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333713 septembre 2017 – Justement venu en ces temps d’ouragans particulièrement catastrophiques, un article de ce jour pourrait faire croire à des obtus vraiment très-courts que la publication de cet article incite à penser qu’il reflète la position de dedefensa.org sur la question de la “crise climatique”, et la mienne par conséquent. La réponse est négative mais le problème, dans notre cas, est intéressant : “Au fait, qu’est-ce qu’ils pensent, à dedefensa.org ?”.
Ce genre de supputations m’a donné l’idée de suggérer une réponse, c’est-à-dire de la retrouver puisqu’elle se trouve enfouie dans les archives fort nombreuses du site (12.821 articles à ce jour). C’est en reprenant des parties d’un texte publié le 10 août 2011 et intitulé « Inconnaissance et climat, “Derrida, Deleuze & Cie” » qu’on peut effectivement disposer de cette réponse. Le thème n’en est pas exactement le climat et sa crise mais plutôt ce que nous nommons, dans le jargon dde.org, dans l’“arsenal dialectique” du site (la rubrique Glossaire.dde), – l’inconnaissance.
En 2011, le thème de la “crise climatique” était d’actualité, il l’était depuis plusieurs années, et aujourd’hui il l’est toujours et même plus que jamais. Le thème, bien entendu c’est une polémique à fortes couleurs d’idéologisation, entre les partisans de la thèse du dérèglement climatique du fait de l’action humaine et les climatosceptiques qui s’opposent à cette thèse. Les ouragans récents et toujours en cours ont été plus que jamais l’occasion d’un nouveau paroxysme de cette polémique qui est assez intéressante parce qu’elle est suffisamment confuse pour qu’on trouve des pro-Système et des antiSystème des deux côtés (“pro-Système et antiSystème”, et sachant ce que ces choses veulent dire, – ma classification essentielle, universelle des positions dans cette guerre terrible et en cours, et même ma classification exclusive). La vigueur de la chose est telle qu’aux USA, où l’on vient déjà de s’étriper à ce propos avec le retrait des USA de l’Accord de Paris sur la limitation des émissions de CO2, on polémique en ce moment même du côté anti-Trump/progressistes-sociétaux autour de l’idée assez nouvelle et très sexy qu’il faudrait inculper et condamner les climatosceptiques [ex-eurosceptiques]. (The Washington Times du 12 septembre 2017 : « “Climate change denial should be a crime,” declared the Sept. 1 headline in the Outline. Mark Hertsgaard argued in a Sept. 7 article in the Nation, titled “Climate Denialism Is Literally Killing Us,” that “murder is murder” and “we should punish it as such.” »)
Bien, revenons-en à cet article. Au départ, il y a des réflexions d’un lecteur, non pas directement sur la crise climatique mais bien sur le concept d’inconnaissance et sur la position de dedefensa.org à cet égard, qui le rapprocherait, selon ce lecteur, des thèses des déconstructeurs du type Deleuze & Derrida. Le thème général est notre/mon refus (d’autant que le texte est écrit à la première personne-PhG) de chercher disons ce que nous voudrions être la vérité dans certaines polémiques, et cela au nom du principe d’inconnaissance. Là-dessus, dans le cours du texte, vient se glisser comme exemple démonstratif supplémentaire de cette position, le cas de la polémique sur le climat, et mon désintérêt complet de répondre à cette question portant sur la polémique elle-même : “Qui a raison, des climatosceptiques ou des autres ?”
Je ne vais pas reprendre tout le texte, qui peut être consulté dans nos archives, en suivant l’URL déjà référencé. Je vais en prendre quelques extraits, notamment la première partie introductive sur l’inconnaissance pour ceux qui sont déjà épuisé à l’idée de la longueur du texte sur ce sujet dans Glossaire.dde ; et puis, dans le reste, ce qui a trait au climat... Je pense en effet qu’on comprend mal sinon pas du tout la position exprimée sur la question du climat, – à la relecture, j’y adhère aujourd’hui autant que j’y adhérai à l’été 2011 quand je l’ai écrite, – si l’on n’a pas lu l’introduction sur l’inconnaissance...
