Le théâtre révolutionnaire, arme de destruction massive

Les Carnets de Nicolas Bonnal

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 1954

Le théâtre révolutionnaire, arme de destruction massive

J’ai déjà évoqué la culture comme arme de destruction massive (et la culture en général d’ailleurs, pas la culture moderne seulement). Réseau international a courageusement diffusé en 2013 une étude complète sur l’ère du verseau et les scandaleux concerts d’Altamont ou de Woodstock qui servaient à détruire et anesthésier la jeunesse de l’époque à coups de sexe, drogue (fournie par le pouvoir) et rock’n’roll. Lucien Cerise a justement rappelé que toute cette sous-culture anglo-saxonne préparée par les sévices secrets (lisez le Tavistock Institute de Daniel Estulin), ce viol au-dessus d’un nid de cocus (Kesey était essayeur de drogues pour la CIA tout de même) a servi à dépolitiser une génération et à la préparer froidement à la liquidation mondialisée (voyez l’article de Charles Gave sur causeur.fr). Cette génération est la mienne, avec elle celle du baby-boom. Les plus jeunes paient déjà les pots cassés de cette volonté d’anéantissement. Et nous, nous avons traversé une époque d’un vide absolu, comme le soulignait déjà en ricanant l’ami Lipovetsky mis à la mode dans les années 80.

Les gens du spectacle sont connus pour leurs positions avancées, comme on dit. En ce moment ils sont tous contre Trump en Amérique et aux avant-postes en général de la subversion ou de la mondialisation. Certains (Oldman) pensent de travers, qui se font vite reprocher leur malséance politique. Le reste prône le monde ivre et libre actuel, où il est interdit d’interdire.

Il n’y a rien de neuf à tout cela. On va donner un bon exemple. Il vient de Taine et la fameuse correspondante anglaise qui vit et vécut les horreurs de la révolution française, erreurs véhiculées par le théâtre et les acteurs de théâtre. Son texte anonyme et passionnant qui en défrisera certains sur notre Grande Révolution qui visait comme nos élites actuelles à gouverner par le chaos, à tout anéantir pour tout reconstruire (projet des Lumières ou des Illuminati, lisez le Joseph Balsamo de Dumas aussi, qui en savait plus que vos profs d’histoire), se nomme Un séjour en France de 1792 à 1795. On l’écoute :

« Ce n’est pas la mode à présent de fréquenter aucun lieu public; mais, comme nous sommes des étrangers et que nous n’appartenons à aucun parti, nous passons souvent nos soirées au théâtre. Je l’aime beaucoup, non pas tant à cause de la représentation, que parce que cela me fournit une occasion d’observer les dispositions du peuple et la direction qu’on veut lui imprimer. La scène est devenue une sorte d’école politique où l’on enseigne au public la haine des rois, de la noblesse ou du clergé, selon la persécution du moment; et je crois qu’on peut juger souvent par les pièces nouvelles quels sacrifices on prépare (p.27). »

Sur la préparation psy à notre prochaine liquidation, je vous conseille de regarder tous les films-catastrophes dont cette saloperie avec Brad Pitt qui explique que la loi martiale, c’est la loi de la maison, mais appliquée à tout le monde !

La scène de théâtre révolutionnaire (« la bourgeoisie française habillée à la romaine », disait Debord, comme la bourgeoisie anglaise était habillée à l’hébraïque) a été remplacée par le cinéma (Léon Trotski, comme je l’ai montré, voulait qu’il remplace l’Eglise et la religion), puis par la télé, les desseins animés et tout le reste.

Rien ne vaut les gens de bon sens, chose la moins partagée au monde.

