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248322 novembre 2015 – La crainte dans les milieux dissidents ou résistants de la sphère pseudo-démocratique du bloc-BAO de l’instauration d’un État-policier, qui touche aujourd’hui la France après 11/13, comme elle a touché (et n’a plus quitté) les USA depuis 9/11, est en un sens théorique et/ou très partiel fondée en raison des mesures législatives constantes qui sont prises ; elle est en très grande mesure infondée à cause de la contradiction fondamentale et ontologiquement irréductible d’un État-policier/dictature avec la doctrine universelle et irréversible du Système qu’est l’hyperlibéralisme absolument “globalisé”.
C’est la raison pour laquelle, notamment aux USA où l’expérience est la plus ancienne (depuis 9/11), le résultat inévitable est le désordre de situation et la dynamique de délégitimation en accélération constante du pouvoir établie. (Impuissance de Washington, accroissement des tensions diverses, policières, raciales, sociales, naissance de divers courants objectivement ou accidentellement antiSystème à l’intérieur du Système comme la candidature-Trump actuellement, multiplication des révélations et dénonciations de la part de “lanceurs d’alerte”-Système [révélations de hauts-fonctionnaires, de généraux], etc.)
La doctrine universelle de l’hyperlibéralisme, qui gouverne absolument toutes les politiques de notre sphère pseudo-démocratique, nécessité la dérégulation, la levée de toutes les barrières (frontières, contrôle), la liberté de circulation, le relâchement constant de la surveillance de contrôle de la production et des flux financiers, la décentralisation, la délégitimation du pouvoir politique. L’“Etat-policier”, qui a besoin de la centralisation et d’un pouvoir politique au moins en apparence légitime, a comme principal but de renforcer constamment la régulation intrusive de surveillance, le contrôle de la circulation, de la production et des flux financiers, etc. Le résultat de ces deux tendances contradictoires est nécessairement le désordre, non plus le soi-disant “désordre créateur” imposé chez ceux qui échappent soi-disant au Système (et qui en font en réalité partie, le Système étant hyper-paranoïaque à cet égard, ce qui rend ce “désordre créateur” totalement infécond et improductif du point de vue du Système) ; mais au contraire, le résultat est le désordre a l’intérieur du Système qui a pourtant un besoin impératif d’ordre pour imposer dans lui-même cette dictature qui est un composant nécessaire à l’alimentation de sa surpuissance qui est sa nécessité ontologique.
Autrement dit les pseudo-démocraties qui veulent imposer un ordre policier au nom de la protection des pseudo-libertés qui garantissent les “valeurs” dont sa narrative a un besoin également ontologique parviennent à un “désordre policier” qui ne fait qu’accentuer le désordre affreusement dommageable aux nécessités ontologiques de l’hyperlibéralisme. Si la “véritable” démocratie est capable de produire des dictatures policières, – on irait jusqu’à penser en considérant l’histoire que c’est sa véritable destinée ontologique, – ce que nous nommons pseudo-démocratie en est totalement incapable. Elle produit des constantes atteintes aux droits et à la légalité mais n’en accouche qu’un désordre contraire à la dictature qu’elle recherche, tandis que “le pouvoir” légal (les gouvernements, les États) perdent toute légitimité et toute souveraineté, et se dépouillent donc eux-mêmes de toute autorité. Cette impuissance générale, – qui est logique si on considère que le but du Système est la formule déstructuration-dissolution-entropisation (dd&e) et son opérationnalisation l’équation surpuissance-autodestruction, – n’est jamais plus forte dans ses effets que lorsqu’un “danger” sous la forme d’une dynamique de destruction universelle créée par elle-même (par le Système) atteint à la fois un rythme et une aire de destruction qui touchent le territoire et les populations des pays centraux au Système. C’est ce qui se passe avec l’équation Daesh-11/13-compromission générale du Système dans la création de Daesh-absence de contrôle de l’action de Daesh.
Ce processus est en route depuis 9/11 et a au moins servi à démontrer cette incapacité d’imposer la dictature d’un État-policier efficace tout en donnant tous les arguments pour justifier cette accusation, mais il l’a été seulement aux USA, dans une structure encore puissante pour contenir plus ou moins l’aspect décisif des divers effets mentionnés plus haut. Avec 11/13 d’une part, l’incontrôlabilité, la puissance et les conceptions apocalyptiques de Daesh d’autre part, il s’agit d’une période complètement nouvelle.
