Le simulacre transatlantique sanctionné

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Le simulacre transatlantique sanctionné

16 juin 2017 – Le Sénat des États-Unis a adopté de nouvelles sanctions contre la Russie. Un extrait d’un texte de RT ci-dessous rend compte des conditions et des implications de ce vote. Les causes avancées pour ce vote renvoient au répertoire classique, dont on sait combien il est soumis aux conditions du simulacre général de la politique russe des USA et aux contraintes du déterminisme-narrativiste : intervention russe en Ukraine et en Syrie, interférences de la Russie dans les élections présidentielles USA-2016. On sait que tous ces cas dépendent d’une narrative, avec le dernier atteignant sans surprise excessive ni indignation nécessaires le plus haut degré de l’absurdité puisque l’interférence russe dans USA-2016 est encore l’objet, même de la part des plus fervents partisans de ce simulacre, d’enquêtes diverses pour établir sa véracité, – donc, cas typique d’une punition appliquée avant un verdict lui-même complètement viciée au départ par une présomption tenant lieu de certitude de la culpabilité russe, – donc, illustration parfaite de l’orientation des politiques et des procédures du temps courant, où le simulacre est tellement institutionnalisé que ces politiques et ces procédures suivent désormais la voie de la complète inversion dans tous les domaines abordés.

(D’autre part, on notera que cette loi devrait être accompagnée d’une autre initiative législative concernant des mesures supplémentaires contre l’Iran à cause de « son soutien à des actes terroristes internationaux », bénbéficiant ainsi de la même démarche “absurdocratique” comme on pourrait la qualifier, puisque l'argument est absurde et qu'il s'inscrit pour la durée dans un processus affectant le pouvoir (-cratie].)

« Le 14 juin, les sénateurs américains se sont prononcés à une écrasante majorité (97 voix contre 2) pour une nouvelle salve de sanctions anti-russes. Le texte, adopté sous la forme d'un amendement qui doit encore être définitivement adopté par la Chambre des représentants, rendrait obligatoire un feu vert du Congrès en cas de suspension ou d'allègement par le président des sanctions existantes.

» La mesure inscrirait dans la loi des sanctions imposées par décret par Barack Obama, notamment contre l'industrie énergétique russe et frapperait de nouvelles sanctions des personnalités russes “corrompues”, “impliquées dans des violations graves des droits de l'homme”, fournissant des armes au gouvernement du président syrien Bachar el-Assad, ou encore impliqués dans de présumées cyber-attaques. L'amendement permettrait également “de nouvelles sanctions sur les secteurs clés de l'économie russe, y compris le secteur minier, les transports maritimes et les chemins de fer” et autoriserait “une assistance pour renforcer les institutions démocratiques et contre la désinformation dans les pays d'Europe centrale et orientale qui sont vulnérables à l'agression et à l'ingérence russes”.

» “Pendant trop longtemps, le message envoyé à Vladimir Poutine a été que la Russie pouvait envahir ses voisins, menacer des alliés américains, intensifier ses cyber-attaques et s'ingérer dans des élections étrangères avec trop peu de répercussions”, a déclaré le sénateur John McCain, ajoutant : “Tant que la Russie ne paiera pas le prix de ses actes, ces activités de déstabilisation se poursuivront.” Les sénateurs Républicains du Kentucky et de l'Utah, Rand Paul et Mike Lee ont voté contre l'amendement, tandis que le Démocrate du Maryland Chris Van Hollen s'est abstenu. »

Le même réseau RT a interrogé Daniel McAdams, proche de Ron Paul et directeur adjoint du Ron Paul Institute for Peace, sur la signification de cette initiative du Sénat (du Congrès, probablement). McAdams est catégorique : il s’agit d’interdire par tous les moyens au président Trump de faire évoluer sa politique russe dans le sens d’une amélioration des relations avec la Russie.

