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2446...Il est difficile d’aborder l’entame de cette nouvelle qui met en chorégraphie, dans un autre type de pas de trois, pas moins des trois personnages les plus importants de la scène politique US, et d’autres événements exceptionnels, – catastrophe naturelle, golf, etc. D’abord, il y a, depuis une quinzaine, des inondations qui ont pris une allure catastrophique en Louisiane, jusqu’à être décrites comme la pire calamité naturelle de l’État depuis Katrina. Ce n’est pas la fin du monde, mais c’est tout de même une dévastation de plus (13 morts, 40.000 logements détruits) qui frappe l’un des États les plus pauvres de l’Union ; surtout, après la double catastrophe de Katrina en 2005 (la tempête elle-même et la façon dont ses conséquences furent traitées par les autorités fédérales), l’événement doit être perçu dans toute sa force symbolique et l’on ne manque pas de le faire. Avec Katrina, décrit par le fidèle New York Times pourtant respectueux puisqu’il jugeait les guerres en Afghanistan et en Irak comme tout à fait satisfaisantes, l’administration GW Bush, par sa lenteur à réagir, son inorganisation et son absence de sensibilité aux malheurs qui accompagnèrent cette catastrophe, traversa “le pire moment de son gouvernement”.
L’un des plus ardents à dénoncer cette administration GW Bush fut le tout jeune sénateur (depuis 2004) au Congrès des États-Unis, représentant l’Illinois, le démocrate Barack H. Obama. Parlant devant le Sénat, il fit l’un de ses plus beaux discours de jeune parlementaire, jusqu’au point où certains crurent distinguer chez lui quelque chose comme de la graine de grand président (On peut trouver sur le site Daily Caller.com un article rappelant la réaction de l’administration GW Bush après Katrina, avec une vidéo d’un discours du jeune BHO, hors-Sénat, où il sut si bien soulever l’enthousiasme des foules à l’évocation de ce président irresponsable, – on parle de GW Bush, – se contentant d’abord d’un simple vol au-dessus de La Nouvelle Orléans, avec des petits signes amicaux par le hublot.) :
« I can say from personal experience how frustrating, how unconscionable it is, that it has been so difficult to get medical supplies to those in need quickly enough. [...] If there’s any bright light that has come out of this disaster, it’s the degree to which ordinary Americans have responded with speed and determination even as their government has responded with unconscionable ineptitude. »
Il y a ensuite, parallèlement, mais à près de deux mille kilomètres au Nord-Est (de la Louisiane), sur l’île extrêmement cossue de Martha’s Vineyard, au petit large de la côte du Massachussetts, un fabuleux parcours de golf qui fait les délices du président Obama, lequel est actuellement en villégiature dans l’une des résidences secondaires de la présidences de États-Unis. Le secrétaire à l’Intérieur (Home Security), qui est passé en Louisiane pour déplorer in situ les colères de Mère-Nature, a expliqué que “le président ne peut pas être partout à la fois”, et qu’“il a actuellement des occupations importantes”. L’une d’entre elles, certainement une des plus accaparantes compte tenu de la concentration exigée, c’est la série de parcours de golf qu’il poursuit pour l’installer définitivement en tête des présidents US dans l’histoire du golf (déjà plus de 300 parcours, et 7 dans les 14 derniers jous à Marha's Vineyard).
Il y a aussi, ce week-end, à Martha’s Vineyard, la visite attendue et fort sympa des amis Clinton, car l’on fête, dans une ambiance de chaude estime, le 70ème anniversaire de Bill. (Il n’est pas encore assuré, – secret d’État et e-mail classified, – que le couple présidentiel assistera à la fiesta sympa des Clinton, mais on peut en faire l’hypothèse, pour le bien du maintien de l’ordre, de la vertu et de l’exemplarité de la situation politique dans la Grande République.) A cette occasion, hier soir, on a donc pu voir débarquer d’une machine volante posée sans encombre sur la piste luxueuse de Martha’s Vineyard, Hillary Clinton saine et sauve, elle qui n’apparaissait plus sur les écrans-radar depuis quelques jours. Bref, tout le monde va bien, et l’on golfe à Martha’s Vineyard, Massachussetts, tandis que l’on barbote à Baton Rouge, Louisiane. Voici ce que nous en dit ce 19 août Breitbart.News, qui n’a pas la réputation de porter le président Obama dans son cœur :
« President Barack Obama and former Secretary of State Hillary Clinton are now both on Martha’s Vineyard as former President Bill Clinton prepares to celebrate his 70th birthday on the island. It is unclear whether the Obamas will attend Clinton’s birthday party, which according to a Clinton aide will include “family and friends.”
» Obama has spent most of his vacation time on the island golfing and spending late nights out with friends, while Hillary Clinton has remained on the campaign trail. Clinton’s visit to Martha’s Vineyard comes after the Baton Rouge Advocate penned an editorial asking President Obama to appear in Louisiana for the sake of residents suffering from historic floods.
» “Now that the flood waters ravaging Louisiana are receding, it’s time for President Barack Obama to visit the most anguished state in the union. Last week, as torrential rains brought death, destruction and misery to Louisiana, the president continued his vacation at Martha’s Vineyard, a playground for the posh and well-connected.