En quelques jours, le résultat est déjà visible. Outre les attentats, les alertes constantes, la présence massives de “forces de l’ordre” qui tiennent dans ce cas et sans le vouloir le rôle de “forces de désordre” supplémentaires (en plus de Daesh), entretiennent et accentuent un climat de désordre qui pèse immédiatement sur la structure et le fonctionnement de l’hyperlibéralisme dans sa dimension économique (tourisme en chute libre, entraves à la circulation, suppression de grandes manifestations publiques à fort rapport financier, réduction des grandes rencontres internationales à leurs strict minimum, méfiance des investisseurs pour les “zones à risque” qui ne cessent de s’étendre, etc.). Le problème est qu’il ne semble pas s’agir d’une période de trouble limitée, notamment à cause de la puissance de Daesh, de ses conceptions apocalyptiques et également, élément très loin d’être négligeable, du soutien constant à Daesh de nombre de pays du bloc-BAO que Daesh attaque, – ce dernier point illustrant parfaitement le caractère démentiel de la situation constituant éventuellement une parfaite illustration de notre situation générale de phase terminale de l’effondrement du Système. (“Éventuellement” puisqu’il est possible que cette situation de paranoïa schizophrénique fondée sur la folie à la fois idéologique et d’hybris du Système, avec l’adjuvent des torrents de fric, connaissent une pause devant l’énormité des effets, – mais nous n’y croyons pas trop. Nous le mentionnons parce que nous ne voulons pas ici tenir le rôle de la boule de cristal du prévisionniste, parce que nous continuons à penser qu’il est dans l’incapacité de l’esprit/de la raison humaine, dans son état actuel, de produire un cristal de cette pureté.)
Nous avons beaucoup insisté dans cette partie de nos observations, sur l’aspects des conceptions apocalyptiques de Daesh, parce que c’est lui qui nous intéresse essentiellement. C’est un point non seulement opérationnel, mais psychologique, avec sa dimension mythologique et eschatologique, qui tient un rôle de plus en plus essentiel dans la phase actuelle. Nous pensons que cette conception, qui reçoit une réelle publicité, pénètre profondément les psychologies dans le bloc-BAO, notamment des directions-Systèmes psychologiquement particulièrement faibles, et tend à donner à l’épisode un caractère de “tout ou rien”, d’épisode décisif, etc. Un texte qui aborde cet aspect, – dans ce qu’il y a de plus presse-Système et non pas chez quelques zinzins de l’internet, puisqu’il s’agit du Washington Post (du 17 novembre), – nous informe de ce point de vue, et encore plus du climat que des faits, c’est-à-dire toujours de cette fameuse psychologie qui, alimentée par la communication, domine tout... Avec le titre (« For the Islamic State, paroxysms of violence portend apocalypse »), nous y sommes déjà.
« By claiming devastating attacks on French and Russian targets in recent days, the Islamic State has embraced what appears to be an irrational strategy: It has angered and provoked two military powers that had been reluctant to engage in an all-out war with the self-declared caliphate in Iraq and Syria. Vowing revenge, France has already responded with a flurry of airstrikes on Raqqa, the Islamic State’s capital in Syria. And Moscow may intensify its air campaign if it concludes that the Islamic State did, in fact, blow up a Russian airliner.
» Expanding the conflict may seem like a self-destructive move. But to some analysts, it is squarely in keeping with what the group advertises as its overriding, apocalyptic mission: to lure the world’s unbelievers into Syria for a final, Armageddon-like battle.
» In the short term, the Islamic State is almost certainly betting that it can survive a counterattack. Whatever losses the group may suffer will be far outweighed by the propaganda value of its newly proven ability to infiltrate other countries and kill hundreds of civilians, according to counterterrorism analysts and U.S. officials. “The more the West strikes, the more people are killed [in Syria], it only builds into the narrative that the end is coming,” said Matthew Henman, managing editor of IHS Jane’s Terrorism and Insurgency Center in London. He added that Islamic State leaders have already won bragging rights to say, “You can carry out all these cowardly airstrikes in the air, but we’ll come to your capital cities and we’ll kill large numbers of your civilians on the ground. And you cannot stop us from doing it.”