L’argumentation de McAdams est impeccable, et d’autant moins douteuse que Ron Paul et lui sont très loin d’être des partisans de Trump. A côté de cette logique, on observera une contradiction qui vient de Trump lui-même, de son incohérence en matière de politique extérieure, ou de son incapacité à maîtriser une ligne logique. On a vu qu’une législation renforçant les sanctions contre l’Iran va également être adoptée, et elle constituera un complément nécessaire à la législation antirusse en alignant les deux “coupables” sur une même ligne d’hostilité qui donne une certaine cohérence à l’attitude du Congrès. Cette législation est basée sur l’argument, absolument fallacieux et grotesque bien entendu mais là n’est pas le débat, que l’Iran soutient (“est le premier soutien”) des opérations de terrorisme international ; or, il s’agit là d’un des axes essentiels de la politique de Trump au Moyen-Orient, comme on l’a vu au sommet de Ryad. Ainsi les parlementaires, qu’on accuse justement d’interférer gravement sur la politique extérieure de Trump, peuvent-ils arguer qu’ils ne font que la renforcer dans ce cas, alors que les deux approches sont complémentaires.

Voici le rapide questions-réponses de McAdams qui détaille l’interférence du Congrès dans la politique russe de Trump...

RT: « These sanctions would restrict the White House from easing sanctions without congressional approval. Do you see this as ironic, since Obama passed so many executive orders? »

McAdams: « I certainly think it is an attempt to strip the president of his legitimate constitutional foreign-policy making powers. I am certainly not one to cheer the executive branch practice of hogging power from the rest of the other two branches. But this is a case of a brazen grab. What is amazing, this is not a divided government. These are a Republican-controlled House and Senate at war with their own president, attacking his stated foreign policy, the centerpiece of his own policy as a candidate, i.e. improving relations with Russia. There is a deep, deep problem with the congressional Republicans on this. »

RT: « These sanctions are in relation to Moscow’s so-called interference in the 2016 US elections. Do we have any substantial to prove to back up these allegations? »

McAdams: « That is the amazing thing – if you say something, if you repeat a lie, or at least something non-proven often enough, apparently it’s supposed to become conventional wisdom, but nobody has yet said what the Russians actually did. Did they monitor the elections? Well every country monitors the elections of other countries. Did they actually do something to affect the results, or attempt to affect the results? Nobody has said that. The supposed 17 intelligence agencies that came to that conclusion – it is an absolute canard. It was at most – and [former CIA chief] John Brennan admitted this in May – at most it was three agencies, and it was not an international agency, intelligence community full assessment. It was, as he put it, ‘handpicked analysts’ who went through some of the data. And where does some of this data come from? It came from CrowdStrike – a discredited company with ties to the very biased anti-Russian Atlantic Council. They are the only organization that did the forensic analysis of the DNC computers. The FBI didn’t even have a chain of evidence control; they never even looked at the computers. So where is the evidence? I am willing to accept it, if there is some, but there hasn’t been any presented. »

RT: « Is this due to bipartisanship in Congress? It seems we have the NeverTrumpers, like Lindsey Graham, threatening the president basically to pass this or he’ll be ‘betraying democracy.’ What are your thoughts, shouldn’t we be focused more on fixing healthcare and passing tax reform at this point? »

McAdams: « This is certainly not what he [Trump] ran on. He almost ran on a non-interventionist foreign policy. At least he certainly seems to have borrowed some points form Ron Paul even. But the thing is now that he is in power – he has got to go down; he has got to go to the House, where these measures are slightly less popular than in the Senate. That is where sanctions will go to next. He needs to sit down with House Republicans and he needs to set them straight on this. They have to stop conceding this point of the Democrats that the Russians somehow put him into office, completely delegitimizing his presidency. He needs to find a way through the strength of his ability to persuade people to end this Republican-led congressional war on his foreign policy. »

On comprend tout cela, il s’agit de la bataille sans relâche qui se poursuit autour de Trump, pour ou contre Trump, avec comme effet, notamment, une politique extérieure déjà extrêmement affaiblie devenant chaotique, brisée, en plein état de dissolution accélérée. Mais il y a un autre effet, qui ne manque pas d’importance, parce que l’affaire des sanctions (aussi bien antirusse que contre l’Iran) n’intéresse pas seulement les USA, qu’elle a été développée à son origine comme un de ces facteurs catastrophiques unissant les USA et l’UE dans une même galère.