» ”We’ve seen this story before in Louisiana, and we don’t deserve a sequel. In 2005, a fly-over by a vacationing President George W. Bush became a symbol of official neglect for the victims of Hurricane Katrina. The current president was among those making political hay out of Bush’s aloofness.
» ”Sometimes, presidential visits can get in the way of emergency response, doing more harm than good. But we don’t see that as a factor now that flood waters are subsiding, even if at an agonizing pace. It’s past time for the president to pay a personal visit, showing his solidarity with suffering Americans.”
» Thursday night, the president and the First Lady were out until nearly midnight at the Beach Road restaurant. Obama also spent the afternoon on his ninth round of golf in the 14 days he has been on vacation. Obama’s vacation schedule today has been empty, prompting speculation from reporters that the president may end up at the Clinton Birthday party. On Friday afternoon, Republican presidential candidate Donald Trump and his running mate Mike Pence landed in Baton Rouge to visit flood victims.
» On Monday, the president attended a fundraiser for Clinton, praising her warmly and urging Democrats to “run scared” against Donald Trump. “It is absolutely critical that we have a capable, visionary, hardworking, diligent, smart, tenacious leader in the Oval Office,” he said. “And that’s Hillary Clinton. That’s who she is.” »
Comme on l’a noté dans le texte ci-dessus, le troisième des “personnages les plus importants de la scène politique US”, Donald Trump, était à Baton Rouge au milieu des réfugiés des inondations. Infowars.com nous informe avec gourmandise, tweets et vidéos à l’appui, qu’il y a reçu un accueil triomphal. The Donald apportait avec lui des camions de produits divers de première nécessité, et un discours plein de compassion où, en passant, il a conseillé à l’actuel POTUS, – conseil entre collègues, – de laisser tomber ses clubs pour quelques heures, pour faire une petite virée vers Baton Rouge. Il est dit que le porte-parole du POTUS, après l’intervention de Trump, a précisé qu’Obama irait bien à Baton Rouge, mais plus tard, sans doute mardi, laissant passer ce délai pour avoir une vision générale de l’ampleur de la catastrophe et, en bon commandant-en-chef, pouvoir mieux ainsi organiser la riposte.
Y a-t-il une morale à cette histoire ? D’abord, on notera que Trump, servi par les éléments déchaînés, poursuit son nouveau “style” de campagne, sur un mode désormais compassionnel, très “présidentiel” en un sens, après son tournant du début de semaine salué comme un événement majeur de sa campagne par des plumes assez diverses. Ensuite, on verra confirmée l’attitude remarquable de l’actuel président des États-Unis, dont on sait qu’il regrette bien de ne pouvoir faire un troisième mandat. La gloire de l’histoire du golf en eût été pourtant notablement confortée. Pour le reste tout est conforme aux rôles de chacun et aux diverses narrative en action.
L’une de celles-ci, de narrative, est celle qui préside à l’esprit et à la vista de l’actuelle présidence, en fin de parcours. On n’y trouve guère de place pour les choses du type des événements de Baton Rouge, mais au contraire, selon sa conseillère en matière de sécurité nationale et directrice du NSC, Susan Rice (l’une des “Harpies” de la direction-Système US), l’affirmation que l’on évolue en vérité-on-vous-le-dit « dans une période beaucoup plus positive et beaucoup plus pleine d’espoir que tout ce que nous avons vu dans l’espace de notre existence », c’est-à-dire “the best time in human history to be alive”. (Dans Vox.com [proche du Washington Post, comme ça se trouve] : « Think the world is on fire? Obama’s national security adviser says things are better than ever. ») Dans la même interview truffée de références chiffrées obligeamment servies sur un plateau brillant de tous ses feux après avoir été soigneusement aménagées aux petits oignons pour correspondre à la narrative par Vox.com auquel appartient bien entendu l’intervieweur, le constat est posé avec une gravité confinant à la sagesse qu’il existe de la sorte « un conflit entre la vision du monde de l’administration et la perception du public ». L’effet de cette situation est que, la vision de la situation par l’administration Obama étant ce qu’elle, c’est-à-dire ne pouvant être autrement que juste, le rôle de l’administration Obama est de “protéger cette situation si privilégiée” comme un trésor, contre toutes les menaces qui s’exercent contre elle, – et, sans aucun doute, Trump fait partie de ces menaces. Les parcours de golf, eux, font bien entendu partie de ce dispositif de protection de cette vision si roborative.
Comme l’observait le Général Flynn, la Maison-Blanche est effectivement protégée par une “narrative impénétrable”, que même les inondations de Baton Rouge qui montrent pourtant une fougue exceptionnelle ont bien du mal à franchir. Dans une telle situation générale, il est absolument normal qu’Obama trouve fort injuste de ne pouvoir exercer un troisième mandat qui lui aurait permis de prolonger son travail minutieux de protection de sa “vision de la situation du monde”. En attendant, ayant dépassé les 300 parcours (de golf) pendant ses deux premiers mandats, son legs pour l’histoire est assuré. Il reste à Hillary, qui s’est contenté d’un tweet de sympathie pour les réfugiés de Baton Rouge et qui souscrit à la narrative d'Obama contre la muflerie de The Donald, de se mettre vite fait au golf pour verrouiller la perspective de son irrésistible élection.
Mis en ligne le 20 août 2016 à 16H52