» Others cautioned that it is difficult to ascertain the Islamic State’s strategic motives or what it might have been hoping to accomplish with the Paris attacks and the downing of the Russian airliner over the Sinai Peninsula. The attacks could reflect a simple decision to “inflict pain” on France and Russia and deter them from further involvement in the region, said William McCants, an analyst at the Brookings Institution and the author of a new book, “The ISIS Apocalypse.” Or, conversely, it could mark an attempt to draw them deeper into the fight. “It’s one of the hardest questions to answer,” he said. “It’s totally unclear. We don’t know their motivation or what is motivating the decision-making at the top of the organization.”
» The Islamic State has attracted tens of thousands of fighters from other countries since it announced in June 2014 that it had established a caliphate — or a new Islamic empire — based in territory under its control in Syria and Iraq. According to the group’s extremist ideology, the caliphate will eventually triumph in a great war against infidel forces, culminating in a final end-of-days battle in Dabiq, an obscure Syrian town near the northern city of Aleppo. The group’s online propaganda magazine is titled “Dabiq.” Each edition features the same prophetic quote about how the conflict will unfold: “The spark has been lit here in Iraq, and its heat will continue to intensify — by Allah’s permission — until it burns the crusader armies in Dabiq”... » [...]
» The Islamic State’s tactics can seem counterintuitive in other ways. The group advertises its brutality — it boasts about beheading captives, raping women and killing other Muslims — and shows little inclination to modify its ways to win popular support in the territory it controls. Yet it would be a mistake to analyze the group’s apocalyptic ideology through the lens of Western rationality, said Matthew Levitt, head of the counterterrorism program at the Washington Institute for Near East Policy. “They don’t see being way too brutal as a bad thing,” he said. “Brutality is working for them. They don’t see taking over the world as overstretching. This is part of the divine mission.” »
Cette idée de la bataille d’Armageddon/Dabiq n’est pas nouvelle dans la dialectique de Daesh, signifiant par là que nous nous trouvons une constante de la pensée pseudo-“stratégique”, c’est-à-dire religieuse et eschatologique, du groupe. Le site Sic Semper Tyrannis (SST) nous le rappelle le 20 novembre, citant des extraits d’un texte de The Atlantic datant du début 2015 : « Now that it has taken Dabiq, the Islamic State awaits the arrival of an enemy army there, whose defeat will initiate the countdown to the apocalypse. Western media frequently miss references to Dabiq in the Islamic State’s videos, and focus instead on lurid scenes of beheading. “Here we are, burying the first American crusader in Dabiq, eagerly waiting for the remainder of your armies to arrive,” said a masked executioner in a November video, showing the severed head of Peter (Abdul Rahman) Kassig, the aid worker who’d been held captive for more than a year. During fighting in Iraq in December, after mujahideen (perhaps inaccurately) reported having seen American soldiers in battle, Islamic State Twitter accounts erupted in spasms of pleasure, like overenthusiastic hosts or hostesses upon the arrival of the first guests at a party.
