ne peut désormais plus rien tolérer qui soit différent de lui, parce qu’aussitôt identifié comme résistance sans compromis. »
Aujourd’hui, l’épisode USA-2016 a précipité la tension de l’affrontement des deux pôles, – déterminisme-narrativiste versus vérité-de-situation, – jusqu’à la proximité désormais d’une rupture catastrophique (notamment avec l’accréditation du caractère de sérieux de l’hypothèse d’un éclatement des USA). En raison du rôle central des USA comme moteur du Système, le dit-Système intervient désormais directement, et c’est de cette façon qu’il anime l’antirussisme apparu au début 2014 jusqu’à sa transmutation en un phénomène métahistorique, avec ses conséquences psychologique, ne répondant plus à rien d’autre qu’un réflexe de défense à la fois surpuissant et désespéré, hors de tout contrôle de la raison et de la décence du jugement, contre la seule force (la Russie) qu’il identifie comme une référence pouvant accélérer décisivement son effondrement par sa substance spirituelle et sa puissante composante traditionnelle. Cet antirussisme d’une totale incohérence et préoccupé de sa seule surpuissance, d’une indécence et d’une indigence intellectuelles animées par l’extrême violence de communication caractérisant le terrorisme de la barbarie postmoderne (« la barbarie intérieure », selon Jean-François Mattei), répond dans le domaine de la communication à la surpuissance du Système et opérationnalise, par son absurdité complète, la transmutation de cette surpuissance en autodestruction. L’antirussisme est donc la formule opérationnelle fondamentale de l’autodestruction du Système.
L’antirussisme actuel n’est comptable d’aucune vraisemblance, d’aucune rationalité, d’aucune cohérence. Il ne s’embarrasse d’aucune preuve, d’aucune démonstration, d’aucune logique politique ou autre, il n’est que surpuissance aveugle lancée dans un sursaut désespéré pour tenter de rompre, et d’autant plus désespéré qu’il y a dans le Système la réalisation inconsciente, affreuse panique jusqu’à la terreur, que cette surpuissance se transmue en autodestruction. Ce n’est plus nous qui sommes pris au piège du Système, malgré les souffrances et les terribles incertitudes qui continuent à nous habiter dans cette lutte que nous percevons comme suprahumaine, c’est le Système lui-même qui est en train de transformer le tourbillon crisique provoqué par sa surpuissance en tourbillon crisique de son autodestruction ; le tourbillon crisique ne mène plus à l’entropisation de la situation du monde, il mène au trou noir de l’autodestruction du Système. Et c’est bien dans cette gigantesque transmutation que la Russie tient ce rôle exceptionnel d’être à la fois le chiffon rouge de l’antirussisme que la Bête elle-même agite devant elle pour alimenter sa fureur autodestructrice, et l’ingrédient du même antirussisme qui empêche d’écarter ce chiffon rouge dont l’effet opérationnel (et le rôle métahistorique) est la fatalité de l’autodestruction.
Il est par conséquent plus que temps d’accepter rationnellement, sans nécessité de démonstration théologique ni de passion religieuse en aucune façon, l’hypothèse de l’action de forces suprahumaine alors qu’il est devenu si évident que c’est bien dans ce domaine métahistorique de la suprahumanité que se déroule cet Armageddon. Il n’y a dans ce cadre suprahumain aucune surprise à manifester, ni gloire excessive à proclamer, dans le constat de cette évidence du rôle que tient la Russie par sa vertu paradoxale d’avoir fixé la course autodestructrice du Système dans l’artefact-Système qu’est l’antirussisme, – sans rapport aucun avec les aléas des sentiments que provoqua la Russie dans l’histoire courante, – d’ailleurs aussi bien dans le sens pro-russe que dans celui de l’antirussisme. Nous avons plusieurs fois signalé, spécialement depuis le début 2012 et l’élection de Poutine à un nouveau cycle présidentiel, cette dimension à la fois spirituelle et défenderesse de la tradition qui donne effectivement à la Russie la tâche métahistorique qu’elle tient aujourd’hui par le biais de l’antirussisme devenu artefact central de l’équation surpuissance-autodestruction. (Voir notamment le 3 mars 2012, le 23 avril 2012, le 18 décembre 2013, le 25 septembre 2014, le 24 décembre 2014, le 10 mars 2015)
On comprend ainsi que notre démarche est bien de sortir l’artefact “antirussisme actuel” de l’histoire courante pour l’identifier, le sortir de sa situation et le fixer dans la séquence métahistorique fondamentale que nous vivons. D’une première façon d’abord, en l’ôtant de tout concept géopolitique spécifique et même, à la différence de nuance de Roddier, de toute matrice d’une nouvelle civilisation. Pour nous la position spécifique de la Russie, son importance, constituent un élément sans aucun doute très puissant mais nullement spécifique ni même un créateur de la causalité du processus de l’effondrement. Si elle conserve pour elle-même des facteurs spécifiques de survie et de résistance (spiritualité, tradition), elle n’est ni assez puissante d’une part face à la globalisation, ni assez influente et pressante d’autre part dans la dynamique du pivotement anti-globalisation, pour susciter tous les éléments permettant d’amorcer un “après-l’effondrement”. Elle est la gardienne des clefs du temple, pour l’instant en cours de rénovation radicale et transmutée, mais ne peut jouer aucun rôle fondamental ni dans la rénovation ni dans le contenu du temple après rénovation.