La révolution selon cette bonne dame (oui, je sais, c’est une réactionnaire à la solde de l’impérialisme et du mikado) se renforce avec la dégénérescence morale :

« Les drames produits au commencement de la révolution sont calculés, en général, pour corrompre les mœurs et le goût de la nation, et beaucoup d’entre eux sont écrits avec assez d’habileté pour atteindre leur but; mais ceux qui ont paru dans les deux dernières années sont si stupides et si dépravés, qu’il faut que ce goût et cette moralité aient été complètement atrophiés pour qu’ils aient été acceptés un seul instant. »

Je souligne parce qu’Alexis Carrel parlait tout le temps de l’homme moderne atrophié et l’historien américain Payne des espagnols anesthésiés.

La rédactrice poursuit sur les blockbusters de son époque révolutionnaire :

« La faute en est surtout au despotisme du gouvernement, qui a fait de la scène un pur engin politique et n’a admis à la représentation que des pièces qu’un homme honnête et intelligent n’aurait jamais consenti à écrire. Par là une foule d’écrivassiers, sans talent comme sans pudeur, sont devenus les directeurs exclusifs des amusements publics, et, si le bruit d’un théâtre constitue le succès, ils peuvent se flatter d’avoir mieux réussi que jamais Racine ou Molière. Si la pièce était trop immorale et trop ennuyeuse, on se garait de l’indignation publique en l’assaisonnant d’injures contre la monarchie et la religion ou d’une niche à l’adresse de M. Pitt. Un auditoire indigné ou impatient est trop heureux d’acheter une réputation de patriotisme en applaudissant des sottises qu’il trouve difficile à supporter. »

Sur Pitt, il semble d’ailleurs que notre rédactrice ne sache pas tout. Il y a un lien évident et secret entre l’Angleterre et la Révolution, entre l’Angleterre vengeresse et la Terreur. Lisez Olivier Blanc entre autres.

Nous avons les trolls, à l’époque on avait les espions :

« D’ailleurs le théâtre regorgeait d’espions, et il était dangereux de censurer une pièce révolutionnaire, si détestable qu’elle fût; peu de gens avaient le courage de critiquer un auteur patronné par les surintendants de la guillotine et qui pouvait récompenser un commentaire sur sa poésie par la prose significative d’un mandat d’arrêt. En conséquence, les hommes de lettres ont préféré leur liberté à leur goût, et ont applaudi au théâtre de la république plutôt que d’aller loger à Saint-Lazare ou à Duplessis (p.132). »

Les révolutionnaires ont massacré des centaines de milliers de Français par peur du complot. Clinton, Merkel, Bruxelles, l’Otan manipulent aujourd’hui cette peur du complot. Lisez Mathiez, historien communiste, sur complot étranger et révolution. Ici on attaque Pitt :

« Cependant il y a quelques esprits patriotiques qui, sentant cette décadence du théâtre français et déplorant le mal, ont dernièrement déployé beaucoup de talent pour en expliquer la cause. Ils ont fini par découvrir que toutes ces tragédies républicaines, farces plates et pesantes comédies, doivent être attribuées à M. Pitt, qui a jugé à propos de corrompre les auteurs pour dépraver le goût public... M. Pitt est accusé, tantôt avec le prince de Cobourg, tantôt seul, de corrompre tour à tour les officiers de la flotte et de l’armée, tous les banquiers et tous les fermiers, les prêtres qui disent la messe, les gens qui y assistent les chefs des aristocrates et les conducteurs des Jacobins (p.132). »

J’ai déjà commenté ce passage de Tacite ou plus grand historien romain narre la révolte des légions de Germanie conduite par un acteur-manipulateur.

 

Sources

Nicolas Bonnal – Comment les Français sont morts ; la culture comme arme de destruction massive (Amazon.fr)

Hippolyte Taine – Un séjour en France de 1792 à 1795. Lettres d’un témoin de la Révolution française (uqac.ca).

Daniel Estulin – Tavistock Institute

http://reseauinternational.net/woodstock-le-festival-du-verseau-de-la-cia/

Olivier Blanc – Les Hommes de Londres, histoire secrète de la Terreur, Éditions Albin Michel, Paris, 1989

Gilles Lipovetsky – L’ère du vide, Gallimard, 1982

Tacite – Annales, I, XVI-XVII