» The Prophetic narration that foretells the Dabiq battle refers to the enemy as Rome. Who “Rome” is, now that the pope has no army, remains a matter of debate. But Cerantonio makes a case that Rome meant the Eastern Roman empire, which had its capital in what is now Istanbul. We should think of Rome as the Republic of Turkey—the same republic that ended the last self-identified caliphate, 90 years ago. Other Islamic State sources suggest that Rome might mean any infidel army, and the Americans will do nicely. »
Tout cela doit nous permettre de comprendre combien l’épisode actuel diffère des épisodes de cette sorte qui ont précédé. Bien des hypothèses, notamment des hypothèses de false flag s’insèrent là-dedans, mais de toutes les façons avec un effet assez faible parce qu’avec Daesh, qui est lui-même un false flag dont on ne sait plus le pour-qui, pour-quoi, pour-quoi-faire, la notion de false flag n’a plus aucun intérêt et effectivement un effet très réduit. (L’hypothèse du false flag est si universelle dans une époque qui est elle-même un immense false flag que nous attendons avec intérêt le jour où quelqu’un aura l’audace de titrer à propos d’un épisode de cette Grande Crise : This is NOT a false flag. Nous saurons ainsi que nous avons enfin atteint la quintessence même du false flag : parvenir à ne pas l’être dans une époque qui n’est que cela) Les conditions même de l’épisode sont telles que les sites qui nous servent de référence pour l’observation des hypothèses les plus originales, les plus exotiques, les plus abracadabrantesques et les plus folles pour expliquer les évènements n’ont, dans ce cas, guère besoin de chercher dans leur imagination des prolongements extraordinaires et hors de tout contrôle pour faire leur office. Ainsi, le site WhatDoesItMean de Sister Sorcha Faal n’a besoin d’aucun référence mystérieuse pour faire un de ses textes plus récent à ce propos, le 19 novembre : il lui suffit de se référer à des sources considérées toutes comme sérieuses, et notamment au texte du Washington Post signalé plus haut. La nature de la chose (false flag et le reste) est parfaitement défini par cette description du désordre des mots et des attitudes, correspondant aux circonstances et nullement à des logiques stratégiques, que donne Olie Richardson dans FrontRus le 21 novembre, – qu’il soit question de G4G, de la “guerre hybride” ou de la “guerre stealth”, autant d’expression pour décrire les conflits postmodernes où la communication joue le rôle le plus écrasant, le plus omniprésent ...
« The key thing to understand is that in Fourth Generational Warfare, what is seen to be ‘true’ and ‘false’ changes more often that one changes their underwear. Language is manipulated to steer narratives in one direction, with the option later down the line to conduct 180° and even 270° spins. »
Il n’y a plus aucune réalité à espérer décrire d’une façon précise, mais plutôt la recherche intuitive et expérimentés des éléments de la Vérité, dits vérités-de-situation... Ce qui nous intéresse, par contre, dans ces observations qui concernent la nature ontologique de Daesh telle qu’elle est révélée par les évènements, c’est le constat du désordre ainsi créé, qui touche essentiellement la psychologie et se manifeste par des actes et des mesures … Ce qui nous intéresse, dans cette orientation, c’est que le désordre ainsi créé prend l’allure incontestable d’une exacerbation métaphysique de la psychologie. C’est là le point central de notre propos.
Sortis de cette description, nous nous permettons de penser sans la moindre hésitation que nous sommes loin, vraiment très loin, à mille lieues de la géopolitique, voire du pétrole, des combines qui vont avec des Grands Jeux, des volontés d’hégémonie et tout ce bazar conceptuel régulièrement utilisé pour expliquer ce que d’autre conceptions bien plus simples embrassent absolument ; mais ces “conceptions bien plus simples” sont absolument relaps, hérétiques, excommuniées, etc., dans ce temps qui se targue, du côté des “civilisés”, de n’être plus tributaire des réflexes échappant à la maitrise de la raison, – de la pseudo-raison, puisque raison-subvertie à ce point. Mais ces “conceptions bien plus simples” s’avèrent être là, bien présentes, et qui s’imposent absolument. Dans l’urgence des temps et le désordre-bordel extrêmement généralisé jusqu’aux moindres détails qui caractérise notre contre-civilisation, elles commencent à prendre racine, à s’imposer à nous.
L’intrusion de Daesh dans une dimension nouvelle principalement avec la destruction du vol 9268 et 11/13 met en évidence les conceptions apocalyptiques de ce groupe, selon une vision eschatologique et religieuse qui défie toute logique stratégique en la réduisant à un composant accessoire, sinon dérisoire. Cela était vaguement pris en compte lorsqu’il s’agissait de l’Irak et de la Syrie, dont les dirigeants-Système ont pris l’habitude d’en faire les souffre-douleurs régulièrement bombardés jusqu’à des dimensions génocidaires de leurs obsessions postmodernes et sociétales tout en gardant la conscience légères. Nous ne sommes plus sur ce terrain puisque nous sommes sur le terrain de la postmodernité triomphante des grands espaces civilisés de notre monde vertueux et, brusquement, c’est l’équilibre du Système qui est en jeu, et notamment ses narrative impératives aussi bien sur les “valeurs” impliquant des tactiques complètement contradictoires pour la sécurité que pour les impératifs du système hypercapitaliste de l’hyperlibéralisme impliquant des pratiques également contradictoires mais tout aussi impératives ; enfin, ce qui est en jeu d’une façon générale, c’est l’ambiguïté de la dynamique de surpuissance-autodestruction du Système. Qui aurait cru cela, ce bouleversement hérétique à plus d’un titre, de la part d’un Frankenstein qui est sorti de nos flancs, qui est notre fils, notre chair et notre sang, qui devait être finalement un de nos actionnaires principaux de la filiale moyenne-orientale du Système, avec ses ventes de pétrole et ses structures capitalisto-mafieuses ?