Tout cela introduit le second élément... Que l’antirussisme ait ou non des liens plus ou moins appréciables avec les événements historiques antérieurs de type antirusse, jusqu’au-delà même des racines de la crise actuelle de la modernité (jusqu’à la rupture de l’empire byzantin, jusqu’à Charlemagne, etc.) ; qu’il ait été souvent équilibré par des sentiments pro-russes très puissants (singulièrement en France) qu’on tend aujourd’hui à minimiser sinon à oublier simplement lorsqu’il s’agit de démontrer la filiation historique de l’antirussisme ; tout cela n’importe guère sinon d’une façon marginale par rapport à la nature totalement différente de l’enjeu actuel, sinon comme éléments offrant un socle historique acceptable sur lequel se développe l’affrontement métahistorique actuelle, avec l’entraînement de la psychologie des sapiens-Système dans la démence de la russophobie.
De ce point de vue, nous continuons à penser que la Russie n’est pas en elle-même la clef de l’énigme de l’effondrement du Système (l’énigme étant en vérité : que se passe-t-il après l’effondrement ?). De même et a contrario évidemment, l’évolution géopolitique, les événements courants qui changeraient avec Trump n’auront aucun effet sur la puissance de cet antirussisme qui continuera à s’exprimer essentiellement sinon exclusivement dans le champ de la communication puisque l’enjeu n’est pas du domaine de la géopolitique mais bien du domaine de la psychologie (aussi bien collective que dans le fond secret de chaque être). Cet antirussisme continuera à s’exprimer par tous les moyens faussaires actuels, sous ce qu’on nomme commodément “ la poussée globaliste”, qui est en fait l’opérationnalisation terrestre de la surpuissance du Système et donc un facteur de la bataille des forces suprahumaines dont nous subissons les effets parce que nous en sommes l’enjeu. De ce point de vue de l’antirussisme dans le champ de la communication et contrairement à sa position politique, sinon géopolitique, l’administration Trump, si elle applique effectivement sa politique prorusse, que la fatalité dont elle dépend rend assez probable, se trouverait complètement isolée à Washington D.C. par rapport à l’essentiel de la puissance du Système et en butte à une guérilla permanente qui s’exprime dans le domaine de la communication et de la démence psychologique qui va avec. C'est à ce point que les USA risqueraient d'aller vers l'éclatement, par impuissance et paralysie de quasi-guerre civile du “centre”, conduisant des Etats de l'Union à prendre leurs responsabilités.
En Europe également, d'une façon en apparence différente mais en réalité parallèle, à cause de la proximité de la Russie et de la situation actuelle de l’UE, la politique “dissidente” de Trump comme on l’envisage, sèmera un trouble d’une profondeur extrême qui, plus qu’aucun autre élément, conduira à la dissolution rapide, de facto et sans débat trop ennuyeux par sa durée de l'Union européenne comme institution complètement inappropriée et comme relevant d’un temps complètement archaïque et obsolète, et bien entendu d’essence maléfique. L’Europe doit détruire son unité faussaire et catastrophique pour retrouver une tâche métahistorique fondamentale, s’accordant par évidence opérationnelle au modèle de rectitude de la Russie, en retrouvant sa diversité sinon son désordre des périodes de Grand Trouble qui seraient tous de facture antiSystème, pour faciliter le transmutation surpuissance-autodestruction du Système. Ainsi chacun des grands acteurs de cette lutte autour du sort qu’on espère totalement fatal de la matrice de la contre-civilisation créatrice de la modernité catastrophique opérationnalisant la fatalité catastrophique de l’aventure occidentale a-t-il une mission à remplir. Espérons que ces acteurs seront de bons petits soldats au lieu de jouer à sembler des intellectuels brillants qui ont totalement épousé, comme avant eux les grands esprits à la psychologie dévastée des grands hommes de l’esprit du XVIIIème siècle, la cause des “idiots utiles” des entreprises diaboliques du Système, artefact opérationnel du Mal sous la forme de la “feuille de route” déstructuration-dissolution-entropisation du monde.