Pour marquer ce second aspect qui nous intéresse prioritairement, voici une réaction remarquable de virulence et de rapidité, venue de deux pays de l’UE. L’Allemagne et l’Autriche se sont unies en la circonstance à cause de leur implication dans le projet de gazoduc NordStream-2 reliant la Russie, productrice de gaz, à plusieurs pays de l’UE, dont justement ces deux-là. L’Allemagne et l’Autriche, proches et directement intéressées à la chose, répondent collectivement à cette occasion, prenant la posture de répondre au nom de l’UE à l’initiative du Sénat US.

(NordStream-2 prévoit deux conduits d’une capacité de 55 milliards de m3, passant par la Mer Baltique, de la Russie vers l’Allemagne. Le chantier doit être terminé avant la fin-2019 pour un coût de €9,9 milliards. Face à Gazprom en Russie, il y a les européens Engie, OMV, Shell, Uniper et Wintershall qui prennent en charge 50% du projet.)

La réaction austro-allemande concernant NordStream-2 s’explique par le fait que la loi votée par le Sénat vise explicitement les sociétés européennes participant au programme. Les deux ministres des affaires étrangères, Sigmar Gabriel et Christian Kern, ont signé un communiqué commun (voir Sputnik-français)... « “Les menaces américaines de condamner à des amendes les sociétés d'Allemagne, d'Autriche et d'autres pays européens sur le marché américain parce qu'elles participent à des projets gaziers conjoints avec la Russie et notamment au projet Nord Stream 2, ou qu'elles financent ces projets, ajoutent une valeur très négative aux relations entre l'Europe et les Etats-Unis”, lit-on dans une déclaration diffusée mercredi par le ministère allemand des Affaires étrangères.

» Le Sénat américain a approuvé mercredi un projet de loi permettant au Président de sanctionner les sociétés qui ont ponctuellement investi plus d'un million de dollars dans la construction par la Russie de pipelines d'exportation ou ont accordé à la Russie des équipements, des technologies ou des services permettant de réaliser ces travaux. Selon le texte, le montant annuel maximal de ces transactions ne doit pas dépasser cinq millions de dollars. Le projet de loi américain contient notamment un passage consacré au gazoduc Nord Stream 2. Les États-Unis y annoncent leur intention d'entraver la mise en œuvre du projet qu'ils considèrent comme présentant des risques “pour la sécurité énergétique de l'Europe, le développement du marché gazier en Europe centrale et de l'Est et les réformes énergétiques en Ukraine”.

« Selon MM. Gabriel et Kern, “il s'agit de garantir la compétitivité de l'industrie énergivore européenne et de créer des milliers d'emplois”. Les deux hommes politiques ont ainsi appelé le département d'État américain à œuvrer pour la modification du projet de loi approuvé par le Sénat. »

L’épisode est extrêmement intéressant en ceci qu’il nous renseigne d’une façon beaucoup plus complète sur les conditions nouvelles de l’affrontement entre l’Europe et les USA, tel qu’annoncé par la chancelière Merkel à la fin du mois de mai. (« [L]es temps où nous pouvions complètement dépendre des autres [des USA] sont en train de se finir. J’ai expérimenté la chose durant ces derniers jours [au G7]. ») Merkel visait essentiellement Trump et son administration, se plaçant de facto dans le même camp que celui des adversaires de Trump à Washington D.C., c’est-à-dire notamment le Congrès dans nombre de cas. Celui-ci, de cas, comme l’indique McAdams, est bien d’un affrontement direct entre le Sénat et le président républicain, avec un vote de 97-2 alors que les républicains ont la majorité au Sénat. Du coup, la schizophrénie républicains, digne pendant de l’hystérie paranoïaque des démocrates, place les adversaires de Trump dans le même ensemble que Trump, qui est dénoncé par les Allemands. Ce n’est alors plus seulement Trump que les Allemands dénoncent, mais Washington D.C. dans son ensemble. C’est un pas de plus dans la désunion transatlantique qui prend une allure véritablement structurelle.