Il s’agit bien d’un événement intéressant puisqu’il tend, si on le laisse faire, – et comment l’arrêter, s’il vous plaît ? – qui modifie toutes les données de la situation générale … 9/11 leur avait donné, à ces dirigeants-Système, la certitude qu’ils étaient les maîtres du jeu et qu’ils en édictaient les règles ; 11/13 fait basculer tout cela et ces mêmes dirigeants-Système découvrent qu’ils sont les jouets d’un jeu dont le monstre qu’ils ont fabriqué et façonné en croyant y trouver l’arme idéale de leurs ambitions incertaines en édicte les règles qui n’ont rien, mais vraiment rien à voir avec nos règles courantes, nos règle à-nous-le-Système. L’incompréhension des experts devant le “jeu de Daesh”, ses buts, ses ambitions, est considérable, – « C’est l’une des questions les plus difficiles qui nous est posée, dit William McCants. C’est complètement insaisissable. Nous ne connaissons pas leurs motivations, ou ce qui motive les décisions prises au plus haut niveau de leur organisation... » Cette incompréhension signale la nécessité de changer de paradigme, ce qui n’est pas une opération aisée pour ces esprits habitués à considérer leur paradigme comme le seul possible, dans le cadre confortable du groupthinking fonctionnant comme une sorte bulle électronique de protection dialectique de toute intrusion des vérités-de-situation. Pour nous, cette incompréhension, autant que le jeu de Daesh, signalent simplement que nous en restons plus que jamais à l’essentiel, à tout ce qui a été dissimulé depuis 9/11 au moins, et largement depuis bien plus longtemps, en remontant au “déchaînement de la Matière” si l’on veut.
...Par bonheur, diront certains, oubliant pour un temps l’agression épouvantable de l’Ukraine, la caricature de démocratie qu’est la Russie, l’oppression cruelle et remontant à la nuit des Temps Barbares des gays et des transgenres en Russie, l’agression hyper-épouvantable de la Syrie, l’insupportabilité du jugement grossier et inculte du Russe moyen devant la postmodernité, – par bonheur, clamons-nous tout de même, il y a les Russes. Il est vrai que les Russes peuvent être les premiers, si ce n’est déjà fait bien entendu, à comprendre, à accepter comme tout à fait possible, à intégrer dans leurs conceptions et leurs actions, cette dimension apocalyptique de Daesh. Comme on le suggère, c’est sans doute déjà fait. Mais que peuvent-ils en faire ? Vont-ils détruire, – à supposer qu’on puisse y parvenir, – le paradigme de Daesh pour qu’on puisse revenir à celui de la postmodernité et de l’hyperlibéralisme, qu’ils détestent au fond d’eux-mêmes ? Évidemment non ; ils vont faire ce qu’ils doivent faire et, peut-être, ce qu’ils rêvent de faire : aller sur le terrain de Daesh et l’affronter sur ce terrain. Cela ne signifie pas qu’on accepte les armes de Daesh mais qu’on sort ses propres armes qui sont du même domaine, pour affronter Daesh sur le terrain qu'il a proposé ; et, justement, parce que cela ne déplaît nullement aux Russes...
C’est-à-dire que les Russes, tout en y restant, peuvent rapidement passer d’une conception uniquement opérationnelle de la sécurité nationale (lutte contre Daesh, avec l’accent mis sur le verrouillage de la Tchétchénie, l’un des foyers djihadistes) à une conception plus large qui embrasse le fait spiritualiste, avec notamment la prise en compte de ce qu’ils peuvent concevoir comme étant une véritable conception maléfique, du domaine de la métaphysique et demandant une incursion de la spiritualité dans l’esprit de l’opérationnalisation. Outre le président russe Poutine, un personnage comme le ministre de la défense Shoigou permet d’envisager cela. On en déjà vu beaucoup à ce sujet, concernant la Russie, ces trois dernières années. Au reste, les Russes, même au niveau officiel, ne cachent pas qu’ils s’estiment être les défenseurs du christianisme, et sont vus de la sorte par nombre d’observateurs. (Cela ne fait pas de nous des zélés défenseurs du christianisme. Cette remarque ne fait que renforcer l’attitude que nous tentons de définir dans le chef des Russes et de leur Russie, et de la dimension spiritualiste qui les habite.)