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» Voici donc mes réponses [au lecteur] GEO transformées en une sorte de manifeste général. On y trouvera une certaine vigueur parce que le sujet le mérite, qui est une approche de notre position par rapport à la crise à la lumière de trois thèmes différents. Il (le sujet de la chose) est tout simplement fondamental et, pour mon compte, participe à son heure au règlement de l’existence, de l’orientation et des ambitions de ce site. Toutes les précisions à cet égard, y compris sous une forme appuyée, sont bonnes pour permettre au lecteur de mieux se situer par rapport à dedefensa.org, en fonction de la lecture qu’il fera de cet article. Il se décidera alors en connaissance de cause.
» Je suis à peu près l’ordre des sujets abordés par GEO dans son intervention, sous forme de trois “rubriques” : la question de l’inconnaissance (définition, usage et utilité, etc.) ; la question de l’“ultramodernisme” de dedefensa.org (et de moi-même, par conséquent) ; la question de la polémique sur le climat. Mais ce classement est pour la facilité, et l’on verra que la réflexion, venue de l’inconnaissance qui n’est attaché à aucune chapelle de la “connaissance” terrestre, sait prendre ses aises quand cela lui importe. Bref, il s’agit bien d’un texte d’une portée générale, et qui doit être pris comme tel par les lecteurs.
» L’inconnaissance est une posture intellectuelle fixée et non un maniement quelconque de quelque réalité que ce soit. Son avantage absolument fondamental est d’être en dehors du Système, pour éviter l’emprisonnement par le Système, c’est-à-dire l’emprisonnement dans un espace mental, une conception, une pensée désertées par la vérité. L’inconnaissance est le refus d’une “connaissance” où l’objet de cette connaissance lie le sujet recherchant cette connaissance à lui-même [cet objet], jusqu’à la déformation et, dans les conditions présentes, à la subversion ; dans le cas de la “connaissance” du Système, qui est ce qui m’importe, et la seule chose à la fois possible et sérieuse aujourd’hui, je serais ainsi irrémédiablement lié à ce que j’estime être le Mal, et sans aucune chance de pouvoir résister efficacement à cause de sa surpuissance. Le refus de cette connaissance se fait au profit du savoir, qui contient ou reçoit des connaissances maîtrisées, qui dispose de l’expérience et, par-dessus tout, qui est éclairé par l’intuition (l’intuition haute) ; et, grâce à cela, préservant toute l’indépendance et l’autonomie du sujet et assurant sa position en dehors.
» Effectivement, l’essentiel dans l’inconnaissance est que le savoir permet de se situer en dehors du Système, au contraire de la connaissance. Le fait de vouloir se situer en dehors du Système présuppose le jugement (qui est le mien) que la vérité a déserté le monde puisque le monde est devenu le Système et que le Système est par définition, pour moi, antinomique à la vérité, ou, plus substantiellement, qu’il est la non-vérité puisqu’il est, comme je l’affirme, représentation du Mal sinon le Mal lui-même. En me tenant en dehors, appuyé sur mon savoir, je peux espérer retrouver la vérité et lutter contre le Système, situation impossible dans le cas de la connaissance où je suis en dedans le Système. Il n’est nulle part question d’“ignorance” dans tout cela, cette absence étant contenue par ailleurs absolument dans la définition du concept, – “inconnaissance” signifiant “ni ignorance, ni connaissance”. (S’il est question d’apprécier qualitativement, – justement, – la question de la connaissance, je dirais évidemment que l’inconnaissance refuse la “connaissance” quantitative au profit de la connaissance qualitative, déterminée grâce à l’existence des autres composants du savoir situés hors du Système, dont le couronnement que constitue l’intuition haute.)
