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231216 mars 2018 – L’étonnante et élégante volte-face d’un Macron aussi léger qu’une plume du cul d’un moineau entendant soudain une grosse détonation ressemblant à quoi, – à un pet ou à un rot, qui sait le Quai d’Orsay enquête, – du président Donald Trump ; passant, Macron, du “Attendons les résultats de l’enquête” pour savoir ce qui s’est passé à “l’attaque dégoûtante“ de la Russie ; cette volte-face, donc, est un élément parmi d’autres d’un feuilleton en folie tournant autour de “l’affaire du poison” (à ne pas confondre avec “l’affaire des poisons” de la Montespan). Cela vaut au Français-jupitérien, version A la Samaritaine, une médaille de bronze en chocolat de la marionnette la plus rapide à valser dans l’actuelle tragédie-bouffe. “Marionnette” de “D.C.-la-folle” ? “Est-ce bien sûr ?”, comme on dirait “L’ai-je bien descendu ?”.
On va trop vite en besogne en disant cela, on se croit encore aux temps ordonnés de l’Empire-majestueux qui suivait sa feuille de route et contrôlait l’alignement du personnel, de la basse-cour et de l’arrière-cuisine. On est bien trop occupé, à “D.C.-la-folle”, à naviguer de “coup d’État” en “purge” dont on ne sait s’il y a seulement un manipulateur-comploteur à la barre.
Trump n’a même pas lu le communiqué conjoint de “l’affaire du poison” que Londres lui suppliait de signer, trop occupé qu’il est, dit-on, à liquider McMaster au profit de John Bolton. (Là, on navigue de Charybde en Scylla mais Scylla durera-t-il plus longtemps que Charybde ?) On dit que c’est l’alliance de Mattis et de Kelly (deux généraux) qui va aboutir au limogeage de McMaster (un général), mais on dit aussi que Kelly devrait suivre McMaster sur le radeau de la Méduse des liquidés de la Maison-Blanche. “Les généraux ont pris le pouvoir” (qu’ils avaient déjà) disait-on, in illo tempore il y a quatre jours, après la liquidation de Tillerson. Certains observent que ce sont les neocons qui prennent le pouvoir (qu’ils avaient déjà), tandis que quelques plumes nous expliquent que c’est Trump lui-même qui prend le pouvoir qu’il n’avait pas encore remarqué. Je me demande s’il ne faut pas envisager l’hypothèse que c’est l’imprévisibilité-turbo qui s’installe à visage découvert et à 180 à l’heure dans sa position écrasante et quasi-dictatoriale au pouvoir, avec l’agrément, avec l’ornement d’une instabilité si exubérante de ce sacré POTUS qu’on pourrait l’apparenter à une sorte de démence roborative ; comme une sorte de folie exubérante-roborative qui trônerait désormais dans le bureau ovale, comme nous le détaille ZeroHedge.com...
« Jusqu'à présent, plus de 20 cadres supérieurs de l'administration ont été licenciés, forcés à la démission ou réaffectés. La semaine dernière, Gabriel Sherman, de Vanity Fair, écrivait que Trump serait "fatigué d'être contrôlé" et qu'il est prêt à faire le ménage à la Maison-Blanche selon ses goûts : “Avec les départs de Hope Hicks et Gary Cohn, la présidence de Trump entre dans une nouvelle phase dans laquelle Trump se sent libéré pour agir selon ses impulsions. ‘Trump est aux commandes. Il est à son poste depuis plus d'un an maintenant. Il sait comment fonctionnent les leviers du pouvoir. Il se fout du reste’, a déclaré [notre source au parti républicain]. La décision de Trump de contourner le processus politique interne et d'imposer des droits de douane sur l'acier et l'aluminium importés reflète son désir fougueux de suivre ses impulsions et de défier ses conseillers. ‘C’était comme s’il disait, va te faire foutre Kelly’, dit un ami de Trump. ‘Trump est déchaîné contre Kelly qui essaie de le contrôler’”. »
(Aparté entre nous : au fait, ne va-t-il pas non plus liquider Sessions, son ministre de la Justice, qui “manque de couilles” [balls] face au gouverneur Brown de Californie ? On en parle, stay tuned. Ce qui est drôle, c’est de voir le visage figé dans un sourire bénin et un peu béat de Mike Pence, VP très occupé, c’est-à-dire occupé à superviser les serments d’allégeance [à la Constitution et sur la Bible, of course] des nouveaux-élus, nouveaux-venus qui se succèdent comme dans un Grand Prix de Formule 1 de Monaco...)