Demain, s’il le faut, les Russes sont suffisamment “armés”, – du point de vue de l’esprit cette fois, plus que de la quincaillerie, – pour en arriver à ce stade supérieur que nous avons signalé de leur activité opérationnelle ; c’est-à-dire qu’ils en arriveront aisément à ce point : la lutte contre Daesh comme la lutte contre le Mal en tant que tel (dans ce cas, il n’est plus question de religion, du point de vue terrestre, ni de la quincaillerie dialectique en fer-blanc des américanistes à la GW qui est totalement matérialiste, mais bien de métaphysique dans la métahistoire) ; c’est-à-dire la lutte spirituelle et eschatologique exprimée et développée opérationnellement contre les adeptes de la Fin des Temps, dont le but “stratégique” s’avère donc de filer au plus vite vers la Fin des Temps.
Cette forme d’affrontement dans laquelle les Russes pourraient se glisser aurait un retentissement à mesure, alors que Daesh dévoilerait ses véritables buts eschatologiques en forçant tous ses adversaires à s’y conformer, parce qu’aujourd’hui la Russie tient le haut du pavé également au niveau terrestre de la quincaillère, là où le bloc BAO s’est cru si longtemps invincible, et assez pour justement ne pas se laisser entraîner dans cette forme d’affrontement à dimension spirituelle où il a tant à perdre puisqu’il représente le Système. Et il n’aurait guère de similitude avec toutes les narrative que nous avons développées à cet égard, tentant de donner un peu de sens spirituel à ce qui n’est qu’une entreprise complètement matérialiste. En effet, notre appréciation prospective repose moins sur l’hypothèse de la généralisation d’un affrontement ainsi “spiritualisée” selon le concept fort usée et sans cesse raccommodée, et de plus en plus mal, de l’affrontement des civilisations, – par manque de civilisations d’ailleurs : le Système n’est qu’une contre-civilisation, et Daesh est une caricature de civilisation, qui plus est bâtard jusqu’à l’os du Système.
Resterait alors, dans un tel développement, la forme même de l’affrontement, c’est-à-dire sa forme métaphysique (ou métahistorique), où l’existence du Mal serait reconnu sans qu’il soit entièrement attribué à Daesh dont on voit sa dimension de bâtard et de marionnette. Par contre, certes, les choses seraient bien différentes dans ces remous colossaux, qui agitent aussi bien la Russie que les différents composants du Système qui se trouvent tous plus ou moins dans des positions précaires et des positions de concurrence, notamment dans l’application de plus en plus monstrueuse des consignes du Système (hypercapitalisme, hyperlibéralisme)... De ce fait, en conservant la forme d’affrontement ainsi déterminée, la possibilité la plus heureuse et la plus féconde serait que la question du sens du Système soit posée, et que, bientôt, le pot-aux-roses découvert; que le Système qui a enfanté Daesh pour nous faire croire au Mal, et qui nous y fait croire, apparaisse encore bien plus lui-même comme la représentation du Mal...
Lutter contre ces adeptes de la Fin des Temps (Daesh) pour officialiser la bataille contre la Mal peut conduire à se battre pour la Fin des Temps elle-même du véritable géniteur de la catastrophe que nous vivons, y compris Daesh, ce qui implique enfin la bataille de la Fin des temps pour la mise à mort du Système sous le poids de ses contradictions épouvantables, lui dont on sait qu’il est le véritable producteur du Mal, ne serait-ce que par la preuve de sa paternité infâme de Daesh qui tient pour l’instant ce rôle ... Bien, si certains concluent : certes, il faut alors que Daesh poursuivent sa mission terrible et sanglante pour que nous en arrivions enfin à notre Armageddon à nous (contre le Système), – nous ne les poursuivrons pas de notre vindicte.
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