» Il me semble bien contestable de définir cela comme “une sécurité” (puisqu’il est question dans les remarques citées de notre lecteur de “fausse sécurité” pour caractériser l’inconnaissance), alors que je parle, moi, d’un socle solide où s’appuyer, pour résister, et résister avec tant de force qu’on puisse passer d’une posture défensive à une posture offensive (c’est dans le texte extrait de dde.crisis). La résistance, ce n’est pas une “sécurité”. Ceux qui débattent dans la basse-cour (dito, le Système), en pleine “connaissance” et “vérité scientifique” paraît-il, sont bien plus “en sécurité” ; ils sont ministres, experts, publicitaires, grands chefs de grandes entreprises, habitués de Davos en janvier de chaque année, ou alors ils sont en vacances. Une “sécurité”, l’inconnaissance ? Qu’on vienne à ma place, et on goûtera le sentiment de “sécurité” que l’on y trouve. La résistance, une “sécurité” ? Cela, sur le sens des mots, c’est du Derrida, Deleuze & Cie. (Voir plus loin.)
» S’il fallait donner une référence psychopolitique concrète à l’inconnaissance, je dirais qu’elle fait partie du domaine des “antimodernes”, bien connu par ici. La phrase fondamentale de l’antimoderne, les lecteurs de ce site le savent, c’est «Celui qui peut dire “nous modernes” tout en dénonçant le moderne». L’inconnaissance peut dire “je connais le Système par mon savoir et je refuse de m’y compromettre sous prétexte de ‘connaissance’, pour pouvoir mieux le combattre et le dénoncer”.
» Ce qui enchaîne bien entendu sur ce qui suit…
» Bien entendu, il va de soi que je ne suis pas “aussi ultramoderne” qu’un type-Derrida (et je dirais plutôt, pour aller au plus radical et au plus “habité” à mon avis, et avis venu des bonnes lectures : qu’un “type-Deleuze”). Tout cela, ce jugement à l’emporte-pièce d’être “ultramoderne”, excusez-moi, est un peu gratuit, un peu dérisoire, – un peu, comment dirais-je, – c’est cela, un “jugement ultra-moderne”. J’en dis quelques mots puisqu’il le faut, mais surtout pour introduire la pièce de résistance du propos, j’ai nommé notre “plat du jour”, Derrida, Deleuze & Cie. D’abord, le constat évident que si j’étais “ultramoderne” (ou “postmoderne”), je ne voudrais pas déconstruire (déstructurer) ce monde lui-même postmoderne puisque ce monde répondrait à mon attente, et d’ailleurs je n’en aurais pas l’idée puisqu’étant postmoderne et “croyant” de la chose, je ne croirais pas une seconde que ce monde fût structuré puisque postmoderne, et par définition déstructuré.
» Mais revenons aux réalités. Je suis contemporain («Qui est du même temps que quelqu’un ou quelque chose») d’un univers (un Système) qui s'est développé en une période de temps fulgurante, sous la forme désormais affichée d’un Système anthropomorphique, selon les descriptions prémonitoires des Derrida, Deleuze & Cie, comme s'ils étaient les scribes zélés et extrêmement accommodants d’un développement qui nous dépasse tous, et eux en premier sans aucun doute, – ils exécutent, c’est tout. Etant contemporain sur le tard de cet univers Derrida, Deleuze & Cie, je choisis de me placer en dehors de lui (inconnaissance) pour tenter de le déconstruire. Si cela semble à certains la même méthode que celle de Derrida, Deleuze & Cie, peu me chaut, mais je sais d’évidence, d’intuition et de savoir assurés, que cela est contre leur univers. Ainsi s’établissent des systèmes antiSystème...
[...]
» Le climat ? Parlons du climat, puisque cela se fait et que l’on y est souvent invité.