Vous voyez bien que dès qu’on essaie de comprendre qu’on ne comprend rien de sensé de ce qui se passe de démentiel à “D.C.-la-folle”, on est loin de “l’affaire du poison”. Bien que, après tout... Son importance énorme, comme un de ces ballons rouges gonflables qu’affectionnaient les enfants d’antan et d’avant les smartphones, et qui aurait été extraordinairement gonflé d’inventions enfantines, qui aurait pris des dimensions gigantesques à mesure de ce vide extrêmement complexe de son intérieur, cette importance énorme de “l’affaire du poison” semble s’expliquer inversement par la passionnante et tonitruante absence de sérieux dans une intrigue incroyablement complexe et infantile qu’elle nous offre. WSWS.org la résume joliment en prenant, avec des gants mais sans hésitation, le parti des Russes, et l’historiette vaut après tout les formidables convulsions internes de la Maison-Blanche :
« En fait, en politique internationale, la réponse simple et évidente ne révèle presque jamais l'engrenage complexe d'intérêts politiques et économiques qui produisent un événement donné. Si l'affaire Skripal était un roman d'espionnage de Le Carré, ces accusations occuperaient 10 pages au début du livre, après quoi la vraie histoire se déroulerait sur les 400 pages suivantes. Dans des cas pareils, il faut se demander : quelle est la crédibilité de l'accusateur et, surtout, cui bono (“A qui le crime profite-t-il”) ? »
Cui Bono ? Au Diable lui-même, serais-je tenté de répondre, mais un Diable qui, comme on le note si souvent, ne peut « s'empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature... » Qui est le Diable dans cette affaire qui roule à 180 à l’heure ? N’est-ce pas le miroir où nous nous observons et qui nous dicte cette conduite si extraordinairement et curieusement dénuée du moindre sens, politique, psychologique, historique, etc. ? Cette conduite si extraordinairement et curieusement stupide, qui est « quelque sottise, qui est comme [notre] signature... » ?
La haine incroyable dont nous poursuivons les Russes, alors que nous risquons de cuisantes déconvenues si l’on arrive au pire, a quelque chose d’une sorte de tic, vous savez ce « mouvement convulsif, [ce] geste bref automatique, répété involontairement ». L’impression que j’ai en vérité, c’est que nous chargeons tous les Russes de tous les maux, vilenies, mensonges, folies, absurdités et incohérences qui sont nôtres, qui sont les principales caractéristiques de notre comportement, à nous bloc-BAO ; nous, prisonniers de nos narrative, de notre déterminisme-narrativiste, de nos démences schizophrènes nous forçant à ânonner tant de si complètes inanités et obscénités ; nous, avec tout le poids, non pas du mensonge, mais du déni total, furieux, épuisant, psychologiquement suicidaire, de la réalité comme représentation de la Vérité. En crachant sur la Russie, en la fustigeant, en l’insultant, c’est nous-mêmes sur lequel nous crachons, c’est nous que nous fustigeons et insultons, en nous méprisant infiniment et à l'insu de notre plein gré... Une sorte de lucidité et de sagesse inconscientes qui réduit à une pitrerie pathétique le torrent furieux de nos passions amoureuses et déchaînées pour nous-mêmes.
Comme toujours en avance, plus que jamais post-postmoderne et à la pointe du progrès, les amis-américanistes ont placé un pitre-fou, un bouffon-dément, un clown-délirant à la tête de la Grande République. Cela leur évite nombre des pesantes nécessités d’explication et de rationalisation de nos élites européennes enturbannées des impératifs kantiens de l’empire de la Raison Nécessaire, bref enturbannées comme l’exige le titre de Grand Mamamouchi que Molière décerne à monsieur Jourdain et qu’ils ont tous reçu en héritage. Ces élites se regardent dans le miroir ainsi russifié où elles projettent leur image qui ressemble à un grand ballon tout rouge et extraordinairement rempli d’un vide complexe, ce ballon-là de leur enfance ; et elles interrogent, angoissées : “Miroir, miroir, répond-moi, suis-je donc bien le plus con en ce royaume ?” (Nos élites n’ont pas le sens du sacré : il faut toujours qu’elles introduisent dans une phrase bien tournée un mot qui détonne complètement, comme elles font elles-mêmes.) Et le miroir, ricanant, pour une fois prenant le visage de Sergei Lavrov qui sait parfois avoir un petit air diabolique-sarcastique : “Ah ah, chers partenaires, je ne vois aucun terme normal qui puisse satisfaire à la description de tout cela”.
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