(Pour compléter ce tableau des oppositions et des contradictions, mais observer tout de même un certain rangement qui s’effectue dans le sens Europe versus Washington D.C., on notera que le Sénat français a voté une motion demandant un allégement des sanctions contre la Russie, rencontrant un courant grandissant en France et en Europe pour l’amélioration des relations avec la Russie, – d’autant plus nécessaire que l’Europe voit ses relations avec les USA se défaire à la vitesse qu’on sait. Ce vote du Sénat, du 8 juin, est rapporté dans un compte-rendu absolument horrifié, - pour qui sait lire entre les lignes et humer la substance du style, – du quotidien Le Monde. Car et bien entendu, la presseSystème française est plus que jamais enfermée dans sa fascination pour le simulacre que développe sa consœur d’outre-Atlantique, et donc antirusse à en mourir.)

“Washington D.C. ne répond plus au téléphone”

On laissera donc, on s’en doute, toutes ces péripéties de côté, pour considérer le résultat d’ensemble de cette séquence qui a l’avantage pour notre compréhension d’opérationnaliser sur un sujet délicat pour les relations transatlantiques la mésentente entre les deux “sous-blocs” du bloc-BAO. Comme d’habitude, même dans cette situation de schizophrénie-paranoïa, ou peut-être à cause d’elle après tout, Washington D.C. ne se préoccupe que de la seule politique interne de Washington D.C., même lorsqu’il s’agit de grands sujets de la “politique étrangères”, c’est-à-dire la politiqueSystème du bloc. Mêler dans un seul élan d’excommunication l’Iran et la Russie, c’est encore plus aviver la tension avec l’Europe, particulièrement l’UE, qui tient comme à la prunelle de ses yeux à l’accord signé avec l’Iran et ne veut pas entendre une seconde la thèse d’un Iran “producteur de tous les terrorismes internationaux”. (C’est aussi, pour les démocrates qui vénèrent la mémoire d’Obama-Saint comme l’on fait de celle d’un Dieu, piétiner le legs du Dieu en question puisque l’accord avec l’Iran fait partie de ce qui devrait rendre ce président-Dieu doublement immortel, et se ranger à la logique de Trump qui fait de l’Iran “la mère de tous les terrorismes”. Mais qui se préoccupe de cohérence dans de telles conditions...)

Bref, l’on s’y perd, et qui a dit que cela pouvait constituer un sujet d’étonnement... Plus que jamais le désordre, encore le désordre, toujours le désordre.

Mais ce désordre-là a une tournure, il se révèle “désordre du sens”, ou “désordre avec un sens”, si bien qu’il n’est pas éloigné bien entendu de ce que nous nommons “chaos-nouveau... Il en est ainsi parce qu’il n’est pas désordre vain et sans loi, parce qu’il est désordre au travers d’une succession de simulacres qui prétendent tous être des modèles allant dans le même sens, qui imposent donc des logiques catastrophiques de la sorte que nous avons baptisée déterminisme-narrativiste : poser une non-vérité flagrante, ou simulacre de vérité, et poursuivre sa logique jusqu’à son terme malgré les heurts formidables que cela procure avec les vérités-de-situation sans nombre qui se dressent sur son parcours. Les chocs qui en résultent sont d’une force sans la moindre concession possible : on ne peut négocier ni leur puissance, ni leur orientation au nom d’une vérité-de-situation quelconque, parce qu’ils répondent à la logique implacable du déterminisme-narrativiste.

L’arrangement qui tenait cette architecture déconstructrice transatlantique et qui produisait l’influence des USA en Europe tenait à un équilibre bien connu entre l’exécutif (le président et ses ministres) et le Congrès. Le modèle général était que l’exécutif voulait agir pour le bien général de l’architecture, et que le Congrès constituait la force de résistance interne, chicaneuse, procédurière et d’une foi souvent très mauvaise, qui souvent interférait dans cette démarche. Combien de fois le président ou tel ou tel de ses ministres disait à leurs interlocuteurs européens : “Nous sommes tenus par le Congrès”, ou bien “Aidez-nous à convaincre le Congrès”, ou bien “Nous allons défendre votre objection/votre demande devant le Congrès”, etc. Washington D.C. était multidimensionnel dans son système de pouvoir et, à cause de cela, l’Europe était toujours confortée dans l’idée qu’elle trouverait un allié de poids, et que ce serait en général l’exécutif et le président...

