Le tournant de Paul Craig Roberts

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Le tournant de Paul Craig Roberts

On connaît Paul Craig Roberts (PCG). D’apocalyptique et ferme soutien de Poutine et de la Russie qu’il était notamment et précisément à partir de février 2014 (le “coup de Kiev“), il était resté apocalyptique mais de plus en plus critique de Poutine jusqu’à le considérer presque avec mépris dans ses derniers écrits pour constamment céder à la fureur américaniste, ou plutôt refuser de riposter à mesure. (Voir encore le 2 mai 2018.) Mais voilà qu’il se transforme brusquement en apologiste mesuré de Poutine (le côté apocalyptique demeure chez PCG, ce n’est cela qui nous intéresse) en constatant que, finalement, en ayant refusé de riposter, Poutine parviendrait bien à mettre de plus en plus en évidence la fureur déstructurante et entropiste de Trump & Cie aux yeux des alliés et vassaux des USA.

On saluera avec un certain respect ce “tournant de PCG” car il faut une certaine force intellectuelle pour modifier aussi nettement son jugement sans passer pour inconstant, pleutre ou ridicule, mais simplement par une souple adaptation de l’analyse des évènements. Même s’il ne met pas lui-même en évidence ce tournant, reste qu’il le négocie en expliquant ce qu’il juge être désormais une “stratégie” (celle de Poutine) qui pourrait bien porter ses fruits en divisant radicalement l’adversaire. (Le fameux “discorde chez l’ennemi” de De Gaulle.) Une “stratégie” très-chrétienne... qui pourrait porter ses fruits, si elle marche, en conduisant les USA, à force de provocations antirusses avec des dégâts collatéraux antieuropéens de plus en plus affirmés, à provoquer justement chez les Européens une réaction pouvant conduire à une révolte, comme Poutine cherche lui-même à provoquer chez eux.

« J'ai expliqué l’attitude chrétienne du président russe Vladimir Poutine de tendre l’autre joue face aux provocations occidentales comme une stratégie pour faire réaliser à l’Europe que la Russie est raisonnable alors que Washington ne l’est pas, et que la Russie n'est pas une menace pour les intérêts et la souveraineté européenne. En acceptant toutes les exigences d’Israël et en se retirant de l'accord plurilatéral entre l'Iran et la non-prolifération nucléaire, le président américain Donald Trump pourrait bien avoir assuré la réussite de la stratégie de Poutine... [...]

» Bien que les politiciens européens ont été bien payés pour leur soumission, il semblerait qu’il commence à la juger comme un fardeau inconfortable et d’un faible rapport pour eux.

» Même si je trouvais une certaine vertu dans le refus de répondre aux provocations de Poutine de répondre aux provocations, j’ai toujours exprimé la crainte que l'acceptation de ces provocations sans riposte n’encourage encore plus de provocations jusqu’à ce que la guerre ou la reddition de la Russie deviennent les seules options ; alors que si le gouvernement russe avait eu une position plus agressive face aux provocations US, il aurait détourné le danger et le coût de ces provocations aux dépens des Européens dont la vassalité vis-à-vis de Washington leur faisait les accepter jusqu’ici. Mais désormais, il semble que Trump lui-même ait peut-être donné aux Européens la leçon que Poutine voulait leur donner. »

Certes, nous ne sommes encore nulle part, – PCG l’exprime nettement et, de ce point de vue, avec les meilleures raisons du monde, – et il ne faut jamais désespérer de l’extraordinaire lâcheté européenne entretenue par une fascination transatlantique qui tient de la magie noire. Mais bon, il faut reconnaître que Trump et son équipe, avec quelques numéros d’une brutalité et d’une grossièreté présentant une formidable exécution opérationnelle de l’“idéal de puissance”, dont John Bolton est certainement l’incontestable vedette, pourraient conduire l’exaspération et l’humiliation au-delà du supportable : on ne peut baisser sa culotte au-delà de ses chaussures et des égouts qu’on a l’habitude d’arpenter, car l’on risque alors de prendre froid aux parties les plus sensibles de l’individu. Après tout, les dirigeants européens sont aussi des hommes, c’est-à-dire des femmes et des hommes, avec leurs sentiments si affirmés des valeurs démocratiques, c'est-à-dire le besoin électoral de “sauver la face” qui entraîne parfois une fragilité considérable que l’habitude de la vassalité maquillée en simulacre d’indépendance donne à leurs capacités à encaisser l’humiliation de la part de capi si peu respectueux des us & coutumes du Milieu... Dans tous les cas, le spectacle de nos excellences se débattant dans le marigot de leurs contradictions, simulacre contre simulacre, trouille transatlantique contre trouille démagogique, nous offre quelques bons moments de réjouissance qu'il faut savoir apprécier.