» La question du climat est pour moi le type même de la connaissance qui enchaîne à l’objet, – un véritable débat deleuzien. Nul n’est sûr de rien, les chiffres abondent, auxquels tout le monde fait dire ce que chacun veut, des forces énormes de pression et d’intoxication liées au Système croisent et recroisent dans le débat à pleine vapeur, et pas moins chez les climatosceptiques (Mobil Exxon et les pétroliers, le groupe Murdoch, les partisans de libre-échange en mode turbo, une très forte majorité des élus républicains US si bien qu’on peut dire que les climatosceptiques ont la majorité au moins à la Chambre des Représentants du Congrès, etc.). La polémique est aussitôt de la partie et, avec elle, dans un tel cadre, la manipulation, et l’on est emporté dans ce piège qui colle comme de la glu, qui est le Système. Le tour est joué, tellement prévisible, – il ne s’agit plus du climat mais du Système, c’est-à-dire du Mal. Voilà pour la connaissance dans ce cas ; si je cédais à descendre dans l’arène, je ne suis sûr que d’une chose, pour mon compte, – je serais enchaîné au Système, broyé, concassé, parce qu’il est infiniment plus surpuissant que moi. Donc, je refuse cette “connaissance”-là de leurs débats sur le climat.
» Cela n’implique en rien ni l’indifférence ni l’ignorance, puisqu’il est question d’inconnaissance. Sur cette question du climat, le savoir me dit ceci… L’effondrement du monde, notamment avec son “eschatologisation”, avec la terrifiante dégradation de l'environnement et la perception du désordre du climat par rapport à notre organisation, avec d’autres multiples phénomènes chaotiques qui commencent par la crise de notre psychologie (le plus grave), l’effondrement du monde n’est pas l'objet d'un débat pour mon compte ; c’est un fait évident de tous les jours, une évidence colossale et écrasante que j’observe de ma position d’inconnaissance, la dévastation du monde qui a tout à voir avec le désordre de la modernité, et rien avec le classement scientifique en degrés centigrades dans un sens ou l'autre, et en pourcentage de responsabilité humaine ou autre. L’évidence, c’est-à-dire la vérité du monde, cela existe pour l’inconnaissance, c’est même ce qui lui permet de s’affirmer comme telle puisque cela fait partie de son savoir.
» Plus encore, vu de mon observatoire d’inconnaissance, j’ai deux remarques à faire. On verra qu’elles n’ont nul besoin de la “connaissance” ni de leurs débats sur la “vérité scientifique”, – laquelle est, au vu de l’histoire réelle, qui ne s’interdit pas de remonter au-delà de la Renaissance, une aventure sacrément impudente qui prend parfois des allures, elle aussi, de simulacre. (“Vérité scientifique”, – doux oxymore, quand tu nous tiens…)
» 1). Le débat se fait d’abord, dans sa rage polémique la plus extrême, autour de l’idée du “réchauffement climatique dû aux activités humaines”. Bel exemple de sophisme, que Deleuze ne démentirait pas, – et ils en sont tous coupables, de ce sophisme, des partisans du réchauffement dans ces conditions aux climatosceptiques. Car cet intitulé est faux, archi-faux, une imposture, une inversion comme seul notre Système sait en accoucher… Le Système, justement ; le seul intitulé qui vaille est bien : débat pour ou contre “le réchauffement climatique dû aux activités du Système”. La différence est apocalyptique.
» Tout le débat-polémique sur le climat est complètement subverti par cette imposture sémantique. Je suis sûr qu’elle n’a pas été voulue, parce qu’on fait chez les robots beaucoup moins dans le complot qu’on ne croit et que le sens des mots, finalement, on s’en fout ; même les “institutionnels” n’y voient que du feu, de Al Gore (pour) à Mobil Exxon (contre), – sauf qu’ils auraient une mauvaise surprise si le pot aux roses leur était révélé, et qu’on leur annonçait qu’ils débattent, horreur, pour ou contre “le réchauffement climatique dû aux activités du Système”. Quant aux purs, ceux qui croient vraiment à la “vérité scientifique” et s’écharpent en son nom, ils ont toute mon affection et toute mon affliction, car ils sont prisonniers de leur “connaissance”.