Peu importe ici ce qu’il y avait de vrai et de juste dans cette évaluation du rapport et des faveurs de l’influence acceptée, et si même il y en avait, l’essentiel était de percevoir, ou de croire percevoir que tout cela existait. Et puis, ces derniers mois, tout a changé : d’abord, la présidence avec Trump, et donc l’administration, se sont abîmées dans une telle agitation, une telle imprévisibilité assorties de critiques violentes contre les Européens notamment, que les Européens ont réalisé ce choc qu’ils perdaient leur principal relais pour monnayer l’influence à laquelle ils acceptaient de se soumettre. Il restait le Congrès où, si l’on additionnait les démocrates et les républicains anti-Trump, se dégageait une extrême hostilité à Trump ; il était donc logique d’attendre que le Congrès ferait bon accueil aux Européens pour reprendre le rôle du président (“Les ennemis de mon Ennemi principal sont mes amis”).

Ce que vient de signifier le vote du Sénat est qu’il n’en est rien : bien qu’anti-Trump en général et malgré ses contradictions, en tout état de cause le Congrès se fiche complètement des Européens, de leurs intérêts, de leurs humeurs, et de les aider à sauver la face de leur prétendue indépendance face à leur opinion publique. Il n’a y a plus personne à Washington D.C., pour s’intéresser à l’Europe. “L’Europe, quel numéro de téléphone ?” interrogeait ironiquement Kissinger en 1974 ; l’Europe peut dire aujourd’hui : “Washington D.C., quel numéro de téléphone ?”. Mais la satisfaction est piètre car la question est dépourvue d’ironie ; car enfin l’absence de réponse est une tragédie pour cette Europe-là, celle qui est actuellement en place.

Ce désordre est bien entendu, c’est sa fonction dirait-on presque, capable de déstructurer les architectures les plus solides, et notamment les architectures élaborées par le Système dans le sens évidemment inévitable de la déconstruction. C’est évidemment ce qui est en train de se faire dans le champ transatlantique, qui tenait jusqu’ici par une architecture d’une puissance considérable, dont le but était bien entendu la déconstruction des identités, des souverainetés et des capacités des peuples européens, qui est sans aucun doute un des buts manifestes, on dirait fondateurs, de l’Europe-UE ; donc, il s’agit ici, avec ce désordre-là, de la déconstruction de l’architecture déconstructrice transatlantique.

Cette orientation qui devrait se poursuivre avec le rythme et le bruit de l’opposition et de l’incohérence anti-Trump à Washington D.C., aussi bien que des foucades affolantes de Trump, ne donne pas une occasion à l’Europe de s’affirmer, ni à l’Allemagne d’affirmer son leadership européen parce que ni l’une ni l’autre ne sont capables de créer des structures opérationnelles qui ne soient pas entièrement sous la coupe du “modèle-simulacre” imposé par l’architecture déconstructrice transatlantique. Ceux qui affirment le contraire n’ont aucune idée de la puissance de l’influence US en Europe et en Allemagne depuis deux tiers de siècle, et donc du vide que va créer la déconstruction de cette influence du fait même de l’effondrement psychologique dans un désordre proche de la démence qui caractérise la situation à Washington D.C. Selon nous, ni l’UE, ni l’Allemagne ne sont aujourd’hui capables d’exercer quelque influence que ce soit sur qui que ce soitqui puisse combler ce vide, dès lors qu’ils se retrouvent hors de l’influence exercée par les États-Unis sur eux-mêmes.

Le désordre américaniste ne peut avoir pour effet, dans son extension, que de susciter encore plus de désordre, notamment à l’extérieur de lui-même. Ce n’est pas un jeu de chaises musicales à l’intérieur du bloc-BAO, c’est la propagation accélérée d’un virus, d’une pandémie catastrophique.