Voici donc le texte de PCG, – “Est-ce que la stratégie de Poutine commencerait finalement à marcher ?”,–  en date du 14 mai 2018 sur son site PaulCraigRoberts.com

dde.org

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Is Putin’s Strategy Finally Beginning To Work?

I have explained Russian President Vladimir Putin’s Christian practice of turning the other cheek to Western provocations as a strategy to convey to Europe that Russia is reasonable but Washington is not and that Russia is not a threat to European interests and sovereignty but Washington is. By accommodating Israel and withdrawing from the multi-nation Iran nuclear-nonproliferation agreement, US President Donald Trump might have brought success to Putin’s strategy. 

Washington’s three main European vassal states, Britain, France, and Germany have objected to Trump’s unilateral action. Trump is of the opinion that the multi-nation agreement depends only on Washington. If Washington renounces the agreement, that is the end of the agreement. It doesn’t matter what the other parties to the agreement want. Consequently, Trump intends to reimpose the previous sanctions against doing business with Iran and to impose additional new sanctions. If Britain, France, and Germany continue with the business contracts that have been made with Iran, Washington will sanction its vassal states as well and prohibit activities of British, French, and German companies in the US. Clearly, Washington thinks that Europe’s profits in the US exceed what can be made in Iran and will fall in line with Washington’s decision, as the vassal states have done in the past.

And they might. But this time there is a backlash. Whether it will go beyond strong words to a break with Washington remains to be seen. Trump’s neoconservative pro-Israel National Security Advisor John Bolton has ordered European companies to cancel their business deals in Iran. Trump’s ambassador to Germany Richard Grenell has ordered German companies to immediately wind down their business operations in Iran. The bullying of Europe and blatant US disregard of European interests and sovereignty has made Europe’s long vassalage suddenly all too apparent and uncomfortable. 

Germany’s Chancellor Angela Merkel, previously a loyal Washington puppet, said that Europe can no longer trust Washingtonand must “take its destiny into its own hands.” 

European Commission President Jean-Claude Juncker said that Washington’s leadership had failed and it was time for the EU to take over the leadership role and to “replace the United States.” Various French, German, and British government ministers have echoed these sentiments.

The cover storyof the German news magazine Der Spiegel, “Goodbye Europe,” has Trump giving Europe the middle finger. The magazine declares that it is “Time for Europe to Join the Resistance.” 

Although European politicians have been well paid for their vassalage, they might now be finding it an unworthy and uncomfortable burden.

Whereas I respect the virtue of Putin’s refusal to reply to provocation with provocation, I have expressed concern that Putin’s easy acceptance of provocations will encourage more provocations that will increase in intensity until war or Russian surrender become the only options, whereas if the Russian government took a more aggressive position against the provocations, it would bring the danger and cost of the provocations home to the Europeans whose compliance with Washington enables the provocations. Now it seems that perhaps Trump himself has taught that lesson to the Europeans.

Russia has spent several years helping the Syrian Army clear Syria of the terrorists that Washington sent to overthrow the Syrian government. However, despite the Russian/Syrian alliance, Israel continues illegal military attacks on Syria. These attacks could be stopped if Russia would provide Syria with the S-300 air defense system. 

Israel and the US do not want Russia to sell the S-300 air defense system to Syria, because Israel wants to continue to attack Syria and the US wants Syria to continue to be attacked. Otherwise, Washington would call Israel off. 

Several years ago before Washington sent its Islamist proxy troops to attack Syria, Russia agreed to sell Syria an advanced air defense system, but gave in to Washington and Israel and did not deliver the system. Now again in the wake of Netanyahu’s visit to Russia we hear from Putin’s aide Vladimir Kozhim that Russia is continuing to withhold modern air defenses from Syria.

Perhaps Putin believes he has to do this in order not to give Washington an issue that could be used to pull Europe back in line with Washington’s policy of aggression. Nevertheless, for those who do not see it this way, it makes Russia again look weak and unwilling to defend an ally.

If Putin believes that he will have any influence on Netanyahu in terms of selling peace agreements with Syria and Iran, the Russian government has no understanding of Israel’s intent or Washington’s 17 years of war in the Middle East. 

I hope Putin’s strategy works. If it doesn’t, he will have to change his stance toward provocations or they will lead to war.

Paul Craig Roberts