» (Détail “opérationnel” : si j’ai tendance à prendre en compte, sans me battre pour elle, certes, la thèse des pro-“réchauffement climatique…”, c’est d’abord parce que c’est elle qui me rapproche le plus d’une mise en accusation du Système [parce qu’elle fait remonter aux origines du “déchaînement de la Matière”], – et alors qu’elle n’est tout de même pas une monstruosité insupportable par rapport à la “vérité scientifique”, référence immensément vertueuse découverte par le groupe Murdoch autour de 2006, avec la montée médiatique des climatosceptiques. On retrouve la ligne de ma pensée.)
» 2). La chose effective et concrète qui m’importe effectivement dans cette affaire, ce n’est ni le réchauffement, ni le refroidissement, ni le “tout va très bien, misses la marquise”, etc., tous ces jugements à l’emporte-pièce pour le temps présent et dépendant de chiffres, lesquels sont tordus jusqu’à ce tout le monde leur fasse dire ce que chacun veut … La seule chose qui m’importe, c’est le désordre qu’introduit cette prévision ou cette appréciation du dérèglement climatique (voilà une expression plus sérieuse, – quoiqu’il en soit du climat), désordre qui est déjà dans les psychologies. Pas besoin de “connaissance” du sujet pour constater cela, l’intuition fait l’affaire : ce désordre est psychologique et il est déjà là, bien présent, lancinant… Confirmation statistique ? (Les statistiques confirment toujours, des années plus tard, fort pompeusement et à prix élevé, l’invention du fil à couper le beurre.) Voici que 44% des citoyens US croient à la “théorie” du réchauffement climatique, contre 51% en 2009 et 71% en 2007 ; la même année que celle des 44% (2011), on nous dit que 77% croient à un redoublement des tempêtes, de l’instabilité climatique par rapport aux tendances admises, donc du désordre. Et dès qu’il y a une tempête aujourd’hui, gémissent les climatosceptiques, on l’attribue au “changement/réchauffement climatique du/indu aux activités humaines” ; eh oui, et qui t’a fait roi ? Voilà la deuxième chose très importante de la polémique du climat : le désordre psychologique est parmi nous, quand on mélange la perception du désastre et le “tout va très bien, misses la marquise”.
» Je parle, moi, du Système et pas du climat, car c’est lui, le Système, qui règne et règle tout dans les conditions que je décris par ses caractères (son hermétisme, son monopole de surpuissance), et qui constitue les données essentielles de ma réflexion. Si les climatosceptiques l’“emportaient” (hypothèse farfelue, que j’évoquais dans dde.crisis pour l’image développée, car personne n’emportera rien dans ce débat), cela ne signifierait pas que le climat est conforme à leurs calculs fiévreux mais que l’équilibre au sein du Système a penché vers eux, c’est tout, et cela sans que le Système ne change rien de sa course, et cette modification de fortune de l’équilibre interne grâce aux activités médiatiques notoirement efficaces et vertueuses du groupe Murdoch, au temps de sa splendeur et maintenant. Je ne participe pas à ces débats-là, parce que j’estime qu’une participation serait une marque d’allégeance au Système, donc une victoire du Système sur moi, – outre que ces débats m’abaisseraient considérablement parce que ce sont des débats réglés par le Système, pour poursuivre son simulacre type-Derrida, Deleuze & Cie. De là l’inconnaissance : je n’ai pas besoin de prendre connaissance de ces débats au sein du Système, et de “me situer” (de me compromettre) par rapport à eux, qui n’ont aucune réalité ontologique (Derrida, Deleuze & Cie, entrepreneurs en destruction d’ontologie par définition). Je ne veux pas m’exposer sans défense, dans mon humaine faiblesse dont je ne peux être tout à fait assuré, au piège de la séduction de la fascination du Mal, car c’est bien cela que représente le Système. (Pour écouter les sirènes, rappelle Mattei, Ulysse avait bien pris soin de se faire lier au mat.) ... J’ai mes priorités, dont l’essentielle est de résister. Je réserve mon attention à d’autres choses plus importantes, qui dépendent du savoir et de l’intuition haute que privilégie l’inconnaissance, où l’on peut fermement s’appuyer ; et enfin c’est être en dehors, alors que c’est désormais et nécessairement en dehors du Système qui tient le monde dans ses griffes que se trouve la vérité.
» Je veux refuser absolument l’idée d’une substance du Système, lui dénier absolument la moindre essence et le moindre sens, lui opposer, du dehors, hors de portée de sa subversion, une fermeté intraitable, qui le fasse hurler de rage, – et puis, le renvoyer au grand magasin des simulacres, avec ses proches, Derrida, Deleuze & Cie. Cela ne m’empêche pas, inconnaissance et savoir aidant justement, de ne pas ignorer à qui j’ai affaire, et comment... (On peut se reporter à dedefensa.org au jour le jour, ci-dessous.) L’important est d’opposer une frontière à l’imposture.
» “Et si dans cinq ans nous sommes confrontés à l’évidence d’un refroidissement que restera-t-il de la validité des deux démarches, celle du consensus utilitaire et celle de l’inconnaissance ?” Je dois avouer que, pour mon compte (l’inconnaissance), je ne comprends pas le sens de cette question ; quant au “consensus” dont il est question, je le cherche vainement dans cette basse-cour étourdissante de caquetage qu’est devenu le commentaire dans notre Système, et particulièrement dans le contexte du “climate change”, qui est une abracadabrantesque foire d’empoigne.
» L’inconnaissance n’est absolument pas ignorance et elle n’en est en rien une opinion dépendant de l’évolution de l’objet de cette opinion (ce qui est le cas, au contraire, de la “connaissance”). C’est, au contraire, une position permettant l’adaptation à l’évolution des événements, selon le savoir qui est en nous. Je n’ignore pas la question du climat ni même les diverses hypothèses, et j’ai même les convictions qu’on a vues là-dessus. L’inconnaissance n’implique rien d’une position dogmatique d’opinion, ce serait évidemment n’y rien entendre ; elle ne procure aucune paralysie en quoi que ce soit, bien au contraire puisqu’elle est libre, puisque située en dehors. Elle ne procurera aucune paralysie si nous avons une période glaciaire dans 5 ans ou si c’est la fin du monde le 12 décembre 2012 comme l’annonce le calendrier Maya ; franchement, ces hypothèses n’ont pour moi aucun intérêt dans ce débat ; le moment venu, je saurais m’y adapter, j’en ai vu d’autres, ou bien je ne le saurais pas si c’est mon destin… (Pour la fin du monde, en effet, c’est tout de même une expérience très particulière, y compris pour l’“inconnaissant”.)
» Je peux, par contre, décrire des actions et des évolutions qui, chez dedefensa.org, sont le produit l’inconnaissance. Là, je redescends sur terre car ces exemples sont, comme on dit, “basiques”, et cela pour montrer que l’inconnaissance n’est en aucun cas une sorte de fuite dans l’éther de l'abstraction en toute “sécurité”... Je prends deux exemples très spécifiques, le reste des sujets considérés suivant la même démarche : Ce que nous avons fait sur le JSF (depuis 2002 pour le site) et sur Ron Paul (depuis 2007) ressort de l’inconnaissance. Dans le travail sur ces deux sujets, j’estime qu’il y aurait à décompte intuitif entre 10% (pour Ron Paul) et 15% (pour le JSF) de “connaissance” (c’est-à-dire des informations venues du sujet et qui m’enchaîneraient au sujet si j’en restais là), le reste étant fait d’expérience et d’intuition qui relèvent absolument du savoir, – y compris la décision de considérer ces sujets comme extrêmement importants, et d’intérêt universel, cette décision essentiellement dues à l’intuition... »
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